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Full text of "Voyage en France"

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Carte d'orientation. — Extrait de la carte cantonaJ 



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COtîÛIR lîIOIAl D'ESCOMPTE 



DE PARIS 



Société Anonyme, Capital 150 millions de francs 
entièrement versés 



SIÈGE SOCIAL : 14, rue Bergère | SUCCURSALK : 2, place de l'Opéra 



Président du Conseil d'Administration: M. MERCET, o. ^ 
Directeur général, Administrateur: M. Alexis ROSTAND, O.iJ^ 



OPERATIONS DU COMP TOIR NATIONAL 

Escompte 

Le Comptoir National escompte le papier de commerce sur 
Paris, la Province et l'Etranger. 

Le Comptoir Natioî^al est le seul Etablissement français qui 
ait des Agences aux Indes Anglaises, en Australie, en Améri({ue, 
à Madagascar, et qui puisse délivrer, pour ces contrées, des lettre.- 
de crédit ou de recommandation auprès de ses propres Agence.=;. 
Il a aussi des Succursales dans les principales villes de France, 
ainsi qu'à Londres, Liverpool, Manchester (Voir page 4). 

Recouvrements 

Le Comptoir National se charge de l'encaissçment des effets 
sur Paris, la France, les Colonies et l'Etranger, à des conditions 
qui sont déterminées dans un tarif adressé à toute personne qui 
en fait la demande. 

Dépôts à Vue 

Le Comptoir National reçoit en compte de dépôt, des fonds 
qui sont constamment à la disposition des déposants. Il leur 
en sert un intérêt actuellement fixé à 3>2 %• Un carnet de chèques 
est délivré, sur sa demande, à chaque titulaire de compte. 

Dépôts à Écliéance fixe 

Le Comptoir National reçoit des fonds à échéance fixe. L'intérêt 
de ces dépôts est actuellement fixé : 

De 6 mois jusqu'à! an, 2 % - 1 De 18 mois jusqu'à 2 ans 3 % 
De 1 an jusqu'à 18 mois 21/2 % | A 2 ans et au delà, . 3 1/2 % 

Les bons sont à ordre ou au porteur, au choix du Déposant. 
Les intérêts sont représentés par des Bons d'intérêts également à 
ordre ou au porteur, payables semestriellement ou annuellement, 
suivant les convenances du Déposant. 



Renseignements sur les Valeurs 

Le Comptoir National possède un service d'Etudes financières 
chargéspécialement d'étudier toutes les affaires industrielles, com- 
merciales et iinancières, françaises et étrangères, cotées et non 
cotées, qui peuvent attirer l'attention des clients du Comptoir Na- 
tional qui sont ainsi constamment renseignés sur l'origine et la 
marche des affaires qui les intéressent. 



_ 2 — 

Avances sur Titres 

Le Comptoir National consent des avances sur les Rentes 
Françaises et Etrangères, sur les Obligations de Chemins de fer, 
les valeurs émises par l'État, les villes, les départements, etc. 

Délivrance de Chèques, Envois de Fonds 

Le Comptoir National délivre, contre provision préalable, des 
chèques ou des mandats sur la France ou l'Etranger. 

Il se charge de transmettre des ordres de paiement par corres- 
pondance et par télégraphe. 

Prêts Hypothécaires Maritimes 

Le Comptoir National a organisé un service spécial pour les 
prêts hypothécaires sur navires français ou francisés. Les demandes 
de prêt peuvent être adressées indifféremment, au Siège social, ou 
à l'une quelconque des Agences du Comptoir National, en France 
ou à l'Etranger. 

Location de Coffres-Forts 

Le Comptoir National met à la disposition du public, pour la 
garde des valeurs, papiers, bijoux, etc., des coffres-forts entiers 
ou des compartiments de coffres-forts, au Siège social, 14, rue 
Dergère, à la Succursale, 2, place de l'Opéra, à l'Agence A^ 147^ 
boulevard Saint-Germain, et dans les principales Agences. 



TARIF DE LOCATION 



MODELES 



N» 1 

N«3 

N« 3 

N°4 j 

iCoffre-fortentier 



DlMExNSIONS 

Hauteur Largeur Profond. 



0-25 
0-65 

2-25 



0-25 
0-65 
0-65 

1-30 



0-50 
0-50 
0"55 

0-50 



PRIX 



Un Mois 



Trois 

Mois 



100 



Six Mois Un An 



25 » 
40 » 
50 » 



40 

60 

100 

400 



Une clef spéciale unique est remise à chaque locataire. — La 
combinaison est faite et changée à son gré par le locataire. — Le 
locataire peut seul ouvrir son coffre. 

Une serre spéciale est affectée aux caisses, malles, etc., pouvant 
contenir de l'argenterie, des objets précieux, dentelles, etc. 

Villes d'Eaux, Stations Balnéaires 

Le Comptoir National a des Agences dans les principales Villes 
d'Eaux : Nice, Cannes, Vichy, Dieppe, TrouviUe-Deauville, Dax, 
Royat, leMont-Dore, Bagnères-de-Luchon ; de sorte que les Etran- 
gers, les Touristes, des Baigneurs peuvent continuer à s'occuper 
d'^iiffaires y)endant leur villégiature. , 

Un service d'informations télégraphiques les tient continuellement 
aw courant des nouvelles politiques et financières. 



— 8 — 
Ordres de Bours* 



Le Comptoir National se charge d'exécuter gratuitement, c'est- 
à-dire sur simple remboursemenl des frais réclamés par les Agents 
de change, les ordres de Bourse que ses clients lui adressent et 
dont la couverture lui est faite. Il se charge de l'exécution des ordres 
d'achats et de ventes sur toutes les autres places en France et à 
l'Etranger, moyennant commission et frais ae transport dés titres. 



Valeurs de Placement 

Le Comptoir National délivre sur simple demande ei sans aucuiis 
frais des Obligations des Chemins de fer de Paris-Lyon-Méditer- 
ranée, de l'Est, d'Oi-léans, du Midi, aux mêmes cours que ceux 
auxquels les délivrent les Compagnies elles-mêmes. 

Il délivre immédiatement à ses guichets les Obligations Ville de 
Paris, du Crédit Foncier, etc. 



Dépôt de Titres 

Le Comptoir National reçoit en dépôt les titres de toute nature, 
français ou étrangers, nominatifs ou au porteur, contre un très 
modique droit de garde. Les Actions et Parts de Fondateur du 
Comptoir National sont exemptées du droit de garde. 

Les titres déposés au Comptoir National peuvent être retirés 
de 2 heures à 4 heures, le jour même de la demande du retrait. 



Dépôts de Titres dans les Agences 

Le Comptoir National reçoit également en dépôt dans ses 
Agences Etrangères, à Londres notamment^ les titres et valeurs 
qu'on peut avoir hors de France. — Les Agences, organisées pour 
recevoir les dépots de titres, encaissent les coupons, dont le montant 
est payé, sur la demande des déposants, dans l'un des sièges du 
Comptoir National, en France ou à l'Etranger. 



Garanties 
contre les Risques de Remboursement des Titres au pair 

IjC Comptoir National se charge de garantir contre les risques 
de remboursemenl, les titres cotés au-dessus du pair. Une Notice 
contenant les différentes natures de valeurs auxquelles le Comptoir 
National peut donner cette garantie est envoyée sur demande. 



Lettres de Crédit pour Voyages 

Le Comptoir National délivre des lettres de crédit sur tous pays, 
ainsi que des lettres de crédit circulaires payables dans le monde entier. 

Le Comptoir National a organisé à sa Succursale, 2, place de 
l'Opéra (rez-de-chaussée), un service spécial pour les Voyageurs 
et le paiement des lettres de crédit émises sur ses Caisses (salons 
de lecture et de correspondance, service de réception des lettres des 
accréd tés, cabine téléphonique, boîte postale, etc.). 



SUCCURSALi:, BUREAUX & AGENCES 

SUCCURSALE : 2, place de l'Opéra, Paris. 



Bureaux de 

A - Boulevard St-Germain, 147 
B - Rue (le Rivoli, 108 
C - Quai (le la Kapée, 2 
D - Rue Rambuleau, 11 
E - Rueïurbigo, 16 
F - Place de la République, 2i 
G - Rue de Flandre, 24 
H - Rue du 4-SepleQibre, 2. 
I - Boulevard Mag^enta, 84 
K - Bout. Richard-Lenoir, 2 
L - Rue de Clichy, 86 



Quartier dans Paris ^ 

M - Av. Kléber (Passy), 87 

N - Ave'.iue Mac-Mahon, :^5 

- Boul. Montparnasse, 71 

p - Faubourg St-Anloine, 27 

R - Boulevard Saint-Michel, 53 

S - Rue Pascal, 2 

T - Avenue de Villiers, 1 

U - Avenue des Champs-Elysées, 40 

V - Avenue d'Orléans, 85 
X - Rue du Commerce, 69 (Grenelle > 

Y - Faubourg Saiot-Honoré, 124 



Bureaux de Banlieue 

Enghien-les-Bains,47, Grande-Rue 1 Levallois-Perret,3, Place de la République 
ASNIÈRES, 8, rue de Paris [ Charenton, 50, rue de Paris 

Neuilly-sur-Seine, 92, Avenue de Neuilly. 





Agences 


en France 




Abbeville 


Castres 


Issoire 


Périgueux 


Agen 


Cavaillon 


Jarnac 


Perpignan 


Aix-en-Provence 


Celle 


Lézignan 


Reims 


Alais 


Chagny 


Libourue 


Remiremoiil 


Amiens 


Chalon-s-Saône 


Lille 


Roanne 


Angoulême 


Cliâleaurenard 


Limoges 


Roubaix 


Arles 


Clermonl-Ferrand 


Lyon 


Rouen 


Avignon 


Cognac 


Maoosque 


Royat 


Bagnères-dc-Liuiion 


Condé-s-Nûireau 


Mans (lei 


Sainl-Cliamoiid 


Bagnols-s-Cèze 


Dax 


Marseille 


Saint-Dié 


Beau Caire 


Dieppe 


Mazamel 


Saint-Elienne 


Beaune 


Dijon 


Mont-de--Mar>;\n 


Salon 


Belfort 


Dunkerque 


Mont-Doie (li't 


Toulouse 


Bergerac 


Elbeuf 


Montpellier 


Tourcoing 


Béziers 


Epinal 


Nancy 


Trouville-Deauville 


Bordeaux 


Ferlé-Macé (la) 


Nantes 


Vichy 


Bourboule (la» 


Firminy 


Narbonne 


Villefranche-s-Saône 


Gaen 


Fiers 


Nice 


Villeneuve-s-Lot 


Calais 


Fray 


Nimes 


Vire 


Cannes 


Havre (le) 


Orange 




Carcassonne 


Hazebrouck 


Orléans 






Agences à 


l'Étranger 




Londres 


Melbourne 


Tunis 


Majunga 


Liverpool 


Sydney 


Sousse 


Tamatavt 


Manchester 

Bombay 
Calcutta 


San-Francisco 
New-Orléans 


Sfax 

Gabès 

Tanger 


Tananarivi 
Diégo-Suarcï 



Parla. - Iiop. C LAMY. 4«i. •-' <U U GhapeU*. U113 



Ardouin-Dumazet 




31«me Série 



Monség, 



/ssigeacp 
Duras . Fyjmet^-^i 
-ràil:^^i§^y^astlllônn es 

'èréal 



AGEN Aïs 
LOMAGNE 

Bas-Quergy 



laRéble LauzunO '^'. vMréal ^ 



Je/3s\r3stelmoron^ ^p^y^lefleuve -,stir-tot Cf^ fl^ § 
dAçenaisS. ckj^" — *^^v^ o '-'~^ ^%#«iiwyi*# 

teIjalouK .o •ÙsOQarorui.rirnbaut'^ n ^ P -^ O •-/ ° ^ cT^' ^ 

./. ^'^ P^mf^^i^^ ^^'"H'^ Lauzertr\'' M^ntpeiat-. ^ S'ktonm 

IMeracît^ . ,..'_ H ^''^^:^3/encej^ ,^4^0 Sl^^ Néqrepelisse 

"française Q,— i«_CI^^ 

NTAU BAN 



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MézinÀ } o _-';, , 
-:^-^ Frajicescas ^^^,".^jy q 



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/-.'-' j ' 1^ '-cal m ira doux) oLavit ^^^ ^'x- v> ,/,, <. 

Condorajo ,-^^Leao,u?e .^^iSo^^cm^^^^r'"' 

.S?„ G t&/e/7C<5Ev ^Ji, Sv-^ surÔaronnê^:^_'i^Front(Ni~r 

piirancË .' GnsolIft^Sy ^ 



Eauze 



1 -1 -, •;'■ Mfleurance,' 

PARIS 



Bei\gei\-Lev^ault & C^\ Éditeurs 



Voyage en France 



OUVRAGES DU MÊME AUTEUR 



L'Europe centrale et ses réseaux d'Etat. — Un volume ia-i2. 3 fr. 50 c. 

(Berger-Levraiilt et C'".) 

L'Armée et la Flotte en 1895. — Grandes manœuvres des "Vosges. — L'expé- 
dition de Madagascar. — Manœuvres navales. — Un volume in-12, avec nombreuses 
cartes. 5 fr. (Berger-Levrault et C'".) 

L'Armée et la Flotte en 1894. — Manœuvres navales. — Manœuvres de 
Heauee. — Manœuvres de forteresse. — Un volume in-12, illustrations de Paul 
LÉONNEC, nombreux croquis et cartes. 5 fr. (Berger-Levrault et C'».) 

L'Armée navale en 1893. — L'Escadre russe en Provence. — La Défense 

de la Corse. — Un volume in-12, avec 27 croquis ou vues et une carte de la 
Corse. 5 fr. (Berger-Levrault et C'«.) 
Au Régiment — En Escadre. — Préface de M. Mézières, de l'Académie fran- 
çaise. 1894. Un volume grand in-8, avec 350 photographies instantanées de M. Paul 
Gers. 16 fr. (Berger-Levrault et C'«.) 

Le Colonel Bourras. Suivi du Rapport sur les Opérations du 

corps franc des Vosges du colonel bourras. 1892. Brochure in-12, avec un 

portrait et couvei-ture illustrée. (Berger-Levrault et C'«.) Épuisé. 
Le Nord de la France en 1789. — Flandre. — Artois. — Hainaut. — Un 

volume in-12. (Maurice Dreyfous.) 
La Frontière du Nord et les défenses belges de la Meuse. — Un volume in-8. 

(Beaudoin.) 
Une Armée dans les neiges, journal d'un volontaire du corps franc des 

Vosges. — Un volume in-8 illustré. (Rouam.) 
Études algériennes. — Un volume in-8. (Guillaumin et C'«.) 

Les Grandes Manœuvres de 1882 à 1892. — Un volume in-12 par année. 

(Baudoin et Rouam.) 



Voyage en France. Ouvrage couronné par l'Académie française (prix Montyon 
et prix Narcisse Michaut en 1901, décerné à l'auteur du meilleur ouvrage de littéra- 
ture française), par la Société des gens de lettres, par la Société de géographie de 
Paris et par la Société de géographie commerciale. Série d'élégants volumes in-12, 
avec cartes et croquis dans le texte, brochés à 3 fr.SOc. et reliés en percaline à 4 fr. 

1" SÉRIE : Le Morvan, le Val de Loire 

et le Perche. 
2" SÉRIE : Des Alpes mancelles à la Loire 

maritime. 
3« SÉRIE : Les Iles de l'Atlantique : 

I. D'Areachon (île aux Oiseaux) à 
Belle-Isle. 

4" SÉRIE : Les Iles de l'Atlantique : 

II. D'Hoëdie à Ouessant. 
5« SÉRIE : Les Iles françaises de la 

Manche ; Bret:igne péninsulaire. 
6' SÉRIE : Normandie (sauf le pays de 

Bray et Dieppe). 
7» SÉRIE : Région lyonnaise, Lyon, monts 

du Lyonnais et du Forez. 
8« SÉRIE : Le Rliône du Léman à la mer, 
Dombes, Valromey et Bugey, Bas- 
Dauphiné, Savoie rhodanienne, La 
Camargue. 
9" SÉRIE : Bas-Dauphiné : Viennois, Grai- 
sivaudan, Oisans, Diois et Valenti- 
nois. 
10° SÉRIE : Les Alpes du Léman à la Du- 

rance. Nos chasseurs alpins. 
11" SÉRIE : Forez, Vivarais septentrional, 

Tricastin et Comtat-Venaissin. 
12» SÉRIE : Alpes de Provence et Alpes 
Maritimes. 



13" SÉRIE : La Provence maritime. 

14" SÉRIE : La Corse. 

15" SÉRIE : Les Charentes et la Plaine 

poitevine. 
16" SÉRIE : De Vendée en Beauce. 
17" SÉRIE : Littoral du pays de Caux, 

Vexin, Basse-Picardie. 
18" SÉRIE : Région du Nord : I. Flandre 

et littoral du Nord. 
19" SÉRIE : Région du Nord : II. Artois, 

Cambrésis et Hainaut. 
20" SÉRIE : Haute -Picardie, Champagne 

rémoise et Ardennes. 
21" SÉRIE : Haute-Champagne, Bassc-Lor- 



22" SÉRIE 
23" SÉRIE 
24" SÉRIE 
25" SÉRIE 
26" SÉRIE 
27" SÉRIE 



Plateau lorrain et Vosges. 
Plaine comtoise et Jura. 
Haute-Boui-gogne. 
Basse-Bourgogne et Sénonais. 
Berry et Poitou oriental. 
Bourbonnais, Haute-Marche. 
28" SÉRIE : Limousin. 
29" SÉRIE : Bordelais et Périgord. 
30" SÉRIE : Gascogne. 
31" SÉRIE : Agenais , Lom^gne et Bas- 

Quercy. 
32" Série: Haut-Quercy, Haute- Auvergne. 
33" SÉRIE : Basse-Auvergne. 
Sous presse : 34" Série : Velay, Vivarais méridional, Gévaudan. — 35» Série : 
Rouergue et Albigeois. — 36" Série : Les Céveunes méridionales. — 37° SÉRIE : Le 
golfe du Lion. — 38" Série : Haut-Languedoc. 

En préparation : 39" Série : Pyrénées, partie orientale. — 40" Série : Pyrénées, 
partie occidentale. — 41" Série et suivantes : Paris et l'Ile-de-France. 

Le prospectus détaillé de la collection est envoyé sur demande. 



V 



ARDOUIN - DUM AZET 



Voyage en France 

31= SÉRIE 

Agenais — Lomagne — Bas=Quercy 



AGENAIS LOMAGNE GAURE 

FEZENZAGUET FEZENSAC EAUZAN CONDOMOIS 

BAS-QUERCY RIVIERE-VERDUN 

(Déparlements de Lot-et-Garonne et de Tarn-et-Garonne^ 

nord du déparlement du Gers, sud du département du Lotj 

parties de la Gironde et de la Haute-Garonne.) 



Avec 22 cartes ou croquis 




BERGER-LEVRAULT & G^ ÉDITEURS 



PARIS 



O, EUE DES BEAUX-ARTS 



NANCY 

18, RUE DBS QLAC] 

1903 

Tous droite réservés 



9 



CARTE D'ENSEMBLE DE LA 31^ SERIE 

Série 

Issigeacp 



Dura 

aRé'ole ^<3i//J/7 ^:. V^/^real J2f 

Seyches ,■.,,■■.■' M.onflannuin^ ^ ^ 



'r\/~T\ "''Casûllônnès 



Série 



7.0/?f/<î/7ai///iv 

^ ^oy .'■■■ o ck \v 




imogne 
S O "■■ 



'Prâyssa's^^ 



^ r^n/i ^ L3I berlue 






Houilles ^ ^Lavardac^Œjc-^On--" ■ i < /y.^o.^/ ^^^Ç>fi ^ ^^-.^ 



refisse 



-d miradoux) 



Francsscas ^^W(°J^^' 
Eauze 



lÔNTAUBAN 






to^ ^'<^^iixS'(^^^i.^^/^^^ 



Nogppof^ . . Vicjezëas'àc-.j- q' ""■ 
Jegun 



Wleurance; 



'^ AlGnàli 






-•'^•'•OCo/o^.e S^' 



30? Série 



Jou5 /es croquis sans indications spéciales compris dans ce volume 
sont extraits de la carte d'état-major au ilSoooo^. 



VOYAGE EN FRANGE 



LA PLAIAE DE LA GARONNE 



En amont de La Réole. — La plaine de Garonne. — Meilhan. — 
Le sorgho à balai. — Les gavaches de Sainte-Bazeille. — 
Marmande. — Une affiche électorale. — Le Mas-d'Agenais. — 
Tonneins et la culture du tabac. — Comment on prépare le sol . 
— Formantes administratives. — La récolte et le manocage. 



Marmande. Juin. 

La Réole ' est comme une porte barrant ou 
assurant le passage entre deux contrées fort dis- 
tinctes. Depuis Bordeaux, on a suivi la Garonne 
au sein d'une vallée bien dessinée et, tout à coup, 
on voit les collines riveraines s'écarter : la vallée 
se fait plaine, large, verte, plantureuse ; le fleuve 
y déroule en méandres ses ondes rapides et 



I. ag» série du Voyage en France, chapitre XIL 

VOYAGE EN FRANCE. XXXI. 



2 VOYAGE EN FRANGE. 

claires. Il est de plus beaux cadres pour un 
grand cours d'eau, il n'est guère de campagnes 
aussi somptueuses. Jusqu'au delà d'Agen, sur 
près de loooob hectares, cette large bande de 
fécondes terres alluviales présente un des plus 
opulents tableaux rustiques que puisse offrir 
notre pays. 

La Garonne frôle rarement la base des col- 
lines : quand une de ses boucles vient y toucher 
elle ne s'attarde pas, aussitôt le large courant 
revient au milieu de la plaine. Ainsi le fleuve 
vient heurter la côte abrupte qui porte Meilhan, 
petite bourgade dominée par des ruines féodales. 
Si la colline est peu élevée, la pente est si raide 
que le paysage prend de la grandeur. « Qui voit 
Meilhan n'est pas dedans », disait un proverbe, 
par allusion à la puissance de la forteresse. 

Le canal latéral est établi sur la berge même 
de la Garonne. Le bourg domine donc à la fois 
le cours d'eau déserté par la navigation — sauf à 
la descente — et la voie artificielle revenue à la 
vie depuis que l'État, en reprenant l'exploita- 
tion, a supprimé les taxes de péage. Un brusque 
méandre enserre les campagnes du bourg de 
Jusix, fameuses pour leur fertiUté dans ce pays 
si fertile. Champs de tabac, de maïs, de sorgho 
à balais, prairies pacagées par un admirable 



LA PLAINE DE LA GARONNE. 3 

bétail de race garonnaise sont un perpétuel en- 
chantement pour le promeneur épris des choses 
rustiques. 




Échelle au ijS'iOOOO' 



Peu de villages au bord de la Garonne, dont 
les fureurs ont trop souvent amené des ruines ; 
les habitations sont plus nombreuses sur les hau- 
teurs. Là, sans inquiétude, de johs centres con- 



4 VOYAGE EN FRANCE. 

templent le sinueux ruban des eaux étincelantes 
tracé au milieu des vertes campagnes. L'un 
d'eux, Marcellus, dont le château a grand carac- 
tère, possède une petite industrie inattendue en 
un tel milieu : on y fait des boutons de nacre. 

Un pont franchit le fleuve au village de Cou- 
thures, entouré de champs de sorgho. Les tiges 
et les panicules sont utilisés sur place à la fabri- 
cation des balais, industrie fort active aux bords 
de la Garonne '. La route va rejoindre à Sainte- 
Bazeilles les voies maîtresses de la vallée : che- 
min de fer de Cette et chaussée de Toulouse. 

Le bourg où se fait la jonction est fort heu- 
reusement situé, dans la plaine de cultures 
coupées de joualles et dominée par des pentes 
couvertes de vignes. Une flèche dentelée s'élance 
au-dessus du clocher de l'église, charmant édi- 
fice de la Renaissance. L'humble ville ne touche 
pas à la Garonne, mais un ruisseau la borde, 
fait de sources, qui sont peut-être dues à des 
infiltrations ; il porte ensuite ses vives eaux à la 
petite rivière descendue des collines de Cambes 
et de Puisserampion, couvertes de vergers de 
pruniers. 

Sainte-Bazeille, appelée aussi Sainte-Bazeille- 



Voyez pages i8o et suivantes (Grisolles). 



LA PLAINE DE LA GARONNE. O 

en-Bazadais, appartenait à la région gasconne 
de Bazas, Très vieille ville, elle fut ruinée parles 
guerres et les épidémies. Dans les premières an- 
nées du XVI* siècle, le roi de Navarre, seigneur 
d'Albret, la repeupla avec le reste du pays gui 
lui appartenait jusgu'au Drot, en faisant appel 
à des colons du nord : Saintongeais, Poitevins, 
Angevins. Ces nouveaux venus, dont l'allure et 
le langage à'oil ressemblaient si peu à ceux des 
Gascons plus petits, plus vifs et gais, reçurent 
des populations méridionales le nom de gava- 
ches. Le nombre en fut considérable, puisgue, 
du Drot à la Dordogne, toute une région, dont le 
centre paraît être Gastelmoron-sur-Drot, a reçu 
le nom fort expressif de Gavacherie. Même au- 
jourd'hui, après cing siècles, les gavaches ont 
gardé leur accent traînant et une partie des 
expressions des pays à'oil. Ils ne se sont pas 
mêlés à leurs voisins, on les reconnaît à leur sta- 
ture plus forte, leurs traits plus lymphatigues, 
leurs cheveux lisses ; les femmes, les jeunes 
filles surtout, n'ont plus la joliesse et les yeux 
vifs des Gasconnes et des Agenaises. 

La ville principale de la vallée, Marmande, 
n'a pas été peuplée par cet élément, car elle 
n'appartenait pas à l'Albret ; comme le reste de 
la Guyenne, elle était à la Couronne depuis l'ex- 



6 VOYAGE EN FRANCE. 

pulsion des Anglais. Un des rois d'Angleterre, 
Richard Cœur de Lion, la fonda sur l'emplace- 
ment d'une ville détruite ; c'est une bastide 
comme tant d'autres cités de la contrée, mais 
elle n'a gardé l'aspect régulier de ces villes 
neuves que dans sa partie orientale ; ailleurs, elle 
s'est agrandie avec moins de géométrie et a fini 
par remplir un demi-cercle dans une ceinture 
de remparts aujourd'hui disparus; en i8i4j ces 
murs jouèrent un rôle dans la lutte contre l'ar- 
mée de Wellington. Huit cents soldats qui 
avaient perdu leurs régiments s'y groupèrent et, 
malgré la restauration de Louis XVIII, y tinrent 
pendant un mois contre une division anglaise. 

Les murailles qui permirent cette résistance 
héroïque et désespérée sont tombées ; sur leur 
emplacement est un large boulevard où les cafés 
et les hôtels mettent beaucoup d'animation, aux 
abords de la gare surtout. La démolition a 
donné de l'air à cette vieille cité, jadis habitée 
par une bourgeoisie opulente. Ces promenades 
et les deux rues principales, se coupant en croix, 
sont plus vivantes qu'on ne le supposerait 
d'après le chiffre de la population : 7 000 âmes à 
peine dans l'agglomération \ ^^lais les autres voies 



I. La commune comprend 9878 habitants. 



LA PLAINE DE LA GARONNE. 7 

sont étroites et mal alignées, malgré la régula- 
rité du plan ; les maisons sont en pauvres maté- 
riaux. 

L'église, en dépit des mutilations, est un inté- 
ressant édifice dont certaines parties remontent 
au xn' siècle. Le cloître, de la Renaissance, 
doit son charme à sa dégradation même ; ses 
arceaux, supportés par des pilastres à chapi- 
teaux, ont été envahis par la végétation arbus- 
tive. Il ouvre sur une terrasse plantée d'arbres 
et dominant la vallée verdoyante. Lorsque Mar- 
mande fut rebâtie par les Anglais, la Garonne 
baignait le pied de cette terrasse et formait ainsi 
le fossé de la place. Le fleuve s'est éloigné dans 
la plaine et décrit une grande courbe pour 
venir toucher encore un angle de la ville, avant 
de reprendre son cours solitaire entre les sau- 
laies et les prés : c'est là que le pont suspendu 
a été jeté. L'ancien lit du fleuve est oblitéré, 
mais un petit affluent, le Trec, s'est tracé un 
sillon dans ces terres alluviales et remplace la 
Garonne au-dessous de Marmande où il finit. 
Cette rivière est fort poissonneuse, à en juger 
par le nombre de pêcheurs qui la bordent au- 
jourd'hui. 

Le pont et l'égHse constituent à peu près toute 
la partie monumentale de la ville. La sous-pré- 



8 VOYAGE EN FRANCE. 

fecture occupe un petit hôtel précédé d\ine cour 
plantée de magnolias et voisine d'une chapelle 
de la Renaissance. 

Marmande est commerçante. Une affiche élec- 
torale me donne une idée de son activité écono- 
mique. « Citoyens, dit un candidat dont un ad- 
versaire a lacéré la signature, vous vendez mal 
vos vins, vos prunes, votre blé » 

C'est tout ce qui reste, l'auteur de la procla- 
mation devait sans doute promettre que les blés 
de la plaine, les pruniers des collines, les beaux 
vignobles des aimables coteaux de Beaupuy et 
de Virazeil connaîtraient une nouvelle ère de 
splendeur s'il était élu. Il n'a pas abordé la 
question des bouilleurs de cru, sans doute parce 
qu'il y a beau temps que l'eau-de-vie de Mar- 
mande, jadis réputée et obtenue surtout dans la 
vallée du Trec, ne se distille plus ou ne se dis- 
tille guère. Le trafic des fruits et primeurs, celui 
des prunes d'Agen, ont remplacé cette industrie 
rurale. 

En amont de Marmande, la plaine est couverte 
d'une multitude d'habitations isolées dépendant 
de petits centres communaux composés à peine 
de l'église et d'une poignée de maisons. Seul 
Fauillet a quelque apparence de bourg, mais il 



LA PL.AJNE DE LA GARONNE. 9 

se dresse sur un léger ressaut de la féconde 
plaine dont le ruisseau du Tolzat baigne le pied. 
Les groupes d'habitations les plus considérables 
sont demeurés sur les collines ; ils étaient à la 
fois hors des atteintes du fleuve en furie et un 
peu à l'abri des bandes armées. Ces belles hau- 
teurs, bien dessinées et découpées sur la rive 
droite en falaise régulière, ont offert leurs escar- - 
pements comme protection ; les cités riveraines 
de la Garonne sont nées plus tard et se sont 
accrues à mesure que les guerres devenaient 
moins fréquentes. Les Romains choisirent pour 
site d'une de leurs villes le plateau étendu entre 
l'Avance et la Garonne. Des ruines ont été re- 
connues sur de vastes espaces, près desquels 
la mignonne bourgade du Mas-d'Agenais occupe 
un bien étroit territoire, entre le fleuve et une 
forêt de chênes. On ne semble pas avoir iden- 
tifié la cité romaine, mais les débris retrouvés et 
ceux employés dans la construction de l'église 
en disent la splendeur. 

De cette terrasse, la vue est superbe sur la 
plaine, en ce moment jaunissante, mais que je 
vis en mai dans toute sa splendeur. Les mois- 
sons sont coupées de joualles de vignes d'un 
aspect parfois singulier ; en guise d'échalas, on 
se sert de rameaux de saules qui souvent émet- 



10 VOYAGE EN FRANCE. 

tent des pousses vertes et deviennent un petit 
arbre auquel le sarment s'enroule. Le labour est 
fait par des bœufs d'un pelage fauve, doux et 
brillant ; ces animaux accentuent le caractère 
rustique et paisible du tableau. 

A rautre extrémité de la plaine, les collines, 
plus mouvementées et hautes, sont tapissées de 
vignes ; à leur pied, les pruniers forment des 
plantations régulières, les cerisiers aussi sont 
nombreux; beaucoup de bosquets de petits ar- 
bres parsèment ces campagnes heureuses. En 
août, les maïs montrent leurs panicules ; le tabac 
aux grandes feuilles d'un vert magnifique couvre 
de vastes champs, auxquels on ne reproche que 
Talignement trop absolu. L'herbe à Nicot, comme 
on l'appela jadis, est ici dans son habitat pré- 
féré, nulle part en France elle ne montre autant 
de puissance de végétation. 

Le tabac est cultivé de longue date dans la val- 
lée de la Garonne, les premiers essais de planta- 
tions en grand ont été faits autour de Tonneins 
et de Clairac; aujourd'hui encore ces deux villes, 
puis Aiguillon et Port-Sainte-Marie, sont au 
centre des principales cultures ; mais on plante 
partout le tabac sur les deux rives du fleuve et 
du Lot. 

Tonneins est le cœur de cette production ; de 



LA PLAINE DE LA GARONNE. Il 

tous temps, ses tabacs furent célèbres, de bonne 
Iieure une manufacture y fut installée ; celle-ci 
est aujourd'hui une des plus considérables de 
France, sans elle la petite ville retomberait à 
l'état de pauvre bourg ; une grande partie de la 
population y est employée, des femmes surtout. 
La ville n'a guère d'aspect, sauf sur une prome- 
nade et au bord du fleuve. Composée jadis de 
deux cités jumelles que fît détruire Louis XIII, 
elle a ressuscité sur le même plan. Jusqu'aux 
premières années du siècle, on la disait com- 
posée de deux « bourgs ». Aujourd'hui, la fu- 
sion est faite, mais l'aspect général reste celui 
d'une médiocre bourgade ^ Sur le fleuve, la 
ville couronne des falaises d'un grès grossier, 
jaunâtre, veiné de rouge ; de hautes maisons 
s'étagent sur ces parois et constituent un en- 
semble assez pittoresque. 

Le climat est tiède, si doux qu'un jardin de 
l'avenue de la gare présente au passant un oli- 
vier et un myrte croissant en pleine terre. Ce 
quartier n'est pas sans élégance, il possède de 
jolies constructions. 

Comme tous les centres de cette plaine, Ton- 



1. Population totale 68oa habitants, agglomérée 463o ; il y a 
décadence, car on compta plus de 8000 âmes à Tonneins. 



12 VOYAGE EN FRANCE. 

neiiis fait un grand commerce de prunes et de 
pruneaux ; elle fabrique des sandales ou espa- 
drilles, des machines agricoles, des poids et me- 
sures, mais sa principale industrie reste toujours 
le tabac. Les produits de sa manufacture ont de 
la réputation, au point que la plupart des bu- 
reaux de tabac de la ville font des expéditions à 
une clientèle du dehors. 

Autour de Tonneins, de chaque côté du fleuve, 
les champs de tabac couvrent de grands espaces, 
ils seraient continus s'il ne fallait assurer l'asso- 
lement. Cette plaine alluviale n'est pas seule- 
ment favorable au tabac par sa fertilité, elle l'est 
aussi parce qu'elle est dans la zone du globe où 
la plante se plaît le mieux ; on a remarqué que 
l'espace compris entre le [\2^ et le 4^^ degré de 
latitude lui est le plus favorable. « Or cette zone, 
fait observer M. Heuzé % comprend le Maryland 
et la Virginie, le Lot et le Lot-et-Garonne, con- 
trées où la chaleur est assez élevée pour que les 
plantes puissent mûrir avant les froids d'au- 
tomne et fournir des tabacs corsés et ayant une 
odeur pénétrante et agréable. » Des deux dé- 
partements, le Lot est celui qui donne les feuilles 
les plus appréciées ; le Lot-et-Garonne l'emporte 



Les plantes indasirielles. (Librairie de la maison rustique.) 



LA PLALNE DE LA GARONNE. l3 

pour la surface consacrée à la culture. Celle-ci 
occupe 3419 hectares, tandis que le Lot en a 
2 100 seulement, mais les terrains propices 
n'existent dans le haut Quercy que sur le bord 
des rivières, les plateaux sont des causses 
arides. 

Le Lot-et-Garonne, la vallée de la Garonne 
surtout, vient en tête des départements pour le 
nombre d'hectares en tabac, suivi de près par 
la Dordogne avec 3 3oo hectares. Par contre la 
valeur moyenne du quintal est de 106 fr. 54 c. 
dans le Lot et seulement 99 fr. 70 c. dans le 
Lot-et-Garonne ; à ce point de vue, ce départe- 
ment est légèrement dépassé par la Côte-d'Or et 
le Nord, où le prix du quintal est de 100 fr. 

Ces trois départements limitrophes : Dordo- 
gne, Lot et Lot-et-Garonne, font plus de tabac 
que les vingt autres autorisés à cette culture. 
En 1900, ils avaient couvert ensemble 9819 hec- 
tares et la France entière 17673 hectares. Si 
l'on ajoute à ces chiffres les i 396 hectares de la 
Gironde, on voit que la province de Guyenne est 
de beaucoup le plus grand pourvoyeur de nos 
manufactures nationales. 

C'est une véritable source de bien-être pour 
les populations du Sud-Ouest. Sans le tabac et 
la culture fruitière, la dépopulation, si consi- 



l4 VOYAGE EN FRANCE. 

dérable déjà, serait autrement navrante. Et 
pourtant elle est excessive. 

Mais le tabac est d'un excellent et sûr revenu ; 
aussi, en dépit des règlements compliqués et sé- 
vères dont il est l'objet, le nombre des planteurs 
s'accroît-il sans cesse. 

Les habitants des contrées où cette culture 
est inconnue ne s'imaginent guère une régle- 
mentation aussi étroite, avant-goût de ce que 
donnerait le communisme s'il était jamais appli- 
qué. Il n'est peut-être pas sans intérêt de si- 
gnaler à grands traits comment se fait une récolte 
entourée de prescriptions si minutieuses. 

En dehors des départements autorisés d'une 
façon définitive ou à titre d'essai à planter du 
tabac, nul ne peut songer utiliser ainsi son 
terrain. Encore le cultivateur doit-il être fermier 
ou propriétaire dans une des communes dont le 
préfet a fait publier la liste. 

Ceci n'est que le point de départ : 
Chaque planteur ne peut, travailler moins de 
vingt ares. 11 est obligé de faire une déclaration 
en produisant un certificat de solvabilité ; il ne 
cultivera en tabac que les pièces de terre dé- 
clarées et en couvrira au moins les quatre cin- 
quièmes ; la récolte faite, il livre à la régie tout 



LA PLAINE DE LA GARONNE. l5 

le tabac recueilli et cela dans un magasin 
qui lui est indiqué. Ce n'est pas tout, le plan- 
teur doit autoriser l'accès de son habitation : 
maison, magasin, séchoir, aux employés do 
la régie, depuis le lever jusqu'au coucher du 
soleil. 

Des pénalités très sévères sont édictées contre 
ceux qui auront enfreint ce règlement. La moin- 
dre est le retrait du permis de culture. Cette 
dernière mesure peut s'appliquer en outre à 
tous ceux qui ont été pris en fraude ou en con- 
travention, ou qui, pendant trois années, auront 
produit des tabacs de qualités inférieures. Par 
là, on entend des récoltes dont le prix moyen 
serait de lo p. loo au-dessous du prix moyen 
général. 

Ce n'est pas fini, et même on ne fait que com- 
mencer! Dès les ^emis, le cultivateur est sous la 
surveillance de la régie : l'exposition des plan- 
ches, la façon de les garantir du froid, la quan- 
tité de semence, l'assainissement du sol, tout 
est soumis à l'inspection. 

Enfin, en mai ou en juin, suivant le départe- 
ment, on commence à planter, mais à des dates 
administrativement fixées selon le climat : dans 
le Lot, il faut avoir terminé avant le lo juin, 
dans le Lot-et-Garonne avant le 25. Si la saison 



l6 VOYAGE EN FRANCE. 

a été mauvaise, une autorisation du préfet est 
nécessaire pour prolonger le délai. 

On ne plante pas la quantité que l'on veut, le 
nombre de pieds est rigoureusement fixé, et 
cela varie fort. Tandis que le Nord et le Pas-de- 
Calais, par exemple, peuvent disposer 4o ooo 
plants par hectare, les deux départements du 
Ouercy ne peuvent en mettre que loooo. 11 y 
a cependant une tolérance permettant un cin- 
quième en plus ou un cinquième en moins. Si 
la régie n'intervient pas dans la préparation du 
sol et dans la répartition de l'engrais, la dispo- 
sition même de la plantation est minutieusement 
réglée : il faut la faire en quinconce, au cor- 
deau, il ne doit y avoir aucune lacune dans les 
rangées. Il faut remplacer les pieds mal confor- 
més ou qui ont péri au début, mais quand le 
premier inventaire des plants a été fait, toute 
replantation est interdite. En cas de contraven- 
tion, les pieds ajoutés sont détruits par les soins 
de la régie. 

Quant aux porte-graines, les planteurs ne peu- 
vent en avoir plus de 26 par 10 000 pieds de 
tabac. 

Je passe sur les labours et le buttage, qui se 
poursuivent jusqu'au mois de septembre, pour 
revenir aux formalités de la régie. 



LA PLAINE DE LA GARONNE. I7 

La première est l'inventaire ; il a lieu en juillet, 
les plantations sont mesurées de façon à con- 
naître par une simple opération d'arithmétique 
le nombre des pieds contenus sur les surfaces 
régulières. Ceux qui sont dans des pointes sont 
comptés plant par plant. Au cas où il y aurait 
un excédent, soit sur l'étendue de terre décla- 
rée, soit sur le nombre de tiges, le planteur est 
puni d'une amende de 26 fr. par pied d'excédent. 

Voici un moment le cultivateur tranquille, 
mais bientôt il lui faut écimer la plante, c'est- 
à-dire couper le sommet de la tige. La date 
de cette opération est fixée par arrêtés préfec- 
toraux. Dans le Quercy, on doit avoir terminé 
le i5 août. L'écimage a non seulement pour but 
de donner de la vigueur à la plante, mais aussi 
de maintenir à celle-ci le nombre de feuilles ré- 
glementaires. Dans le Nord, on peut laisser de 
six à dix feuilles, dans le Lot et le Lot-et-Ga- 
ronne, le maximum est de neuf. Je passe sur 
d'autres prescriptions concernant l'enlèvement 
des feuilles basses et sur Tébourgeonnement des 
jets latéraux que le cultivateur est obligé d'en- 
fouir au pied de la plante. 

Trois à quatre semaines avant la maturité, 
les employés de la régie viennent s'assurer que 
ces travaux ont été faits et procèdent au recen- 



VOTAGE EN FRANCE. — XXXI. 



l8 VOYAGE EN FRANCE. 

sèment des feuilles : on tire dans une direction 
quelconque du champ une ligne comprenant 
100,200 ou 3oo pieds au plus. Sur cette ligne on 
compte les feuilles d'un certain nombre de plan- 
tes. La moyenne obtenue est multijdiée par le 
nombre total des pieds de tabac. 

En Quercy, la récolte se fait de bonne heure, 
dès le 25 août, trois mois après la plantation, 
un mois avant le moment où la récolte se fera 
dans le Nord. La cueillette n'a pas lieu en même 
temps sur toutes les feuilles d'un pied, elles 
sont détachées au fur et à mesure que l'on en 
reconnaît la maturité ; dans la Guyenne, celle-ci 
est assez régulière pour qu'on puisse couper les 
tiges au lieu de cueillir partiellement. 

Les feuilles détachées de la plante sont dessé- 
chées après avoir été disposées en guirlandes, la 
tige étant enfilée par une ficelle à Faide d'une 
grosse aiguille. Ces guirlandes sont ensuite 
mises à la pente, c'est-à-dire placées dans des 
séchoirs ou dans des hangars ; quand il s'agit 
de tiges, les pieds sont suspendus, la partie 
supérieure en bas, aux chevrons des greniers 
ou aux poutres des hangars. La dessiccation de- 
mande beaucoup de soins et d'attention. Enfin, 
quand le tabac est arrivé au degré de siccité 
voulu, on effeuille les tiges et on les dispose, 



LA PLAINE DE LA GARONNE. IC) 

selon la qualité, la couleur, la grandeur et la lar- 
geur, en tas qui sont au nombre de huit : dans 
chaque tas, on prend ensuite un nombre de 
feuilles déterminé par l'administration et Ton en 
forme des })etits paquets ou nianoques. La nia- 
noque, en Ouercy, comprend seulement vingt 
feuilles. Cela s'appelle le manocage. 

Les manoques sont placées en tas et compri- 
mées par des planches, de façon à faire subir au 
tabac une sorte de fermentation qui lui donne 
plus de teinte et de parfum. Il faut un mois ou 
six semaines. Pendant tout ce temps, il importe 
d'éviter une trop grande chaleur. Le thermo- 
mètre permet de ne pas laisser dépasser trente 
degrés. 

Enfin, le moment est venu où le planteur va 
livrer ses manoques. Il les réunit en balles com- 
prenant un nombre déterminé de ces petits 
paquets : 200 en Périgord, 260 en Ouercy. Un 
arrêté du préfet donne la date à laquelle les pro- 
ducteurs devront se rendre aux magasins : dans 
le Lot et le Lot-et-Garonne, cette date est entre 
le I*' et le 3o janvier. Des règlements disent 
comment doit être chargé le tabac. Aux maga- 
sins a lieu un classement qui permettra d'établir 
les prix à allouer ; mais quand cela est fini, le 
planteur touche immédiatement son argent. La 



20 VOYAGE EN FRANCE. 

base est très variable, on la fixe selon que le 
tabac est de surchoix, de première, deuxième 
ou troisième qualité ou non marchand. 

Gomme on le voit, la culture du tabac repré- 
sente une sujétion constante pour le planteur, 
mais les avantages en sont tels que celui-ci ac- 
cepte facilement ce contrôle de Pautorité et 
nombre de départements demandent à leur tour 
à pouvoir participer à cette culture. 



II 



LA VALLEE DU DROT 

Le vallon du Trec. — Les pruniers et les chenilles fileuses. — 
Autour de Seyches. — Lauzun et son duché. — La Sauvetat. 
— Eymet. — En Périgord. — Au long du Drot. — Duras. — 
Monségur. — En Gavacherie. — Gastelmoron-d'AIbret . — De 
Monségur à La Réole. 

La Réole. Juin. 

La campagne de Marmande est vraiment su- 
perbe en ce moment; les moissons n'ayant pas 
encore mûri font des nappes de moire verte 
entre les vergers, les vignes, les champs de ta- 
bac et le maïs. La route qui conduit de la ville 
à la vallée du Trec donne une idée de richesse 
extrême ; partout, entre les cultures, se mon- 
trent des maisons vastes et riantes ; elles s'éta- 
gent dans les vignes, entre les arbres fruitiers, 
sur les pentes et la crête de collines bien décou- 
pées. Il y a déjà des pruniers; Tarbre favori de 
TAgenais devient surtout abondant vers Virazeil. 

Hélas ! l'aspect de ces pruneraies est navrant 
cette année. Une invasion de chenilles fileuses a 



2 2 VOYAGE EN FRANCE. 

détruit la récolte : feuilles, bourgeons, fruits, 
tout a été dévoré par ces insectes répugnants, 
qui recouvrent troncs et branches d'un enduit 
blanchâtre. Le mal n'était pas inattendu, depuis 
trois ans on était prévenu de son apparition, mais, 
comme toujours, on ne s'est pas précautionné 
contre le fléau. Le remède, d'ailleurs, n'était pas 
nettement indiqué ; cette année seulement, une 
formule a été trouvée ; je pourrai, me dit-on, 
voir le résultat du traitement dans la vallée du 
Lot, où parfois l'on a fait montre d'initiative. 

Mais ici, sur toute la route que je viens de 
parcourir au long du Trec et du Drot, c'est sinis- 
tre, cette richesse perdue, non seulement pour 
l'année 1902, mais pour l'an qui vient, car les 
bourgeons à fruits sont dévorés. Les fiîeuses ne 
se sont pas uniquement attaquées aux planta- 
tions de pruniers d'ente, tout ce qui est de la fa- 
mille prunier a été atteint ; les prunelliers des 
haies eux-mêmes sont envahis. Les buissons 
qu'ils forment semblent de loin couverts de neige 
ou de givre sale. Et cela est lugubre, au milieu 
de ce vallon si vert et frais, au sein duqueLse 
suivent tant de hameaux heureux. 

Près d'un de ces groupes d'habitations, la Ga- 
zelle, se dresse une sorte de pignon surmonté 
d'un campanile, dernier débris d'une chapelle. 



24 VOYAGE EN FRANCE. 

Plus loin, le petit bourg de Seyches groupe une 
poignée de maisons autour de son église, bâtisse 
grise. On est ici en pleines pruneraies : pentes, 
petits plateaux, vallons étroits sont couverts de 
plantations régulières. Chaque habitation pos- 
sède une annexe basse, dont le toit est un pro- 
longement du toit principal qu'il semble conduire 
presque jusqu'à terre ; là se fait la transforma- 
tion de la prune en pruneau. Hélas ! les fours ne 
s'allumeront guère cette année. 

La moindre commune a ses marchands de 
prunes ou tout au moins des acheteurs dans le 
village voisin. Seyches en possède, mais cet 
humble chef-lieu de canton ne fait pas un com- 
merce comparable à celui d'un bourg de ses en- 
virons: Saint-Barthélémy, situé au cœur d'une 
vaste région agricole. 

Plus considérable encore pour les transactions 
est Miramont, bastide régulière entourant de son 
boulevard, formant caiTé, les îlots de maisons 
dessinés 'par six rues qui se coupent à angle 
droit. Au cœur de la ville, centre le plus peuplé 
de la contrée, s'élancent une haute flèche de 
pierre et le grand comble de l'église ; sur une 
place est la statue de M. de Martignac, le mi- 
nistre de la Restauration. Le commerce est plus 
actif dans cette petite cité que dans le bourg de 



LA VALLÉE DU DROT. 20 

Lauzun, qui doit à son ancienne prééminence 
seigneuriale comme capitale du duché-pairie de 
Lauzun d'avoir été choisi pour chef- lieu du 
canton. 

Lauzun n'a pas le plan régulier de Miramont, 
c'est une vieille bourgade possédant encore le 
château d'où s'élança vers son étrange carrière 
le futur époux secret de la grande Mademoiselle : 
le comte, puis duc de Lauzun. Les chemins de fer 
laissent à l'écart la féodale bourgade, tandis que 
Miramont, située près du point de jonction des 
lignes de Bordeaux et d'Angoulême, voit encore 
accroître son activité. Jadis, quand le Drot était 
maintenu en bon état, elle utilisait cette voie de 
navigation à laquelle sa petite rivière de Dour- 
dène amène des eaux d'un vert laiteux. 

La jonction des chemins de fer se fait au con- 
fluent, en face d'une bastide, la Sauvetat, qui 
n'eut pas la fortune de Miramont ; il y a bien peu 
de maisons au long des rues dominées par la 
tour carrée d'une vieille église, flanquée de pi- 
nacles à chaque angle. Ce n'est qu'un point de 
rencontre des voies, la gare où la formation des 
trains pour Bordeaux a lieu est au delà, à Eymet, 
chef-lieu de canton de la Dordogne, à la tête de 
la navigation officielle du Drot. 

Encore une bastide, Eymet. On connaît sa date 



20 VOYAGE EN FRANCE. 

de naissance. En 1271, on traça les deux grandes 
rues en croix traversées par des voies plus pe- 
tites aboutissant à une enceinte fortifiée. Celle-ci 
a disparu pour faire place à des boulevards au- 
jourd'hui ombreux. La ville eut le bon goût de 
conserver sa place centrale avec ses arcades 
irrégulières : les unes ogivales, à grande ouver- 
ture, d'autres également gothiques, mais étroites 
et hautes ; certaines sont en anse de panier, cer- 
taines sont de simples galeries de charpente. Au 
milieu, une pompe est fixée sur un puits surmonté 
d'une sorte de tour octogonale. Cet ensemble 
est d'un effet singulier, archaïque et charmant. 
Les ruelles qui aboutissent là et sur les deux 
rues sont étroites, leurs maisons sont égayées 
par des espaliers couvrant les façades, des ar- 
bres débordent sur les murs des jardins. 

Plus heureuse que d'autres bastides, Eymet 
garde quelques édifices ; le château n'a pas com- 
plètement disparu, il en reste un donjon à mâ- 
chicoulis revêtu de lierre et un pan de muraille 
auquel une tourelle en poivrière s'accote fière- 
ment encore. Ces débris ont été aménagés avec 
goût, un jardin fleuri de roses et abrité par 
un grand laurier précède l'entrée. En face, une 
colonne surmontée d'une croix a été érigée en 
l'honneur des bienfaiteurs de la ville ; près de là, 



LA VALLEE DU DROT. 27 

devant une église moderne, un arbre de la liberté 
abrite une de ces statues de la République mou- 
lées en si grand nombre pour le centenaire de la 
Révolution. 

Des roses et des vignes à la plupart des fa- 
çades, des maisons en charpente à ressaut, le 
Drot roulant des eaux glauques au sein de prai- 
ries, sous les aulnes au feuillage sombre, com- 
plètent ce riant décor urbain. 

Eymet est un centre pour le commerce des 
prunes, comme me le révèle à Tentrée une en- 
seigne : « Plus de chenilles ! » mais elle y joint 
celui des comestibles et d^ conserves. C'est le 
Périgord ici, dès les premiers pas dans cette 
province on trouve les spécialités culinaires qui 
ont fait le renom du pays des truffes. 

La région du prunier s'étend assez loin encore 
vers la Dordogne ; un autre petit centre péri- 
gourdin, Issigeac, possède des foires aux prunes. 
La limite de la grande culture de cet arbre est 
déjà sur le versant qui regarde Bergerac. Les 
pruneraies diminuent ou cessent lorsque com- 
mence le fameux vignoble de Monbazillac^ 

Le chemin de fer ne quitte le Drot, au delà 



I . Pour la région de Bergerac et les vins de Monbazillac vi 
29e série du Voyage en France, chapitre XV. 



la 2C 



28 VOYAGE EN FRANCE. 

d'Eymet, qu'à la station de Falgueyrat, d'où se 
détachera un embranchement sur Villeneuve-sur- 
Lot, depuis longtemps projeté, continuation de 
la ligne actuelle de Bordeaux à Eymet, par la- 
quelle l'Entre-deux-Mers et le cœur de l'Agenais 
se relient à la métropole du sud-ouest. Elle tra- 
verse une région qui dépendait de l'Albret et 
dont le repeuplement par des émigrants de pro- 
vinces de langue d'oil a fait naître le mot de 
« Gavacherie ». 

En route pour la Gavacherie. Le chemin de fer 
me conduit à Duras d'où j'irai parcourir ce petit 
pays. A la Sauvetat, le train s'aiguille sur la voie 
de Bordeaux et le voilà descendant au long du 
Drot, dans une aimable vallée où les maisons 
éparpillées sur les pentes et parmi les cultures 
du fond mettent beaucoup de vie et de gaîté. 
Peu de villages, et menus, si menus ! C'est que 
les habitants ont voulu être au milieu de leur 
pruneraie afin de pouvoir plus tôt récolter et 
transporter leurs fruits. Moustier n'a même pas 
de centre, l'église à haute flèche de pierre se 
dresse, isolée, au flanc d'un coteau. Sur l'autre 
rive du Drot, Allemans est un joli bourg, bien 
groupé entre les prairies, les vignes et les pru- 
neraies. Plus loin, sur une sorte de promontoire, 



LA VALLÉE DU DROT. 20 

l'église de Monteton se dresse au sommet de la 
butte. 

Le Drot erre dans les prés et reçoit des ruis- 
selets affluents ; l'un d'eux naît dans les collines 
où se dresse le féodal Puyguilhem, village chef- 
lieu de baronnie, dont le futur duc de Lauzun 
portait le titre quand il apparut à la cour et, par 
sa belle mine, s'attira les faveurs de Louis XIV. 
Un autre village au nom sonore, Pardaillan, 
borde le ruisseau et s'entoure de pruniers. Tous 
ces arbres doivent faire un décor merveilleux 
au printemps, quand ils sont couverts de leur 
floraison de neige. En ce moment, ils sont 
blancs encore, mais de la lépreuse blancheur 
due à la soie des chenilles qui ont dévoré leurs 
feuilles. 

Le Drot est une bien pauvre rivière, sinueuse, 
sans mouvement apparent, ses eaux d'un vert 
blanchâtre s'en vont entre des berges revêtues 
d'arbres et de taillis. Ce paysage serait très pla- 
cide sans l'allure belliqueuse de la petite ville 
de Duras, assise sur une colline escarpée au 
confluent de la Dourdèze. Minuscule, la cité 
qui devint le siège du duché de Duras, constitué 
en faveur de la famille de Durfort, mais son 
château couronné par une tour à galerie, ses 
remparts, son église lui donnent une grandeur 



3o VOYAGE EN FRANGE. 

d'aspect inattendue. Le plan n'a pas la régula- 
rité de celui des bastides voisines, mais une 
place à arcades révèle une ancienneté aussi 
grande, plusieurs maisons intéressantes disent 
que Duras eut plus d'importance jadis. 

De la ville, on jouit d'une vue étendue et su- 
perbe sur la vallée du Drot et les collines qui 
s'étendent jusqu'à la Garonne. Les environs ont 
des cultures très variées; beaucoup de jardinage, 
les prés s'encadrent d'ormes, de chênes et de 
peupliers. Les champs sont l'objet de soins assi- 
dus, même voici des pruniers sans chenilles et 
couverts de beaux fruits. 

Le département de Lot-et-Garonne finit ici ; 
de l'autre côté du Drot, c'est la Gironde, la 
limite est formée plus loin par le ruisseau de 
Dousset. Celui-ci atteint le Drot au-dessous d'un 
coteau rocheux surmonté par l'église de Dieu- 
livol dont la façade est un pignon aigu percé de 
trois ouvertures. Sur l'autre rive du Drot, une 
bourgade de mine plus belliqueuse encore que 
Duras, Monségur, couronne mieux sa colline et 
l'église dresse une belle flèche au-dessus des 
toits. 

La rivière vient lécher la base de cette espèce 
de falaise ; elle est navigable ici ; elle l'est même 
depuis Eymet, d'une façon purement nominale, 



LA VALLÉE DU DROT. 3l 

les écluses qui soutenaient le plan d'eau étant 
dans un tel état de vétusté que l'on ne peut s'en 
servir. A partir de Duras seulement le passage 
des bateaux est possible, sinon facile. Toute la 
voie, qui fut aménagée par une compagnie, est 
dans un médiocre état. Aussi le cours d'eau de 
100 kilomètres, dont 64 sont classés comme na- 
vigables, ne figure-t-il dans la statistique de 
1899 que pour i4 676 tonnes, transportées par 
495 bateaux. Malgré ce rôle, c'est une bien pe- 
tite rivière. 

De sa terrasse Monségur domine le Drot et 
découvre de grands horizons sur trois des dé- 
partements de l'ancienne Guyenne, les cantons 
girondins de Monségur et de Pellegrue surtout, 
qui sont la contrée particulièrement appelée 
Gavacherie. Dans le petit vallon du Ségur, où 
le chemin de fer s'insinue un instant pour aller 
traverser l'Entre-deux-Mers', un village, Gastel- 
moron-d'Albret, fut presque entièrement peuplé 
par les Gavaches. Mais la colonie a dû beaucoup 
se disperser, Gastelmoron, qui eut rang de ville 
et dont les remparts croulants disent encore 
l'importance, conserve une centaine d'habitants 



1. Sur l'Entre-deux-Mers voyez le chapitre XII de la 29" série. 



32 VOYAGE EN FRANCE. 

à peine. Son surnom d'Albret' rappelle que les 
princes de cette famille poussaient leurs do- 
maines jusqu'au Drot. Le peu de surface de son 
territoire, 6 hectares, montre que ce fut une créa- 
tion du souverain, puisque les habitants n'ont de 
terrains de culture que sur le territoire de leurs 
voisins. Le château et l'espace compris entre les 
remparts constituèrent la paroisse devenue la 
plus petite commune de France, peut-être. 

Aujourd'hui, Gastelmoron a perdu toute in- 
fluence, Monségur l'a remplacé comme centre 
de cette partie du pays. Elle aussi est une bas- 
tide, dont l'aspect a été défiguré. Aux arcades de 
la place on a substitué une galerie soutenue par 
des colonnes, ce qui donne plus d'air et de lu- 
mière aux boutiques. Au milieu de l'espace jadis 
nu, s'élève une grande halle de fer et de verre, 
dénaturant encore le caractère archaïque. 

J'ai pris place sur le siège de la diligence de 
La Réole. Elle s'en est allée à grand bruit de 
grelots sur une route en pente longeant de vieux 
remparts qui semblent avoir été entaillés dans le 
roc; en quelques secondes nous voici dans la 



I. Sur la partie du duché d'Albrct comprise sur la rive gauche 
de la Garonne, voyez la So^ série du Voyage en France, cha- 
pitre VII. 



LA VALLÉE DU DROT. 33 

vallée au pied des coteaux. Ici moins de pruniers; 
s'il en est encore, c'est en plantations de plus 
en plus espacées. 

La vallée est bien belle au-dessous de Mon- 
ségur. La variété et la richesse des cultures 
sont extrêmes; cela me rappelle la Touraine, 
avec plus d'opulence peut-être. Au bord de la 
rivière qui se tord en courts méandres, la flèche 
de Coulures pointe dans les arbres; en face, sur 
un coteau dominant le Drot et le ruisseau de 
Saint-Sulpice, se dressent les puissantes raines 
du château de Roquebrune ou de Gudleragues. 

Roquebrune, c'est deux ou trois maisons au- 
tour de l'église ; l'une d'elles, vaste, construite 
en gros moellons équarris, possède encore des 
fenêtres à meneaux. 

La route de La Réole quitte la vallée du Drot 
et s'élève entre les vignes, sur un plateau cultivé 
en céréales. Peu de hameaux, l'un d'eux, Saint- 
Hilaire, chef-lieu d'une commune, se compose 
d'un château moderne et d'une église à pignon 
entourée d'auvents formant galerie. Cet embryon 
de village est sur la ligne de faîte entre la Ga- 
ronne et le Drot. De ce point, la vue s'étend sur 
les deux vallées et, bien par delà, sur un pays 
immense. Les landes apparaissent, sombres, se 
perdant en des. lointains infinis. La vallée de la 

VOYAGE E>- FRANCE. — XXXI. 3 



34 VOYAGE EN FRANCE. 

Garonne s'entrouvre sous nos pieds, verte, lumi- 
neuse, parsemée d'une infinité de maisons blan- 
ches, avec son fleuve étincelant dessinant ses 
grands contours au milieu de la verdure. 

Le tableau s'eiïace, nous descendons dans un 
court vallon, la route se fait rue, Téquipage s'ar- 
rête sur une vaste place, tranquille aujourd'hui. 
C'est La Réole'. 

29^ série du Voyage en France, page 18g. 



III 



LES LANDES DE LOT-ET-GARONNE 

La vallée de l'Avance. — Casteljaloux et ses usines. — Les pertes 
et les sources de l'Avance. — Dans les pinèdes. — Les Lugues. 

— Houeillès. — La foire de Pelbusoc. — La Grande Lande. 

— Le val de l'Estampon. 

Sos. Mai. 

Dans Tespèce de longue et régulière muraille 
dessinée par les collines de la rive gauche de 
la Garonne, les rivières et ruisseaux de l'inté- 
rieur trouvent issue par des sortes de fissures très 
étroites, de loin on ne pourrait deviner qu'il y a 
là des vallons, tant l'ensemble est massif. Une 
seule coupure paraît donner accès vers le sud, 
elle s'ouvre en face même de Marmande et livre 
passage à l'Avance, petite rivière venue des 
landes, dont le cours et le débit sont remarqua- 
blement réguliers. 

Une grande route et le chemin de fer de Mont- 
de-Marsan pénètrent dans ce large pli bordé de 
collines aux pentes raides que dominent des 
hameaux et des villages. Pas de gros centres, les 



36 VOYAGE EN FRANCE. 

habitations s'éparpillent sur les hauteurs ; le 
seul méritant le titre de bourg, Bouglon, est de 
belliqueuse allure sur son promontoire domi- 
nant de plus de cent mètres le confluent de l'Ar- 
genton et de l'A^'ance, mais à peine groupe-t-il 
cent habitants dans ses rues étroites et courtes ^ 
Des abords de ce minuscule chef-lieu, la vue est 
immense et superbe sur la riante vallée et le 
plateau boisé du Mas-d'A gênais. Au sud, sur 
l'autre rive, une colline plus élevée encore porte 
Téghse romane de la bastide de Castel-Amou- 
roux. De ce côté, le massif des collines est très 
accidenté et atteint près de i8o mètres au-dessus 
de la mer. Joli pays, verdoyant et bien cultivé, 
qui vient finir sur une ligne étrangement régu- 
lière, à la marge des forêts de pins et de chénes- 
lièges des landes agenaises. 

A l'entrée de cette région si nettement tran- 
chée, au point de bifurcation de nombreux che- 
mins ou routes, s'étale largement une petite 
ville qui sera le dernier centre de plus de i 5oo 
âmes jusqu'à l'Adour. C'est l'active Gastelja- 
loux-, une des cités principales de l'Albret féo- 
dal, qui a dû à l'industrie d'échapper à la déca- 



1. 584 liabitanls daiis la commune. 

2. 3G22 habilaiils don: 2576 agglomérés. 



LES LANDES DE LOT-ET-GARONNE. 87 

dence des bourgades rurales. Chose curieuse, 
cette industrie, se rattachant étroitement à la 
chimie, est de celles que l'on ne s'attendrait pas 
à trouver dans les landes : la production des 
bougies et du savon. Elle est très ancienne d'ail- 




leurs, car l'usine remonte à 1829 et n'a pas 
cessé de s'accroître; une description du Lot-et- 
Garonne publiée en 18 10 mentionne déjà cette 
fabrication. Le reboisement des landes % jadis 



1, La conquête des landes par le pin maritime a été exposée 
avec tant de détails dans la 2<j^ et surtout dans la 3oe série du 



38 VOYAGE EN FRANCE. 

nues, a fait naître d'autres industries ; le trai- 
tement de la résine, sa transformation en es- 
sence de térébenthine se font dans plusieurs 
usines, la paille de seigle récoltée dans les clai- 
rières des landes est transformée en enveloppes 
de bouteilles et en nattes pour les châssis et 
les serres. Aussi la population a-t-elle doublé 
depuis cinquante ans, elle dépasse aujourd'hui 
3 600 âmes. Par contre, l'industrie métallurgi- 
que, autrefois active sur le territoire, aux forges 
de Neuffons, a disparu, emportant sans doute à 
jamais l'espoir que l'on avait à Casteljaloux de 
faire canaliser jusqu'à la Garonne la petite rivière 
de l'Avance. 

La ville possède un caractère bien particulier, 
grâce aux grands auvents qui projettent parfois 
les toits à trois mètres sur la rue. On pourrait se 
croire dans une de ces régions des Alpes où les 
toitures avancées préservent de la neige amon- 
celée en corniche ; mais comme il ne saurait être 
question de neige en ce doux pays de Gascogne, 
il faut sans doute y voir une précaution contre le 
soleil. L'usage s'en perd d'ailleurs, les maisons 
nouvelles en pierre blanche ou crépies n'otfrent 



Voyage en France, qu'il ne sera question ici que de ce qui a 
trait au Lot-et-Garonne. Pour <:'etle élude spéciale, nous renvoyons 
le lecteur aux séries précitées. 



LES LAiNDES DE LOT-ET-GARONNE. Sg 

pas ces grands appendices. Si les demeures mo- 
dernes donnent à la ville un caractère prospère, 
elles n'ont pas la physionomie pittoresque des 
anciennes, accrue par la carcasse de poutrelles 
brunies. 

Dans les petites rues on trouve davantage de 
ces vieilles demeures, quelques-unes, bien que 
dégradées et rongées, ont encore la grâce et la 
noblesse du xvn^ siècle ; l'une d'elles, ancienne 
maison religieuse, possède un cloître, d'un style 
simple mais élégant encore. De toutes ces habi- 
tations nobles, la plus curieuse, la plus vétusté 
aussi est l'ancien hôtel de Xaintrailles. Un af- 
faissement l'a déjeté, en disloquant les meneaux 
des fenêtres, les intempéries ont rongé les mé- 
daillons délicatement sculptés qui ornaient la 
façade et dont il reste à peine des linéaments, 
charmants encore. 

Peu de monuments ; l'église est un édifice 
ogival aux puissants contreforts que le goût du 
xvni" siècle a fait doter d'une riche façade de 
style jésuite. 

Du Gasteljaloux féodal — Castel-Gelos, Cas- 
tel-Geloux — il reste quelques pauvres débris du 
château et des remparts. La partie la plus riante 
de la petite cité est un mail ombreux, en ter- 
rasse, dominant l'Avance et ayant vue sur de 



l\0 VOYAGE EN FRANCE. 

belles collines très vertes, un peu embrumées 
aujourd'hui par la fumée des usines. Des sour- 
ces minérales jaillissent aux abords de la ville, 
mais elles n'ont pas fait naître d'établissement. 

L'Avance est la gaîté de ces campagnes, il 
est peu de petites rivières plus abondantes et 
claires. C'est qu'elle vient à peine de naître 
ou p^itôt de renaître par d'abondantes fon- 
taines. La lande qui recouvre ailleurs des masses 
énormes de sable repose ici sur des assises cal- 
caires perforées de cavités. Dans cette direction, 
toutes les eaux landaises s'infiltrent dans le sable 
et vont rejoindre ces rés^rvoir^s mystérieux. 

Les sources sont à deux kilomètres en amont 
de la ville, dans un beau site forestier de chênes 
et de pins. Neuf évents donnent issue aux eaux, 
d'où le nom de Neuffons. Les fontaines réunies 
faisaient mouvoir les forges, elles actionnent au- 
jourd'hui une papeterie et une partie des scie- 
ries qui débitent le bois des landes voisines. 
Une des sources, sortie d'une excavation appe- 
lée la Grotte des Fées, attend encore les explo- 
rateurs de naïades'. 



I. Depuis ma vssile à Casteljaloux, M. Martel, à qui l'on doit 
la découverte de tant de (|rottes et d'abîmes, a tenté de pénétrer 
ce mystère. Sur l'invitation de INI Malbec, maire de Monchir- 



LES LANDES DE LOT-ET-GARONNE. l\l 

Neufîons, par son beau réservoir et ses arbres, 
est un site charmant. En amont, on retrouve 
l'Avance, mais remplie seulement à l'époque 
des grandes pluies, sous le nom de Riou Rouge. 
La rivière s'était perdue deux kilomètres plus 
haut, près de la Taillade. Telle qu'on la voit à 
ce hameau avant l'infiltration, elle ne ressemble 
guère à la masse d'eau qui arrose Gasteljaloux. 
Les fontaines ont d'autres aliments que les flots 
disparus ; tous les ruisseaux qui sourdent de 
la lande et arrivent à la limite du terrain cal- 
caire se perdent ainsi et viennent sourdre à 
Neuffons. 

Ce point de soudure entre le désert et les ri- 
ches campagnes de l'Agenais offre un charmant 
paysage forestier. C'est la lande, possédant 
même de petites dunes, formées par les vents à 
l'époque où, la région n'étant pas boisée, les 
bourrasques venues de l'Océan ne trouvaient 
aucun obstacle. Le pin n'est pas encore maître 



d'Agenais, il est allé avec celui-ci et M. Marboulin à la Tailhade, 
où se perd l'Avance, a coloré le ruisseau à la fluorescine et 
reconnu par l'examen des eaux de sources que l'on ne s'était pas 
trompé quant à leur origine. Il a ensuite visité les neuf résur- 
gences et, pénétrant dans la grotte, a pu remonter pendant deux 
cents mètres. Cette expédition semble avoir fait reconnaître que 
toutes les eaux ne sourdent pas à Neuffons, beaucoup se per- 
draient, mais on pourrait les obliger à suivre le courant principal. 



42 VOYAGE EN FRANCE. 

incontesté du terrain, il est mélangé au chêne 
cultivé en taillis. Des ruisseaux clairs, les neuf 
fontSj avivent la végétation. Le chêne-taillis, 
couvert d'énormes galles, est presque atteint en 
hauteur par de vigoureux genêts dont la fleur 
d'or est la gaîté de ces solitudes. Çà et là, quel- 
ques arbres échappés à la cognée sont devenus 
superbes et rappellent la beauté de nos sylves 
du nord. 

Ainsi que dans les Grandes Landes, le pin est 
soumis au résinage. Ces arbres sillonnés de 
plaies, les chênes soumis à l'écorçage forment 
comme une salle de torture végétale : les chênes 
sont écorcés sur pied, ce qui donne aux taillis 
un aspect étrange ; dans la pénombre, les bran- 
ches semblent saignantes. 

Des abords de la route on voit rarement des 
habitations ; les demeures des résiniers sont per- 
dues dans les bois, et les cultures de seigle sont 
en de lointaines clairières ; les plus proches sont 
autour du petit village de Pindères, assis à 
l'écart sur un des ruisseaux absorbés dans les 
sables. 

La forêt est belle par les chênes parfois 
énormes qui se dressent au milieu des pins. 
Dans ce paysage sylvestre est le hameau de Pom- 
pogne, tout menu autour de sa vieille église 



LES LANDES DE LOT-ET-GARONNE. 4 3 

romane. On se fait si bien à cette solitude, on 
s'attend si peu à trouver un vrai village, que 
l'apparition du bourg d'Houeillès est une sur- 
prise. C'est une longue rue formée par la grande 
route, sur laquelle s'alignent des maisons à 
larges toits plats contrastant avec les murs de 
poutrelles et de torchis des métairies couvertes 
en chaume ; partout, même dans les bois, le 
nombre des constructions neuves révèle que le 
pin a amené le bien-être. On réserve chaume et 
torchis pour les servitudes de l'exploitation ru- 
rale. 

Ces métairies, au milieu de clairières où on- 
dulent les seigles, où les châtaigniers mettent 
leurs frondaisons puissantes, sont plus nom- 
breuses aux abords d'Houeillès. Le bourg, mal- 
gré sa population agglomérée de 35o habitants 
seulement, le reste étant réparti sur un vaste 
territoire, est animé par le commerce et l'indus- 
trie, grâce à la forêt qui alimente des chantiers 
de bois et donne un trafic considérable à la gare, 
beaucoup de traverses de chêne surtout. 

Évidemment, le tableau des landes tracé par 
les vieux auteurs était exagéré, le nombre et les 
dimensions des chênes prouvent que les bois 
étaient déjà étendus avant les plantations de 
pins maritimes. Il faut aller au delà d'Houeillès 



44 VOYAGE EX FRANCE. 

pour trouver le désert. Les communes qui cons- 
tituent le canton sont assez peuplées ; elles for- 
maient dans l'ancien Albret une subdivision ap- 
pelée les Lugues et eurent de bonne heure 
quelque importance. L'église du chef-lieu est 
un intéressant édifice de la première époque 
gothique, méritant une visite par sa porte forti- 
fiée, couronnée de mâchicoulis. Dans cette ré- 
gion, sorte de marche entre l' Albret, Etat indé- 
pendant, et la Guyenne, on trouve plus d'un 
exemple d'églises ainsi organisées pour la dé- 
fensive : leurs fenêtres, très hautes et étroites, 
ne sont guère que des meurtrières. Beaucoup 
de ces édifices ont d'heureux détails. Au sein le 
plus profond des landes, le village de Durance 
possède une chapelle appelée Grange de Du- 
rance qui est, dit-on, une merveille ; plus de 
600 figures, représentant de pieux personnages 
ou des légendes, y sont peintes avec toute la 
grâce de l'art ogival. 

La lande change peu à peu d'aspect. Au delà 
de Houeillès, le chêne-liège, rare encore, se 
mêle aux chênes à feuilles caduques dont la 
grosseur est faite pour surprendre. Il est de 
beaux groupes de ces arbres sur les bords d'un 
ruisseau clair, coulant entre les aulnes sur un 



LES LAIDES DE LOT-ET-GARONNE. 4^ 

lit de sable d'or fauve. Gç preste cours d'eau, 
c'est le Giron naissant, la future et active rivière 
des landes bazadaises^ 

J'ai dû prendre le train à Houeillès pour vi- 
siter le reste des landes de l'Albret jusqu'à 
Roquefort. La seule inspection de la carte n'en- 
courage guère à circuler pédestrement sur ce 
j)lateau de bruyères parsemé de pignadars aux 
contours étranges, bandes longues parfois de 
deux lieues, alternant avec des massifs troués 
de clairières. Le train allant à une modeste al- 
lure en cette contrée où les stations desservent 
seulement des métairies perdues dans les bois, 
on juge suffisamment du paysage par la fenêtre 
du wagon. 

Donc, en route par les landes. Peu à peu les 
chênes disparaissent, ou servent uniquement à 
ombrager les abords des métairies auxquels ils 
donnent des mails d'une majesté royale. Ainsi, 
près de la station de Tour-Neuve, la grande 
ferme de Pont-Moyne possède de superbes om- 
brages sous lesquels s'étend une pelouse velou- 
tée. A côté de la gare, deux ou trois maisons, 
une ample bâtisse assez curieuse par son étage 



1. Sur le Giron et son ilollage, voyez la 299 série du Voyage 
en France, chapitre XIII, cl la So^ série, chapitre I^r. 



46 VOYAGE EN FRANCE. 

en encorbellement et un château. Une fabrique 
d'essence de térébenthine est installée près de 
la voie et traite les résines recueillies dans les 
vastes pignadars de la commune d'Allans. La 
forêt a peu de profondeur; vers le sud, on trouve 
encore la lande rase de bruyère. Au milieu de 
ce désert surgit une croupe allongée, sans doute 
dune continentale, appelée Pelbusoc, sur la- 
quelle passe la limite des départements de Lot- 
et-Garonne et des Landes. Ce point commande 
de vastes horizons ; il devait être le principal 
accident du paysage avant la conquête par le 
pin, aussi est-il devenu un lieu de rendez-vous. 
Chaque année, le i6 juillet, il s'y tient une foire 
sur un emplacement signalé par la carte d'Etat- 
major, cette réunion est plus active encore au- 
jourd'hui, grâce au chemin de fer. 

Le tapis de bruyère naine apparaît à chaque 
instant, entre les longues et étroites pinèdes. Le 
paysage s'entrouvre tout à coup, prodigieuse- 
ment, par une des dernières grandes surfaces 
dénudées du pays landais. Il y a ici une ligne 
d'horizon de près de 12 kilomètres sans un 
arbre, sans autre accident de terrain que les 
toits rouges et bas des bergeries. Toute cette 
zone appartient au département des Landes, la 
barre à peine distincte des forêts de pins qui 



LES L\>DES DE LOT-ET-GAROX.NE. l\J 

bordent ce désert est la limite de la Gironde. 
On est donc à la ligne de partage des landes 
entre les trois départements. 

Le Lot-et-Garonne est le moins doté de ces 
terrains jadis stériles ; il n'en possède pas plus de 
65 000 à 70000 hectares, chiffre presque insigni- 
fiant auprès de ses voisins. Comme ceux-ci, il 
s'est efforcé de gagner les landes par des plan- 
tations, mais il ne s'est pas borné au pin, il a 
accru l'étendue de ses forêts de chênes-lièges, 
point de départ de la florissante industrie de 
Mézin et de Lavardac dont je parlerai bientôt ^ 

Le train pénètre dans le département des 
Landes, au point où le territoire de Lot-et-Ga- 
ronne forme une sorte d'enclave triangulaire. 
En vue de la lande qui semble sans fin, d'une 
solitude et d'une tristesse infinie, une pignadar 
abrite une métairie dotée du nom ironique de 
Plaisance ; encore les pins lui cachent-ils le 
morne plateau. Mais une gare a été élevée sur la 
partie non boisée et l'on se i)rend de compassion 
pour les employés exilés ici. 

Les bois recommencent bientôt, dans une zone 
où le plateau se plisse en de nombreux ravins, 



I Chapitre VI. 



48 VOYAGE EN FRANCE. 

OÙ des ruisseaux clairs se forment dans les sa- 
bles. Comme partout où la lande possède des 
eaux courantes, la végétation est plus belle, les 
chênes, qui paraissent de nouveau, révèlent que 
cette contrée est depuis longtemps sylvaine. Ces 
arbres entourent des champs de seigle, les mai- 
sons moins rares, clairsemées encore, possèdent 
des prairies et des vergers. La vie, il est vrai, ne 
se montre que sur le bord de ces ruisseaux par- 
courant des embryons de vallées ; dès qu'on les 
a quittés on retrouve la solitude des pins et des 
bruyères. 

Sur les bords du ruisseau de Houil, la station 
de Bourriat-Bergonce fera sans doute naître un 
petit centre ; déjà un grand commerce de bois 
s'opère à la gare ; bientôt le chemin de fer de 
Bazas y amènera les trains de Bordeaux et l'on 
poursuit la Ugne vers Gabarret et Eauze, en 
attendant le prolongement sur Auch. Ce croise- 
ment de voies ferrées aura pour effet d'amener 
une population sur ce point. En attendant, la 
gare ne dessert que de pauvres hameaux bâtis 
au bord de ruisselets allant accroître la Douze. 

Le pays s'ad^aisse de plus en plus : à Houeillès 
on était à i46 mètres au-dessus de la mer; 
à la gare forestière de Retjons-Lugaut on est 
à 85. C'est un confluent de ruisseaux et de ra- 



LES LANDES DE LOT-ET-GARONNE. ^9 

\ iiis profondément creusés dans la lande, quatre 
branches s'y réunissent pour grossir l'Estampon. 

On ne devine pas le voisinage des habitations. 
Lugaut n'est qu'une église ; Retjons est à l'écart 
dans les bois. 

Le train court encore sous les pins, traverse 
des clairières et s'arrête en face d'un site inat- 
tendu : une petite ville, Roquefort, assise sur 
un roc escarpé, entre l'Estampon abondant, noir 
et rapide, et la Douze aux eaux souillées d'ar- 
gile, qui impose son nom au cours d'eau ainsi 
formé ^ 



I. Sur Roquefort et la région jusqu'à Mont-de-Marsan, voyez 
la 3oe série du Voyage en France, chapitres VIII et IX. 



VOYAGE E.\ FRANCE. 



IV 



LA CAPITALE DU (( BEARNAIS )> 



La vallée de la Baise. — La bastide de Vianne. — Lavardac. — 
Navigation de la Baise. — Ateliers de bouchonniers. — Le Pont- 
dc-Bordes. — Le moulin de Barbaste. — Barbaste — Nérac 
— La promenade de la Garenne. 



^ Nérac. Juillet. 

A peine a-t-on traversé la Garonne coulant 
au milieu de l'opulente plaine de Port-Sainte- 
Marie, et voici un paysage inattendu, on pour- 
rait se croire à cent lieues de ces campagnes 
de cultures. Des arbres au feuillage luisant et 
crispé, aux troncs boursouflés, d'une teinte li- 
vide, apparaissent au flanc des collines : ce sont 
des chenes-lièges. L'effet en est étrange après le 
parcours des verg.^rs, des champs de maïs et de 
tabac. 

Ces végétaux sont en quelque sorte des senti- 
nelles, ils ne forment pas encore de nappe con- 
tinue, ni même de groupes, la forêt des suriers 
est plus loin. La vigne, le maïs, le tabac domi- 



LA CAPITALE DU « BEARNAIS )) , 5l 

lient toujours dans ce couloir étroit et riant où 
la Baïse mène ses eaux peu limpides, retenues 
par les barrages écluses. A l'entrée du val est 
le village de Feugarolles. Sur les coteaux, deux 
châteaux, qui durent avoir de la splendeur, sont 
encore entourés des douves défensives. L'un 
d'eux porte le nom sonore de Trenqueléon. De 
ce côté, la forme des mots eux-mêmes a plus de 
couleur : voici, dressé sur une colline. Mont- 
gaillard, plus loin, c'est Xaintrailles dont la sei- 
gneurie appartint au brave Poton, le dévoué 
compagnon de Jeanne d'Arc. 

Au fond du val, bordée par la Baïse, la bas- 
tide de Vianne a conservé son aspect du passé. 
Il y avait là un village, Villelongue, qui fut 
remplacé par une ville entourée d'une enceinte 
régulière. 

Depuis 1284, ces remparts flanqués de tours 
sont restés debout ; ce serait une petite Avignon 
gasconne, si les murailles n'étaient découronnées, 
percées de portes ou de fenêtres closes de volets. 
Le mur de ville est devenu partie intégrante 
d'habitations. Quatre portes donnent accès dans 
cette minuscule cité, le soir elles offrent un cu- 
rieux contraste par leur tracé archaïque et les 
lampes électriques qui brillent à la voûte. Ce 
centre, comme toutes les communes voisines. 



02 VOYAGE EX FRANCE. 

est en partie peuplé de bouchonniers travaillant 
les lièges du pays et d'Afrique. 

En amont, la vallée se resserre, devient pres- 
que une petite gorge au fond de laquelle la Baïse 
coule, sombre, entre des pentes hérissées de 
rochers. Un moment ce val s'entrouvre, au con- 
fluent de la Gélise, sous une terrasse qui porte 
une autre bastide, Lavardac, dégagée de ses 
remparts et devenue grandissante grâce à la 
plantation des landes, à l'exploitation des bois 
et au travail du liège. Les vignobles des envi- 
rons donnent un vin transformé en eau-de-vie 
d'Armagnac; de nombreuses maisons en font le 
commerce. 

La ville proprement dite, la bastide, petite, 
mais propre et riante, se prolonge par des cons- 
tructions neuves formant faubourg. Les rues 
étroites sont bordées de maisonnettes aux con- 
trevents gris. Au pied d'une haute berge, très 
abrupte, la Baïse forme un bassin animé. La- 
vardac est le port d'attache et le siège social de 
la Société générale des remorqueurs de la Baïse 
qui possède une trentaine de bateaux, dont deux 
transporteurs à vapeur. 

La navigation est active, le port de Lavardac 
a constaté en 1900 le débarquement, T'embar- 



LA CAPITALE DU (( BEARNAIS )) . 53 

qiKMnent et le passage de près de 5o ooo tonnes 






%%\ ^t^/v A-$U 










de marchandises ^ Bien des rivières, dotées d'un 

I. En 1901, il y eut 45 852 tonnes seulement dont 26 826 à la 
remonte et zg 626 à la desrente. Cette diminution est due à Fin- 



54 VOYAGE EN FRANGE. 

débit autrement puissant que l'indigente Baïse, 
peuvent en envier l'animation. 

Du haut du pont de trois arches jeté sur la 
vallée, on jouit de cette activité du petit port. 
Poteaux de mines et madriers apportés des fo- 
rêts ou des scieries, fûts de vin et d'eau-de-vie 
sont embarqués sur les grands chalands ou les 
bateaux à vapeur porteurs. Les ballots de liège et 
les sacs de bouchons figurent aussi dans ce fret 
que le canal et la Garonne vont répartir dans 
tout le Midi, à Bordeaux surtout. 

Deux quartiers constituent Lavardac, le plus 
actif est la route de Nérac bordée d'habita- 
tions et d\isines jusqu'à la Baïse et à Barbaste, 
en traversant la G élise. Cette voie a remplacé 
l'antique chaussée romaine, appelée laTénarèze, 
qui a donné son nom à la région vinicole de 
r Armagnac d'Eauzan. Là se trouvent les prin- 
cipales manufactures de bouchons, d'autres sont 
à Barbaste qui est, en somme, un faubourg de 
Lavardac ^ Cette jonction entre les deux com- 
munes se nomme le Pont-de-Bordes. 

Les grands bâtiments qui s'y échelonnent sont 
des manufactures de bouchons, de semelles et 



suffisance de la récolte en blé du Condomois et du Fezensac qui 
alimentent en partie la grande minoterie de Vianne 

1. Population de Lavardac, 2 545 habitants; de Barbaste, 1898. 



LA CAPITALE DU (( BEARNAIS ». 55 

d'autres objets en liège. Les fabricants sont une 
quinzaine : Barbaste en a quatre ou cinq, il en 
est d'autres à Feugarolles, Thouars, Xaintrailles 
et Yianne. Xaintrailles joint à cette industrie 
celle de la tonnellerie. 

Une odeur de liège assez écœurante flotte dans 
Fair : parfum de liège bouilli, senteur plus acre 
des débris de liège brûlés dans les foyers pour 
amollir les plaques à travailler. La rivière est 
souvent couverte d'une poussière jaunâtre pro- 
venant des résidus de la fabrication dans les 
usines hydrauliques. 

Cependant Lavardac n'est pas le centre prin- 
cipal de la bouchonnerie, les ateliers sont plus 
nombreux à Mézin où la variété des articles est 
plus grande aussi. C'est là que j'irai étudier 
cette intéressante source d'activité, vie d'une 
région de France que l'on s'attendrait à trouver 
misérable. 

Non seulement celle-ci doit au liège une grande 
prospérité, mais elle est vraiment charmante. 
Tout ce pays de Nérac est d'une grâce exempte 
de morbidesse. C'est riant avec une légère allure 
beUiqueuse due à la forme des collines et à la 
disposition des centres habités. On comprend en 
le parcourant la prédilection de Henri IV et des 
Albrets et Bourbons, ses ancêtres, pour ce coin 



56 VOYAGE EN FRANCE. 

de leur Gascogne, où la vie dut être aimable, 
joyeuse et facile, comme en témoignent tant de 
castels encore debout. 

Pont-de-Bordes est une avenue ombreuse, 
très fraîche, que l'odeur du liège calciné me 
gâte un peu ; cependant les foyers en plein vent 
sont amusants, on y brûle des copeaux prove- 
nant de la fabrication des bouchons ; devant le 
chaud amas de braise on voit les planches de 
liège s'amollir; de grands disques ayant 60 cen- 
timètres de diamètre sont ainsi dressés : une fois 
refroidis sous presse ils conserveront leur recti- 
tude. Cet emploi des déchets comme combustible 
est fait pour surprendre, car ils trouvent main- 
tenant un débouché dans de nombreux usages : 
le liège en poudre est la base du linoléum et 
d'une sorte de brique très légère. Même on en 
peut tirer un gaz d'un pouvoir éclairant plus 
considérable que celui du gaz de houille. Pen- 
dant quelque temps, la ville de Nérac, située 
entre Lavardac et Mézin et elle-même siège de 
fabriques, s'éclaira avec le gaz des copeaux de 
liège. Elle le ferait encore peut-être s'il n'avait 
fallu des emplacements trop vastes pour emma- 
gasiner les matières premières. 

Je ne reste pas longtemps à contempler ces 



LA CAPITALE DU « BEARNAIS ». 5"] 

foyers rappelant les ateliers des hommes primi- 
tifs, le moulin de Barbaste m'attire davantage; 
c'est lui, plus que le liège et les bouchons, que 
je suis venu voir. Ce moulin n'est pas sur la 
Baïse, mais sur son affluent la Gélise, coulant à 
200 mètres à peine de la rivière maîtresse, au 
pied de la colline de Barbaste. Je le connais de 
réputation depuis bien longtemps, car il se rat- 
tache à l'un? des scènes les plus populaires de la 
vie du bon roi Henri. 

En 1696, ce prince faisait le siège de La Fère ; 
il s'était avancé sur la contrescarpe pour exa- 
miner les défenses de la place, quand il s'enten- 
dit interpeller en pur gascon par un soldat de 
service sur le rempart : 

— Mo II nié de las tons de Barbaste ^ prends 
garde à la gâte que ha gatoua ! 

Cela voulait dire : « Meunier de la tour de 
Barbaste, prends garde à la chatte qui va faire 
des petits ! » 

Le mot gâte se traduit par chatte, mais gâte 
a aussi la signification de mine. Le roi comprit 
l'avis et se retira en hâte ; un instant après une 
explosion avait lieu à l'endroit même où il se 
tenait. 

Les tours de Barbaste étaient un des domaines 
des ducs d'AIbret, Henri IV aimait à ajouter à 



58 VOYAGE EN FRANCE. 

ses titres celui de meunier des tours de Barbaste; 
on a même des lettres dans lesquelles il signe 
de cette qualité plaisante. 

Le moulin, le voici : enjambant à demi la 
Gélise qui tombe bruyamment de son barrage, 
il s'appuie à un corps de logis flanqué de quatre 
tours carrées dont une est elle-même accotée 
d'une échauguette à mâchicoulis. Devant cette 
petite forteresse on a construit une maison à 
pavillons, de style vaguement Renaissance ; la 
porte à fronton triangulaire est surmontée d'un 
buste de Henri IV. Dans une pelouse en pente, 
voisine de l'habitation, est un énorme tronc de 
chêne, apporté des Landes; il a plusieurs mètres 
de circonférence. 

Une élégante passerelle suspendue jetée au- 
dessus du barrage relie le moulin à une autre 
usine mue par la Gélise, c'est une bouchonnerie 
mécanique. En aval, un vieux pont ogival, 
n'ayant pour parapet qu'une barrière de fer et 
sur lequel passa souvent le Béarnais, fait com- 
muniquer le moulin avec Barbaste. L'ensemble 
du site est très curieux ; les quatre tours si 
minces, coiffées de toits aigus, lui donnent 
quelque chose de pimpant et de fier. 

Barbaste est un joli centre, animé par une 
population remarquablement spirituelle et vive 



LA CAPITALE DU « BEARNAIS )) . 69 

(rallure. Les ouvrières qui sortent des ateliers 
de bouchonnerie sont coquettement vêtues. Le 
bourg a été transformé par le tracé de la route 
nouvelle. Elle traverse la Gélise sur un nouveau 
pont, d'où le décor du moulin est superbe. Il y 
a là un coin d'un charme indicible, qui semble 
condenser les beautés intimes de notre cher 
pays de France. La Baïse, franchie parla grande 
arche d'un viaduc, forme elle aussi un paysage 
riant et doux, s'il a moins de grandeur. La vue 
s'étend sur les jolies collines de Xaintrailles et 
de Montgaillard. Au sommet de la plus rappro- 
chée se montre l'église d'Estussan, dont le cam- 
panile triangulaire percé de quatre ouvertures 
est d'un singulier effet. 

Pendant que je rentre à Lavardac, les ateliers 
se vident; c'est l'heure de la sortie, ouvriers 
coiffés du béret, ouvrières vêtues de couleurs 
fraîches et gaies retournent à la ville ; une fusée 
de rires monte sous les grands arbres. 

A l'hôtel on me sert à bon compte un dîner 
plantureux. Au dessert, l'hôtesse m'apporte de 
l'eau-de-vie bizarre et exquise, une bouteille 
de vieil Armagnac dans laquelle est une grosse 
poire duchesse ! Comment est-elle entrée là-de- 
dans? je renonce à comprendre, mais l'on m'ap- 



6o VOYAGE EN FRANCE. 

prend que le fruit, aussitôt formé et dégagé des 
branches adventices, a été mis dans une bou- 
teille avec sa tige, tout en restant attaché à 
l'arbre : il a grossi de la sorte: à la maturité, on 
a coupé la branche, la poire est restée, on a 
rempli la bouteille avec de l'eau-de-vie à laquelle 
le fruit a donné son parfum. Quand il n'y a plus 
d'armagnac on en ajoute d'autre. Cette singu- 
lière préparation se fait à Labastide-d' Armagnac, 
non seulement avec des poires, mais aussi avec 
des pêches et des raisins. 

Ayant reçu cette leçon de prestidigitation 
horticole, je me suis mis en route pour Nérac. 
A la gare j'assistais au chargement d'une quan- 
tité de sacs et de paquets de bouchons. La cu- 
riosité me prend de lire les étiquettes : les envois 
sont pour tous les coins de la France ; ces noms 
de petites villes visitées il y a des années parfois 
m'emmènent bien loin de Lavardac et de la Gas- 
cogne. Voici un sac pour Chaumont-en-Vexin, 
et il me semble respirer la saine odeur de fruits 
à cidre tombés dans les pommages. 

Ce doit être un plaisir d'être homme d'équipe 
à Lavardac. Les employés de la gare soulèvent 
sans peine d'énormes fardeaux. Quels hercules, 
ces petits Gascons ! Mais les ballots ne con- 
tiennent que du liège, on peut porter sans trop 



LA CAPITALE DU « BÉARNALS )) . 6l 

de peine un mètre cube de bouchons, les 
brouettes et les « diables » se chargent de véri- 
tables pyramides de caissettes. Auguste, l'écuyer 
du cirque, pourrait ici prendre les poses de 
Samson qui réjouissent tant son public ! 

Le trajet est court de Lavardac à Nérac, 
quelques minutes au long de la vallée de la 
Baïse, et voici le hall clair et élégant de la gare 
où se bifurquent les lignes de Riscle et de Mont- 
de-Marsan. 

Un boulevard que ne borde encore aucune 
maison conduit à un grand mail planté de beaux 
arbres. Au delà, s'étend une seconde ligne de 
larges boulevards, appelée les avenues d'Albret. 
La route de Mézin y aboutit en face d'une statue 
de Henri IV, donnée à la ville par le comte 
Dijon. 

A noiisté Henri — A notre Henri — dit l'ins- 
cription gasconne. Cette familière et tendre ap- 
pellation ne semble pas inspirer beaucoup de 
respect à la marmaille de l'endroit, les marches 
du piédestal sont couvertes de cailloux et de tes- 
sons de bouteille. Cette négligence surprend, 
car la ville est aimable et bien tenue, les rues 
sont propres. Une troisième ligne de boulevards 
rappelle le tracé circulaire des fortifications qui 



02 VOYAGE EN FRANCE. 

enceignaient la capitale favorite des rois de 
Navarre. La partie la plus large porte le nom de 
cours Victor-Hugo. Une double rangée de bancs 
forme des banquettes presque ininterrompues 
offrant un asile aux flâneurs. 

Sauf dans les rues commerçantes bordées de 
boutiques, la plupart des maisons sont envelop- 
pées de verdure et de fleurs, roses, vigne ou 
jasmin. Les vieux murs sont fleuris de muffliers, 
de giroflées et de valériane. Ces plantes amies 
des ruines croissent aussi sur les débris de rem- 
parts surmontés de. vieilles bâtisses qui dominent 
sur la rive droite le chenal étroit de la Baïse. Un 
pont dont l'arche centrale est ogivale franchit la 
rivière et, par d'étroites rues, entre de vieilles et 
curieuses maisons, conduit au cœur du Petit- 
Nérac, faubourg qui, mieux que la ville propre, 
a gardé la physionomie du passé. Des logis à 
galeries, des tanneries, des séchoirs à mottes 
font un pittoresque décor de ces bords de rivière 
sur laquelle passent de grands chalands. Au 
fond, la belle arche en anse de panier du pont 
neuf complète le tableau. De la partie haute du 
Petit-Nérac, étagée sur les rochers, on a une vue 
charmante: la ville en amphithéâtre, les coteaux 
aux pentes douces, la Baïse sinueuse et les ponts. 
Ce quartier possède une église moderne, heu- 



LA CAPITALE DU « BEARNAIS )) . 63 

reiix pastiche du xm* siècle, dont l'intérieur har- 
monieux inspirerait autant de vénération que les 
vieux temples, sans les couleurs trop crues du 
chemin de croix. 

Combien ce charmant édifice — devant lequel 
est le modeste hôtel qu'habitait Sully — est su- 
périeur à l'église du Grand-Nérac, lourd édifice 
d'un style ultra-classique, dont la nef unique 
finit en cul de four ! C'est une inconcevable 
erreur de Louit, le grand architecte auquel on 
doit le théâtre de Bordeaux. 

Nérac possède une chose admirable : sa Ga- 
renne, ancien parc du château des rois de Na- 
varre. Peu de villes ont une promenade compa- 
rable à ces bords de la Baïse couverts de grands 
chênes et de vieux ormes, où la roche apparaît 
sous un manteau de pervenche et de mousse. 
Des sources sourdent, leurs eaux captées emplis- 
sent des vasques, alimentent des fontaines gra- 
cieusement ornées. 

Une de ces fontaines sort d'une grotte et forme 
un petit bassin au milieu duquel est un rocher 
enveloppé de plantes aquatiques ; sur le marbre 
est sculpté le corps d'une jeune fille morte 
noyée. C'est la légende de Fleurette, la jolie 
jardinière qui se serait suicidée par désespoir 
de l'abandon du roi. Nul n'a songé à souiller ou 



64 VOYACiE EN FRANCE. 

balafrer la nudité marmoréenne de l'imaye, et 
c'est à l'honneur de la population. 

La Baïse, si dolente en apparence, a ses fu- 
reurs ; on a indiqué sur les murs d'un petit édi- 
fice la trace des inondations qui élevèrent le 
niveau de plusieurs mètres. 

Au bord de la grande avenue est une gra- 
cieuse fontaine élevée en l'honneur du dauphin. 
L'inscription de cet édicule est assez curieuse : 

Quatorze sénatevrs du siège de TEdit de Gvienne, sovbz 
Tautorité du davphin François, ont fait enclore les très 
cliastes ondes de ceste claire fontaine, dans le monument 
de ce gentil ovvrage, de pevr qu'alcvn par l'envye des 
fontaines voysines ne covpat ses veines, dcstovrnant sa 
sovrce, ne trovblat son covrant, ne sovillat sa sitvation et 
ses détovrs. 

Rvisselez toviours, petites ondelettes, esbattez-vous, 
eavx délicates, et administrez droit et ivstice à tovtes les 
autres fontaines ! Que vostre flot argentin sorte incessam- 
ment! que vostre mobilité crespelée savtelle! que vostre 
dovx mvrmvre siffle ! que vostre liqveur vitrée novs adov- 
cisse, et sovbz l'ombre de l'enfant héroïque, notre pro- 
tecteur, d'un covrs perpétuel avec une récréation arrov- 
sante, toviovrs relvisante, éteignez la soif des citoyens de 
Nérac. 

C'est un peu long et emphatique; cependant, 
sous l'ombrage puissant de ces arbres dont l'un, 
le plus rapproché, a été planté de la main du 
roi Henri, on est ému au lieu de sourire. Comme 



LA CAPITALE DU « BEARNAIS ». 65 

ces évocations aux pures ondes des fontaines 
nous ramènent loin, bien loin dans le passé î 
Cette époque du roi Henri avec ses luîtes de re- 
ligion et ses tristesses avait au moins des heures 
d'apaisement et de poésie. Et ce n'est pas sans 
tristesse que l'on songe à nos heures moroses. 
D'autres sources, puis, au fond, les belles 
ruines féodales du château de Nazareth accrois- 
sent l'attrait de celte Garenne où j'ai longtemps 
erré, jusqu'au moment où les pi emières lumières 
s'allumaient dans la ville, vers les pauvres restes 
du château des rois de Navarre dont on devine 
à peine la splendeur passée. 



VOYAGE EN FRANCE. — XXXI. 



LES BOUGHONNIERS DE MEZIN 



L'industrie de Nérac. — Les bouchonniers. — Les forêts de chênes- 
lièges ou siiriers. — La culture des suriers. — Le commerce 
du liège. — Le pas de Gascogne. — Au bord de la Gélise. — 
La forêt. — Mézin et les ateliers de liégeurs. — Sos. — 
L'école d'agriculture et de viticulture de Saint-Pau. 



Sos. Juillet. 

Nérac n'est pas seulement une jolie ville, c'est 
encore un centre de commerce fort actif, où les 
eaux-de-vie de l'Armagnac viennent en partie 
s'entreposer ' ; plusieurs industries se rappor- 
tant à la distillerie des vins et à la culture de la 
vigne ont installé des ateliers dans cette partie 
vivante de l'Albret. La brasserie et la produc- 
tion des engrais occupent également beaucoup 
de bras. Le commerce agricole a une part im- 
portante dans le mouvement des affaires. Gomme 



I. Sur la production des eaux-de-vie d'Armagnac, voyez la 
3o« série du Voyage en France, notamment le chapitre XX, et, 
dans le présent volume, le chapitre Vil. 



LES BOUCHONNIERS DE MÉZIN. 67 

toute bonne ville gasconne, Nérac met en œuvre 
les volailles engraissées au maïs pour la fabri- 
cation de conserves et de pâtés. Les terrines de 
Nérac ont la faveur des gastronomes. 

La fabrication des bouchons n'a pas pris à 
Nérac une importance comparable à celle des 
établissements de Lavardac et de Mézin, cepen- 
dant on y rencontre quelques ateliers, la cons- 
truction et la réparation des machines à tra- 
vailler le liège se font surtout dans la ville. Mais 
pour les centres bouchonniers, les campagnes 
du Condomois ou des Landes, Nérac est le 
centre d'attraction. Jadis favorisées par la Baïse 
navigable, les affaires ont été accrues depuis la 
construction des chemins de fer, la ligne de 
Mont-de-Marsan notamment, qui pénètre ou 
frôle la grande forêt de chênes-lièges, dont elle 
recueille les bois et les écorces. 

Ces mots « forêt de chênes-lièges » ne sont 
pas d'une exactitude absolue. Il n'y a pas de 
futaies exclusivement composées de ces arbres, 
ils sont mélangés aux pins maritimes, surtout 
dans la zone forestière conquise à la suite des 
travaux de M. Chambrelent \ Mais à mesure 
que les pins parviennent à l'âge d'être exploités 



I. 3o^ série du Voyage en France, chapitres II et III à VII. 



68 VOYAGE EN FRANCE. 

ils disparaissent et laissent le chêne maître 
du sol. 

Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit dans 
mon précédent volume, relativement à la cul- 
ture de cet arbre précieux; il faut cependant rap- 
peler que le cliêne-liège des Landes n'est pas 
considéré par les botanistes comme le véritable 
chêne-liège, ce dernier croît autour de la mer 
méridionale, en Provence, en Roussillon, en 
Espagne, au Maroc, en Algérie et en Tunisie. 
L'autre se plaît sur les rivages plus humides de 
l'Océan, on le trouve en abondance en Portugal 
et sur les côtes atlantiques du Maroc. Plus rus- 
tique que son frère méditerranéen, il en diffère 
par son mode de végétation et sa plus grande 
résistance au froid. A part cela il faut l'œil du 
botaniste pour distinguer un arbre' de l'autre 
par l'examen de la cupule du gland. 

Quoi qu'il en soit, on a fait du chêne-liège 
des Landes une espèce à part. Gomme il se plaît 
sur la mer d'Occident, on l'a nommé Quercus 
occidentalis . Dans les Landes, les bûcherons et 
les liégeurs lui donnent le nom de siirier. 

En Lot-et-Garonne, le cadastre évalue à 
1 7 846 hectares la surface occupée par les pins 
et à 5 598 hectares celle des surèdes, c'est moins 
que dans le département des Landes où l'on 




Échelle au ijSW 000'. 
LE CHÈNE-LIÈGE EX LOT-ET-GARONNE. 

Les communes marquées n sont celles où l'on signale le chène-liége. Les 
chifli-es indiquent les surfaces constatées par le cadastre (en hectares). 

Les parties de la foret grisaillées "^^ sont les principales surèdes ou futaies 
de chénes-liéges occidentaux (suriers). 



70 VOYAGE EN FRANCE. 

compte i3ooo hectares de chênes-lièges, bien 
peu de chose auprès des 82 700 hectares du dé- 
partement du Var^ Mais pendant longtemps la 
forêt de la région de Nérac passa pour la plus 
importante de France : 

Quelques chênes-lièges, disait Abel Hugo vers i835, 
existent épars (sic) dans l'Esterel, en Provence et dans 
les Pyrénées-Orientales ; la forêt du Maransin dans les 
Landes est formée d'arbres de cette espèce ; mais la forêt 
qui fournit la majeure partie du liège nécessaire à la con- 
sommation de la France se trouve dans le département 
de Lot-et-GaronnC;, sur la rive gauche de la Gélise, où elle 
occupe un espace de huit lieues carrées. 

A cette époque les statistiques révélaient 
à Nérac, Barbaste et Mézin 70 fabriques de 
bouchons occupant 700 ouvriers et livrant 
i3o 000 quintaux métriques de bouchons et de 
liège façonné. 

Les richesses de la France étaient donc fort 
imparfaitement connues, car la forêt de liège du 
pays de Nérac ne pouvait être la plus grande, 
mais les forêts des Maures et de l'Esterel 
n'avaient pas encore été explorées, elles étaient 
inexploitées faute de moyens de transport, tan- 



1. Sur l'industrie du liège dans le Var, voyez la iS^ série du 
Voyage en France, la Provence maritime. 



LES BOUCHONNIERS DE MEZIN. 7I 

dis que les Landes, voisines de Bordeaux, grand 
port et grand centre de consommation^ avaient 
pu développer l'exploitation. Dans les Maures, 
au contraire, on n'utilisait pas le liège, les ar- 
bres servaient à faire du charbon ; leurs pousses, 
rongées par les moutons et les chèvres, ne pou- 
vaient se développer ; à peine tirait-on un peu 
de liège pour les usages de la marine ou pour 
tailler des bouchons vendus à la foire de Beau- 
caire ; mais quand l'industrie eut pris son essor 
et que le liège reçut de si nombreuses applica- 
tions, la Provence commença à préserver ses 
forêts : depuis i84o, elle- est entrée en lice et 
dépasse de beaucoup le Lot-et-Garonne. 

Cependant l'emploi du liège s'est répandu si 
prodigieusement que le pays de Nérac, loin de 
souffrir de la concurrence, a accru ses ateliers ; 
ne trouvant pas assez de matières premières 
pour ceux-ci, il doit s'adresser au dehors, à 
l'Algérie surtout. Qu'est cependant la produc- 
tion française auprès de celle des autres pays ! 
D'après M. Lamey ^ les contrées où l'on récolte 
le liège fournissent environ 687 000 quintaux 
métriques de liège préparé. Sur cette quantité, 
près de la moitié est livrée par le Portugal 



I. Le Chène-liège. Paris, Berger-LcATault et C*e. 



"72 VOYAGE EN FRANCE. 

(275000), l'Espagne vient ensuite avec i4oooo, 
la France donne 60 000 quintaux, l'Algérie 
88000, la Tunisie 10 000; soit 1 58 000 pour l'en- 
semble des pays français. Quant à l'Italie, sa 
part de 10 000 quintaux est infime. 

En admettant le prix de o fr. 65 c. le kilo- 
gramme pour les lièges préparés — non ouvrés 
encore — le Portugal fournit au commerce du 
monde pour 17875000 fr. de liège, l'Espagne 
9100000 fr., la France et ses possessions de 
l'Afrique du Nord 10 270 000 fr. L'Italie n'atteint 
pas un million. 

Nos lièges français sont en grande partie con- 
sommés sur place, tandis que le Portugal et 
l'Espagne font de l'exportation; ce sont eux 
surtout qui alimentent l'Angleterre, l'Amérique, 
l'Allemagne et les pays du Nord. Nous semblons 
avoir une part dérisoire dans ce commerce ; en 
réalité, notre lot est considérable puisque nous 
livrons à l'étranger des millions de bouteilles 
de vins, de liqueurs et d'eau-de-vie bouchées 
avec nos lièges. On a calculé que la Champagne 
seule absorbe tous les ans i5ooo quintaux de 
bouchons. Étant donnés les déchets, c'est la 
dixième partie au moins de ce que le Portugal 
peut fournir avec son énorme production de liège 
non ouvré. 



LES BOUCHONNIERS DE MÉZIN. 78 

Dans le Lot-et-Garonne, la zone des suriers 
est toujours sur la rive gauche de la Gélise, 
comme le constatait Abel Hugo; elle comprend 
toute la grande région boisée qui va finir vers 
les landes d'Houeillès, mais le chêne-liège se 
fait de moins en moins nombreux à mesure que 
l'on s'éloigne de la rivière. 

Les chênes-lièges, par les soins dont ils ont 
été l'objet, ont fini par constituer des massifs 
particuliers au sein de la grande forêt landaise 
et le cadastre a pu en constater l'étendue dans 
21 communes. C'est à l'aide des chiffres commu- 
niqués par l'actif directeur de l'école d'agricul- 
ture de Saint-Pau que j'ai pu établir la carte des 
surèdes de Lot-et-Garonne en indiquant aussi les 
communes dotées de chênes-lièges mais non 
recensées par le cadastre. 

Ces étendues s'accroîtraient sans doute, n'était 
la concurrence d'autres régions liégeiises, mais 
celles-ci, qui ne possèdent pas de lièges aussi fins, 
d'une teinte aussi régulière, ont remédié à cette 
infériorité par des procédés de blanchiment et 
de soufrage qui permettent à leurs produits de 
lutter contre ceux de la Gélise et amènent la 
réduction actuelle dans l'étendue des surèdes à 
Barbaste, Lisse, Poudenas, Réaup, Sos, etc. 

L'exploitation de ces arbres remontant à une 



74 VOYAGE EN FRANCE. 

époque assez lointaine, on constate le maintien 
de méthodes commerciales peu en rapport avec 
les données précises de nos jours, c'est ainsi que 
la base des transactions est encore sur bien des 
points le pas de Gascogne, mesure variant selon 
la qualité. Le meilleur liège marchand est vendu 
d'après un cube d'une largeur de o'^'",925 et 
une hauteur de 26 planches sur le devant, 28 
sur le derrière et les débris intercalés. Pour les 
lièges de qualité moindre on met 3o ou 82 plan- 
ches devant, 38 derrière. 

Déjà gênant par ces mesures arbitraires, le pas 
de Gascogne l'est bien davantage par la facilité 
offerte à la fraude. Le maître tireur , c'est-à-dire 
bûcheron qui détache ou tire le liège, s'entend 
souvent avec l'acheteur au détriment du ven- 
deur. Le pas qui devrait peser 260 kilogrammes 
se trouve alors en avoir 3oo. Aussi s'eff*orce- 
t-on de faire adopter la vente au poids. Un des 
principaux propriétaires de forêts, M. Cap- 
grand-Mothes, directeur de l'école pratique 
d'agriculture de Saint-Pau, est parvenu à impo- 
ser ce système. L'emploi de plus en plus grand 
des lièges d'Algérie, toujours vendus au poids, 
amènera sans doute une révolution plus com- 
plète. M. de Montesquiou, dans une communi- 
cation faite il y a vingt ans au comice agricole 



LES BOUCHONNIERS DE MEZIN. 76 

de Nérac, évaluait à 4o fr. pour uu pas le béné- 
fice réalisé par la vente à la pesée. 

Ce ne sont pas seulement les procédés de vente 
et d'achat qui doivent être transformés, l'exploi- 
tation elle-même a besoin d'être conduite dans 
un esprit de progrès. Le traitement des arbres 
est jusqu'ici assez barbare. Lorsque ceux-ci ont 
atteint une dimension permettant de les démas- 
clery c'est-à-dire d'enlever la première écorce ou 
liège mâle, qui n'a aucune valeur, il faut attendre 
plusieurs années, neuf, dix ou douze ans, avant 
de pouvoir récolter le liège marchand. Celui-ci 
se présente souvent avec une surface boursouflée 
ou crevassée qui réduit fort l'épaisseur utile. Il 
importe donc d'obliger l'écorce ou siiher à croître 
régulièrement, sous une surface lisse. M. Cap- 
grand-Mothes a résolu le problème avec élé- 
gance. Une fois le démasclage opéré, on replace 
sur la plaie le canon de liège mâle enlevé en 
fermant hermétiquement les points de suture à 
l'aide de carton et on lie le canon au moyen de 
fils de fer. Si l'on a bien exactement rappliqué 
l'écorce, le liège qui se reforme en dessous est 
absolument lisse; au lieu des croûtes, des canne- 
lures et des boursouflures on obtient une sorte 
de pellicule. 

Le succès de l'inventeur dans son domaine de 



76 VOYAGE EN FRANCE. 

Saint-Pau où il possède 10 000 pieds de suriers 
a été grand, mais il n'en a pas été de même 
dans les Maures et l'Esterel où le chêne-liège 
proprement dit n'a pu supporter le régime dont 
se trouvait bien le chêne occidental ou surier. 

Nérac est séparée de la forêt par la péninsule 
de collines qui s'étend entre la Baïse et la Gélise. 
Le chemin de fer et une route y conduisent à 
travers une jolie campagne offrant bientôt des 
vues sur la vallée de cette dernière rivière ; du 
sommet des coteaux on voit très bien la délimi- 
tation précise du pays de cultures et de la région 
forestière. D'un côté de la Gélise des cultures 
fraîches et des vignes, de l'autre la sylve pro- 
fonde : pins d'un vert sombre, suriers tout roux 
en cette saison par la profusion de pousses nou- 
velles qui prolongent chaque rameau. 

Dans une clairière, le village de Lisse montre 
la belle tour de son château. Un autre castel, 
Hordosse, au confluent de la Gélise et de l'Au- 
zoue, appartint à du Bartas qui l'habita long- 
temps et y écrivit une partie de ses œuvres. 

La forêt, de chaque côté de Lisse, aboutit à 
la Gélise même, ses arbres se reflètent parfois 
dans l'étroit courant. Les pins gemmés, les tail- 
lis de chênes écorcés pour la tannerie et les su- 



LES BOUCHONNIERS DE MEZIN. 77 

riers constituent le peuplement. Ces arbres 
croissent en plein sol landais, c'est-à-dire dans 
le sable reposant sur Talios. Aussitôt la Gélise 
franchie on aperçoit la roche perçant sous une 
terre fauve et l'on trouve les cultures. Dans cette 
zone fertile, le village d'Andiran est en partie 




peuplé de liégeiirs; on y fait surtout les encriers 
légers en usage dans beaucoup d'écoles. 

Aux abords de Mézin, la culture a quelque 
peu fait reculer la forêt, la rive gauche de la Gé- 
lise offre une large bande de champs, de vignes 
et de vergers que la petite ville contemple du 
haut de sa colline. 

Des remparts enveloppaient jadis Mézin^ ils 
ont disparu depuis longtemps, laissant çà et là 
quelques débris, et sont remplacés par des bon- 



•yS VOYAGE EN FRANCE. 

levards dont un, montant de la vallée, est bordé 
d'arbres superbes. Dès que l'on pénètre dans 
les rues, on est saisi par la senteur spéciale du 
liège, exaspérée souvent par l'ébullition ou la 
combustion. C'est plus frappant encore qu'à 
Pont-de-Bordes, car toutes les maisons sont 
des ateliers ou des usines consacrées au travail 
du liège. Dans chaque famille, père, mère, en- 
fants sont occupés à la fabrication des bou- 
chons, des semelles ou d'une foule d'autres 
objets. La commune renferme près de 3 ooo ha- 
bitants, dont 2 000 environ dans la ville elle- 
même, et il y a dans les ateliers urbains ou de 
la banlieue i ooo ouvriers qui se livrent à cette 
industrie '. 

La ville est simple, dans les limites de ses 
murailles détruites et qu'elle n'a pas dépassées ; 
mais l'enceinte est remplacée par une rangée de 
maisons se rattachant aux anciennes portes, dont 
il reste les côtés. Sauf la rue principale, de mé- 
diocre largeur déjà, il n'y a que des ruelles 
étroites, montueuses, pavées d'une façon inégale 
à l'aide de grosses pierres. Sur une place dont 
un des côtés encore entouré d'arcades révèle que 



I. Mézin compte ii usines, 35 fabricants patentés, 7 marchands 
de liège et 3 marchands de bouchons en gros. 



LES BOUCHONNIERS DE MEZIN. 79 

Mézin fut une bastide, est l'unique monument 
de la ville, l'église, fort bel édifice ; l'abside 
romane est une merveille de grâce robuste et 
sobre. Les fenêtres entourées d'ornements d'une 
grande pureté offrent des arcatures retombant 
sur des colonnes aux chapiteaux fleuris. De 
chaque côté du chœur s'ouvre une chapelle gra- 
cieuse. La nef est ogivale. 

A côté de l'église s'étend une terrasse d'où 
l'on contemple de vastes horizons : la riante val- 
lée de la Gélise, les campagnes bien cultivées 
du Gabardan et du Gondomois, et surtout les 
espaces infinis des landes plantées de pins et 
de chênes-lièges. Sur cette petite place, Mézin a 
érigé le buste du général Tartas. 

A mon arrivée, Mézin semblait endormie, 
aucun bruit ne se faisait entendre. Sans le par- 
fum sui generis du liège et les bouchons étalés 
sur des claies à côté des portes, rien n'aurait ré- 
vélé l'industrie de la petite ville. C'était le repas; 
chaque jour, de midi et demi à deux heures, 
le calme se fait ainsi. Maintenant les rues se 
sont animées, hommes et femmes vont aux ate- 
liers où a lieu le travail en commun pendant 
que toutes les portes et les fenêtres ouvertes 
laissent apercevoir l'atelier familial. Je suis 



8o VOYAGE EN FRANCE. 

cordialement admis dans les maisons où je de- 
mande à assister au travail. A domicile, on ne 
fait guère que le bouchon, la machine, si expé- 
ditive et simple, a peu à peu supplanté la pro- 
duction à la main. Celle-ci est préférée pour les 
qualités supérieures, quand Touvrier doit tirer 
de son carré de liège un bouchon sans défaut, 
n'ayant aucune partie mauvaise. Avec la machine, 
le bouchon rigoureusement calibré est fait sans 
tenir compte des parties crevassées ou dures. 

A la main un bon ouvrier ne fait guère plus 
de 800 à I 000 bouchons par jour, tandis que la 
machine en livre 4 ooo- On est donc arrivé à 
quadrupler la production, même davantage car 
certaines machines peuvent faire jusqu'à 7 000 
pièces. Cependant la consommation s'accroît si 
régulièrement que le nombre des bouchonniers 
ne diminue pas; bien au contraire, on n'a jamais 
fait autant de bouchons à Mézin. 

D'après les ouvriers que j'interroge, le salaire 
est d'environ 2 fr. 5o c. à 3 fr. par jour. Les plus 
habiles peuvent arriver à gagner de 18 à 20 fr. 
par semaine. C'est modeste, comparé aux gains 
d'autres industries, mais l'existence est facile 
dans ce pays au climat si doux que les jardins 
possèdent des oliviers, cultivés comme arbres 
d'ornement . 



LES BOUCHONNIERS DE MÉZIN. 8l 

On ne fait pas seulement le bouchon ordinaire 
à Mézin ; on prépare tous les articles demandés 
par certaines industries, la pharmacie, les pro- 
duits chimiques, etc. Afin de ne rien perdre de 
leur clientèle, certains fabricants ont même créé 
la production de bouchons en bois, en verre et 
autres matières. On fait les semelles et les talon- 
nettes, les rondelles, les viroles, les cubes, les 
poignées de bicyclettes, des objets pour la pas- 
sementerie, que sais-je encore ; partout dans la 
ville et dans les usines hydrauliques, le liège 
change de forme. 

Aussi n'a-t-on pu suffisamment trouver de 
liège dans la forêt. Celle-ci donne à peine la 
vingtième partie de la matière première des usi- 
nes de Lot-et-Garonne. Mézin est devenu un 
important client pour TAlgérie et l'Espagne. On 
tire de ces pays, me dit-on, 3 ooo balles par 
année. La balle de liège en planches est d'en- 
viron 70 à 80 kilogrammes. Ce serait donc près 
de 25oooo kilogrammes que Mezin seul irait 
chercher au dehors. 

La perte au travail est énorme, M. Lamey 
l'évalue à 65 p. 100. Aussi cherche-t-on à utiliser 
les déchets. On les emploie à la fabrication des 
briques de liège en mélangeant des débris gros- 
sièrement moulus avec de la chaux. Ces briques 

VOYAGE EN FRANCE. — XXXI. G 



Ô2 VOYAGE EN FR,\NCE. 

ont un débouché assuré dans beaucoup d'indus- 
tries, grâce à leur légèreté et à leur incombusti- 
bilité. D'autres usines agglomèrent ces résidus 
pour de nombreux emplois industriels. Un fabri- 
cant produit des bouées de sauvetage. En un 
mol, rien n'est perdu de ces détritus jadis en- 
combrants. 

Plus de trente maisons figurent aux annuaires 
pour la seule fabrication des bouchons ; il en est 
d'autres dans les villages voisins, notamment à 
Poudenas, village bâti à l'issue d'un court val- 
lon descendu de la forêt. Le travail industriel 
du liège finit là, mais l'exploitation de la forêt se 
poursuit plus loin encore, jusqu'à la petite ville 
de Sos, le dernier centre un peu considérable 
de Lot-et-Garonne dans la direction des Landes. 

Sos est dans la région que l'on peut appeler 
Armagnac, car elle a beaucoup de vignes et 
produit des eaux-de-vie. Une petite industrie 
née de la forêt y persiste, la tabletterie. C'est 
une ancienne ville, située sur la chaussée ro- 
maine dite Ténarèze ; on croit qu'elle aurait 
succédé à la capitale de la tribu gauloise des 
Sosiates. C'était jadis et c'est encore mainte- 
nant le point de ravitaillement pour les habi- 
tants des Landes, les premières pinèdes sont de 
l'autre côté d'un des vallons entre lesquels la 



LES BOUCHONNIERS DE MEZIN. 83 

ville est bâtie, vallon bien cultivé au fond duquel 
le village de Meylan est à demi entouré par la 
forêt de pins et de chênes-lièges. Dans une clai- 
rière voisine, le château de Saint-Pau a été amé- 
nagé par M. Capgrand-Mothes en école pratique 
d'agriculture pour le département ; elle offre 
cette particularité de posséder une chaire de syl- 
viculture où l'on étudie particulièrement la cul- 
ture du chêne-liège et du pin. Une partie de la 
forêt, autour de l'école, est un admirable champ 
d'expérience, conduit depuis bien des années 
avec une science remarquable. 



VI 

LOMAGNE DU GERS, GAURE ET FEZENZAGUET 



Entre Agen et Lectoure. — Le pays de Brulhois. — Layrac. — 
Astaffort. — En Lomagne. — Lectoure. — La maison du ma- 
réchal Lannes. — Fleurance et le pays de Gaure. — En Fezen- 
zaguet : Mauvezin et INIonfort. 



Auch. Août. 

Pour les divers pays composant l'Armagnac, 
Agen est le nœud des communications avec 
Paris et le centre de la France. Si Bordeaux et 
Toulouse sont les centres d'attraction, où va se 
fondre une émigration si active, ils ne détermi- 
nent pas le principal courant d'affaires ; encore 
le mouvement sur Bordeaux emprunte-t-il tou- 
jours l'Agenais, c'est à Agen ou à Port-Sainte- 
Marie que se t'ait le transit des marchandises et 
des voyageurs. La ligne en construction ou étu- 
diée de Bazas à Auch modifiera peu le cou- 
rant. 

La vallée du Gers, moins importante que 
celle de la Baise, moins riche aussi, n'étant pas 



LOMAGNE DU GERS, GAURE ET FEZENZAGUET. 85 

autant centrale, a cependant bénéficié la pre- 
mière des voies ferrées, grâce à l'attraction du 
chef-lieu et à la situation d'Agen sur la roule de 
Paris, mais les relations du département ont été 
sacrifiées, puisque les deux principales villes, 
Condom et Auch, ne sont pas unies par des rails. 
Les chemins de fer à petit écartement feront 
cesser cette situation en complétant les amélio- 
rations que doivent réaliser les lignes d'Eauze à 
Auch et Lannemezan et de Gastelsarrasin à Gi- 
mont^ 

Cette ligne maîtresse, d'Agen à Auch et à 
Tarbes, est jusqu'ici la seule qui desserve la 
Lomagne, vaste région étendue depuis la ligne 
de faîte entre Baïse et Gers, et la Garonne, vers 
Gastelsarrasin et Verdun. Bien que la Lomagne 
ait perdu de bonne heure son autonomie en de- 
venant simple province de l'Armagnac, son nom 
a prévalu pour les petites villes de Lavit-de-Lo- 
magne et Beaumont-de-Lomagne, en Tarn-et- 
Garonne. Au point de vue agricole et dans le 
langage courant, elle a encore une existence 



I. Le Conseil rjéiiéral du Gers est saisi d'un projet de chemins 
de fer secondaires comprenant un premier réseau de 288 kilomè- 
tres, lignes de : Gazaubon à Estang et Nogaro ; Thermes d'Ar- 
magnac à Marciac, Plaisance et Mirande ; Condom à Mirande ; 
Valence à Castéra-Verduzan ; Auch à Tournecoupes, Sérempuy à 
Mauvezin, Cologne et Cadours, Gimont à Saramon et Lombez. 



86 VOYAGE EN FRANGE. 

propre, on dit la Lomagne comme on dit l'Ar- 
magnac ^ 

La Lomagne commence sur la rive gauche de 
la Garonne, après le massif qui constitue le 
canton de Laplume. Celui-ci était bien de l'Ar- 
magnac cependant, dont il constituait une divi- 
sion sous le nom de Brulhois. Par ce dernier 
l'Armagnac confinait au grand fleuve du Sud- 
Ouest qui le séparait de la Guyenne. Le Gers et 
TAuvignon formaient les autres limites. 

Donc c'est en Brulhois que me conduisait le 
train par lequel j'ai gagné la petite ville de Lay- 
rac, à travers cette riante et plantureuse cam- 
pagne garonnaise qui fit l'admiration d'Arthur 
Young. Layrac est une mignonne ville qui a 
perdu son titre plutôt honorifique de capitale 
du pays, un instant porté par elle, alors que sa 
rivale, bourg moins populeux, Laplume, deve- 
nait chef-lieu d'un canton. Une belle église ro- 
mane domine par sa tour octogonale l'amphi- 
théâtre des toits bruns. Au pied coule le Gers ; 
l'administration a fait à la pauvre rivière la flat- 
terie de la considérer comme navigable pendant 
la demi-lieue qui la sépare encore de la Ga- 



I. Pour la portion de ce petit pays dévolue au Tarn-et-Garonne, 
voyez le chapitre XIV. 



LOMAGNE DU GERS, GAURE ET FEZENZAGUET. 87 

ronne, mais on y chercherait vainement un ba- 
teau de transport. 

Layrac est dans une situation charmante, des 
abords on jouit d'une vue étendue sur la vaHée 
de la Garonne et les collines de TAgenais, si 
nettement et bizarrement découpées. Mais, en 
amont, la vallée se ferme et devient le large cou- 
loir qu'elle sera jusqu'au pied de la terrasse de 
Lannemezan. Les collines basses, admirable- 
ment cultivées, sont encore en partie couvertes 
de vignes dont beaucoup issues de plantations 
récentes. Les céréales sont superbes ; comme 
sur l'autre versant de la Garonne, la culture de 
l'oignon couvre de grands espaces. 

Au sommet d'une colline. Fais se signale par 
une pittoresque église ayant pour façade un pi- 
gnon triangulaire ; le clocher est un simple pan 
de mur très élevé, percé de niches où sont les 
cloches. De ce coteau, la vue s'étend sur la 
vallée, belle surtout par l'inexprimable richesse 
de ses campagnes, car les formes sont trop 
molles pour donner du caractère au paysage. 

Du côté opposé, le pays — le Brulhois — dé- 
coupé par de nombreux vallons, n'est pas moins 
heureux d'aspect, mais les villages sont rares 
et menus. Beaucoup ne groupent pas cent habi- 
tants autour de l'église, Marmont-Pachas en a 



05 VOYAGE EN FRANCE. 

seulement i4 au centre sur les 189 de la com- 
mune et le bourg principal, Laplume, chef-lieu 
du canton, en renferme 4iO) un peu plus du 
quart de sa population totale. Aussi n'y a-t-il 
guère de commerce dans cette zone, sinon celui 
des produits agricoles. Tous les cours d'eau qui 
y naissent ont une origine commune sur les 
lianes d'une haute colline se terminant par une 
cime escarpée d'où l'on commande d'immenses 
horizons. Là, très lier d'aspect, est Laplume ; 
ce fut sans doute la forteresse qui maîtrisait ce 
pays si profondément découpé. 

Le Brulhois finit au Gers, au-dessous d'Astaf- 
fort, bourg de Lomagne dont l'aspect contraste 
avec l'opulence des campagnes voisines ; la pau- 
vreté des matériaux de construction explique 
l'aspect assez triste de ce centre, point d'attrac- 
tion pour une partie de la Lomagne, vers Mira- 
doux, pauvre petite bastide, jadis forteresse 
importante. 

Astaffort marque la limite de Lot-et-Garonne ; 
à moins d'une lieue on est dans le département 
du Gers. La rivière qui donne son nom à ce der- 
nier ne s'est pas accrue depuis Auch, elle n'est 
guère plus large et abondante que la Bièvre en 
amont de Paris et cependant elle a déjà parcouru 
167 kilomètres! Sur ses rives la vie est active 



LOMAGNE DU GKRS, GAURE ET FEZENZAGUET. 89 

en ce moment, on procède au battage et à 
l'éclaircissage du maïs. Derrière les bœufs qui 
conduisent lentement la houe, des femmes achè- 
vent le travail. 

Raides sur la rive droite, les pentes sont 
douces du côté de l'occident ; cependant un 
mamelon surgit, haut, de belle forme, couronné 
par le village de Lagarde-Finarçon entourant 
une mince flèche d'église. En face, sur un ro- 
cher à pic de la rive droite, Gastex-Lectourois 
semble s'affaisser, tant ses maisons sont basses. 
Le fond de la vallée s'est évasé, le Gers se traîne, 
sinueux, entre des prés encadrés d'aulnes, de 
peupliers et d'ormes. Des bœufs mènent les ma- 
chines faucheuses, spectacle qui surprendrait 
bien nos cultivateurs du Nord, habitués au tra- 
vail rapide de leurs chevaux. 

Sur une colline une ville apparaît, très fière 
dans sa ceinture de remparts dominant de haut 
des pentes raides, elle dresse la masse puissante 
d'une cathédrale aux tours rongées par les ans. 
Ce fut un évêché, en effet, jusqu'à la Révolution, 
cette Lectoure, capitale de la Lomagne ; son 
évêque partageait avec le roi le titre de seigneur 
de la ville. Longtemps aussi, elle a été la capi- 
tale de l'Armagnac et sa forteresse la plus puis- 
sante. La prise de la ville par l'armée de Louis XI 



90 



VOYAGE EN FRANCE. 



fut en quelque sorte le glas de la féodalité. De- 
puis ce grand drame historique, Lectoure a peu 
à peu perdu toute importance, la suppression de 
son évéché activa la décadence que le phylloxéra 
a encore accrue. La dépopulation est plus active 
que dans les autres villes du Gers. Il y eut près 
de 7 000 habitants au commencement du siècle, 
on n'en comptait plus que 6 ooo avant la guerre 







et le dernier recensement n'en signale pas 4 ooo ' ! 
r/est donc une commune en décadence. 

Lectoure a conservé belliqueuse mine. Si les 
rues sont d'un calme profond, la principale, 
large, bordée de belles maisons, garde l'aspect 
des petites métropoles d'autrefois. La cathédrale, 
les édifices et les promenades qui l'avoisinent 



I. Exactement 4 49o, dont 2 Sgi agglomérés. 



LOMAGNE DU GERS, GAURE ET FEZENZAGUET. QI 

ibrment un ensemble charmant. Cette église, 
œuvre de l'époque ogivale, est belle, par le chœur 
surtout dont la voûte élancée est soutenue par 
des colonnes engagées, ornées de chapiteaux 
sobrement fouillés. Autour, rayonnent neuf cha- 
pelles, charmantes par leurs nervures et leurs 
clés de voûte. L'une d'elles renferme la sépul- 
ture d'un Narbonne Pelet, évêque de Lectoure. 

L'évêché avoisine l'église. Acquis par le maré- 
chal Lannes, le plus illustre des Lectourois, il a 
été donné à la ville par la maréchale. Ce palais 
est devenu l'hôtel de ville et la sous-préfecture, 
il renferme aussi un musée dont la curiosité 
principale est une galerie de portraits de géné- 
raux de la Révolution et de l'Empire, nés dans 
cette petite contrée de Lomagne. 

Au chevet de la cathédrale, une partie des an- 
ciennes fortifications a été plantée d'arbres; c'est 
le Bastion. Un kiosque pour la musique, des 
pelouses, la statue de Lannes ornent cette en- 
trée de la ville. Le futur maréchal et duc de 
Montebello, dont l'origine était des plus humbles, 
travailla moyennant six sous par jour au com- 
blement des fossés et à la plantation de ce mail 
que son effigie orne maintenant. 

Lannes est né dans une étroite voie, la rue 
Montebello, reliant la grande rue au rempart. 



92 VOYAGE EN FRANCE. 

La maison, que ne signale aucune inscription, 
est une pauvre bâtisse de poutrelles, aujour- 
d'hui occupée par un menuisier; elle a perdu 
son aspect d'autrefois : on y a percé une fenêtre 
et placardé une devanture de boutique. Le père 
de Lannes était garçon d'écurie. 

Près de là, quelques vieilles maisons bordent 
des ruelles aboutissant au rempart qui domine 
la vallée ; deux chapelles attirent l'attention par 
leurs porches sculptés. 

Du Bastion la vue est fort étendue, merveil- 
leuse même lorsque le temps clair permet de 
contempler la chaîne des Pyrénées dessinant 
ses monts bleuâtres, couronnés de^ neige. Au 
premier plan, sur une colline, se profde Ter- 
raube; dans la vallée les toits de Fleurance cou- 
vrent un grand espace ; plus loin Auch se révèle 
par les hautes tours de sa cathédrale. Le pays 
semble un sinueux et verdoyant plateau, tant 
sont uniformes par l'altitude les sommets des 
rides parallèles entre lesquelles se creusent les 
vallées nombreuses. Peu de villages, à peine çà 
et là un clocher se dressant au sein des damiers 
réguliers de culture. Les métairies elles-mêmes 
sont rares et se confondent par leurs toits rou- 
ges avec le sol rougeâtre de la Lomagne. Mais 
tout ce pays est riche. On attribue la fertilité 



LOMAGNE DU GERS, GAURE ET FEZENZAGUET. qS 

du sol à sa nature calcaire, contrastant avec les 
argiles ou boulbènes de l'Armagnac. 

Cette fertilité n'a pourtant pas empêché le 
pays d'être déserté et, partant, de s'appauvrir. 
Toutes les campagnes jusqu'à Saint-Clar, une 
des dernières bastides que l'on ait édifiées, sont 
en voie de décroissance. Lectoure a fort souffert 
de cette émigration, cependant elle distille en- 
core un peu d'eau-de-vie et fait un grand com- 
merce de volailles, ressource suprême de l'agri- 
culture en Armagnac. 

Si belle est la vallée dans ces campagnes 
fraîches, que j'ai voulu la voir dans son inti- 
mité en faisant à pied la route de Lectoure à 
Fleurance, superbe chaussée due à M. d'Etigny. 
Ce chemin descend par une grande courbe jus- 
qu'au Gers, en offrant de belles échappées sur 
cette rivière et l'étroit vallon où s'écoule le flot 
indigent de la Lauze. Cela me rappelle Angou- 
lème % avec moins de majesté toutefois, car bien 
petite est la ville qui se dresse là-haut sur 
l'abrupte colline. Pour rejoindre la chaussée j'ai 
suivi une rue passant devant la fontaine de Fon- 
télie qui sourd au pied des anciens remparts, 



I. \b^ série du Voyage en France. 



94 VOYAGE EN FRANCE. 

SOUS une voûte qu'éclairent deux grandes ogives 
portées par une colonne basse à chapiteaux. 
Une grille de fer sépare le bassin alimenté par 
trois sources de l'espèce de préau très profond 
où sont les robinets. Le futur maréchal Lannes 
vint souvent jouer dans cette sorte de fosse et 
boire à la fontaine. 

Au bas de la côte, l'antique chapelle de Saint- 
Gény attire l'attention, son élégant pignon a été 
bizarrement flanqué de deux tourelles coiffées 
d'ardoises, comme les imaginerait quelque bour- 
geois parisien, rêvant d'une villa à Asnières. 
Près de là, jolie chute du Gers sur un barrage, 
ses eaux louches refluent sous les arbres et don- 
nent la vie à un moulin. Sur la rive gauche, les 
pentes, très douces, semblent une plaine ; sur 
l'autre les coteaux montrent un front de ces ro- 
chers calcaires dont la présence dans le sol a valu 
aux terres arables le nom de peyriisquets. Les 
maisons qui les couvrent ont des toits bas et 
plats. En dehors de ces métairies isolées ou des 
demeures des brassiers — travailleurs ruraux — 
pas un hameau.. Aucun village ne borde la route 
de 1 1 kilomètres formant une avenue superbe 
mais solitaire. Pendant 6 kilomètres le couvert 
est formé d'ormes de belle venue, plus loin ce 
sont des peupliers pyramidaux. Quelques mé- 



LOMAGNE DU GERS, GAURE ET FEZENZAGUET. qS 

tairies, très espacées, montrent, à l'écart de la 
route, leur façade de pisé ou de terre^crue. Fière- 
ment campée sur une colline, apparaît la flèche 
grêle de Castelnau-d'Arbieu. Sur l'autre versant, 
ce village domine la vallée de l'Auroue. Un 
hameau voisin, Urdens, couvre un promontoire. 

Cette région, non moins fraîche que la Loma- 
gne, est encore un petit pays : le Gaure. De 
bonne heure, il se donna à la couronne de 
France ; un des comtes d'Albret à qui il avait 
été cédé ne put en devenir maître qu'en prenant 
et saccageant la capitale, Fleurance, qui voulait 
seulement dépendre du roi. 

Dans le Gaure, s'étendent de belles cultures. 
Du hameau d'Aurrenque à Castelnau, de jolis 
coteaux, bien dessinés, sont surtout couverts de 
froment. Les vignes sont rares, il y a peu de 
maïs, quelques champs de fèves rompent l'uni- 
formité. 

Sur la route je rencontre un troupeau de ces 
chèvres des Pyrénées que nous voyons dans les 
villes. Le chèvrier me raconte qu'il est descendu 
des monts, il y a bien des années, avec son 
père, s'est plu dans le pays et y est resté. Il 
voulut aller à Paris, lui aussi, moduler sur son 
instrument en menant des chèvres de porte en 
porte, mais la nostalgie de Fleurance le prit, il 



gÔ VOYAGE EN FRANCE. 

y revint ; il fait pacager ses bêtes, vend ses fro- 
mages et s'estime heureux. 

Près d'un beau parc entourant la vaste de- 
meure d'Olympe, un vignoble reconstitué, dont 
les sarments sont d'une belle venue, montre ce 
que pourra donner la vigne traitée d'après les mé- 
thodes modernes. La campagne est plus riante, 
les habitations rurales sont charmantes parfois, 
on devine l'approche d'une ville. Les prés en- 
tourés d'arbres, la route, qui retrouve la bor- 
dure de grands ormeaux, forment une sorte de 
Bocage si touffu que l'église de Fleurance, 
nettement aperçue de Lectoure, est maintenant 
masquée, la ville semble bien lointaine. Enfin, 
à un coude de la route, l'avenue offre en 
perspective un mur blanc, c'est la première mai- 
son de Fleurance. 

A Feutrée de la ville une croix se dresse sur 
un piédestal entouré d'une barrière, monument 
commémorât if dû à la ferveur cathohque d'une 
dame Colomez ; elle la fit ériger en 1898, pour 
rappeler que le 22 novembre 1086 « les fleuran- 
tins ont défait les huguenots de toute la contrée 
alliés contre leur ville ». 

Fleurance est une des plus grandes parmi les 
bastides du Gers. Mais elle a gardé peu de logis 
remontant à sa création ; le grand désastre de 



LOMAGNE DU GERS, GAURE ET FEZENZAGUET. 97 

i465, quand la ville fut mise à sac par Jean d'AI- 
bret, a dû détruire beaucoup de constructions du 
Moyen Acje. Les rues sont larges, les maisons, 
en majeure partie construites en torchis ou en 
adobes, c'est-à-dire en briques crues, sont plates 
et sans caractère. La grande place, entourée d'ar- 
cades, a été occupée au centre par des halles sur 
voûte. Tout autour, beaucoup de cafés, l'un d'eux 
est une « réunion Ôl aficionados y) . La passion des 
courses de taureaux s'étend jusqu'ici. 

L'église est un remarquable mais lourd édi- 
fice du xiv^ siècle. Dans l'énorme façade ogivale 
sont creusées de belles niches sculptées. Pour y 
pénétrer il faut descendre au parvis par des de- 
grés ; par des degrés encore on accède dans la 
nef; la voûte, d'un aspect mystérieux et sombre, 
est soutenue par de puissantes colonnes d'où les 
nervures s'épanouissent comme les branches 
d'un palmier. 

Près de la gare, aux abords d'un petit jardin 
anglais finissant à un abreuvoir orné d'une île 
de rocaille, un grand champ de foire révèle le 
rôle économique de Fleurance. La ville est un 
centre commercial autrement actif que Lectoure, 
son chef-lieu d'arrondissement ; si la popula- 
tion de la commune est moins élevée que dans 
celui-ci, le nombre des habitants agglomérés 



VOYAGE EN FRANCE. XXXI. 



gS VOYAGE EN FRANCE. 

est plus considérable ^ De très nombreux ma- 
gasins et des fabriques de chaussures donnent 
de l'activité. 

Fleurance est encore le rendez-vous de tout 
ce pays de Gaure dont elle fut la capitale. Une 
longue et belle route s'en va par les pentes 
douces de la commune de Sainte -Radegonde 




dans la partie du canton de Valence qui dé- 
pendait du comté. Les deux plus gros centres, 
dans cette direction, sont de fort petits bourgs 
entourés de riches campagnes, la Sauvetat et 
Saint-Puy. Ce dernier n'a pas 35o habitants 
agglomérés et c'est encore le plus peuplé dans 



I . Population totale 4 102 habitants, municipale agglomérée 3 243. 
Il y a cependant décroissance là aussi, Fleurance a compté 4 5oo 
habitants. 



LOMAGNE DU GERS, GAURE ET FEZENZAGUET. QQ 

cette vaste zone d'entre Gers et Baïse ; or, la 
commune a près de i 200 âmes, c'est dire com- 
bien les habitations sont disséminées. 

Du côté opposé, Fleurance est le débouché 
pour le canton de Mauvezin et une partie de 
celui de Cologne ; ce dernier bourg, capitale du 
petit pays de Gimoës, est une bastide, comme 
l'indique son nom emprunté à l'iVllemagne. La 
région de Mauvezin a également un nom parti- 
culier, c'est le Fezenzaguet, dont l'Arrats est la 
rivière centrale. La vallée étroite est bordée de 
collines bien découpées donnant parfois beau- 
coup de grandeur au paysage. Mauvezin, centre 
administratif et commercial, fut la capitale, il 
s'étend au fond du val. Plus pittoresque est la 
bastide de Monfort qui vit naître du Bartas et 
couvre un promontoire abrupt au-dessus du val- 
lon de l'Orbe. Un village moins peuplé. Tourne- 
coupe, garde avec autant de fierté les confins du 
Fezenzaguet et de la Lomagne. Mais Mauvezin 
était mieux située pour avoir l'influence militaire 
et économique. Les quartiers hauts de cette 
bourgade dominent à la fois l'Arrats et la Gi- 
mone. Les deux longs cours d'eau semblent 
vouloir se réunir ici, mais, en butant contre la 
colline de Mauvezin, ils sont comme touchés par 
une force répulsive. Ils étaient à moins de deux 



100 VOYAGE EN FRANCE. 

kilomètres l'un de l'autre, leurs embouchures 
dans la Garonne seront séparées par six lieues. 
Après l'achèvement des chemins de fer à voie 
étroite, c'est vers Auch que le Fezenzaguet diri- 
gera surtout ses relations, au détriment de Fleu- 
rance, gare la plus rapprochée dans la direction 
de Paris. 

De Fleurance à Auch on continue à remonter 
la vallée du Gers, offrant toujours le même spec- 
tacle de richesse agricole. Beaucoup de toits 
rouges dans les campagnes. Quelques clochers se 
montrent : Céran, et, au fond d'un vallon, Goutz. 
La bastide avortée de Pis mêle son nom venu de 
la Pise italienne à ceux très français, fleurant le 
Moyen Age, de Miramont, Puységur, Roquefort, 
Mirepoix, Puycasquier. Ces noms indiquent bien 
des points culminants. Puységur couronne une 
butte. Roquefort a conservé un donjon flanqué 
d'une tourelle, Arcamont est dominé par une 
vieille tour à rouge toiture. Sur un mamelon 
isolé, le donjon, l'église et le village de Roque- 
laure complètent le décor des abords d'Auch'. 
Le tableau était plus pittoresque encore lorsque 
des moulins à vent occupaient toutes les croupes. 



1. Sur Auch, voyez la So^ série du Voyage en France, cha- 
pitre XVIII. 



VII 



L'Adour et l'Arros. — Thermes-d'Armagnac. — Aignan. — No- 
garo et le bas Armagnac. — La Douze et le Midour. — Eauze. 

— La bourse aux eaux-de-vie. — Les distillateurs d'Armagnac. 

— Lannepax. — En Fezensac. — Vic-Fezensac. 



Monlréal-du-Gers. Août. 

Les bords de TAdour, dans la plaine de Bi- 
gorre, ne montrent guère de détails heureux, 
leurs villages de torchis, d'adobes et de cailloux 
jurent avec la richesse végétale qui les entoure. 
Cependant, tout à l'heure, au passage, Tarsac 
m'a montré une tour carrée, en pierre fauve, 
couronnée par un hourd en bois et donnant un 
peu de caractère à cette rive du fleuve. 

L'Adour vient de se doubler par l'appoint de 
l'Arros, mais il n'a fait que récupérer en partie 
les eaux qu'il donna par le canal d'Alaric. La 
jonction a lieu au sein de prairies encadrées de 
grands arbres. Sur une colline, dominant à dis- 
tance le confluent, se dresse le château de Ther- 



102 VOYAGE EN FRANGE. 

mes-d' Armagnac, entouré de débris de murailles; 
au-dessus d'un corps de logis flanqué d'une tou- 
relle se dresse la haute masse du donjon. 

Thermes gardait un des chemins allant de 
l'Adour à l'intérieur de l'Armagnac ; la forteresse 
n'est plus aujourd'hui qu'une beauté du paysage, 
elle est comme enveloppée dans les vignes qui 
couvrent la côte. Partout, on replante; quand 
on a franchi l'étroite colline et atteint la longue 
vallée où le Mi don, qui s'appelle ici Midour, 
traîne ses naissantes eaux, on est en plein vi- 
gnoble. Ces plantations, faites avec beaucoup 
de soins, entourent le village de Fustérouau et 
s'étendent non seulement sur les pentes, mais 
aussi dans le fond du val. Les anciennes vignes 
sont tenues basses sans échalas, les nouvelles 
sont disposées sur des lignes de fil de fer. Mal- 
gré ces efforts, l'étendue du vignoble est bien 
faible en comparaison d'autrefois. 

Pour ces campagnes, le centre est le bourg 
d'Aignan, groupé à une croisée de chemins do- 
minant la Ribérette ; ce ruisseau, particulière- 
ment pauvre dans ce pays de rivières indigentes, 
est appelé parfois Midou du Nord, c'est une des 
deux branches de la rivière. Aignan commande 
de loin le pays, sa tour ruinée en fait un des 
points saillants de l'horizon, dernier vestige du 



LE FEZENSAG ET l'eaUZAN. Io3 

primitif château des comtes d'Armagnac dont 
Aignan fut la capitale au début de leur autorité. 
Ces débris remontent au x* siècle, bien anté- 
rieurs par conséquent à l'église, bel édifice ogi- 
val du XIV* siècle. 

Aignan joue un rôle modeste dans l'activité 
de ce pays voué à la viticulture et à la produc- 
tion des eaux-de-vie. Sa part est à peu près 
réduite à la transformation des lies de vin en 
cristaux de tartre, industrie fort répandue dans 
cette contrée du bas armagnac. Le bourg est 
humble, mais peuplé, en comparaison des vil- 
lages parfois constitués seulement par l'église. 
Dans ce pays de viticulture, le vigneron tenait 
à habiter au milieu de ses vignes, aussi chaque 
centre communal n'a-t-il qu'une poignée de 
maisons. 

Cependant, au cœur de cette région aux habi- 
tations éparpillées, plus de 2 000 habitants se 
groupent à Nogaro, ville régulière, fondée à la 
fm du XI* siècle et qui n'avait pas cessé de se 
développer jusqu'à l'invasion du phylloxéra. En- 
core celui-ci n'ayant pas eu autant d'influence 
que sur la région d'Auch et de Lectoure, la dé- 
population a été faible. Cela tient à la fertilité 
extrême du sol et au peu de prise offerte au fléau. 
Mais si la culture est patiente, si le métayer s'ef- 



I04 VOYAGE EN FRANCE. ' 

force de tirer parti du sol, c'est selon de vieilles 
méthodes ; avec un peu d'esprit de progrès on 
ferait ici un des plus merveilleux terroirs de la 
France entière. Cependant la toiiya, c'est-à-dire 
la lande pâture, est encore considérée comme 
devant être le pivot d'une exploitation rurale 
bien conduite. 

La culture de la vigne échappe à ces reproches, 
elle est poussée avec beaucoup d'attention. On 
le doit aux qualités particulières des eaux-de-vie 
obtenues dans les cantons de Nogaro et de Cazau- 
bon, où les crus sont les plus réputés de l'Ar- 
magnac. Ce bas Armagnac a dû le grand élan 
vers la distillation à la guerre de l'indépendance 
américaine, pendant laquelle le commerce des 
liqueurs fortes se développa beaucoup. Aujour- 
d'hui encore, Nogaro est un centre considérable 
pour les eaux-de-vie, plusieurs maisons se sont 
installées afin de recueillir la production du vi- 
gnoble, étalé en nappe continue autour de la 
ville. 

Les vignes atteignent le bord du Midou qui 
vient d'arroser de belles prairies, si l'on peut 
employer ce mot arroser pour le passage d'un 
ruisseau aussi indigent et louche. Plus nom- 
breuses encore sont les vignes sur les coteaux de 
Sainte-Christie-d'Armagnac et dont la Douze 



io5 

ou Doulouze occupe l'autre versant. Mais bien 
souvent il y a des pans de landes dans les par- 
ties élevées de ces rides entre les rivières. Si 
l'on ne connaissait la coutume des touyas, on ne 
s'expliquerait pas de tels terrains perdus à côté 
de riches cultures. 

La saison est pluvieuse, et pourtant la Douze 
est en ce moment sans eau, bien qu'elle soit 
luxueusement franchie par deux ponts sous le 
bourg amphithéâtral de Manciet, entouré de jar- 
dins et de vignes et auquel donnent accès des 
routes plantées de grands ormes. Manciet, qui fut 
une ville importante, est sur le bord d'un plateau 
' presque désert s'étendant jusqu'à la GéHse et que 
des landes couvrent çà et là. Un étang miroite, 
reflétant la ramure des châtaigniers. En appro- 
chant de la vallée de la GéHse, on retrouve des 
cultures plus nombreuses, des métairies et une 
petite ville apparaît : Eauze, la plus vénérable 
des cités de l'Armagnac. C'était la capitale de 
la Novempopulanie et, avant Auch, le siège de 
l'évcché. Les invasions barbares en avaient fait 
un amas de ruines près desquelles une ville se 
reforma lentement, mais combien petite auprès 
de l'antique Elusa des Ibères et des Romains ! 

Elusa était entre le site actuel d'Eauze et la 
Gélise, à peu près sur l'emplacement de la voie 



I06 VOYAGE EN FRANCE. 

ferrée et de la gare. Le quartier se nomme encore 
Cieutat ou la Cité. 11 ne reste rien d'apparent 
des monuments qui en faisaient une des villes 
riches des Gaules. Par les objets découverts et 
l'étendue de la zone où ils ont été recueillis, on 
peut cependant reconnaître la grande surface de 
cette capitale. Il fallut la création d'une abbaye, 
cinq siècles après la ruine, pour qu'Eauze na- 
quît, reprenant à peu près le nom de sa devan- 
cière. 

Mais combien exiguë ! La ligne d'un boule- 
vard presque circulaire indiquant l'emplacement 
des murailles du Moyen Age donne à peine 5oo 
mètres de diamètre à la ville. Celle-ci est groupée 
autour d'une église gothique dont la voûte est 
d'une belle envolée. Des maisons à galeries de 
charpentes ou à arcades entourent l'édifice, l'une 
d'elles est charmante par ses poutres en bois 
sculpté : un hôtel particulier est à demi masqué 
par une grille couverte de roses ; beaucoup de 
fleurs, beaucoup de plantes vertes devant les 
habitations et sur l'appui des fenêtres des vieilles 
maisons à ressaut qui bordent les ruelles. Au 
long du boulevard de ceinture de beaux jardins 
apportent la gaîté. Là sont les arènes pour les 
courses de taureaux. 

Eauze a donné son nom à l'un des petits pays 



LE FEZENSAC ET L EAUZAN. IO7 

de TArmagnac, TEauzan^ qui comprend son can- 
ton et une partie de celui de Montréal, mais un 
autre nom a prévalu, au moins pour la désigna- 
tion du cru des eaux-de-vie : la Tënarèze. Cette 
région viticole, sans donner des produits aussi 
fins que ceux du bas armagnac, est supérieure 
au haut armagnac ou pays de Gondom. La si- 
tuation intermédiaire avait fait d'Eauze le prin- 
cipal marché des eaux-de-vie d'Armagnac. Au- 
jourd'hui encore, une véritable bourse se tient 
le jeudi autour de l'église, chaque distillateur ou 
bouilleur de cru apporte ses échantillons que 
viennent déguster les négociants ou commission- 
naires de Nérac, Condom, Agen, Auch, Vic- 
Fezensac, etc. Un moment, quand le vignoble 
de Cognac fut dévasté, les commerçants charen- 
tais étaient nombreux au marché d'Eauze. Ils 
viennent moins aujourd'hui. On attribue leur 
abstention aux nouveaux droits sur les eaux-de- 
vie ; peut-être y faut-il voir plutôt les effets de la 
reconstitution du vignoble à Cognac et dans sa 
région ^ 

Quelles que soient les causes du malaise, il est 



1. On dit Eauze en parlant de la ville et le pays se nomme 
Auzan, d'oii Castelnau-d'Auzan. 

2. Sur Cognac voyez une étude complète dans la iS*^ série du 
Voyage en France. 



I08 VOYAGE EN FRANCE. 

grand dans la Ténarèze aussi, de là cet abandon 
des campagnes, la ruine des propriétaires qui 
n'ont pu faire face aux charges des emprunts et 
le découragement des métayers. Les systèmes 
défectueux de culture ne permettent pas d'ob- 
tenir de rendements suffisants, même ces rende- 
ments diminuent. Dans la monographie des 
Landes agricoles que j'ai souvent citée % M. Duf- 
fourc-Bazin évaluait le prix de travail à la char- 
rue à 170 fr. l'hectare; le revenu brut atteignait 
38o litres d'eau-de-vie à 62 degrés, valant 38o fr. 
En déduisant l'impôt et l'intérêt du capital fon- 
cier, on obtenait net 170 fr. ; mais la production 
est tombée, le revenu net n'a pas même atteint 
160 fr. ; à ce taux le vigneron propriétaire ne 
peut vivre. La situation, disait M. Duffourc- 
Bazin en 1892, est plus grave encore dans les 
départements voisins — dont le Gers — que 
dans les Landes. 

La distillation des vins a lieu surtout pour les 
cépages àt folle-blanche ^ les vins àe piquepouls 
étant vendus au commerce pour le coupage ou 
dans les Charcutes pour remédier à l'insuffisance 
de la récolte locale, en vue de la transformation 
en cognac. Les principales exploitations ont des 



I. Dans la 3o^ série du Voyage en France. 



LE FEZENSAG ET L EAUZAN. I OQ 

appareils fixes, mais ce matériel coûteux est de 
plus en plus remplacé par des alambics ambu- 
lants conduits par deux hommes exerçant unique- 
ment la profession de distillateurs, auxquels le 
vigneron ou un brassier vient en aide. Ces alam- 
bics nécessitent un certain capital, car ils coûtent 
de 6000 à 7000 fr. Dans quelques domaines il y 
a des alambics moins puissants, fabriqués dans 
le pays, notamment à Eauze et à Vic-Fezensac. 

Jadis la campagne de distillation était régu- 
lière, elle commençait vers le i*^'' novembre et se 
terminait du i*' au i5 février, mais depuis que 
les eaux-de-vie artificielles ont pris une partie du 
marché et que la facilité des transports permet 
d'expédier les vins en nature, on distille surtout 
lorsque ces derniers n'ont pu trouver acquéreurs. 

A Texposition de 1889, l'armagnac fut très 
remarqué, le rapporteur du jury établissait ainsi 
la répartition des crus : 

Le bas armagnac qui donne les produits su- 
périeurs comprend dans le Gers les cantons de 
Cazaubon et Nogaro, dans les Landes une partie 
de celui de Gabarret; ses eaux-de-vie ont une 
saveur agréable et subtile, avec de la finesse et 
du moelleux. 

Celles de la Ténarèze « sont encore fines de 
goût », mais avec un peu moins de délicatesse, 



IIO VOYAGE EN FRANCE. 

leur zone comprend le canton d'Eauze, la partie 
ouest du canton de Montréal et la partie de Lot- 
et-Garonne s'étendant des limites du Gers à Sos. 

Dans le haut armagnac, « les eaux-de-vie par- 
ticipent des mêmes qualités, mais à un degré 
inférieur; elles ont moins de sève et moins de 
corps ». On les récolte dans la partie est du can- 
ton de Montréal et dans l'ensemble des cantons 
de Condom, Valence, Vic-Fezensac, Jegun et 
partie de ceux de Montesquiou et d'Aignan. 

Ces eaux-de-vie d'Armagnac ont un bouquet 
particulier, mais ne possèdent pas « le fondu, le 
parfum et la distinction » des produit charentais. 
Les vins d'Armagnac envoyés dans les Charentes 
pour la distillation ne donnent du cognac que 
par les soins apportés et grâce à un mélange de 
vieilles *eaux-de-vie du cru. 

Le haut armagnac commence assez loin 
d'Eauze vers l'est, avec le canton de Vic-Fezen- 
sac qui conserve le nom de l'ancien pays dont 
Vie fut la cité maîtresse. Ce Fezensac compre- 
nait au début de la féodalité tout ce que nous 
appelons aujourd'hui Armagnac, l'Armagnac pro- 
pre n'en est qu'un démembrement. De lambeaux 
en lambeaux, formant d'autres petits Etats féo- 
daux, le Fezensac en est arrivé à comprendre 
seulement les cantons de Vie et de Montes- 



III 

quiou. En 1777, l'illustre famille qui porte ce der- 
nier nom obtint d'y ajouter celui du petit pays. 

Aucun chemin de fer ne traverse encore le 
Fezensac, mais on doit commencer, en igoS, la 
construction de la ligne d'Eauze à Auch, dont la 
station principale sera Vie. Actuellement, cette 
active petite ville en est encore aux diligences 
qui la relient à Eauze, Auch, Condom, Nogaro 
et Mouchan, station la plus proche. 

D'Eauze, la route du Fezensac suit à distance 
la Gélise, à travers une contrée où les villages 
sont rares, mais qu'animent de nombreuses mai- 
sons de vignerons. Chacune d'entre elles est une 
petite usine à distiller les vins. Noulens fait un 
commerce d'eau-de-vie, Ramouzens attend le 
chemin de fer pour développer l'établissement 
thermal de la source du Moura. Plus loin, sur un 
petit plateau étalé entre l'Izaute et l'Auzoue — 
ou la Lauzoue — une bastide restée embryon- 
naire rappelle à la fois l'ancien état du pays et 
sa vieille histoire : Lannepax, la Lande de la 
Paix ; ce nom serait dû à une paix conclue dans 
la lande entre les Elusates et le général romain 
Crassus. 

D'Eauze à Vic-Fezensac, sur 22 kilomètres 
d'une route sinueuse, on parcourt ou longe 
quatre vallées; la dernière est celle de la Losse, 



112 VOYAGE EN FRANCE. 

très longue rivière — 1 26 kilomètres — mais fort 
indigente, car elle ne reçoit pas une goutte d'eau 
de la Neste, malgré les instantes demandes des 
riverains. Dans ce couloir étroit, fond de prai- 
ries aux pentes tapissées de vignes, est Vic- 
Fezensac, un des principaux centres de popula- 
tion pour ce département où les villes sont 
petites ^ 



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Celle-ci n'a pas le tracé régulier des bastides, 
ses rues sont rarement alignées, mais les cons- 
tructions révèlent l'aisance. Vie est un marché 
très actif où viennent s'emmagasiner une grande 
partie des vins et eaux-de-vie de l'Armagnac. 
La fabrication des alambics, la production des 



I. Sur 8280 habitants de la commune il en est près de 2 5oo 
dans la cité elle-même. 



LE FEZENSAC ET L EAUZAN. Il3 

cendres gravelées et des cristaux de tartre se 
rattachent intimement à cette industrie de la 
distillation, de même que le travail des vis de 
pressoirs et des machines agricoles. 

A ces industries Vie a ajouté depuis quelques 
années la confection des chaussures et la fabri- 
cation des formes nécessaires à cette dernière. 
Les commerçants centralisent les plumes, les 
duvets, la laine, les tartres recueillis dans le 
Fezensac et jusque dans le canton de Jegun, 
dont le chef-lieu, bastide placée sur un mon- 
ticule, est un centre rural, aux foires très sui- 
vies. La Baïse, ayant Saint-Jean-Poutge comme 
port supérieur, supplée pour les gros transports 
à l'absence de voies ferrées. 

Le Fezensac n'offre pas de paysages plus va- 
riés que les autres petits pays qui Tavoisinent, 
mais quelques belles ruines relèvent parfois la 
monotonie de ces paysages. La plus remarquable, 
Lavardens, dont on voit de loin la silhouette, 
n'est plus en Fezensac, elle appartient à l'Arma- 
gnac propre. 

Retour à Eauze, le soir. Du sommet des rides 
parallèles, la vue est merveilleuse sur les Pyré- 
nées lointaines. 

Au matin le ciel est si pur, la lumière si douce 

VOYAGE EN FRANCE. — XXXI. 8 



Il4 VOYAGE EN FRANGE. 

que je renonce à prendre le chemin de fer et 
gagne à pied Montréal. D'Eauze la route des- 
cend dans le vallon verdoyant de la Gélise, rem- 
pli de beaux jardins. La rivière, qui deviendra 
vivante dans le pays de Nérac, est encore fossé 
sinueux dont les eaux immobiles sont fleuries 
de nénuphars. Au-dessus, le plateau est couvert 
de cultures entremêlées de vignes. Les fondateurs 
de bastides avaient essayé d'y créer une ville ; 
elle n'a pu prospérer et, au lieu d'être la rivale 
d'Eauze, est restée un petit village, mais Bre- 
tagne-d* Armagnac a conservé sa place centrale 
avec des maisons à galerie. L'église est un char- 
mant édifice à une seule nef; sur les colonnes 
engagées, ornées de chapiteaux, viennent se 
poser de fines nervures supportant la voûte en 
berceau. Plusieurs rues de Bretagne sont de- 
meurées à l'état de large chemin, telles que les 
tracèrent les géomètres du Moyen Age. 

Le site fut choisi avec goût, sous la ville avortée 
se creuse le joli val de rizaute, dominé par l'égHse 
moderne de Gazeneuve. Les vignes tapissent les 
pentes, la petite vallée off're de profondes pers- 
pectives. 

Après la Gélise, autre plateau étendu jusqu'à 
l'Auzoue, d'où l'on a une vue charmante sur 
Bretagne, bien assis sur sa colline. A l'écart du 



LE FEZENSAC ET l'eaUZAN. Ii5 

chemin sont les belles ruines du château de La- 
mothe-Gondrin capricieusement tapissées de 
lierre. Des abords on jouit d'une vue immense 
sur de belles campagnes, on lit comme sur une 
carte en relief la configuration en vallées paral- 
lèles. Peu de villages, le groupe de population 
le plus important est Gondrin, dont les toits 
rouges surgissent de la verdure au sommet d'un 
coteau. 

Enfin voici, là-bas, loin encore, Montréal, bas- 
tide formée d'une rangée de maisons aux toits de 
teinte ardente étalée sur l'arête d'un coteau et 
dominée par une vaste église à contreforts. Le 
site est un promontoire rocheux au pied duquel 
l'Auzoue semble endormie sous les nymphéas. 
La crête est si étroite que l'église et quelques 
maisons ont dû s'installer sur de hauts murs en 
terrasses ; Montréal, très petit bourg % doit à 
cette situation un caractère de grandeur accrue 
par la haute masse de l'église, percée de fenêtres 
ogivales et dont le (Cocher, tour carrée, rappelle 
ceux des églises espagnoles. 

Montréal, mont royal, fut créé en I255, mais 
il ne s'est pas développé. Son industrie est nulle 
et son importance commerciale plus faible que 



[. 555 habitants, la commune entière en a 2 062. 



Il6 VOYAGE EN FRANCE. 

celle d'une commune de son canton, Gastelnau- 
d'Auzan, centre pour les eaux-de-vie. 

Montréal, si abandonné soit-il, si morose 
quand on parcourt ses longues rues parallèles, 
n'en est pas moins un des grands paysages de 
l'Armagnac, lorsqu'on le voit du fond de sa 
vallée ou des collines voisines. 



VIII 

LE GONDOMOIS 

Gondrin. — Laressingle. — La vallée de la Losse. — Gondom. 

— Le commerce des eaux-de-vie. — La na\'igation de la Baise. 

— Valence et Beaiicaire, — En descendant la Baise. — Mon- 
crabeau, pays des hâbleurs. 

Nérac. Août. 

Profondément découpé, le pays, à partir de 
la vallée de la Lauzoue, offre des sites plus fiers 
pour l'assiette des bourgades. Gondrin a non 
moins grand aspect que Montréal, sur ses hautes 
collines aux pentes couvertes de vignes. Enve- 
loppé de grands arbres, dominé par une grosse 
tour d'église flanquée d'une tourelle à flèche 
aiguë, le bourg donne beaucoup d'allure au 
paysage. La vue s'étend sur d'immenses hori- 
zons, jusqu'aux Pyrénées et aux Landes. Les 
campagnes voisines avaient jadis beaucoup de 
vignes, elles ont disparu en grande partie, rem- 
placées par les céréales ou laissées en friches. 
C'est pitié de traverser ce pays ravagé. 



Il8 VOYAGE EN FRANGE. 

La route de Condom le parcourt, par des pen- 
tes douces elle descend vers la Losse, bien peu 
accrue depuis Miélan et Vic-Fezensac ! Aucune 
source ne lui a apporté un tribut; cependant, 
aux temps géologiques, elle a fermement modelé 
sa rive droite. Les coteaux de Laressingle dont 
elle frange la base sont abrupts et formaient une 
situation militaire très forte ; les évêques de 
Condom, plus soldats que prélats, avaient cons- 
truit là une puissante forteresse, assez vaste 
pour contenir un village. Elle est ruinée, mais, 
hautaine encore; les habitants, trop à l'étroit, 
ont appuyé des maisons contre le rempart, où 
ils ont percé des fenêtres. Au milieu de l'en- 
ceinte se dresse le château ; la chapelle, de- 
meurée intacte, sert d'église à cette petite pa- 
roisse. 

Des collines avoisinantes on découvre de 
grands espaces : d'un côté la vallée de la Losse 
se creuse profonde, de l'autre les pentes fuient 
doucement jusqu'à la Baïse, dont Condom oc- 
cupe la rive droite escarpée. La vallée est très 
large, verte, lumineuse entre des coteaux de mé- 
diocre élévation. Peu de villages, mais beau- 
coup de maisons isolées. Condom est le centre 
et la beauté du paysage ; au-dessus de la ville 
se dresse la cathédrale, sa tour carrée et la flè- 



LE CONDOMOIS. IIQ 

che d'une autre église semblent surgir des toits 
d'un rouge ardent. 

Condom a ce qui manque aux villes du Gers, 
une rivière ou plutôt l'apparence d'une rivière, 
car la Baïse ne serait rien sans l'apport des 
eaux de la Neste amenées par le canal % et 
même semblerait un ruisseau si elle n'était rete- 
nue par les barrages écluses. En la transformant 
en voie de navigation on lui a donné la profon- 
deur d'eau qui fait illusion sur la masse réelle du 
flot. A Condom, le lit a été assez élargi pour 
qu'un port ait été établi en amont d'un déversoir 
qu'alimente le bief d'un moulin. A peine un ou 
deux bateaux aujourd'hui, cependant la naviga- 
tion est plus active qu'on ne pourrait le supposer 
en un pays de médiocre industrie. Faible en 
amont de la ville où la rivière ne dessert aucun 
centre populeux et n'aurait même aucun trafic 
sans Vic-Fezensac, voisin de Saint-Jean-Poutge, 
elle prend de l'essor en aval. Une compagnie de 
transports créée pour effectuer un service régu- 
lier avec Bordeaux possède une flotte de 22 em- 
barcations ayant un tonnage total de 2 182 tonnes; 
dans ce nombre sont deux vapeurs, l'un, à hélice 



I. Sur le canal de la Neste et l'alimentation des rivières des- 
cendues du plateau de Lannemezan, voyez dans la ^o^ série le 
chapitre XVI. 



120 VOYAGE EN FRANCE. 

à 100 chevaux de force, l'autre, à roues à Tar- 
rière, à 26 chevaux. En dépit des chemins de 
fer, cette navigation persiste, même elle accroît 
encore '. Dans Tensemble la rivière a un mou- 
vement moyen, né sur la voie, de plus de 
6000 tonnes. 

La ville s'élève sur une sorte de terrasse do- 




minant la Baïse, d'étroites petites rues, une 
enveloppe de beaux boulevards, quelques mo- 
numents intéressants, telle est cette ville- qui 
eut quelque temps Bossuet pour évêque. Des 



1. Mouvement en aval de Gondom, du port aux limites de Lot- 
et-Garonne, i44oo tonnes en 1900 et 17181 en 1901. En amont, 
de Saint-Jean-Poutge à Gondom, G 908 tonnes en 1900 et 7999 
en 1901. 

2. 6678 liabitanls, dont 4^*50 de population municipale agglo- 
mérée. 



LE CONDOMOIS. 121 

édifices intéressants y retiennent un instant le 
visiteur. L'ancienne cathédrale, de proportions 
moyennes, est charmante, sa nef en berceau aux 
multiples nervures, aux clés de votjte sculptées 
ou dorées, ses élégantes chapelles latérales, ses 
grandes fenêtres en ogive, est une belle œuvre 
de la Renaissance. De nos jours on a entouré le 
chœur d'une galerie ajourée, en terre cuite, de 
style flamboyant, ornée de nombreuses statues 
de saints ; elle rapetisse peut-être légèrement 
l'édifice mais sans nuire à l'elîet imposant de 
cette belle nef. Sur un des côtés une porte laté- 
rale, admirablement fouillée, s'ouvre entre des 
maisons. 

L'hôtel de ville est installé dans un cloître 
ogival, où les nervures semblent supporter la 
floraison des clés de voûte délicatement ouvra- 
gées. De belles portes sculptées donnent accès 
dans l'édifice. En parcourant la ville on rencontre 
quelques nobles maisons ou hôtels. Un de ces 
logis remonte à l'époque romane. Les boule- 
vards, dans la partie où ne s'est point portée la 
vie bourgeoise, ont conservé des pans de rem- 
parts dans lesquels des habitations ont établi 
leur façade. L'ancien évêché est devenu le Palais 
de Justice. 

Au long du cours Scipion-Dupleix, ainsi 



122 VOYAGE EN FRANCE. 

nommé d'un historien local, sont de jolies habi- 
tations entourées de jardins dont la végétation 
presque méridionale dit la douceur du climat. 
Ce cours aboutit à une terrasse ombragée d'où 
l'on découvre la sinueuse et étroite Baïse et le 
faubourg de la gare renfermant les magasins et 
les chais à eau-de-vie. De cette promenade, j'ai 
eu, ce matin, la vue des Pyrénées, se détachant 
très nettement sur le ciel. La chaîne donne une 
grande splendeur à l'Armagnac en formant toile 
de fond à ce décor un peu monotone des longues 
croupes parallèles. Au centre du panorama, 
un grand massif neigeux, celui de Gavarnie, 
sans doute, se dresse avec une incomparable 
splendeur. 

Bien que Condom possède peu de vignobles 
aujourd'hui, ce n'en est pas moins le centre 
principal pour le commerce des eaux-de-vie, 
nombreux sont les commerçants et les commis- 
sionnaires. La navigation de la Baïse en fait éga- 
lement un entrepôt pour les transactions en blés 
et farines. La rivière lui apporte les produits des 
cantons de Vie et de Valence. 

A défaut de chemin de fer, cette dernière ville 
communique par voie d'eau pour ses gros trans- 
ports avec la vallée de la Garonne. Commerce 
assez faible d'ailleurs, car Valence est sans in- 



LE CONDOMOIS. 123 

dustrie et la commune entière ne possède pas 
I 4oo âmes. La minuscule cité produit grand 
effet cependant, par sa situation au sommet 
d'une colline à demi entourée par l'Auloue et la 
Baïse qui s'unissent à ses pieds. Des murs crou- 
lants révèlent le passé guerrier de cette place 
dont le rôle militaire a pris fin avec Richelieu, 
grand destructeur de castels et de bicoques for- 
tifiées. Du haut de son coteau. Valence contem- 
ple de johes campagnes entourées de châteaux 
anciens. Sur la Baïse est la petite bastide de 
Beaucaire, sur l'Auloue sont les thermes de Cas- 
tera-Verduzan auxquels il manque un chemin de 
fer pour se développer. 

En aval de Condom, la Baïse erre dans un 
pays plus accidenté, les bords de la rivière rap- 
pellent par la grâce et l'heureuse disposition des 
cultures et des bois certains vallons de Touraine. 
La vigne y reparaît, timidement encore, mais 
ces plantations nouvelles sont bien tenues, des 
pépinières de plants américains témoignent que 
l'élan est donné. Le maïs n'a plus le rôle pré- 
pondérant qu'il jouait au sud et que l'on re- 
trouve dans le val de la Garonne. Les blés, 
les avoines, les plantes sarclées couvrent pen- 
tes et plateaux. Dans ce verdoyant terroir, de 



124 VOYAGE EN FRANCE. 

belles maisons aux allures de château animent 
le paysage. 

Les villages sont très espacés. En descendant 
la rivière on fait 1 1 kilomètres avant de rencon- 
trer un groupe d'habitations. Là est le bourg de 
Moncrabeau, il appartient au département du 
Lot-et-Garonne, mais fît partie du Gondomois 
comme Nérac et sa région ; les cantons de Nérac 
et de Francescas sont un démembrement de l'an- 
cien petit pays \ 

Moncrabeau couvre une colline légèrement ar- 
rondie, projetée en promontoire. Le clocher est 
un singulier triangle de maçonnerie donnant 
vaguement l'idée de quelque amer pour la navi- 
gation maritime. Dans ce mur les baies où les 
cloches sont suspendues semblent des orbites. 

Moncrabeau, dont le nom sonne si bien la 
Gascogne, serait le village où la hâblerie gas- 
conne l'emporte sur les autres centres de la pro- 
vince. 11 y eut là une sorte d'Académie de hâ- 
bleurs dont les recueils d'anas ont conservé le 
souvenir. Nous nous délectons moins que nos 
pères à ces plaisanteries, aussi Moncrabeau est- 
il oublié, cependant les vieux auteurs attribuent 



I. Le Gondomois comprenait les cantons actuels de Condom 
et Valence (Gers), de Nérac et Francescas (Lot-et-Garonne). 



LE CONDOMOIS. 120 

à Moncrabeau une célébrité européenne ! Abel 
Hugo a raconté ainsi, dans sa France pittores- 
que, les origines de cette réputation. 

Au commencement du siècle dernier, quelques anciens 
militaires, quelques propriétaires, se réunissaient sous la 
halle pour y parler des affaires du temps. Là comme dans 
toutes les réunions de gens oisifs, celui qui apportait les 
nouvelles les plus extraordinaires et qui les débitait avec 
le plus d'assurance était toujours le mieux accueilli. Un 
des habitués avait surtout acquis une grande réputation. 
Mais un homme d'esprit, qui n'était pas sa dupe, imagina 
de donner à Moncrabeau le titre de c: chef-lieu de la diète 
« générale de tous les menteurs, hâbleurs, craqueurs, nou- 
« vellistes, gens désœuvrés et bourgeois sans occupa- 
« tion ». — Pour inaugurer cette institution, il rédigea 
des lettres patentes dans lesquelles on accorde à tous les 
agrégés « le droit de mentir en tous lieux sans porter 
préjudice à autre qu'à la vérité dont tous les membres de 
la respectable diète font la profession d'être ennemis ju- 
rés, etc., etc. ». L'imprimerie répandit partout ces brevets. 
On en adressa à toutes les personnes qu'on jugea dignes 
de figurer à la diète. C'est ainsi que depuis plus d'un 
siècle le nom de Moncrabeau rappelle l'idée de l'exagé- 
ration et du mensonge, quoique ce défaut ne soit pas plus 
commun sur les rives de la Baïse que sur celles de la 
Garonne ou de tout autre fleuve de la France. 

Au reste, les habitants de Moncrabeau se prêtent gaie- 
ment à la plaisanterie. Quand un étranger vient les» visiter, 
ils le conduisent sous la halle, le font asseoir avec céré- 
monie sur la pierre dite de la vérité et lui délivrent solen- 
nellement des lettres patentes de bourgeois de Moncrabeau. 

En face de Moncrabeau, le château de Charrin 



126 VOYAGE EN FRANCE. 

donne de la grandeur au paysage, grâce à ses 
hautes toitures, à ses murs fauves, à ses fenêtres 
à croisillons. Maintenant, sur les deux rives de la 
rivière, jusqu'à Nérac, les belles demeures se 
pressent, moins opulentes que les châteaux de 
la Loire, mais aimables pourtant et ayant noble 
apparence. Quand on connaît l'histoire de ce 
coin de France et le rôle de Nérac comme capi- 
tale des roitelets de Navarre, il semble que ces 
gentilshommières étaient un diminutif des palais 
de Touraine et de l'Orléanais, comme le royaume 
des sires d'Albret était un diminutif du royaume 
de France. 

Une belle végétation entoure ces nobles logis; 
beaucoup de vignes bien soignées tapissent les 
pentes. Cela est de plus en plus riant à mesure 
que l'on approche de la petite ville. Voici les 
ruines du château de Nazareth, l'ombreuse Ga- 
renne, orgueil de Nérac, puis enfin l'aimable ville 
dont le futur Henri IV avait fait sa joyeuse rési- 
dence. 



IX 



LE PAYS DES PRUNES 



Clairac et ses marchés. — Au long du Lot. — La Parade. — 
Castelmoron. — L'orme tortillard. — Monclar et Sainte-Li- 
vrade. — La culture du prunier. — Robe de sergent et prune 
d'ente. — Le commerce des pruneaux. — La cueillette et la 
cuisson. — Villeneuve-sur-Lot : la ville. 



Villeneuve-sur-Lot. Mai. 

En quittant Tonneins pour la vallée du Lot, 
j'ai remonté un vallon très frais, admirablement 
cultivé jusqu'au sommet de collines bien décou- 
pées, aux formes nettes. De la crête une vue 
merveilleuse m'attendait. Certes la vallée de la 
Garonne est riche, pourtant il me semble qu'en 
voici une plus opulente encore. Entre les belles 
collines s'étale un large plan de cultures, ou 
plutôt de vergers, coupés d'étroites lignes de 
céréales et de rangées de vignes; au milieu, 
étincelant et calme, le Lot déroule de grands 
replis, allant frôler les hauteurs sur lesquelles 
bourgs et villages sont crânement campés. Au- 



128 VOYAGE EN FRANGE. 

dessous de la colline qui me permet de découvrir 
ces immenses et superbes horizons, une petite 
ville aux toits plats, de tuile brune, semble 
sourire entre les pruniers et les figuiers, se mire 
dans la grande rivière et se prolonge sur l'autre 
rive par un faubourg. Cette mignonne cité se 
nomme Glairac, c'est un des centres les plus 
vivants de la riche vallée, à laquelle la culture 
du prunier et celle des petits pois ont restitué la 
richesse détruite par le phylloxéra. 

Avant le fléau, Clairac possédait sur ses col- 
lines un beau vignoble dont les raisins, traités 
comme ceux de Sauternes et de Monbazillac % 
c'est-à-dire récoltés lorsqu'ils étaient recouverts 
d'une pourriture spéciale, produisaient un vin 
liquoreux réputé, ou vin pourri. Il en reste peu 
aujourd'hui. De même la préparation de la figue 
séchée, « supérieure à celle de Marseille », d'a- 
près les vieux auteurs, n'est plus qu'un souvenir. 

Le petit pois, dont je décrirai la culture et le 
commerce en parlant de Villeneuve, a pris la 
place de ces productions; chaque mardi, pen- 
dant la saison, il se tient à Glairac, dans l'après- 
midi, un marché important pour ce légume, 
expédié à Paris et à Bordeaux. Puis on fait un 



âge série du Voyage en France, chapitres II, XIII et XV. 



LE PAYS DES PRUNES. I29 

peu d'eau-de-vie et surtout on cultive le prunier 
d'ente. Ce serait même ici que la culture de la 
prune et sa transformation en pruneau auraient 
commencé, au milieu du siècle dernier, sous 
rinitiative des moines d'une abbaye voisine. 

Ces produits agricoles plus que les ateliers de 
chapeaux de paille et de feutre, restes d'une in- 
dustrie jadis florissante, font le bien-être de la 
petite ville assise au pied des coteaux qui vont 
rejoindre le confluent du Lot et de la Garonne 
vers Nicole et Aiguillon, hauteurs ttès raides, 
bien exposées au soleil, couvertes de pruniers 
réguUèrement plantés dans les vignobles et les 
champs de céréales. 

Un chemin longe le Lot, large et vert, parfois 
bordé de grands roseaux ou cannes de Provence. 
Les maisons des champs possèdent presque 
toutes un figuier à la grande ramure couvrant 
la cour ou ombrageant la façade. On va ainsi 
dans une campagne splendide, jusqu'à un pro- 
montoire au sommet duquel le bourg de Lapa- 
rade, belliqueusement campé comme il convient 
à un tel nom, domine des horizons immenses. 
Malgré sa situation, ses allures de forteresse, 
son tracé rappelant les bastides, il semble que 
Laparade n'ait point d'histoire. Le village com- 
mande un des plus beaux panoramas de France. 



VOYAGE EN FRANCE. 



l3o VOYAGE EN FRANCE. 

Il était trop haut perché et trop strictement 
guerrier pour avoir une influence administrative, 
celle-ci a été dévolue à la petite ville de Castel- 
moron, mieux placée pour le commerce à un 
coude du Lot, au pied d'une crête abrupte et 
étroite, reste d'un plateau érodé par les cata- 
clysmes géologiques et qui a laissé çà et là des 
collines en forme de table portée par la roche 
dressée en falaises. Ces hauteurs décrivent un 
petit bassin à l'entrée duquel s'étend Castelmo- 
ron, dans une véritable foret de pruniers. Plaine, 
bords du Lot, cirque entre les collines, pentes, 
tables suprêmes tout est enveloppé par ces 
arbres, il y en a tant que la culture proprement 
dite semble l'accessoire dans cette région de 
pruniculture. Entre les vergers le Lot, large et 
tranquille, décrit majestueusement des sinuosi- 
tés parfois brusques. La rivière accroît la beauté 
du paysage et lui donne un caractère roman- 
tique par les moulins monumentaux appuyés 
aux barrages écluses. 

Castelmoron a des allures de petite ville, 
c'est un centre commerçant où les négociants en 
prunes sont nombreux. Une source minérale 
abondante, appelée Fonfrède, est exploitée. Les 
villages voisins sont également de grands pro- 
ducteurs de prunes; quelques-uns, comme le 



LE PAYS DES PRUiNES. l3l 

Temple et Fongrave, conservent une petite in- 
dustrie curieuse, celle des ormes nommés tor- 
tillards à cause de leurs loupes qui les rendent 
difformes et dues à une maladie appelée brous- 
sin. Ces bois ont une valeur marchande consi- 
dérable, ils sont précieux pour tous les emplois 
nécessitant une grande résistance; ainsi la vieille 
artillerie les employait pour ses affûts. La zone 
de répartition de cet arbre s'étend bien au delà 
de Gastelmoron vers Monbahus, près de Mira- 
mont ; le hameau de Verdégas, dans la commune 
de Brugnac, était jadis le principal centre de 
commerce pour les tortillards. Si l'artillerie n'u- 
tilise plus guère ces loupes, le charronnage con- 
tinue à en employer de grandes quantités. 

Les ormes, encore nombreux, disparaissent 
en quelque sorte dans la nappe continue des 
pruniers: on fait des lieues et des lieues, on peut 
aller jusqu'au delà du Drot sans cesser de ren- 
contrer ces arbres qui semblent la seule produc- 
tion des parties hautes de l'Agenais. Ils enve- 
loppent complètement le joli bourg de Monclar- 
d'Agenais dont les coteaux et les petits vallons 
sont parsemés d'une multitude de maisons où 
se fait la préparation de la prune. Cependant il 
y a du bétail : on me signale à Monclar une 
industrie bien inattendue, celle du lait stérilisé. 



l32 VOYAGE EN FRANCE. 

Monclar couvre le sommet d'un beau massif 
de hauteurs, d'où la vue est belle ; plus fier encore 
d'aspect est Montastruc , petit village campé , 
tel un manoir féodal, sur un piton dressé entre 
deux vallées. 

Toute cette région accidentée est riante et 
fertile, mais elle n'a pas l'incomparable opu- 
lence de la plaine du Lot, dont on découvre une 
vaste étendue du haut des coteaux de Monclar. 
La route qui unit ce bourg à la petite ville de 
Sainte-Livrade est un éblouissement par sa ri- 
chesse agricole. Si le prunier domine toujours, 
les intervalles entre ses rangées sont l'objet d'une 
culture intensive : joualles de vignes, céréales, 
fèves, petits pois, pommes de terre, même encore 
un peu de chanvre rappelant l'époque où Agen 
et Tonneins avaient une florissante industrie tex- 
tile ^ Au milieu de cette splendeur, presque au 
bord du Lot, est ce que l'on pourrait appeler la 
capitale de la pruniculture, la vieille petite cité 
de Sainte-Livrade. Si Villeneuve-sur-Lot est le 
centre principal pour ce commerce, Sainte-Li- 
vrade est comme le cœur du pays de production. 



I. Le Lot-et-Garonne a encore consacré loi hectares à la cul- 
ture du chanvre en 1900. 



l34 VOYAGE EN FRANCE. 

La bourgade qui a gardé la forme circulaire, due 
à son enceinte fortifiée aujourd'hui disparue, se 
groupe autour d'une église que surmonte une 
tour haute et singulière. Nombreux sont les ma- 
gasins où les paysans apportent les pruneaux. 
Un autre centre, Casseneuil, situé en amont sur 
la rive droite du Lot, est également un grand 
rendez-vous d'affaires pour les producteurs. Une 
des maisons, signalée par M. Baltet, le savant 
horticulteur de Troyes, achèterait chaque année 
pour quatre millions de francs de prunes. Ces 
fruits confits sont une des marchandises qui 
maintiennent un peu de navigation sur le Lot; 
on les embarque à destination de Bordeaux % 
grand entrepôt et centre de répartition pour la 
prune d'ente. 

Ghasseneuil, où l'on a fait naître Louis le Dé- 
bonnaire, qui serait né en réalité à Ghasseneuil 
de la Charente, ou peut-être à Chassenon, autre 
bourg charcutais possédant des ruines gallo-ro- 
maines, est donc un centre florissant. Il se groupe 
autour d'une belle église du xiii® siècle, au pied 
de collines revêtues de pruniers, comme la large 
plaine du Lot. Jusqu'à Sainte-Livrade d'un côté. 



I. En ïQOO, Bordeaux avait exporlé 189 855 quintaux de prunes 
sèches. L'année suivante il n'y en eut que 87 625, mais cela tint 
au faible rendement de la récolte. 



LE PAYS DES PRUNES. l35 

jusqu'à Villeneuve de l'autre, on est sans cesse 
à l'ombre de ces petits arbres, nappe de neige 
au printemps, vergers couverts de fruits rosés 
dès les premiers jours d'août. 

En dépit du nom de prunes d'Agen donné 
aux fruits récoltés dans l'Agenais, la prune n'est 
point produite autour du chef-lieu de Lot-et- 
Garonne , ou du moins c'est à l'état d'excep- 
tion; le véritable habitat de ces fruits, dont les 
qualités supérieures sont un aliment de grand 
luxe, est sur les bords du Lot et du Drot et dans 
le pavs accidenté qui sépare les deux vallées. 
La variété servant à préparer le pruneau est 
surtout la prune robe de sergent ou prune 
(fente, qui a fait disparaître les autres espèces, 
notamment la prune de roi. La prune d'ente a 
été décrite bien souvent, la définition la plus pré- 
cise est celle de M. le docteur Auricoste, deLau- 
zun: « Ce fruit oblong, renflé vers le milieu, 
violet-rouge d'un côté, violet-rose de l'autre, est 
couvert d'une peau parsemée de très petits points, 
tantôt blancs, tantôt noirs. La chair est jaune, 
éminemment sucrée, d'un parfum relevé, que la 
dessiccation développe d'une manière évidente. 
Le noyau ovale, aplati, obtus est adhérent à la 
chair par quelques points latéraux. » 



l36 VOYAGE EN FRANCE. 

Tel est le fruit qui alimente à peu près exclu- 
sivement cette branche de commerce en Age- 
nais, trafic considérable car on l'évalue en 
moyenne à 5oo ooo ou 600 000 quintaux, valant 
de 18 à 20 millions ^ En i8i5 on estimait la 
production à i million et demi. C'est dire quel 
a été le progrès. 

La plantation du prunier est faite à l'aide de 
rejetons pris au pied des arbres en plein rap- 
port; les jeunes plants sont tous greffés. A par- 
tir de six ans le prunier commence à produire, 
mais il n'est en pleine valeur que vers la dix-hui- 
tième ou la vingtième année. Alors chaque arbre 
donne en moyenne 6 kilogrammes de prunes, 
on en a vu livrer jusqu'à 5o kilogrammes à 
l'heureux pruniculteur. Pour établir la produc- 
tion moyenne de l'hectare, on a trouvé des règles 
qui fixent, au minimum, le nombre de quintaux 
au vingtième du nombre des arbres. D'après Le 
Prunier, de M. Bruguière, on obtient à l'hec- 
tare 864 kilogrammes valant 6x8 fr. 4o c, si l'on 
espace les arbres de huit en huit mètres; quand 



I. La statistique de 1900, époque de faible rendement, donne 
876677 quintaux métriques, valant 11 676 871 fr. A cela il con- 
viendrait d'ajouter plus de 100 000 quintaux produits par les 
départements limitrophes : Gironde, Tarn-et-Garonne et Dor- 
dogne. 



LE PAYS DES PRUNES. 187 

récartement est porté à dix mètres, le rende- 
ment n'est plus que de 36o fr. 

La cueillette est entourée de soins minutieux. 
Si la prune tombe sur un sol trop dur elle se fen- 
dra et la qualité du pruneau sera bien amoindrie, 
aussi a-t-on soin d'ameublir la terre au moment 
de la maturité, ou de répandre une couche de 
paille sous chaque arbre. On attend que la prune 
tombe d'elle-même, l'arbre n'est secoué « comme 
un prunier » que dans les derniers jours, on 
ramasse tout d'un coup les fruits restants. 

Les prunes sont déposées aussitôt sur des 
claies et exposées pendant deux jours au soleil, 
pour subir leflétrissage, qui les prive d'une par- 
tie de leur eau et leur permet de mieux résister 
au « saisissement » que leur procurera la mise 
au four ou à l'étuve. Pour activer ce flétrissage 
beaucoup de propriétaires mettent les claies au 
four le soir, afin de profiter de la chaleur qui 
reste dans l'appareil. 

Vient alors la cuisson. C'est une opération 
délicate ; il ne faut pas moins de trois exposi- 
tions au four, à des températures de plus en 
plus élevées. Les deux premières ont pour but 
de faire évaporer l'eau. Le fruit subit d'abord 
une chaleur de 45 à 5o degrés, puis, après six 
heures de séjour, il est exposé à l'air; on se garde 



l38 VOYAGE EN FRANCE. 

bien d'y toucher tant qu'il est chaud, cette faute 
compromettrait tout, la prune deviendrait gluti- 
neiise et resterait molle. Mais une fois le refroi- 
dissement opéré, on retourne les fruits. Alors a 
lieu la seconde cuisson, à 70 degrés au plus et, 
de nouveau, un refroidissement. 

Voici la prune en état de subir les hautes 
températures : 80, 90, 100 degrés, un peu plus 
parfois. C'est maintenant qu'il faut veiller, éviter 
l'excès de chaleur ! Mais si l'on a bien opéré, 
on obtient le pruneau de choix, noir et brillant. 
« Ce degré de préparation est parfait, dit M. Bru- 
guière, lorsque le fruit présente une peau ferme 
et luisante, lorsqu'il laisse sentir sous la pression 
du doigt une chair tout à fait malléable et élas- 
tique, lorsque enfin l'amande enfermée dans le 
noyau est suffisamment cuite. » 

Ce procédé, l'ancien, est encore en usage dans 
la plupart des exploitations rurales, mais pour 
éviter une partie de ces manipulations longues 
et coûteuses et épargner le combustible, on a 
imaginé des étuves où la chaleur est plus scien- 
tifiquement répartie, où l'on peut manipuler les 
claies et, par suite, réduire considérablement le 
prix de revient. Les années de grande abondance 
surtout, Tétuve rend d'énormes services, aussi 
son emploi est-il de plus en plus répandu. 



LE PAYS DES PRUNES. iSq 

Il faut alors procéder au triage par grosseur, 
opération plutôt faite par les commerçants qui 
centralisent les fruits apportés sur les marchés 
ou dans les « foires aux prunes ». Le mouve- 
ment de ces réunions est colossal. A Villeneuve- 
sur-Lot on a vu jusqu'à 5oo ooo kilogrammes de 
pruneaux apportés. en un seul jour. Les autres 
marchés principaux sont : Sainte-Livrade, Gan- 
con, Castillonnès, Villeréal, Miramont, Eymet, 
Duras, Castelmoron-sur-Lot et Issigeac. 

Dans ces villes, la prune qui avait déjà subi 
un choix chez le producteur pour atteindre un 
prix plus élevé, est encore manipulée, des ma- 
chines ingénieuses répartissent chaque grosseur. 
Jadis il y avait dix qualités, depuis \e fretin dont 
il fallait plus de 126 pour faire une livre, jusqu'à 
V impériale-jleiir dont l\o à 45 pesaient les 5oo 
grammes, en passant par une série de « rames », 
de choix et de surchoix. Aujourd'hui on se con- 
tente de neuf grosseurs désignées par un numéro : 
la plus petite, n° i, compte de 90 à 96 pruneaux 
à la livre, la plus grosse, n° 9, en a 38 à 4o. 

Maintenant, comment arrive- t-on à donner 
aux prunes cet aplatissement artistique qui nous 
émerveille dans les caisses, incitant à la gour- 
mandise, chez les épiciers? Il y a un petit coup 
de main : on les fait passer entre deux cylindres 



l40 VOYAGE EN FRANCE. 

de caoutchouc qui les aplatissent, on les dispose 
ensuite dans les caisses où une machine appelée 
paqueuse les presse et donne la forme absolu- 
ment plate à la rangée supérieure. Quand on n'a 
pas de paqueuse, on presse le couvercle sous les 
pieds. Enfin, pour les envois lointains, le procédé 
Appert permet de conserver longtemps les pru- 
neaux dans des récipients en métal hermétique- 
ment clos^ 

Ces opérations ont lieu en grand à Villeneuve- 
sur-Lot, ville maîtresse pour le commerce de la 
région, devenue de nos jours un des plus grands 
marchés agricoles de France, située à un coude 
du Lot et reliée à Sainte-Livrade par une route 
absolument droite et par le chemin de fer, non 
moins rigidement tracé. Il y a là dix kilomètres 
à travers une des plus somptueuses campagnes 
de France. 

Non seulement marché agricole, mais aussi 
ville rurale, cette commune de près de i4ooo 
habitants ^ n'en compte que 7 000 dans ce qui 



1. L'époque à laquelle j'ai visité l'Agenais n'était pas celle des 
prunes ; je me suis fait expliquer ces opérations et, surtout, ai 
suivi Le Prunier, intéressant volume de M. Bruguière (Paris, 
chez Masson). 

2. Exactement 18594. 



LE PAYS DES PRUNES. l4l 

fut l'enceinte et les faubourgs d'une des plus 
grandes bastides du Sud-Ouest. Le reste est dis- 
séminé sur un vaste territoire de 9 3i2 hectares, 
où la population vit par la culture du sol. Ville- 
neuve ressemble à Libourne% mais elle est plus 
animée, en cette saison du moins où le commerce 
des petits pois attire des centaines de paysans. 
Elle a aussi gardé son aspect du moyen âge. A 
en juger par l'exiguïté de la place centrale, les 
fondateurs ne comptaient pas faire naître une 
ville bien populeuse, mais la bastide eut au con- 
traire de belles destinées. Cette place est d'un 
caractère délicieusement archaïque par les « cou- 
verts » qui l'entourent. Des rues animées y abou- 
tissent, sur lesquelles s'ouvrent des ruelles 
étroites, semblables à celles d'Eymet^ avec leurs 
petites maisons construites en carcasses de pou- 
trelles ou de briques plates, mal cuites, que les 
vents ont rongées en y creusant de véritables 
sillons. L'irrégularité de ces constructions, les 
surplombs, les vignes qui tapissent les façades, 
tout cela donne à Villeneuve un cachet parti- 
culier que viennent accroître des portes de ville 
percées sous de hautes tours. 



1. 29e série du Voyage en France, chapitre I^r. 

2. Pages 25 et suivantes. 



ll^2 VOYAGE EN FRANCE. 

Dans ces rues passe une foule active, de phy- 
sionomie avenante et fine ; les femmes ont une 
grâce et une souplesse remarquables. Même dans 
ce pays d'Agenais où l'élément féminin offre un 
type séduisant, la ville est réputée pour l'art 
avec lequel ses femmes arrangent le mouchoir 
qui leur sert de coiffure. 

De larges boulevards plantés de platanes ont 
remplacé les remparts ; ils viennent aboutir au 
Lot en deux lignes à demi circulaires, envelop- 
pant chacune une des rives; la belle rivière par- 
tage la cité en deux quartiers inégaux, un pont 
très élevé la franchit sur une grande arche 
appuyée à des arcs plus étroits. Ce pont, les 
portes de ville, l'éghse, le monumental hospice 
Saint-Cyr donnent à Villeneuve un caractère 
pittoresque. Le Lot, avec son vaste moulin et ses 
hautes berges où des eaux calcaires ont modelé 
des draperies, est la partie principale du décor 
citadin. 

Du haut du pont la vue est charmante, la ri- 
vière écume sur un barrage, une colline régu- 
lière forme fond de tableau, tapissée de cultures 
sur lesquelles tranchent les lignes des prune- 
raies. 

Sur l'un des boulevards est la statue de Ber- 
nard-Palissy. Le grand artiste est né dans l'ar- 



LE PAYS DES PRUNES. ' l43 

rondissement, à la Gapelle-Biron. Devant l'hôtel 
de ville on a placé le buste d'Armand Daubasse, 
poète quercinois né à Moissac et mort à Ville- 
neuve, dont les poésies ont été recueillies. Ce 
brave « peignier » en cornes ne savait cependant 
ni lire ni écrire. 



LES PETITS POIS DE VILLENEUVE 



A travers Villeneuvc-sur-Lot . — Les peigniers en corne. — L'em- 
ballage des petits pois. — Au marché. — Les fabriques de con- 
serves. — La culture des pois. — Machines à écosser. — Les 
pruneaux. — Autour de Villeneuve. 



Castelnaud. Mai. 

Peignier en corne Ce métier d'Armand 

Daubasse existe encore à Villeneuve. Le travail 
de la corne s'y est maintenu et a sans doute 
fait naître la production des boutons de nacre \ 
Les deux industries occupent une demi-douzaine 
d'ateliers, mais leur chiffre d'affaires est bien 
peu de chose auprès de celui représenté par le 
commerce des pruneaux et des primeurs, notam- 
ment des petits pois. 

A l'heure où j'arrivai hier dans la ville, la 



I. Je ne reviendrai pas ici siu* la fabrication du peigne. J'ai lon- 
guement parlé de cette industrie, à propos d'Oyonnax (Ain), dans la 
8^ série du Voyage en France, et d'Ézy, Bois-le-Roi et Le Lhabit 
(Eure), dans la 6^ série. Je la signale encore à la Bastide-sur- 
l'Hers et Rivel (Ariège et Aude), 38^ série 



LES PETITS POIS DE VILLENEUVE. l45 

rue principale, sur la rive gauche, montrait beau- 
coup d'activité. Des femmes installées sur les 
trottoirs cousaient des sacs que l'on pesait près 
d'elles sur une bascule. Je m'étais approché et 
avais constaté que l'on emballait des petits pois. 
En me voyant intéressé par ce travail, une des 
ouvrières m'avait dit : 

— Ça vous amuse de voir tant de petits pois; 
si vous étiez matinal, vous en verriez bien plus 
encore, quand on les apporte aux fabriques de 
conserves. 

Gela me remit en mémoire le propos d'un ami 
occupant une grande situation dans l'adminis- 
tration des postes. Je lui faisais part de mon 
regret de ne pouvoir parcourir l'Agenais à la 
saison des prunes, et il me répondait : 

— Des prunes ! moins curieux que les petits 
pois. Tous les ans nos bureaux de Bordeaux 
doivent envoyer des télégraphistes de renfort 
à Villeneuve-sur-Lot. Tenez, ils y sont encore, 
ils resteront tant qu^il y aura des pois nécessi- 
tant des dépêches avec les commissionnaires de 
Paris. 

Au point du jour, ce matin, j'étais dans la 
longue avenue formée par la route de Monflan- 
quin, où sont les principales fabriques de con- 
serves. Dès 4 heures je voyais affluer les voi- 

VOYAGE EN FRANCE. XXXI. 10 



l4G VOYAGE EN FRANCE. 

tures, chars à bancs conduits par des chevaux 
rapides ou des ânes galopant avec entrain; ces 
véhicules, très légers, sont chargés de sacs, ils 
portent de loo à 3oo kilogrammes. De petits 
propriétaires ayant une faible récolte et de- 
meurant à proximité apportent leur sac sur 
une brouette. Chaque usine possède un grand 
hall dans lequel les pois sont amenés et pesés, 
d'autres bascules fonctionnent sur le trottoir. 
Lorsque la fabrique a reçu tout ce qu'elle peut 
traiter dans la journée, elle ferme ses portes, les 
retardataires vont alors rejoindre les autres pro- 
ducteurs au marché. 

Celui-ci se tient sur le boulevard, entre la 
statue de Bernard Palissy et l'hospice. Sans cesse 
arrivent les voitures avec leur chargement. Les 
animaux sont dételés et emmenés à l'écurie. 
Vers 6 heures s'ouvre le marché. Les ache- 
teurs sont tous des commissionnaires pour Pa- 
ris et les grandes villes de l'intérieur ou les 
agents des principales maisons parisiennes. Les 
affaires se traitent vite, car il y a un cours éta- 
bli chaque jour, selon l'abondance de la récolte. 

Aujourd'hui, me dit-on, il y a peu de mar- 
chands, un violent orage a éclaté la veille et 
empêché la cueillette ; aussi la foule, qui me 
semble grande pourtant, est-elle peu de chose 



LES PETITS POIS DE VILLENEUVE. \[\'] 

auprès de celle des autres jours : alors, le bou- 
levard, jusqu'au Lot, est rempli de voitures. 

J'ai voulu avoir des renseignements et tout 
naturellement stiis allé dans une usine, la plus 
considérable. J'avais eu jadis des rapports avec 
les chefs de la maison et je crus pouvoir m'en 
targuer. Cela ne me servit de rien, j'eus un ac- 
cueil plutôt froid, même bourru de la part du 
directeur. Je n'aurais pas supposé que le paci- 
fique petit pois pût rendre les gens aussi disgra- 
cieux ! 

Heureusement, il est d'autres usines à Ville- 
neuve ; quelqu'un à qui je contais ma déconvenue 
me conseilla d'aller voir M. LafTargue, président 
du tribunal de commerce, fabricant de conserves, 
commerçant en prune d'ente. J'eus vite oublié 
l'accueil discourtois que je venais d'éprouver. 
Non seulement M. LafTargue me montra ses ate- 
liers, mais il a bien voulu me documenter sur 
cette industrie nouvelle qui ramène la fortune 
dans l'Agenais. 

Tout cela est récent : depuis vingt ou vingt- 
cinq ans seulement la culture des petits pois a 
pris de l'importance ; l'industrie des conserves 
est bien moins ancienne encore. 

On a d'abord voulu utiliser les terrains d'où la 
vigne avait disparu, en faisant le pois de primeur, 



l48 VOYAGE EN FRANGE. 

il s'est trouvé que le sol et le climat lui conve- 
naient à merveille. Les commissionnaires de 
Paris n'ont pas tardé à connaître le chemin de 
Villeneuve ; ils ont acheté avec tant d'entrain 
que toute la campagne s'est mise à planter des 
pois pour satisfaire aux demandes. Aujourd'hui, 
pendant la saison, chaque jour voit arriver 
70000 à 80000 kilogrammes. En 1898, la gare 
de Villeneuve expédia jusqu'à cinquante wagons 
de pois par jour; ce chiffre a encore été dé- 
passé'. 

Encore faudrait-il ajouter à la vente sur le 
marché les achats directs faits par les expédi- 
teurs ayant boutique et possédant leurs fournis- 
seurs attitrés. Ceux-là envoient directement les 
pois à leurs correspondants par toute la France. 
Comme la courte saison du petit pois ne saurait 
suffire pour couvrir leurs frais généraux et don- 
ner un bénéfice, ils ont demandé d'autres pro- 
duits aux paysans ; sous leur impulsion sont nées 
les cultures d'asperges, de tomates et de hari- 



I. La Statistique agricole de la France pour igoi évalue à 
/jSiio quintaux métriques, valant looSiio fr., la production du 
Lot-et-Garonne en pois, le prix moyen étant de 21 fr. 90 c. On 
avait consacré 2 690 hectares à cette culture, le rendement moyen 
étant de 17 quintaux 86 à l'hectare. A ce point de vue, le départe- 
ment venait, pour la valeiu", après Se;ne-et-Oise (1389710 fr.) et 
le Nord (i3i475o fr.). 



LES PETITS POIS DE VILLENEUVE. 1 49 

cols verts, la plantation en grand des pêchers, 
celle des amandiers dont on cueille le fruit encore 
frais. Toutes ces cultures ont fait tache d'huile 
et s'étendent loin, même Monflanquin envoie 
des pois à Villeneuve. Sainte-Livrade est devenu 
un centre secondaire et a ses fabriques de con- 
serves. Clairac, trop loin de Villeneuve, possède 
un marché spécial chaque après-midi. 

— Les affaires sont tellement actives que notre 
bureau de télégraphe reçoit du renfort de Bor- 
deaux, du i^^ mai au 6 juin, époque la plus fé- 
brile. 

— C'est ce qtie l'on m'a dit à Bordeaux. 

— Mais on ne vous a pas dit que ces employés 
reviendront en août, à Tépoque des haricots verts 
et des prunes ! 11 y a donc une recrudescence 
d'activité qui se prolonge longtemps. 

Revenons aux petits pois. La gare de Ville- 
neuve n'en expédie pas moins de vingt-cinq 
wagons par jour à l'époque où les envois n'ont 
pas encore toute leur importance ; en pleine sai- 
son on atteint aujourd'hui soixante. La culture 
qui alimente le marché a lieu dans un rayon de 
4o kilomètres, ou, encore, dans un carré de 5o 
à 60 kilomètres de côté. La ville est devenue en 
quelque sorte le régulateur des prix pour cette 
denrée, car toutes les usines à conserves de 



l50 VOYAGE EN FRANCE. 

France sont solidaires pour les cours. Celte si- 
tuation s'affirme chaque jour davantage, le pois 
de Villeneuve passe pour plus sucré et meilleur 
que celui de l'Ouest. Peut-être a-t-on gâché les 
prix, on a été jusqu'à payer 22 tr. les 100 kilo- 
grammes. La moyenne pour les conserves oscille 
entre i4 à 20 fr. 

Aussi le cultivateur connaît-il une ère de pros- 
périté qu'il ne pouvait espérer. Tel qui acheta 
un terrain de i 000 fr. y récolte de 3 000 à 
4 000 fr. de pois par saison. Mais on a utilisé 
tous les moyens d'accroître le rendement, le sol 
est absolument jardiné, les engrais chimiques, 
superphosphates surtout, sont régulièrement 
employés. C'est ainsi que les revenus bruts de 
2 000, 2 5oo, même 3 000 fr. par hectare ont pu 
être atteints. 

La cueillette nécessite beaucoup de bras, une 
femme ne pouvant guère ramasser plus de 5o ki- 
logrammes par jour. 

La fabrication des conserves ne commence à 
fonctionner que lorsque Paris, ayant les pois de 
sa banlieue, n'a plus à s'adresser au dehors. Les 
prix baissent alors et l'industrie peut être ali- 
mentée. Actuellement, Villeneuve possède sept 
usines ; elles emploient peu d'ouvrières, quatre 



LES PETITS POIS DE VILLENEUVE. l5l 

cents personnes au plus. Mais cela lient aux ma- 
chines qui ont permis d'écosser avec une rapi- 
dité prodigieuse. Chez M. LafTargue, la machine 
à écosser que je vois fonctionner rend loooo ki- 
logrammes de pois par jour; pour obtenir un 
tel travail à la main, il faudrait bien des dou- 
zaines d'ouvrières. 

Le reste de l'opération n'est pas moins sim- 
ple, c'est la conserve par le procédé Appert : le 
pois, mis en boîte que l'on soude, est soumis à 
l'ébullilion. La fabrication des boîtes de fer- 
blanc est une industrie importante. Une maison 
parisienne, qui a des ateliers dans toutes les 
villes où l'on produit des conserves, occupe cin- 
quante ouvriers dans sa succursale de Ville- 
neuve. La fabrication des caisses n'est pas moins 
active ; bois de peuplier du pays et bois de pin 
tiré des Landes sont mis en œuvre pour les 
emballages. 

La même activité se présente au moment où 
les haricots verts peuvent être mis en boîte. Mais 
on n'a pas de machine, l'homme ingénieux qui 
enlèvera mécaniquement le fil de ce légume ne 
s'est pas révélé encore. 

L'industrie française des conserves a sur ses 
concurrentes de l'étranger l'avantage du climat, 
qui permet de livrer de bonne heure, mais nos 




7v > '.-' 'F 



v-^^ 






L'AGENAiS 

(Département de Lot-et-Garonne) 



D iprei, la carte d I tnt majoi 
11000000'. 



rmTTTTTTr^rTr 







l54 VOYAGE EN FRANCE. 

rivaux s'outillent. En Belgique, une maison de 
Malines possède dix machines à écosser. 

La prune reste cependant la base du commerce 
(le Villeneuve-sur-Lot, centre le plus considé- 
rable d'achats, de préparation et d'expédition. 
Elle y entretient toute une série d'industries 
annexes et de commerces : caisses, tonneaux, 
papier, boîtes de fer-blanc, bocaux. On aura une 
idée de l'activité de Villeneuve par le chiffre des 
expéditions : elles atteignent, pour le chemin de 
fer seulement, dix wagons par jour pendant trois 
mois. Le Lot participe pour une grande part aux 
transports, par cette voie les caisses de prunes 
sont dirigées sur Bordeaux, port d'embarque- 
ment de ces produits. L'époque de grande acti- 
vité va du i5 septembre au mois d'avril, elle 
atteint son maximum en octobre et novembre. 

Cette production, qui répand les millions dans 
une partie de l'Agenais en somme peu étendue, 
est menacée par les ravages des chenilles et con- 
currencée par l'étranger. Les principaux pays pro- 
ducteurs sont, en Europe, la Bosnie et la Serbie, 
en Amérique la Californie. La réputation de la 
prune d'Agen est telle que les concurrents s'abri- 
tent derrière ce nom pour écouler leurs produits. 
Les Américains vendent les leurs comme prunes 



LES PETITS POIS DE VILLENEUVE. l5.) 

françaises, les Serbes, plus audacieux, les livrent 
comme prunes d'Acjen, ils en envoient sous ce nom 
en France même ^ Jusqu'à présent le danger 
n'est pas grand, mais il peut le devenir. La Ser- 
bie expédierait chaque année 226 millions de ki- 
logrammes, d'après un journal d'agriculture, mais 
les chiffres officiels de 1887 donnent pour la 
Serbie 4i 296 700 kilogrammes ; la Bosnie expor- 
terait 4o millions. Leurs prunes, de plus en plus 
soignées, arrivent à lutter avec les nôtres, qui 
gardent cependant encore la supériorité de goût. 
Ces deux pays ont l'avantage de posséder à leurs 
portes, par le Danube, les immenses marchés 
d'Autriche-Hongrie, d'Allemagne et de Russie. 
La concurrence de l'Amérique n'est pas moins 
menaçante, elle est plus scientifique surtout: les 
Américains sont venus chez nous chercher nos 
arbres, copier nos emballages, nos machines à 
trier et emballer, ils vendent meilleur marché. 

Plus grand pour la France est le danger des 
chenilles. J'ai dit comment les plantations ont été 



I. En 1901, la France a importé 499099 kilogrammes de pru- 
naux valant 299417 fr. Sur ce chiffre l'Autriche-Honçirie, dont 
les ports et les douanes terrestres servent à la Serbie, figure pour 
394602 kilogrammes et les États-Unis pour 67180 kilogrammes. 
Cette importation est peu de chose auprès de nos exportations qui 
ont atteint g 565 84o kilogrammes et une valeur de 7652672 fr. 



l56 VOYAGE EN FRANGE. 

atteintes cette année ^ (1902); l'an prochain en- 
core la récolte sera compromise. Ôr, ce fléau 
revient tous les dix ans et ses effets se font sen- 
tir pendant quatre années ! On est enfin en pos- 
session d'un remède dû au très habile professeur 
d'agriculture, M. de l'Ecluse ; c'est un mélange 
de nicotine, d'alcool dénaturé et de carbonate 
de soude. Le prix du traitement ne dépasse pas 
par prunier sept centimes. On vaporise le li- 
quide sur l'arbre dans les premiers jours de 
mai; les feuilles ne sont plus mangeables et la 
chenille qui vient d'éclore meurt d'inanition. 
Ce remède, radical contre la chenille fileuse, 
doit l'être aussi contre la chenille verte : s'il 
est appliqué par tous on peut arriver à détruire 
complètement cette malfaisante engeance qui 
fait perdre vingt millions par an au Lot-et-Ga- 
ronne pendant la durée de l'invasion. Le prix 
de l'application, déjà faible, est encore abaissé 
de 5o p. 100 : l'on remplace la nicotine par 
l'aloès. 

Villeneuve-sur-Lot est le centre du mouvement 
contre ce fléau ; en effet, la ville, par son genre 
d'affaires, doit chercher à empêcher les éclosions 



1. Voyez pages 21 et suiAanles 



LES PETITS POIS DE VILLENEUVE. 167 

de chenilles. Chaque retour de ces bestioles 
cause à son commerce des pertes énormes. Ce 
trafic est considérable, les recettes de la gare de 
Villeneuve-sur-Lot se sont élevées en igoi à 
565 000 fr., bien qu'aucun embranchement ne 
se détache de la ligne. Le Lot prend part au 
mouvement dans une proportion assez considé- 
rable. Une compagnie locale fait un service sur 
Bordeaux avec une flotte de cinq bateaux, dont 
un à vapeur. 

L'activité économique explique l'animation de 
Villeneuve. Une course dans ses campagnes fait 
mieux comprendre encore la prospérité de cette 
jolie ville qui a su garder l'aspect du passé, tout 
en se transformant, autour de la cité primitive, 
au point d'avoir Tallure d'un grand centre. Lors- 
qu'on va par ces champs sur la colline escarpée 
où se dresse le petit village de Pujols, fier encore 
dans l'enceinte de murailles d'une cité désertée, 
on a un des plus beaux spectacles de richesse 
rurale que puisse offrir notre pays. En ce mo- 
ment c'est superbe, toute la plaine et les pentes 
d'harmonieuses collines montrent les vergers 
de pruniers et d'amandiers montant jusqu'aux 
crêtes encore couvertes d'un manteau de bois. 
Les pois commencent à jaunir, mais la verdure 
tendre des haricots naissants dessine des da- 



l58 VOYAGE EN FRANCE. 

miers. Là-bas, vers Penne, le paysage s'embellit 
encore; des collines bien taillées ont des allures 
de camp romain, aucun pays ne devait mieux 
solliciter les fondateurs de forteresses. 

Cette richesse se montre partout. L'ancienne 
abbaye d'Eysses, devenue maison centrale et en- 
tourée d'une haute muraille, est enveloppée de 
belles cultures. Un pan de donjon est tout ce 
qui reste de la maison primitive. 

La route de Monflanquin passe devant la pri- 
son et traverse longtemps le territoire de Ville- 
neuve, au milieu des pruneraies, des luzernes, 
des petits pois et des céréales. Les maisons ru- 
rales, très nombreuses, sont entourées d'un jar- 
din planté de figuiers, de lauriers et de pêchers. 
On commence à arracher les petits pois en cette 
fin de mai ; le sol ne reposera plus, aussitôt 
retourné à la bêche il sera replanté en haricots. 

Le pays s'élève peu à peu, bientôt la vue est 
très étendue sur la vallée du Lot, profonde, en- 
cadrée de collines admirablement verdoyantes, 
couvertes de vergers réguliers de pruniers. A 
un tournant de la route, la vue devient immense 
sur un pays plat en apparence mais creusé de 
vallons. Au premier plan, la butte colossale qui 
porte Monflanquin semble commander à toute 
la contrée. Au fond sont deux monticules, l'un 



LES PETITS POIS UE VILLENEUVE. ibç) 

butte déserte, l'autre portant les constructions 
superbes de Biron, berceau de la famille ducale 
de ce nom. 

Au pied d'une côte la flèche de pierre de 
Sainte-Radegonde, aiguille blanche, semble sur- 
gir de la verdure. Sainte-Radegonde n'est point 
un village, mais une paroisse groupant la multi- 
tude de maisons isolées appartenant à la vaste 
commune de Villeneuve-sur-Lot. Plus loin, sur 
une colline, apparaît Castelnaud, village d'une 
éclatante blancheur. 



XI 



LE HAUT AGENAIS 



Au bord de la Lède. — La culture des fèves — Monflanquin. — 
ViUeréal. — Les campagnes du haut Agenais. — Monsempron 
et Libos. — Fumel et ses forges. — Les carrières de i'Alle- 
mance. 



Fumel. Juii 



La région de FAgenais, dans laquelle on pé- 
nètre après avoir traversé la petite rivière de 
Lède, n'offre pas des collines aussi nettement 
découpées que la vallée inférieure du Lot, mais 
le massif n'en est pas moins très élevé, s'il est 
plus confus. Une infinité de vallons le partagent 
et le plissent. Les villages et les bourgs sont 
bâtis sur les points culminants et conservent 
Tuie allure guerrière et fière qui ne laisserait pas 
supposer leur faible population. Ce sont pour 
la plupart d'anciennes bastides. Castelnaud-de- 
(irattecombe couvre une croupe où l'on extrait 
de la pierre meulière. Un autre village, Saint- 
Pastour, qui possède une belle église, est plus 
fièrement campé encore. Le bourg le plus popn- 



LE HAUT AGENAIS. l6l 

leux, Gancoii, est lui-même situé au point culmi- 
nant d'un massif strié d'une multitude de ravins 
et de combes qui deviendront des affluents du 
Lot, du Drot et de la Lède. 

Cette dernière rivière est un faible cours d'eau, 
mais elle constitue par la longueur de sa vallée 
une région bien à part, dont la ville de Monflan- 
quin est le cœur. Elle semble immobile tant 
sont lentes ses eaux glauques sous le coteau de 
la Sauvetat. Le versant sud est raide, en partie 
boisé, l'autre est un verger de pruniers. Beau- 
coup de petits pois dans les champs, mais plus 
encore de fèves. Ces légumineuses sont la base 
de la nourriture en cette saison; il n'est guère de 
repas sans soupe aux fèves, même dans les meil- 
leurs hôtels des villes ; assaisonnée avec la 
graisse d'oie et de canard, c'est la garbure de 
Gascogne. 

Si les villages, ou plutôt les centres commu- 
naux, sont peu nombreux, les hameaux de quel- 
ques maisons parsèment les collines, beaucoup 
ont des églises, petites et simples comme celle 
très ancienne de Gorconat dont le pignon trian- 
gulaire apparaît sur un éperon de roche calcaire 
appartenant à la formation géologique du Péri- 
gord voisin. Des abords de l'humble temple, on 
découvre un vaste plateau couvert de pruniers, 

VOYAGE EN FRANCE. XXXI. Il 



102 VOYAGE EN FRANCE. 

sur lequel se dressent des coteaux isolés en 
forme de dômes ou de tables. D'ici le paysage 
de Monflanquin se précise, le mamelon couvert 
de toits rouges n'est pas sans grandeur, mais il 
manque au sommet la tour féodale ou la flèche 
d'église qui ferait un beau site. Sur les rives de 
la Lède, la campagne est encore d'une grande 
richesse. Le prunier n'est plus Farbre dominant, 
des haies de grands chênes enclosent les champs 
et les prés. Beaucoup de belles maisons bour- 
geoises, quelques châteaux sur le flanc des col- 
lines ; le fond, sous le coteau qui porte Calvi- 
niac, est une fraîche solitude. 

La route traverse la riviérette et s'élève par 
des pentes douces au sein des pruneraies rede- 
venues nombreuses; en joualles sont des vignes, 
d'étroites bandes de blé et de maïs. Jusqu'à 
Lacaussade c'est comme une forêt de pruniers, à 
peine trouée par quelques toits de métairies. Les 
horizons grandissent à mesure que l'on s'élève, 
mais les campagnes restent solitaires : peu de 
hameaux; à peine, très loin, quelques groupes de 
maisons laissant deviner un village. Seul Gancon 
apparaît, sur sa petite montagne. Monflanquin 
est bien la dominatrice de ce pays. 

Voici l'antique bastide, de belle mine vrai- 
ment, ainsi juchée sur des murailles qui furent 



LE HAUT AGENAIS. 1 63 

sans doute des remparts et dont les parois 
abritent des jardins plantés de grenadiers et de 
figuiers ; ces arbres s'accrochent aux pierres et 
forment une tapisserie belle de forme, de des- 
sins et de teintes. A l'entrée de ces jardins 
s'étend un mail. Un des arbres a cette inscrip- 
tion : Défense de peser la prune sur la rouie. 

Les jours de marché, l'abondance des fruits 
est telle que vendeurs et acheteurs, débordant 
de la promenade, envahissaient la chaussée et 
empêchaient la circulation des voitures. 

Les hôtels et les auberges principales sont 
ici, sur la grande route longeant la base de l'en- 
ceinte, car la ville est peu accessible, sa pi-inci- 
palevoie est montueuse et les petites rues trans- 
versales sont trop étroites. Le site choisi par 
Alphonse de Poitiers, pour sa ville neuve, milieu 
du xm^ siècle, était excellent pour une forte- 
resse, mais il se prête assez mal aux exigences de 
la vie moderne, c'est pourquoi celle-ci se porte 
aux abords. Aussi la cité a-t-elle gardé sa physio- 
nomie, elle possède encore sa place à galeries 
de formes variées : plein cintre, ogive, charpente 
sur colonnes. A l'un des angles un pavillon est 
supporté par une voûte gothique dont les ner- 
vures s'unissent par une clé de voûte sculptée. 

L'église a plutôt l'air d'une fortification, on 



l64 VOYAGE EN FRANCE. 

n'en devine le caractère religieux que par le 
portail, sobre mais beau, grâce à son faisceau 
de colonnetles. Une tour carrée qui ne dépasse 
pas les combles de la nef flanque Fédifice. A 
l'intérieur, de minces colonnes s'élancent en 
gerbes de nervures donnant beaucoup d'élé- 
gance à la voûte de briques. 

Cette église est au point culminant de la col- 
line, sur une plate-forme où l'on a également 
construit l'école et d'où se découvrent des vues 
immenses sur un paysage d'une grandeur pleine 
de majesté, s'il est simple de lignes. Au fond, le 
château de Biron, groupant ses tours et ses rem- 
parts massifs sur sa butte, est comme un édifice 
de rêve, un Mont Saint-Michel terrestre émer- 
geant des plateaux boisés du Périgord. 

Du côté du nord, où le souffle des vents âpres 
a empêché les habitants de se porter, la butte 
de Monflanquin a gardé son aspect primitif. Des 
pruniers revêtent la pente raide, sous le boule- 
vard ou plutôt la terrasse circulaire qui a rem- 
placé les remparts plantés d'ormes centenaires. 
La vallée de la Lède apparaît toute moirée de 
moissons ondulantes dans lesquelles s'alignent 
les pruniers; vus de si haut, comme d'un à-pic, 
on dirait des arbres sortis de la main d'un tour- 
neur de la Forêt Noire. 



LE HAUT AGENAIS. l65 

Le coteau est un rocher calcaire facile à cou- 
per; aussi le chemin de ronde fut-il entaillé dans 
la pierre. Il offre sans cesse de nouvelles vues. 
Du côté de Cancon, la campagne est parsemée 
de belles demeures d'autrefois ou de villas mo- 
dernes. Tous les coteaux sont d'un vert doux 
relevé par des rangées de pruniers dont les 
quinconces s'étendent à l'infini. Vers le sud et 
le sud-est se prolongent encore les campagnes 
mouchetées de petits arbres; au fond, des col- 
lines plus hautes doivent beaucoup de majesté 
à leurs formes nettes et à leur isolement. 

Dans la ville, où je pénètre de nouveau, il y a 
encore des maisons à ressaut, donnant l'idée de 
ce que dut être la bastide à son origine ; deux 
ou trois tronçons de rues voûtées complètent 
l'illusion. 

Depuis un instant le ciel s'est obscurci, un 
vent violent accourt, chasse les nuées, siffle dans 
les arbres de la terrasse, le panorama soudain 
s'efface. Par ce triste temps remplaçant la lu- 
mière éclatante de tout à l'heure il me faut gagner 
Villeréal. J'avais retenu ma place en diligence 
sur le siège à côté du cocher, mais devant cette 
bourrasque je dois m'enfermer dans la voiture. 



l66 VOYAGE EN FRANCE. 

les vitres sont violemment secouées par la tem- 
pête et cinglées par la pluie. Combien m'a paru 
longue cette course sur un plateau ondulé, où 
je devinais à peine la silhouette des pruniers 
inflexiblement alignés dans les champs ! 

A Villeréal, les petites rues sont changées en 
lorrents. J'erre avec mélancolie par ces voies cou- 
pées au cordeau ; la place centrale avec ses ar- 
cades offre un abri. Que de générations ont passé 
sous ces voûtes, depuis le lointain xni^ siècle 
qui vit naître Villeréal — ville royale ! 

C'est une des plus régulières parmi les bas- 
tides de l'Agenais ; dans son enceinte presque 
circulaire, elle ne s'est pas modifiée depuis ses 
origines ; l'église naquit avec la cité elle-même. 

Toujours la pluie, faisant abandonner mon 
projet de gagner Castillonnès, autre bastide de 
plus fière allure, car elle commande la vallée 
du Drot du haut de sa colline. 

Jusqu'à Monflanquin, et fort au delà sur la 
route de Fumel, encore la bourrasque. Cepen- 
dant l'averse est moins dense, on peut distinguer 
une campagne bien cultivée où la roche perce 
sur nombre de points. La pierre exploitée en car- 
rière a permis de donner aux constructions une 
beauté robuste qui s'harmonise avec les lignes 



LE HAUT AGENAIS. 167 

du paysage. Les centres de population sont de 
minces hameaux, malgré leur rang de com- 
munes. Les habitations isolées sont nombreuses; 
chacune a son figuier, cet arbre semble le génie 
domestique du foyer; le jardinet est clos de 
haies de lauriers-tins et de rosiers du Bengale. 

Cela est charmant, d'autant plus que le ciel, 
jusqu'alors maussade, s'éclaire enfin, voici une 
trouée dans les nuages, un pan bleu de firma- 
ment et, soudain, le rideau sombre se déchire, 
le grand soleil apparaît. Je n'ai fait qu'un bond 
pour aller retrouver le cocher sur son siège. La 
voiture court en ce moment entre les pruniers, 
très vigoureux, formant coi^me un verger inin- 
terrompu divisé par des joualles et de petits 
champs de blé. 

En regardant la carte, je suis surpris de tou- 
jours monter et je croyais suivre la vallée de 
la Lède. On m'avait dit pourtant que la voi- 
ture passait par Montagnac et Salles, d'où je 
pourrais gagner en peu de temps La Gapelle- 
Biron et Biron, tout en visitant les gorges de 
Gavaudun. Le cocher devine la cause de ma 
surprise : 

— Ah ! vous vouliez peut-être aller à Gavau- 
dun ! Un curieux pays où l'on vient beaucoup : 
de Villeneuve, d'Agen, de Montauban. G'est 



l68 VOYAGE EN FRANCE. 

qu'il y en a des rochers, des gorges, des ca- 
vernes, et un château en ruines ! Maintenant je 
n'y passe qu'un jour sur deux. Les gens de La- 
caussade ont voulu avoir leur part de la voiture, 
on a divisé la poire avec Montagnac ! 

— Alors nous allons à Lacaussade ? 

— Oui, si vous voulez ensuite gagner Gavau- 
dun, ça vous allonge de plus de deux lieues et 
vous ne serez pas à La Gapelle-Biron avant la 
nuit, à Biron avant demain. 

Je m'étais bien promis cependant de voir La 
Gapelle où naquit Bernard Palissy et Biron qui 
conserve si fi ère tournure féodale. Hélas ! c'est 
près d'un jour perdu et j'ai rendez-vous à Agen 
demain matin. 

Il faut faire contre fortune bon cœur. Allons 
donc par Lacaussade. Voici le bois de ce nom, 
belle chênaie croissant sur le rocher et envelop- 
pant le château, puis le village, tout menu, avec 
son église très humble, n'ayant qu'une cloche à 
son pignon. Maintenant s'étendent des champs 
de céréales coupés de pruniers et entremêlés de 
petits carrés de gesse, de vignes en joualles^ de 
fèves. Le sol est de peu d'épaisseur, la roche 
perce souvent, on se croirait sur un causse. De 
là, sans doute, vient ce nom de Lacaussade? Des 
petits bois de chênes apparaissent, où déjà l'on 



LE HAUT AGENAIS. 169 

récolte des truffes, si abondantes dans le Péri- 
gprd tout proche. 

Une colline rappelant par sa forme la mon- 
tagne de Laon surgit au-dessus du plateau. Un 
moulin à vent la couronne, mais aucune autre 
construction ne s'y montre; pourtant un village, 
Monségur, s'abrite sur l'autre versant. Les pentes 
étaient jadis couvertes de vignes, le phylloxéra 
les a détruites, un gazon ras et des genévriers 
se sont emparés du terrain. L'aspect est misé- 
rable, les pruniers eux-mêmes paraissent rabou- 
gris. Les maisons isolées sont petites, sans dé- 
pendances, car, le bétail étant rare, il n'est pas 
besoin d'étables. Gela contraste avec la pureté 
des lignes du paysage ; l'hémicycle décrit par la 
colline a de l'allure. Dans les parties où la terre 
est plus épaisse il y a pourtant quelques belles 
fermes. 

Le chemin atteint une sorte de col d'où l'on 
jouit d'une vue superbe sur ce confm de trois 
provinces : Périgord, Agenais et Quercy; on do- 
mine de haut la vallée du Lot, bordée par une 
rangée de collines de forme trapézoïdale. Le ha- 
meau de Monségur, maintenant visible, con- 
temple ces admirables horizons. Il est blotti au 
pied d'une petite falaise de roches blanches 
portant les ruines d'un château. Au fond du 



lyO VOYAGE EN FRANCE. 

paysacje montent les fnmées noires des forges de 
Funiel. 

La roule descend. Sur ce versant abrité des 
vents du nord, la végétation a changé. Le gené- 
vrier est remplacé par un arbuste à feuilles lui- 
santes, aux jeunes pousses d'un vert tendre, 
aux élégantes grappes de baies rouges. C'est le 
sumac, si commun dans tout le bas Ouercy et 
l'Albigeois, bien que l'emploi de cette plante in- 
digène par les corroyeurs ait beaucoup diminué 
depuis que l'on tire le sumac des bords de la 
Méditerranée, de Sicile surtout. Il forme des 
touffes buissonnantes sur ces terroirs calcaires 
où la terre arable est de faible épaisseur. C'est 
le seul végétal de taille un peu élevée, autour du 
village de Condezaygues. Certains mamelons 
sont absolument nus, mais les plis sont frais, 
des vignes et des pruniers enveloppent le vil- 
lage : une poignée de maisons. A mesure que 
l'on descend, la richesse renaît, la végétation 
est belle en cette terre rouge. Sur un ressaut 
voici Monsempron, petit groupe d'habitations de 
coquette allure, une d'elles flanquée d'une tou- 
relle. L'église romane est un bel édifice, inté- 
ressant dans beaucoup de ses parties. 

Monsempron a donné son nom à la gare de 
jonction établie au confluent de l'AUemance et 



LE HAUT AGENAIS. I7I 

du Lot, en y ajoutant celui de son hameau, 
Libos. C'est bien long à dire, Monsempron-Libos, 
et l'usage a prévalu de dire Libos tout court ; 
d'ailleurs le hameau seul a profité de cette excel- 
lente situation ; le chemin de fer le fait accroître 
et Monsempron reste dédaigné sur sa colline. 
Peut-être eût-il mieux valu donner à la station 
d'embranchement le nom de la ville voisine, 
Fumel, située à 2 000 mètres de là et consti- 
tuant, grâce à ses forges, un petit groupe fort 
vivant. 

Un charmant chemin privé, gracieusement 
ouvert au public, va de la gare de Libos à Fu- 
mel en évitant la traversée du village. Il des- 
cend dans le vallon très vert où l'Allemance 
grossie par la pluie violente de la nuit et du 
matin roule des eaux rougies par le sol ocreux 
et ferrugineux qu'elle a traversé. Toute cette 
vallée est un gisement de fer, et le pays avoisi- 
nant aussi. La Capelle-Biron, Gavaudun et Salles 
dans la vallée de la Lède, Blanquefort dans un 
vallon aboutissant à l'Allemance, Saint-Front et 
Cuzorn au bord de cette dernière rivière, puis 
Fumel possèdent des minières. L'exploitation 
est morcelée; chacune de ces carrières de fer 
à ciel ouvert occupe un nombre restreint d'où- 



172 VOYAGE EN FRANCE. 

vriers; il y a 66 minières et elles ont occupé 
seulement 162 hommes en 1901. Encore le tra- 
vail a-t-il été temporaire et intermittent'. En 
gare de Cuzorn, où Ton vient charger le minerai 
sur wagons, celui-ci vaut environ 5 fr. la tonne. 
Les propriétaires eux-mêmes ou des tâcherons 
extraient ce minerai au moyen de tranchées plus 
ou moins profondes, « très irrégulières dit Tin- 
génieur des mines dans son rapport au conseil 
général ; le minerai forme des lentilles verti- 
cales le plus souvent peu étendues, dans une 
argile presque toujours compacte. Ces lentilles, 
en général d'un volume restreint, ne sont guère 
exploitées que sur leurs affleurements, et les 
travaux sont arrêtés dès qu'ils atteignent une 
faible profondeur, de sorte que les exploitations 
se déplacent fréquemment. )> 

On est arrivé aujourd'hui à travailler d'une 
façon moins barbare, le développement de la 
production ayant amené à conduire les re- 
cherches dans des conditions rationnelles. 

Ce n'est pas la seule richesse minérale de 
cette vallée de FAllemance, elle fournit encore 
à Fumel la castine nécessaire aux hauts four- 



I. La production s'accroît cependant grâce au voisinage des 
usines de Fumel. Elle a atteint 46606 tonnes en 1901, et n'était 
que de 89881 en igoo. 



LE HAUT AGENAIS. I']3 

neaux, on l'extrait à côté même des usines ! 
Dans le haut du vallon, Sauveterre a de belles 
carrières de calcaire transformé en chaux hy- 
draulique et ciment dans plusieurs usines ; le 
même village possède des carrières de sable pour 
moulage et une usine de produits chimiques. 
Fumel fabrique aussi des chaux et des ciments ^ 

L'AUemance est donc une rivière active. 
Avant d'atteindre le Lot, ses eaux rouges font 
mouvoir la roue moussue d'un moulin enveloppé 
dans une exubérante végétation. Le chemin ac- 
cède ensuite au fond du val, d'où Monsempron 
apparaît dans toute sa beauté, la haute abside 
ogivale de l'église, la tour carrée, très élevée, cou- 
verte d'un toit bas, forment un charmant décor. 

Au pied d'un coteau, au bord du Lot, sont les 
usines de Fumel, précédant la ville. Hauts four- 
neaux et cheminées fumantes sont une note bien 
inattendue dans ce paysage tranquille, en une 
contrée d'où la métallurgie, si active jadis, a dis- 
paru. Fumel non seulement n'a pas périclité, 
mais il prospère chaque jour. L'usine avait été 
créée par la Compagnie des chemins de 1er d'Or- 



I. Production des carrières en igoi : 24187 mètres cubes de 
castine; 7887 mètres cubes de calcaire pour chaux, hydraulique; 
6008 mètres cubes de calcaire à ciment; 120 mètres cubes de 
terre pour ocres. 



174 VOYAGE EN FRANCE. 

léans qui l'a rétrocédée à une compagnie en 1874, 
comme elle rétrocéda Decazeville. En 1897 ^^^^ 
produisait seulement 19089 tonnes de fonte en 
première fusion, d'année en année la quantité 
a doublé; en 1901 on obtint 3o444 tonnes de 
fonte en première fusion et 9646 de fonte moulée 
en deuxième fusion. Les hauts fourneaux avaient 
employé 4^ 270 tonnes de minerai de l'Allemance 
sur une quantité totale de 46 606. La production 
augmente encore, car ce petit centre ne se ressent 
nullement de la crise métallurgique. L'établisse- 
ment a pour objet la fabrication des coussinets, 
plaques tournantes pour chemins de fer et tram- 
ways, des tuyaux et grosses pièces de fonderie. 

Fumel est bien placé d'ailleurs, non seule- 
ment le minerai et la castine sont à proximité 
mais le Lot est navigable jusqu'à l'entrée du 
bassin houiller de Decazeville et un chemin de 
fer le relie aux charbonnages par Cahors et Gap- 
denac. 

L'usine borde la rivière, la ville est plus loin, 
sur une colline que surmonte l'église gothique 
non encore achevée ; la tour attend son cou- 
ronnement et sa flèche, les hautes fenêtres ogi- 
vales, d'un bel élancement, sont masquées par 
des briques. 

Le vieux bourg est à l'écart, sur la pente, re- 



LE HAUT AGENAIS. lyB 

<jardant la rivière. Les rues y sont étroites, bor- 
dées de maisons de poutrelles en encorbelle- 
ment. Ce sont de tristes logis aux murs lépreux, 
que masque mal un espalier de vignes, le sol est 
de terre battue; la ville moderne est formée par 
la grande route bordée de belles maisons, de 
cafés et d'hôtels. Fumel eut un rang important 
dans la province et, de bonne heure, fut dotée 
d'une charte ; ses coutumes étaient souvent 
citées dans la jurisprudence. 

La commune de Fumel a acquis une des plus 
belles et puissantes ruines féodales de France : 
le château de Bonaguil, d'une allure massive ; il 
passe pour la première forteresse construite en 
vue de résister à l'artillerie. Bonaguil est trop loin 
pour que je puisse le visiter ce soir : deux lieues. 

La nuit vient, le soleil est déjà masqué par 
les collines. D'une terrasse avoisinant l'église, 
le paysage est d'une beauté captivante. On 
domine la large et profonde vallée ; au milieu 
erre le Lot, entre les berges rocheuses qu'il 
érode. Le barrage écluse établi devant l'usine 
fait refluer les eaux. Un pont suspendu d'une 
seule travée tend son tablier léger sur la nappe 
tranquille. Au delà, une route blanche s'en va à 
travers la plaine complantée de pruniers. 



XII 



AGEN ET SES CAMPAGNES 

Les vieilles forteresses. — Tournon-d'Agenais et Penne-d'Age- 
nais. — Le vallon de la Marse. — • Agen. — Le poète Jas- 
min. — Le commerce d'Agen. — Richesses agricoles. — Au 
long de la Garonne. — Port-Saint-Marie. — Aiguillon. — 
Nicole et ses abricotiers. 

Nicole. Juin. 

Si l'Agenais est un pays de collines modestes 
par l'altitude, bien des contrées où les accidents 
du sol sont déjà des monts peuvent envier la 
fière allure de ces coteaux, leurs pentes raides, 
leurs cimes nettement découpées, les tables ré- 
gulières qu'elles forment et d'où l'on découvre 
des horizons si merveilleux par leur profondeur, 
leur transparence et leur splendeur rustique. 
L'homme a accru cette beauté en campant ses 
bourgades sur les sommets, bastides féodales qui 
semblent encore appeler au combat les croisés 
de Montfort, les conquérants anglais ou la che- 
valerie de la France du Nord, travaillant à son 
insu à l'unité de la patrie. 



AGEN ET SES CAMPAGNES. I77 

Et cependant quels pauvres bourgs on trouve 
en atteignant ces altières silhouettes de cités ! 
Tournon-d'Agenais groupe à peine 35o habitants 
sur sa colline surgissant au-dessus du val étroit 
où colile le Boudouyssou et semble plus citadine 
que bien des villes populeuses, lorsqu'on l'aper- 
çoit des campagnes lointaines. Et Penne, hardie 
et glorieuse? étagée à la pointe d'une longue et 
étroite crête dominant de 170 mètres le Lot qui, 
brusquement, tourne vers Villeneuve pour aller 
gagner la Garonne, elle est superbe la lillipu- 
tienne bourgade; pourtant il lui reste peu de 
chose du château que les armées se disputèrent 
pendant quatre cents ans. Le territoire est très 
étendu, 4 670 hectares ; ses hameaux sont par- 
fois plus populeux que des communes, ainsi 
Port-de-Penne assis au pied du coteau, sur le 
bord de la rivière et qui fut pour la forteresse 
une tête de pont non moins bien défendue. De la 
ville aujourd'hui si chétive, après avoir été puis- 
sante, on découvre un panorama immense sur la 
vallée du Lot et les campagnes lointaines du 
Quercy. La colline est tapissée de pruniers et 
de vignes, partout on voit des vergers. Au prin- 
temps, quand tous ces arbres fleuris semblent 
couvrir l'Agenais de leur neige, le spectacle est 
inoubliable. 

VOYAGE EX FRANCE. — XXXI. 12 



l'jS VOYAGE EN FRANCE. 

Ce matin, j'ai demandé à déjeuner dans une 
auberge au pied de la ville : il n'y avait qu'une 
soupe aux fèves. On m'en a servi une énorme 
terrine. Cela était parfumé et onctueux; ce 
potage cuit avec des abatis d'oie en confit expli- 
quait la faveur dont la garbure jouit dans tout 
If Midi. J'avais pour compagnons de table des 
ouvriers terrassiers ; quand ils ont eu fini, ils 
ont versé dans l'assiette un grand verre de vin et 
ont bu à même avec un air de satisfaction béate. 
Je me suis borné à tremper les lèvres dans le 
verre ; la mine de ces braves gens m'a révélé 
que je commettais une infraction au code de ci- 
vilité. Pendant ce temps l'hôte déjeunait d'une 
goiissée^, c'est-à-dire d'un morceau de pain frotté 
d'ail. Pour ce solide lest du matin on m'a de- 
mandé quatre sous. 

De Port-de-Penne à Agen, c'est une succes- 
sion d'heureux tableaux; les maisons isolées ta- 
pissent le flanc des collines et le fond du val. 
Une multitude de plis sillonnent les pentes, 
s'ouvrant parfois assez pour montrer quelque 
hameau assis au pied de ces tables régulières ou 
petits plateaux qui semblent les vestiges d'une 
plaine érodée par les eaux. Ainsi se blottit Aura- 
dou dont pointe l'humble flèche ; ainsi Haute- 



AGEN ET SES CAMPAGNES. I79 

fage, grand site, grâce à sa puissante tour flan- 
quée d'une tourelle, et arc-boutée de puissants 
contreforts, gracieuse par les détails fleuris de la 
Renaissance. Ce débris d'un château des évêques 
d'Agen est aujourd'hui le clocher de l'humble 
église. De ce donjon on domine la conque très 
verte d'un vallon creusé dans le coteau capri- 
cieusement entaillé dont la table est un puissant 
promontoire .projeté par le plateau de Laroque- 
Timbaut. 

Le chemin suit cette étroite arête pour gagner 
Laroque. Sans cesse on a vue sur ce pays extra- 
ordinairement découpé et vallonné, où les cata- 
clysmes géologiques ont multiplié les ravins, 
tandis que les parties non é vidées forment en 
perspective une plaine d'une horizontalité pres- 
que absolue. Sur une des parties intactes les 
plus vastes, Laroque-Timbaut commande l'ou- 
verture de deux combes. Le petit bourg fut aussi 
une forteresse, il eut un rôle militaire. De vagues 
linéaments de murailles rappellent ce passé. Par- 
tout, on trouve d'anciennes cités fortes. Quand, 
parvenu à l'extrémité orientale du plateau de 
Laroque, on voit se creuser la vallée de la Petite 
Séoune, un autre village, Beauville, se montre 
à la pointe d'un coteau, belliqueux d'allure 
par ses débris de murailles. Ce fut encore une 



l8o VOYAGE EN FRANCE. 

bastide, dont le plan est trop vaste pour la 
population actuelle de ce mince chef-lieu de 
canton. 

Toutes les pentes vont désormais à la Garonne ; 
routes et chemins de fer se dirigent vers la vieille 
cité d'Agen. On atteint la ville en suivant les 
vallons étroits où coulent de claires eaux; l'un 
d'eux, qui suit la voie ferrée, va s'ouvrir sur la 
plaine de la Garonne, à Agen même, entre les 
collines raides aux pentes entaillées par des 
combes, et finissant à pic au-dessus de la capi- 
tale de la contrée. 

Agen occupe un beau site, au bord de la Ga- 
ronne ; le fleuve vient frôler le pied de ces hau- 
teurs allongées en nombreux vallons découpés 
dans le plateau avec une régularité plus frap- 
pante encore que sur les bords du Lot. Ces pa- 
rois géométriques portèrent la cité primitive qui, 
dès les premiers temps historiques, descendit vers 
le rivage. La plus rapprochée de la ville, le co- 
teau de l'Ermitage, offre une vue curieuse sur 
cette masse de toits de tuiles d'un rouge éteint, 
trouée par quelques artères neuves ou des ave- 
nues plantées d'arbres. La Garonne, franchie par 
le canal latéral sur un pont-aqueduc superbe, 
les voies ferrées, les grandes routes qui s'élan- 



AGEN ET SES CAMPAGNES. 



l8l 



cent à travers la merveilleuse plaine, composent 
un tableau captivant. 

L'intérieur de la ville ne répond pas à cet as- 
pect. En dépit des percées modernes, c'est un 
dédale de petites rues étroites pavées de cailloux 
aigus, aux maisons sans caractère. Aux abords 




mêmes de la gare, on entre dans les quartiers 
anciens, auxquels la vénérable cathédrale Saint- 
Caprais, dont Tabside romane est de lignes si 
pures, enlève de leur vulgarité. Devant l'église 
se tient en plein vent un marché de primeurs. 
Les rues environnantes ont beaucoup de maga- 
sins ; quelques-uns se livrent exclusivement au 



l82 VOYAGE EN FRANCE. 

commerce des pruneaux. Si Agen n'est pas pour 
ce produit un centre comparable à Villeneuve 
et à Sainte-Livrade, il n'en a pas moins imposé 
son nom à la « prune d'Agen ». Aussi a-t-on créé 
l'expédition des pruneaux en caisses. Aux villes 
de production le commerce en gros, à Agen l'en- 
voi au dehors par colis postaux. 

Quelques maisons à arcades donnent un peu 
de pittoresque au large boyau appelé place du 
marché ; sous ces galeries sont des boutiques et 
des magasins fort achalandés encore, malgré la 
concurrence des installations plus modernes et 
luxueuses du boulevard de la République, artère 
neuve aux constructions de pierre blanche qui 
coupe la ville perpendiculairement à la Garonne. 
Un autre boulevard, récemment ouvert dans l'axe 
de la gare, achève de transformer Agen en appor- 
tant l'air et la lumière dans ces ruelles irré- 
gulières. Déjà un quartier plus riant avait été 
fondé près de la Garonne, aux abords d'une 
promenade fameuse dans le Midi, le Gravier^ 
mail de grands arbres et de petits parterres sur 
lequel se tient une foire attirant la foule de toute 
la région. Le boulevard de la République abou- 
tit à l'entrée de ces allées touffues, sur un carre- 
four orné de la statue de Jasmin. Le poète age- 
nais que l'on s'attendrait à trouver en costume 



AGEN ET SES CAMPAGNES. l83 

de coifïeur, se montre sous les espèces d'un 
monsieur très bien ; il a l'habit à la française 
avec la croix de la Légion d'honneur et des 
favoris de magistrat. C'est le Jasmin des der- 
nières années, quand la célébrité fut devenue 
éclatante grâce à Charles Nodier, à Lamartine 
et à Sainte-Beuve. L'inscription française dit: 

AU GRAND POÈTE JASMIN 

L'épithète n'est pas excessive; cet enfant du 
peuple sut retrouver la source pure de l'éternelle 
poésie. On a bien fait cependant de lui donner 
son effigie de bonne heure, aujourd'hui on ne 
songerait guère à un tel hommage. Jasmin est 
devenu un classique de langue morte ; même à 
Agen on ne le lit guère, on ne le chante plus. 
Le papier imprimé, journal à un sou, écrit en 
français, a plus de lecteurs et de fidèles, car il 
répond aux préoccupations presque exclusives 
de nos jours : la politique et les querelles loca- 
les. Oui donc s'intéresse maintenant aux per- 
sonnages d'idylle et d'élégie qu'anima Jasmin et 
qui émurent les pays de langue d'oc ? Déjà, en 
pleine gloire vivante de Jasmin, on avait dit de 
son idiome, traité de patois : « Le patois est une 
langue qui a eu des malheurs. » Et le patois âge- 



l84 VOYAGE EN FRANCE. 

nais rénové, remis au rang des langues par le 
perruquier-poète, a le malheur très grand de ne 
pas servir pour satisfaire à la fringale de nou- 
velles politiques dont sont agités les bords de la 
Garonne, plus encore que le reste de la France. 

La statue du poète est voisine de la boutique 
où Jasmin habita et qu'un autre coiffeur occupe 
encore, sur le cours Voltaire planté de grands 
arbres. Tout près, les superbes platanes du Gra- 
vier répandent leur ombre fraîche. Une passe- 
relle franchit la Garonne. Du tablier on a de 
belles vues sur le fleuve traversé en amont par 
un pont de pierre aux grandes ouvertures, en 
aval par le pont-canal dont les sept arches se 
poursuivent au-dessus des prairies par d'autres 
arceaux. Ouvrage grandiose, ses belles lignes 
rappellent les œuvres les plus magistrales de 
l'art romain. Le fleuve est désert; sauf les 
barques qui vont s'approvisionner de sables et 
de graviers versés par de grandes dragues, il 
n'y a guère de bateaux. Depuis que l'État a 
repris possession du canal, la Garonne est de 
plus en plus abandonnée par la navigation. 

A la fin de l'ancien régime, Agen avait déjà 
tenté de se transformer. Les évêques élevèrent 
un joli palais devenu aujourd'hui la préfecture, 
ce devait être le noyau d'un quartier neuf. On 



AGEN ET SES CAMPAGNES. 1 85 

a achevé le plan en construisant un palais de 
Justice rompant un peu avec la banalité habi- 
tuelle à ce genre d'édifices. Un square sur le- 
quel se dresse le monument élevé aux morts 
de l'année terrible, un cours planté de beaux 
arbres, donnent à cette partie d'Agen un peu 
de grandeur. En pénétrant dans l'intérieur de 
la ville on retrouve les rues étroites et banales. 

Peu d'édifices à signaler dans cette cité irré- 
gulière mais vivante. Agen, malgré sa popula- 
tion relativement faible % est un des centres de 
commerce les plus considérables du Midi. On 
pourrait dire qu'elle vit par les transactions, 
rindustrie est de médiocre importance depuis 
que sa manufacture de toile à voile a disparu 
comme ont disparu les corderies de la vallée. 
Cette usine alimentait la vieille marine, on y 
comptait trois cents métiers et six cents ou- 
vriers ; les corderies, jusqu'à Tonneins, occu- 
paient huit cents personnes. Aujourd'hui le rôle 
industriel d'Agen se borne à la fabrication des 
balais de sorgho, des colles et des engrais chi- 
miques produits dans les usines du Passage. 

C'est un grand marché agricole, pour la vente 



I. 22482 habitants en 1901 ; près de 26000 avec Le Passage, 
sur la rive gauche. 



l86 VOYAGE EN FRANCE. 

des oies et autres volailles, pour Pognon abon- 
damment cultivé aux environs. Malgré le voi- 
sinage de Toulouse et de Bordeaux, Agen a su 
se faire une large place dans les affaires de 
gros. Ses maisons de denrées coloniales, de tis- 
sus, de drogueries, de quincaillerie, etc., rayon- 
nent sur toute une vaste région à l'aide d'une 
petite armée de voyageurs de commerce. Aussi 
la place a-t-elle un bon rang dans la liste des 
succursales de la Banque de France, elle est 
dans la première moitié, avant sa voisine Péri- 
gueux pourtant plus populeuse, avant Montau- 
ban, Cahors et d'autres cités plus industrielles 
ou considérables : Montluçon, Poitiers, Avignon 
et Versailles ^ 

Le commerce est donc le principal élément 
de vie d'x\gen, ses représentants constituent au- 
jourd'hui la véritable aristocratie de la ville, dé- 
daignant tout ce qui n'est pas les affaires. Un 
grand agriculteur de la région m'en témoignait 
quelque dépit : 

« L'agriculture, me disait-il, est non seule- 
ment la richesse du sol, mais aussi la richesse 



I. La succursale d'Agen, dont dépend le bureau auxiliaire de 
Villeneuve, était au 58^ rang sur 126 en 1901 pour le chiffre des 
opérations s'élevant à 3o 194 100 fr. Elle est descendue au 69^ en 
1902, année où les prunes manquèrent. 



AGEN ET SES CAMPAGNES. 187 

de la ville, intermédiaire pour la vente de toutes 
ces denrées que donne abondamment l'Agenais : 
prunes, primeurs en légumes, pêches, abricots, 
tomates, ognons, sorgho à balais, etc. Cepen- 
dant le commerce croirait déroger en s'intéres- 
sant à nos efforts. Et que serait-il, le négoce 
d'Agen, si le revenu superbe de la terre ne per- 
mettait au ])aysan de dépenser sans compter ! » 

Les chemins de fer ont beaucoup d'activité. 
De même la navigation à Taide du canal latéral. 
Le port d'Agen et celui du Passage, qui est en 
somme une annexe, eurent, en 190 1, un mouve- 
ment de 40000 tonnes, chargées ou débarquées. 

Une course à travers les campagnes de l'Age- 
nais explique cette prospérité. Le tableau que 
j'ai déjà tracé de la plaine de la Garonne vers 
Marmande et Tonneins se retrouve partout, plus 
saisissant encore peut-être entre Agen et l'em- 
bouchure du Lot. De toutes les grandes vallées 
françaises, celle-ci, après le Graisivaudan toute- 
fois, réunit le mieux la beauté des lignes à la 
splendeur de la végétation. On ne saurait trou- 
ver pentes plus luxuriantes que celles des ro- 
cheuses collines qui dominent la ville et se pro- 
longent jusqu'à Nicole, incessamment coupées 
par des vallons non moins riches d'aspect. Les 
arbres fruitiers, les champs d'artichauts, les 



lOb VOYAGE EN FRANGE. 

champs cFognons d'une verdure bleutée envelop- 
pant les villages : Golayrac et Saint-Hilaire dans 
la plaine, Lusirjnan juché sur ses rochers. Ces 
hauteurs aux pentes raides sont de véritables 
espaliers exposés au soleil du Midi et protégeant 
eux-mêmes la plaine verte sillonnée de joualles. 
La vigne domine dans ces fonds et va jusqu'à la 
Garonne, coulant entre les saules d'un gris 
azuré. 

L'homme a accru la grandeur du paysage par 
les efforts pour préserver ses pénates des gens de 
guerre. Clermont-Dessous en est une des beau- 
tés; des débris de tours et de remparts, l'église 
elle-même semblable à une forteresse, l'enceinte 
devenue soutènement pour les jardins en ter- 
rasse, commandent la Garonne et le ruisseau 
descendu par un beau val des campagnes de 
Prayssas. Dans tous ces vallons, sur toutes ces 
collines sont des pruniers, chaque village est 
un centre pour l'achat des prunes. 

La reine du paysage est la petite ville de 
Port-Sainte-Marie, un des joyaux de la Garonne 
quand on la voit au passage ou lorsqu'on la do- 
mine du haut de son abrupte colline. Ce n'est 
guère qu'une rue coupée de ruelles étroites et 
resserrée entre le fleuve et le rocher, mais les 
antiques maisons de poutrelles et de briques 



AGEN ET SES CAMPAGNES. I Of) 

projetées en ressaut, les églises, dont une est en 
ruine, composent un de ces tableaux auxquels 
on a coutume de donner le nom de décor d'opéra- 
comique. Jamais décor n'approcha de ceci par 
la couleur et le caprice. Ces bâtisses de poutres 
brunes et de briques de teinte ardente, les vignes 
qui grimpent aux façades, les fenêtres de l'étage 
si rapprochées de son vis-à-vis que l'on peut 
se donner la main de l'un à l'autre, ont de la 
vie, grâce au ciel doux et à cette population 
enjouée. 

Gomme ses voisines, Port-Sainte-Marie doit 
sa vitalité, contrastant si fort avec le site ar- 
chaïque, à l'exploitation des vergers. Pendant la 
saison on ne fait qu'emballer des fruits, clouer 
des caisses, expédier des paniers. Des magasins 
sont exclusivement consacrés à la vente des em- 
ballages, des ficelles, des papiers à jour pou: 
garnir les caissettes. 

Plus actifs encore, peut-être, sont, à l'embou- 
chure du Lot, Aiguillon et Nicole. Aiguillon, 
vieille ville bâtie sur des assises romaines et 
conservant autour d'elle des édifices, intéres- 
sants encore, d'un lointain passé. Sauf le site 
et quelques pans de muraille, il ne reste rien de 
la forteresse qui joua un si grand rôle, et peu de 
chose du luxueux château que fît construire le 



190 VOYAGE EN FRANCE. 

duc d'Aiguillon à la veille de la Révolution et 
dont s'émerveilla Arthur Young. 

A l'époque où celui-ci la visita, Aiguillon était 
au cœur d'une grande culture de chanvre. Cette 
plante couvre bien peu d'espace aujourd'hui ! 
Le sol divisé en domaines exigus, appelés carte- 
rées, fournit surtout des tomates expédiées en 
primeurs. 

Le Lot borde la petite ville et, presque aussi- 
tôt, va atteindre la Garonne après avoir décrit 
une boucle harmonieuse devant la colline au 
pied de laquelle Nicole s'étend en une rue for- 
mant arc de cercle. Les campagnes sont parmi 
les plus riches du somptueux pays; Nicole est le 
centre de production pour l'abricot et le raisin 
de chasselas. La colline, franchement tournée 
vers le sud et très raide, reçoit et garde long- 
temps les rayons du soleil, ce qui lui permet de 
voir mûrir les fruits de bonne heure et de pren- 
dre part à l'alimentation de Paris et de Bordeaux 
en succulentes primeurs. 

Ici les vergers. Sur l'autre rive de la Garonne, 
le maïs, le sorgho, le tabac surtout enveloppent 
la riante villette de Damazan assise sur une ter- 
rasse que longe le canal. Damazan est une bas- 
tide, demeurée intacte avec sa place centrale 
entourée d'arcades et son plan, carré parfait. Si 



AGEN ET SES CAMPAGNES. IQI 

elle a perdu son enceinte flanquée de tours, 
elle est pittoresque encore ; en dépit des siècles 
c'est une des petites cités de l'A gênais qui 
rappellent le mieux l'époque où seigneurs et 
abbaves faisaient surgir des villes et. y réunis- 
saient les populations jusqu'alors éparpillées 
dans d'infimes hameaux ou dispersées par les 
longues guerres. 



XIII 



LE BAS OUERGY 



L'Aveugle de Castelcaiier. — Le canal latéral. — La Séoune. — 
Puymirol. — En Tarn-et-Garonne. — Valence-d'Agenais. — 
Auvillars. — Saint-Nicolas-de-la-Grave. — Moissac. — Du bas 
Ouercv au Ouercv-Blanc. 



Moissac. Juin. 

Si Villeneuve-sur-Lot a ses petits pois, Ageii 
possède Tognon. Toute sa campagne est con- 
sacrée à ce légume dont les champs de teinte 
bleuâtre alternent avec les céréales d'un Acrt 
doux. En amont d'Agen ces cultures couvrent 
une belle plaine, entre la Garonne et les collines 
étrangement découpées de Bon- Encontre qui 
présentent une suite de fronts escarpés sembla- 
bles à des murailles. Un de ces promontoires 
porte une statue de la Vierge. Sur un autre, 
massif isolé semblable à un oppidum antique, 
est un hameau, popularisé par le poème de 
Jasmin : l'Aveugle de Castelcaiier. 

« Du pied de cette haute montagne, où se 



LE BAS QUERCY. igS 

dresse Castelculier, dans la saison où le pom- 
mier, le prunier et l'amandier blanchissaient 
dans les campagnes, voici le chant qu'on en- 
tendit un mercredi matin, veille de Saint- Jo- 
seph : 

Les chemins devraient fleurir, 
Tant belle épousée va sortir ; 
Devraient fleurir, devraient gréner. 
Tant belle épousée va passer. » 

Ce nom sonore de Castelculier évoque donc 
surtout la poésie populaire. De village il n'en 
est pas : c'est trois ou quatre maisons blotties 
sous des ruines féodales. La population de la 
commune se presse plus bas, près de la Séoune 
et du canal latéral, au bourg de Grandfonds 
étalé au milieu de cultures plus riches encore. 
C'est comme du jardinage : les blés couvrent 
des bandes exiguës et étroites, on devine qu'ils 
sont là pour l'assolement et seront remplacés 
bientôt par les melons, les ognons, les carottes 
et autres plantes potagères. 

Le canal coule à travers cette plaine. Le mot 
est juste, car la rivière artificielle est si bien ali- 
mentée que le courant est sensible. Les berges 
sont plantées de mûriers dont la vigueur prouve 
que le ver à soie pourrait être élevé ici, comme 

VOYAGE EN FRANCE. — XXXI. 13 



194 VOYAGE EN FRANCE. 

il Test en Tarn-et-Garoiine ^ Sur le flot tranquille 
que le remblai tient au-dessus de la plaine, 
passent les lourdes gabares dont le nombre s'est 
fort accru depuis le i^"" juillet 1898, date de la 
reprise par l'Etat du canal concédé à la compa- 
gnie du Midi. En 1897, le trafic était seulement 
de 171 779 tonnes. Il s'élevait jusqu'à 817 61 5 en 
1900 pour descendre à 271 565 en 1901, par suite 
de la crise viticole. Mais l'ascension reprend. 
De nombreux types d'embarcations : barques, 
coutrillons, sapines, postes, bateaux, vapeurs 
circulent désormais sur la voie navigable ; 2 277 
franchirent en 1900 l'écluse d'Agen, près de 
2 800 furent enregistrés à Moissac. Et cette 
bande d'eau est redevenue une des gaîtés du 
paysage, grâce à l'animation qu'elle répand. 
Elle a été établie avec quelque souci du pitto- 
resque, les ponts qui la franchissent sont le 
plus souvent des tabliers suspendus rattachés 
à des culées en forme de bornes et bordés de 
parapets peints en vert. 

Au pied de Gastelculier le canal traverse la 



I. Le Lot-et-Garonne figure cependant parmi les 27 départe- 
ments séricicoles en 1900, mais il n'a que deux sériciculteurs 
sur les 186214 de la France entière. Ces éleveurs ont obtenu 
43 kilogrammes de cocons. Seul l'Indre-et-Loire est inférieur, avec 
un sériciculteur ayant produit 21 kilogrammes. 



LE BAS OUERGY. IQt) 

Séoune sur un pont-aqueduc, de lignes sobres 
et décoratives. La petite rivière descend des 
parties hautes du Ouercy-Blanc et s'accroît peu 
à peu d'autres sources et ruisselets venus par 
de nombreux vallons creusés dans le plateau qui 
porte Bourq-de-Visa. Peu d'eau, malgré la lon- 
gueur du cours, mais une vallée aimable par la 
forme des collines, sans cesse coupées d'ouver- 
tures de vaux, de combes et de ravins. On trouve 
moins de ces bastides si communes en Agenais ; 
Bourg-de-Visa, la principale agglomération dans 
le haut de la vallée, est un petit bourg encore 
entouré de débris de remparts. Au bord* même 
de ce long sillon, Castel-Sagrat et Montjoy ont 
aussi fière mine; plus bas, Puymirol, grand site 
commandant le confluent de plusieurs branches, 
est une bastide édifiée en 1246, sur une colline 
isolée, forteresse naturelle aux puissants escar- 
pements. Dans la vallée de la Petite Séoune, 
qui aboutit dans le beau bassin de Puymirol, 
une autre bastide, la Sauvetat-de-Savères, borde 
le ruisseau ; elle est restée infime. 

Ces petits centres n'ont pas l'aspect riant des 
bourgs de la grande vallée garonnaise, parcou- 
rue paresseusement par son fleuve rapide, rou- 
lant entre les saules nains d'un gris bleu. Les 
cultures finissent à cette bordure, égayées au- 



igÔ VOYAGE EN FRANCE. 

tour des villages par les arbres fruitiers : pru- 
niers, pommiers, abricotiers et amandiers. Le 
sorgho à balais est la plante dominante. 

Après Lafox les collines se rapprochent de la 
Garonne, laissant à peine une étroite bordure 
pour la route, la voie ferrée et le canal, qui s'en 
vont côte à côte au long du grand cours d'eau. 
Sur chaque rive les habitations se pressent, là- 
bas celles de Sauveterre, Saint-Nicolas-de-la-Ba- 
lerme et Saint-Sixte, ici Saint- Jean-de-Thurac. 
A Saint-Nicolas, un élégant pont suspendu tra- 
verse le courant où le village mire ses jolies 
maison*. En face une falaise de roches jaunâtres 
couronne de raides pentes. De là-haut la vue est 
bien belle sur l'immense plaine garonnaise et, 
vers le sud, les collines de Lomagne découpées 
par les vallées descendues de Lannemezan. Les 
jours clairs on voit les Pyrénées neigeuses se 
profiler sur le ciel. 

Plus loin les collines s'écartent, mais elles 
sont raides encore, l'une d'elles porte le village 
de Clermont-Dessus, tout pimpant avec ses toits 
rouges, ses terrasses grises, une grande maison 
à allure de château et le pignon triangulaire de 
l'église. Il domine la plaine où se balancent les 
grands panicules de sorgho, et le gros bourg de 
la Magistère allongé au Ijord du fleuve. Cler- 



LE BAS QUERCY. IQy 

iiiont est encore de Lot-et-Garonne, mais son 
actif voisin appartient à Tarn-et-Garonne. 

Au cœur de la plaine est la première ville de 
ce nouvel organisme administratif, Valence- 
d'Agen, une bastide populeuse, régulièrement 
étalée sur la grande route et aujourd'hui agran- 
die en prolongement des voies du Moyen Age ; 
celles-ci, bordées de maisons blanches, attei- 
gnent la voie ferrée. Une église neuve dresse 
sa flèche au-dessus de la ville et complète le dé- 
cor, avec le château de Gastels assis sur une 
colline dominant la Bargelonne. 

Valence est un rendez-vous pour les cultiva- 
teurs de la Lomagne, de l'Agenais et du bas 
Ouercy, les marchés sont animés par un bétail 
nombreux, embarqué à la gare. Le commerce de 
la volaille, celui des plumes et duvets y sont fort 
actifs. Avant le triomphe des plumes en fer, 
c'était un des points où la plume d'oie était 
transformée à l'usage des scribes. Cette indus- 
trie n'a pas complètement disparu, mais les 
appréteurs ont dû ajouter d'autres branches à 
leur fabrication, ils préparent les plumes pour 
la parure féminine. 

Les fondateurs de Valence avaient tracé leur 
bastide loin de la Garonne ; de nos jours on a 
compensé ce désavantage par le canal latéral, il 



igS VOYAGE EN FRANCE. 

longe la ville et forme un port actif. Canal et 
chemin de fer enserrent ainsi Valence dont ils 
ont accru le rôle de débouché pour la longue 
vallée de la Bargelonne. 

De hautes collines forment promontoire au 
confluent. A la pointe, Goudourville se groupe 
autour de la masse grise d'un château dont le 
pavillon principal est couronné de mâchicoulis. 
Les pentes étaient jadis tapissées de vignes dans 
lesquelles les bourgeois de Valence avaient cons- 
truit des vide-bouteilles. Le phylloxéra est venu, 
bien peu de ceps ont résisté, et les petits ré- 
duits de vignerons font un étrange effet au mi- 
lieu des blés et des luzernes qui ont remplacé 
les pampres. Dans la plaine où Pommevic dresse 
sa lourde tour, on retrouve encore l'opulence 
agreste de l'Agenais ; jusqu'à la Garonne les cé- 
réales, le maïs, le sorgho couvrent les alluvions 
fertiles. 

Sur le fleuve, le village d'Espalais fait face à 
une mignonne ville amphithéâtrale regardant les 
belles campagnes de Valence. C'est Auvillar, 
une des bastides de la Lomagne. Les ruines 
de ses fortifications, une ample église et, vers 
le bord du fleuve, une élégante chapelle font 
de cette antique bourgade un des beaux décors 
du fleuve, ici rejeté vers les collines de Gas- 



LE BAS QUERCY. IQC) 

cogne, après avoir quitté celles du Quercy à 
Malause. 

La Garonne est large parfois, mais à demi 
sauvage. Des bancs de gravier encombrent son 
lit, des fourrés et des bois d'arbres aquatiques 
la bordent. Au milieu de grandes plantations 
de peupliers, elle reçoit le Tarn, en apparence 
aussi puissant, mais roulant moins d'eau dans 
un cours plus calme. 

En aval du confluent, où les collines querci- 
noises baigneraient leur base dans la Garonne si 
canal et chemin de fer n'avaient entaillé ces co- 
teaux pour se frayer passage, un pont suspendu 
d'une extrême légèreté franchit route, rails, canal 
et fleuve en jetant en trois travées son tablier 
oscillant. Il se prolonge par une route tracée 
droite à travers la plaine jusqu'à une bastide 
construite au sein de luxuriantes cultures : Saint- 
Nicolas -de -la -Grave , grosse commune mais 
humble ville ^; elle a gardé son plan régulier, dé- 
bordé par des faubourgs bâtis au long des routes 
et des chemins ruraux. Au cœur est l'église ro- 
mane. Il ne reste des défenses que les débris du 
château construit par Richard Cœur de Lion. 

De plus fière mine sont d'autres bourgs bâtis 



I. Population totale, 2^42 ; agglomérée, i 19g. 



200 VOYAGE E\ FRANCE. 

à l'extrémité de la plaine, sur Ja terrasse formée 
par les hauteurs de Lomagne ; Caumout, Cas- 
telmayran durent être aussi fondées d'un seul 
jet, celle-ci sur l'emplacement d\m oppidum 
gaulois. Des pentes qu'elles occupent, on jouit 
d'une vue très ample sur la plaine verdoyante 
au cœur de laquelle est Saint-Nicolas, sur la 
Garonne errant solitaire et les deux villes de 
Moissac et Castelsarrazin, si voisines et toutes 
les deux chefs-lieux d'un arrondissement. Castel- 
sarrazin est une bastide régulière à l'écart des 
deux fleuves, Moissac une vieille cité allongée 
entre le Tarn et les collines. 

Le Tarn, cependant, n'est pas la vie pour 
Moissac, la ville semble bouder sa belle rivière; 
les eaux qui l'animent sont celles du canal, 
étroit ruban contenu entre des quais de pierre. 
Cité calme, presque morose, en partie construite 
en briques et, par cet aspect, sorte de vestibule 
du pays toulousain, Moissac serait insignifiante 
sans le merveilleux ensemble monumental cons- 
titué par son église et son cloître. Encore l'église 
n'a-t-elle guère à présenter que son porche, la 
nef offrant surtout de l'intérêt aux architectes et 
aux archéologues par les caractères particuliers 
de sa construction. 



LE BAS OUERCY. 201 

Le porche est une pure merveille à laquelle 
des monographies nombreuses ont été consa- 
crées. 11 serait difficile de le décrire en quelques 
lignes. Rarement l'art roman a déployé autant 
de souplesse, de variété et de richesse d'orne- 
mentation. Le linteau, qui repose sur deux pié- 
droits et un trumeau, est décoré de rosaces rap- 




pelant les plus beaux morceaux de la sculpture 
antique. Au-dessus le tympan, entouré d'un arc 
à cintre brisé, est peuplé de personnages. 

Quant au cloître, c'est un des plus beaux que 
nous possédions ; peut-être est-il comparable à 
Saint-Trophime, la merveille d'Arles. Il est d'une 
conservation bien rare. Les arcades en ogive 
reposent alternativement sur une colonnettc 



202 VOYAGE EN FRANCE. 

isolée et sur deux colonnettes accouplées, sur- 
montées de chapiteaux admirablement fouillés. 
Aux angles et au milieu de chaque galerie, un 
pilier carré offrant sur une face une figure 
d'apôlre, rompt l'uniformité de la colonnade. 
Entre les arcades, une ouverture en forme de 
losange donne de la lumière et accroît la légè- 
reté de la muraille qui supporte le toit de tuiles 
moussues projeté en auvent. La cour intérieure 
est plantée d'arbres entourés de parterres fleu- 
ris; cette verdure et ces fleurs augmentent l'im- 
pression de paix que fait éprouver l'admirable 
retraite monastique. La haute tour de l'église 
ferme un des côtés de l'horizon, tandis que, de 
l'autre, le ciel bleu du Midi accentue la splen- 
deur idéale du cloître. 

Sauf cela, que voir à Moissac? Le sous-préfet 
habite un charmant hôtel du siècle dernier, le 
théâtre est entouré d'arcades de briques, hautes 
et claires, formant halle. Çà et là quelque belle 
demeure d'autrefois; puis une très vieille église 
Saint-Martin, qui aurait été construite bien 
avant l'an mil. 

La colline qui domine la petite ville est cou- 
verte de pavillons coquets, maisons de repos 
dans les vignes avant que le phylloxéra ait ra- 
vagé la contrée. 



LE BAS OUERCY. 203 

Pas d'industrie spéciale, mais un commerce 
assez considérable de produits agricoles. Les 
campagnes récoltent beaucoup de prunes, sé- 
chées comme dans la région du Lot. Même la 
prune de Moissac est une marque réputée. Les 
vergers fournissent aussi à l'exportation des abri- 
cots, des cerises, des pommes, recherchés sur les 
marchés de Paris. Toutes les collines exposées 
au midi sont couvertes d'arbres fruitiers. Les 
maisons d'expédition recueillent également les 
œufs et les volailles, produits en abondance dans 
cette région du maïs. 

L'arrondissement de Moissac, pour la plus 
grande part, c'est le bas Ouercy, région de val- 
lées parallèles descendues des abords des caus- 
ses de Gahors et de Limogne et qui viennent 
aboutir, avec une sorte de rythme, à la plaine de 
la Garonne entre Moissac et Valence. Cela rap- 
pellerait un peu, en sens inverse et en petit, 
l'éventail des rivières descendues du plateau de 
Lannemezan, mais ici les sources des ruisseaux 
s'écartent et les embouchures se rapprochent. 
Cette succession de vallons, offrant d'incessantes 
montées et descentes, n'a pas permis de doter le 
pays de voie ferrée ; il est donc peu accessible, 
d'autant plus que la contrée, malgré son éten- 



2 04 VOYAGE EN FRANCE. 

due, n'a aucun bourg dont la population agglo- 
mérée atteigne i ooo habitants. Lauzerte etMon- 
taigut-de-Ouercy, chefs-lieux de canton, sont de 
petits bourgs devant uniquement rang de ville à 
leur ancienne situation de places fortes et au 
rôle administratif qu'elles eurent sous l'ancien 
régime. 11 en est de même dans la partie supé- 
rieure des vallées, à laquelle on a donné le nom 
de Ouercy-Blanc à cause de la nature de ses 
roches, délitées en poussière couvrant le pay- 
sage à l'époque des sécheresses. Gastelnau-de- 
Montratier et Montcuq, malgré leur fier aspect, 
sont aussi de médiocres bourgades. 

C'est pourquoi les projets de chemin de fer 
pour relier Cahors à Moissac ne se sont pas réa- 
lisés jusqu'ici ; les études se poursuivent, rame- 
nant les plans primitifs à la construction d'une 
ligne à voie étroite. Celle-ci desservira un terri- 
toire qui fut un des grands domaines seigneu- 
riaux du Midi, aux temps féodaux, le pays de 
Durfort, berceau de Tillustre famille de Durfort 
de Duras. Il existe encore une commune de ce 
nom, mais il n'y a ni bourg, ni village, ni ha- 
meau; la commune de Durfort, malgré sa popu- 
lation de I 120 habitants, ne possède nulle part 
une agglomération. 

Il en est de même pour toute la contrée, sauf 



LE BAS QUERCY. 200 

Cazes-Moiidenard qui groupe près de 5oo âmes, 
les communes, dans la vallée de la Grande Bar- 
(juelonne, ne sont que le groupement admi- 
nistratif d'une multitude d'habitations rurales 
éparpillées. Par contre la vallée de la Petite 
Barguelonne, parcourue de bonne heure par une 
route reliant Cahors à la vallée de la Garonne 
vers Valence, a été jalonnée de petites for- 
teresses dont Lauzerte fut la plus importante. 
Cette minuscule ville occupe le sommet d'une 
colline isolée entre le Lendou et la Petite Bar- 
guelonne. Elle a crâne allure encore; ses restes 
de fortifications, son isolement, son élévation 
à 80 mètres au-dessus du fond des vallées, l'es- 
carpement de sa colline en font un beau site 
dont on est très fier dans le >Ioissagais. 

Les hauteurs, bien découpées, avaient sur 
leurs pointes avancées des châteaux ou des bas- 
tides ; celles-ci, n'ayant pas eu la bonne fortune 
de se développer, sont demeurées de pauvres 
villages. Mais comme les noms sont sonores ! 
C'est Montagudet couvrant un promontoire ; 
Monbarla, deux ou trois maisons sur une aire 
aplanie au sommet d'un coteau ; Miramont, vrai 
village dont le nom dit assez le site dominant et 
les vues grandioses offertes sur les campagnes. 

Plus hàu{, dans le Ouercy-BIanc, près de la 



206 VOYAGE EN FRANCE. 

bordure du causse où naissent les indigents 
ruisseaux qui forment les pauvres riviérettes de 
Barguelonne et de Séoune, les bourgades n'ont 
pas un aspect moins guerrier. Montcuq couvre 
une colline dominant de loo mètres la Petite 
Braguelonne et se serre étroitement autour du 
donjon de son ancien château. Ici le pays est 
extraordinairement plissé ; de longs vallons, très 
rapprochés l'un de l'autre, partent du causse, 
leurs côtés se frangent par une multitude de 
ravins. Le causse lui-même n'offre pas la table 
régulière qu'il présente du côté de Limogne. A 
ces approches de Gahors, il est fragmenté par 
des sillons sans nombre, couloirs secs érodés 
dans la roche blanche. 



XIV 



LOMAGNE ET RIVIERE VERDUN 



Le vignoble de Tarn-et-Garonne. — Castelsarrazin. — Noms de 
rues. — En Lomagne. — Lavit-de-Lomagne. — Beaumont-de- 
Lomagne. — L'élevage des chevaux. — Montech. — Le ma 
réchal Pérignon. — ■ Verdun. — ■ La Rivière Verdun. — Gri- 
solles. — Culture du sorgho. — La fabrication des balais. 



Grisolles. Juin. 

La plaine de la Garonne, si vaste déjà dans 
l'Agenais, devient immense dans cette région du 
Ouercy à travers laquelle erre le Tarn que vient 
grossir 1 Aveyron. Pays aux lignes fuyantes, 
où les vieilles provinces ne purent se tracer 
de limites précises, le Languedoc y pénétrait 
comme un coin entre le Ouercy, subdivision de 
la Guyenne, et la Lomagne, pays gascon. Le 
département de Tarn-et-Garonne, région artifi- 
cielle si mal équilibrée, établi par la volonté de 
Napoléon à l'aide de lambeaux pris aux voisins, 
ne fit en somme que perpétuer l'ancien état de 
choses. Les chemins de fer donnent désormais 



208 VOYAGE EN FRANCE. 

une unité réelle à cet organisme factice, depuis 
que Montauban est devenu un des grands points 
de jonction du réseau. Cette situation est due 
à l'ouverture de la ligne nouvelle de Limoges à 
Gahors et Montauban, qui se poursuit jusqu'à 
Toulouse par les rails de la Compagnie du Midi, 
et relie directement Paris à la Garonne. 

Cette plaine, devenue un des points de ren- 
contre des grandes voies de communication, n'est 
guère moins riche que celle de l'Agenais, mais 
son opulence n'apparaît pas aussi bien aux yeux. 
Il n'y a pas les bordures de collines, les vergers 
et l'extrême variété des cultures. Maïs, blés, 
vignes, sorgho couvrent à l'infini l'immense ter- 
roir. Depuis le confluent de l'Aveyron et du 
Tarn jusqu'à Castelsarrazin, c'est une nappe de 
vignes presque ininterrompue autour de Laville- 
dieu. Le phylloxéra est passé là, mais on re- 
plante avec ardeur, les jeunes vignes sont pleines 
de promesses. Le Tarn-et-Garonne est un des 
départements où la reconstitution a été poussée 
avec le plus d'activité. On peut dire que le vi- 
gnoble de Lavilledieu, principalement, est en 
entier rétabli. Les vins rouges de cette zone sont 
excellents. « Ils ont une belle couleur, du spiri- 
tueux et un bon goût. » 

Les pampres s'étendent jusqu'aux abords de 




VOYAGE EN FRANCE. — XXXI 



2 10 VOYAGE EN FRANCE. 

Caslelsarrazin, bastide languedocienne établie 
ass«z loin de la Garonne, mais devenue port de 
navigation intérieure grâce au canal latéral qui 
la longe. Le chemin de fer la dessert aussi par 
le grand détour capricieux qu'a fait naître le 
désir de relier ensemble les trois villes princi- 
pales de Tarn-et-Garonne : Moissac, Castelsar- 
razin et Montauban. 

Le canal, à défaut du fleuve, est la gaieté de 
la petite ville autour de laquelle errent de pau- 
vres ruisseaux indigents dont un, l'Azine, aurait 
fait naître le nom de Castel-sur-Azine. Les habi- 
tants préfèrent une origine moins prosaïque, ils 
se croient sur l'emplacement d'un camp arabe : 
Castelsarrazin. En réalité, ce nom apparaît seu- 
lement au xm'' siècle, il supplantait Villelongue, 
un village sans doute, remplacé par la régulière 
bastide actuelle. 

Entre des allées de tilleuls, en ce moment fleu- 
ris, s'étend un grand bassin où les bateaux sont 
peu nombreux désormais ; l'activité de la navi- 
(jation pour la ville est faible, ce n'est qu'un lieu 
de passage. 

D'autres avenues enveloppent Castelsarrazin, 
couvrant Je site des remparts et des fossés au- 
jourd'hui disparus. Une partie de ces allées 
établies sur la terrasse regardant la Garonne 



LOMAGNE ET RIVIERE VERDUN. 2 11 

possède des arbres superbes. C'est la prome- 
nade du Château. Un de ces végétaux, entouré 
d'une grille, est vénéré comme arbre de la Li- 
berté. Les noms de voies publiques indiquent 
le civisme des habitants : il y a le boulevard 
du Dix-Août, le boulevard du Vingt-deux-Sep- 
tembre et la rue de la Raison. Si l'on pénètre 
dans l'intérieur par les petites voies tracées au 
cordeau, on trouve d'autres vocables inattendus. 
J'ai relevé les rues du Devoir, de la Tempérance, 
de l'Union, de la Justice et de la Fraternité ; la 
place de la Réunion, les rues de l'Avenir, de la 
Discrétion et de la Vertu, la place du Progrès et 
le boulevard du Ouatre-Septembre. C'est à croire 
que les âmes d'Honoré d'Urfé et de M. de Robes- 
pierre planaient au-dessus du conseil municipal 
lorsque l'on baptisa les voies pubhques. Il reste 
encore une rue Neuve-des-Capucins, sans doute 
parce qu'il ne restait plus de vertus à honorer. 

L'avenue de la gare porte un nom de circons- 
tance, c'est le faubourg du Progrès. 

Peu de monuments dans la ville, dont la po- 
pulation est d'ailleurs en majorité rurale, c'est- 
à-dire répandue sur le territoire environnante 
Sur la promenade du Château est la lourde 



I. Population totale, 7808; agglomérée au chef- lieu, 3 SgA* 



212 VOYAGE EN FRANCE. 

église Saint- Jean riche en stalles sculptées; 
l'église Saint-Sauveur, qui marque la fin de la 
période romane, possède une tour octogonale en 
briques. L'église ruinée des Carmes, devenue la 
prison, garde une tour rouge aux gargouilles 
de pierre et, parmi les bâtiments conservés, le 
tombeau de Lamothe Canilhac, gouverneur de 
la Louisiane, qui fonda la ville américaine de 
Détroit, bastide elle aussi, mais autrement flo- 
rissante que Castelsarrazin'. 

Cependant cette dernière s'est accrue. La 
Compagnie française des métaux y exploite une 
de ses usines pour le laminage du cuivre, la 
})roduction du maillechort et du laiton, la fabri- 
cation du papier d'étain. Les établissements 
sont hors de la ville, assez loin pour que Castel- 
sarrazin n'ait pas perdu son aspect de calme, ils 
bordent le canal par lequel lui viennent les char- 
bons et une partie des matières premières. 

A cela se borne l'activité manufacturière de 
Castelsarrazin, grand marché agricole dont les 
foires sont très fréquentées. Le dernier jeudi de 
juillet il s'y tient une foire aux chiens. Cette 
contrée est une de celles où l'on chasse le plus; 
la ville compte plusieurs expéditeurs de gibier. 



I. Détroit comptait 286704 habitants en 1900. 



LOMAGNE ET RIVIERE VERDUN. 



2î3 



Une industrie assez répandue est celle des oise- 
leurs qui font des hécatombes d'oiseaux de pas- 
sage et dont Emile Pouvillon a dit l'existence 




ôntech 



Échelle au ij 3-20 000: 

de bohème dans son Jean de Jeanne , roman qui 
rend si bien la vie monotone de ces plaines 
quercinoises, sans autre beauté que leur courte 
splendeur printanière. 

L'élevage et l'engraissement des oies et des 



2l4 VOYAGE EN FRANCE. 

canards, qui tient ici une si grande place dans 
l'industrie rurale, sont pour Castelsarrazin une 
autre source de profit, toutes les contrées voi- 
sines y amènent leurs produits de basse-cour. 

Quand le chemin de fer de Beaumont sera 
achevé et poursuivi jusqu'à Gimont, la partie la 
plus riche de la Lomagne trouvera son débouché 
naturel dans la ville languedocienne. 

Le territoire de la commune est énorme, il ne 
couvre pas moins de 7 602 hectares et s'étend 
jusqu'au confluent du Tarn et de la Garonne. 
Aussi les hameaux sont-ils nombreux sur ce 
vaste espace. L'un d'eux, Gandalou, qui com- 
prend trois ou quatre maisons, une église et une 
école, occupe le site d'un ancien camp dont 
Torigine remonterait aux Vandales dit-on, mais 
qui est vraisemblablement gaulois. Des talus de 
quatre à huit mètres de hauteur, entourés de 
fossés encore apparents sur un point, suppor- 
taient la plate-forme servant aujourd'hui d'as- 
siette au hameau. Un chemin à travers les vignes 
conduit au château de Leriet bâti sur une haute 
butte, sans doute artificielle elle aussi. De là on 
découvre tout le grand vignoble vers Labastide- 
(lu-Temple, Albefeuille et Lavilledieu. 

La commune s'étend jusqu'à la Garonne qui 



LOM.VGNE ET RIVIERE VERDUN. 2 10 

sépare cette presqu'île languedocienne d'entre le 
Tarn et le fleuve, du vert pays de Loinagne dont 
une partie a été arrachée au Gers pour contri- 
buer à donner rang de chef-lieu à Montauban. 
Deux des rivières du plateau de Lannemezan 
drainent leurs eaux en Lomagne : l'Arrats et la 
Gimone. Entre elles, d'autres ruisseaux ont 
creusé leurs vallons dans cette base du grand 
cône de déjections pyrénéennes ^ : ruisseau Pro- 
fond d'Auvillar, Cameson, ruisseau d'Ayroux, 
Sère ; puis en amont de la Gimone la Tessonno 
et le Lambon. Le terrain délimité par le faîte où 
prennent naissance ces ruisseaux constitue la 
Lomagne de Tarn-et-Garonne. Le bord du fleuve, 
de chaque côté de Verdun, a pris le nom de 
Rivière comme tant de rivages fluviaux dans le 
Midi : c'est la Rivière Verdun. 

La Lomagne est un pays purement agricole, 
produisant d'excellents vins autour d'Auvillar 
et davantage livrée à la grande culture dans l'in- 
térieur. Les communes y sont plus nombreuses 
que dans la plaine garonnaise, les habitants se 
groupent volontiers autour de l'église et de la 
mairie. Tous ces petits centres de population 



I. Sur le plateau de Lannemezan, les rivières qui y naissent 
et leur alimentation par la Neste, voyez la 3o^ série du Voynge 
en France, chapitre XVI. 



2l6 VOYAGE EN FRANCE. 

sont au sommet des collines, sauf sur la Gimone 
dont la vallée, plus large, parcourue par une 
grande route, est bordée de villages. 

Peu de prairies, les cours d'eau étant trop 
faibles pour l'irrigation et souvent à sec pendant 
l'été. liCs principaux n'auraient même qu'un 
fond vaseux, si on ne leur amenait une part du 
débit recueilli dans la Neste par le canal d'ali- 
mentation des rivières du Gers. 

Le plus long de ces fossés, la Sère, n'a presque 
pas d'habitations sur ses bords, depuis Gastel- 
mayran dont il longe la terrasse, jusqu'au pied 
de la haute croupe qui porte Lavit-de-Lomagne. 
Ge fut ici la capitale de la Lomagne, à l'origine 
de l'époque féodale, avant que Lectoure fut deve- 
nue la forteresse et la ville maîtresse de la con- 
trée ^ Lavit est encore un centre assez populeux 
mais dont toute l'importance est due à son rang 
de chef-lieu de canton, à ses marchés et à ses 
foires. La ville principale de cette région est 
Beaumont-de-Lomagne, plus au sud, dans la 
vallée de la Gimone. 

Grosse agglomération pour le pays : près de 
3 ooo âmes sur une population de 3 782, c'est-à- 



I. Sur Lectoure et la partie de la Lomagne appartenant au 
département du Gers, voyez le chapitre VI, page 85. 



L03IAGNE Eï RIVIERE VERDUN. 217 

dire de peu inférieure au centre urbain de Cas- 
telsarrazin, Beaumont est une baslide fort régu- 
lière, mais seules les rues allant de l'est à Fouest 
sont rectilignes, les autres suivent la légère in- 
flexion courbe donnée par le rempart qui flan- 
qua la nouvelle cité. Le fondateur, Eustache de 
Beaumarchès, qui agissait pour le compte du 
roi, avait conçu un plan encore plus régulier 
par le nombre des parcelles que par le tracé. 
Il voulut mille maisons avec mille jardins d'un 
arpent chacun. Mille arpents devaient être con- 
sacrés à la vigne. A cette date de 1279, on rêvait 
donc d'une grande ville. Les espérances ne se 
réalisèrent point, mais Beaumont n'en est pas 
moins une des bastides qui ont le mieux pros- 
péré. Cependant la population a décru, il y 
avait jadis plus de 4 5oo âmes. La perte du 
vignoble a été cause de cette déchéance ; au- 
jourd'hui la replantation fait des progrès et les 
belles campagnes de la Gimone reprennent leur 
aspect de prospérité. 

La place centrale de Beaumont a partiellement 
conservé son aspect d'autrefois, elle garde quel- 
ques-unes des arcades qui l'encadraient. Au 
centre est une vaste halle où se font d'actifs 
échanges. L'église est un bel édifice des xiv^ et 
XV* siècles. 



2l8 VOYAGE EN FRANCE. 

Centre de commerce que le chemin de fer de 
Castelsarrazin développera encore, Beaumont- 
de-Lomaçjne a peu d'industries, pourtant un ate- 
lier y produit des fouets et des cravaches. Les 
plus importantes affaires ont pour objet la vente 
du gibier et surtout des volailles qui abondent 
dans toute la Lomagne. La campagne voisine est 
un pays d'élevage de chevaux excellents, dont 
un officier des haras a dit, dans un rapport au 
préfet : « Le cheval de Beaumont est le meilleur 
des chevaux de cavalerie, il est en général 
étoffé, près de terre ; il accuse du sang et s'il a 
la force qui lui permet de porter du poids, il a 
la trempe et la vigueur qui en font un remar- 
quable cheval de service sur route. » Aussi les 
remontes font-elles tous leurs efforts pour con- 
server cette variété précieuse, et empêcher les 
éleveurs d'en altérer la pureté en allant chercher 
des pouliches dans les Pyrénées : « La produc- 
tion de leur pays vaut cependant mieux que celle 
qu'ils vont chercher au loin à grands frais. » 

La ville de Beaumont s'efforce de développer 
l'élevage, elle possède une société de courses et 
a créé ime foire spéciale pour la vente des pou- 
lains et des mulets. 

La route nationale d'Auch à Montauban relie 



LOMAGNE ET RIVIERE VERDUN. 2I9 

Beaumont au chef-lieu. Après avoir suivi la vallée 
de la Gimoiie, elle quitte la rivière pour s'élever 
sur les hauteurs qui bordent la Garonne et dont 
les pentes forment le pays de Rivière Verdun. 
Du point culminant, au-dessus de Bourret, la 
vue est immense sur la plaine que parcourent 
Garonne, Tarn et Aveyron. Au pied de la côte, 
le fleuve se tord entre des prés et des planta- 
tions réguhères de peupliers. 

C'est un cours d'eau sauvage, la navigation v 
devient de plus en plus rare depuis que le canal 
latéral est exonéré des droits prélevés autrefois 
par la compagnie fermière. Aussi la vie s'est-elle 
portée au cœur de la plaine, où la rivière artiii- 
cielle amène non seulement l'animation de la 
batellerie, mais encore la force motrice. Grâce 
à l'alimentation abondante due à la Garonne qui 
lui verse 6887 litres par seconde, à Toulouse, 
le canal peut en outre fournir des eaux d'irriga- 
tion.. Dans la plaine du Tarn-et-Garonne, 36 pri- 
ses d'eau donnent à l'agriculture i3o litres 5 par 
seconde ^ Les usagers paient une redevance de 
trente francs par litre et par an. 

La force motrice est d'un revenu plus consi- 



I. Haute-Garonne : 87 prises, 887 litres 5; Lot-et-Garonne : 
7 prises, 18 litres i ; Gironde : 3 prises, 46 litres. 



2 20 VOYAGE EN FRANCE. 

dérable pour l'Etat. Sur toute l'étendue du 
canal il y a vingt usines dont les redevances attei- 
gnent ensemble 80612 ir. Le Tarn-et-Garonne, 
à lui seul, en compte cinq pour lesquelles les 
usiniers versent en chiffre rond 3oooo fr. Mais 
on pourrait utiliser autrement la force hydrau- 
lique ! Le mouvement se fait, d'ailleurs ; il y a 
de nombreuses demandes. Le canal qui donne 
déjà la force pour élever les eaux d'alimenta- 
tion d'Agen ne sert qu'à deux usines d'électri- 
cité; il pourrait éclairer toute la vallée. 

La plus considérable des usines du canal est 
la grande papeterie de Montech, près de la 
petite ville régulière de ce nom qui dresse une 
belle flèche d'église au milieu de la plaine 
monotone en partie occupée par une forêt de 
I 327 hectares. Cette manufacture a donné un 
grand développement à la navigation. Grâce à 
elle le port de Montech est, après Agen, le plus 
important du canal; il a un mouvement total dé- 
passant 20 000 tonnes. Les houilles, les bois, les 
pâtes à papier nécessaires à l'usine comptent dans 
ce chiffre pour près de i5 000 tonnes. En dehors 
de cette industrie, Montech renferme plusieurs 
fabriques de sandales, c'est-à-dire d'espadrilles, 
et se livre à la curieuse production des boutons et 
des fleurs d'orangers pour ornements de mariage. 



LOMAGNE ET RIVIERE VERDUN. 22 1 

Dans cette partie de la plaine, il y a peu de 
hameaux ou d'habitations isolées. Contrairement 
à l'usage des populations vers Castelsarrazin, les 
habitants se groupent plutôt en gros bourgs ; 
ainsi Escatalens, un des centres de l'élevage des 
chevaux dans la plaine, et Finhan, qui possède le 
château de Pérignon appartenant encore à la 
famille du glorieux vainqueur de Peyrestortes 
et de Figuères, le futur maréchal d'Empire, 
devenu marquis à la Restauration. Pérignon est 
né près d'ici, dans la bastide haute-garonnaise 
de Grenade. 

Sur l'autre rive de la Garonne, coulant soli- 
taire entre les grandes plantations de peupliers, 
le bourg de Mas-Grenier, construit sur un plan 
de bastide, est une ancienne ville monacale, le 
Mas-Grenier ou Mas-Garnier, qui posséda jus- 
qu'à la Révolution une abbaye de bénédictins. 
Il n'en reste que de pauvres débris ; l'église a 
disparu, celle du bourg est un remarquable édi- 
fice moderne. 

Ici les collines de Lomagne, qui bordaient le 
fleuve depuis l'embouchure de laSère, s'écartent 
peu à peu. La Garonne, au lieu de frôler le pied 
de hauteurs, erre à travers la plaine, au milieu 
de cultures superbes dans lesquelles domine le 
sorgho. Sur la rive gauche, la plaine se nomme 



222 VOYAGE EN FRANCE. 

pays de Rivière Verdun, du nom d'une petite 
ville bâtie sur une sorte de terrasse qu'une levée 
protèije contre les fureurs du fleuve. La Garonne 
qui baignait jadis la ville coule maintenant un 
peu au delà, l'ancien thalweg a été planté d'ar- 
bres comme toutes les laisses de la Garonne 
dans cette partie de son cours. 

Verdun, une des plus banalement régulières 
des bastides de la contrée, est formée de deux 
longues rues parallèles coupées en croix par la 
route de Dieupentale, mais de nouveaux quar- 
tiers ont débordé de ce plan bien aligné et mon- 
trent quelque caprice à suivre des routes et des 
chemins plus sinueux. Verdun, qui fut une cité 
forte, a encore une ancienne porte de ville. 

Aucune industrie, la Rivière Verdun est un 
pays purement agricole. Son chef-lieu n'a même 
pas, comme Grisolles, petite ville qui, de l'autre 
côté, borde le canal, la mise en œuvre des pani- 
cules de sorgho à balais dont les champs couvrent 
partout de si grandes étendues. Elle est trop à 
l'écart de la grande circulation représentée par 
le chemin de fer et le canal. Ses relations avec 
le reste du département ont lieu par Dieupen- 
tale qui possède la gare et un port très animé '. 



I. Mouvement (en 1901), 6809 tonnes. 



LOMAGNE ET RIVIERE VERDUN. 2 23 

D'ailleurs, toute cette région est déjà dans la 
sphère d'attraction de Toulouse. Elle regarde 
vers la grande cité garonnaise plus que vers 
Montauban. 

De Verdun à Grisolles, un chemin court à tra- 
vers les champs de sorgho et de maïs. On est ici 
dans le principal habitat de ces cultures qui 
restent prépondérantes jusqu'aux premiers vi- 
gnobles de l'Aude. Le département de Tarn-et- 
Garonne ne participe à la production du sorgho 
que dans cette plaine, et l'étendue totale est 
faible, mais nulle part les champs ne sont plus 
rapprochés. 

Le produit principal est la sommité, c'est-à- 
dire le panicule porte-graines qui sert à faire 
les balais lorsque la graine a été recueillie. La 
semence sert à l'engraissement des volailles, les 
tiges sont employées comme litière et comme 
combustible. Semé en mai, le sorgho se récolte 
en septembre, les sommités sont mises à sécher 
dans un grenier ou sous un hangar pendant 
quinze jours avant de procéder à l'égrenage ; 
celui-ci doit être fait avec beaucoup de soin pour 
ne pas endommager les pédicelles. Les ouvriers 
l'effectuent en raclant le panicule avec un couteau 
en bois. Il ne faudrait pas moins de 260 veillées 
à un homme pour égrener la récolte d'un hectare. 



2 24 VOYAGE EN FRANGE. 

Au bord de la Garonne, cette plante donne 
45 à 5o hectolitres de graines pesant 64 kilo- 
f [ranimes à l'hectolitre et valant six à sept francs. 
Les panicules donnent en poids de i 000 à i 5oo 
kilogrammes et sont vendues de vingt à trente 
francs les cent kilogrammes ^ 

Les panicules égrenées et bien sèches sont 
mises en bottes et portées aux fabriques de Gri- 
solles qui ont peu à peu remplacé la production 
à domicile. Grisolles faisait autrefois de la cou- 
tellerie, elle possède encore un atelier pour 
cette fabrication. Ce grand bourg, aux maisons 
soigneusement blanchies, n'a guère d'autre édi- 
fice qu'une vaste église moderne et des halles 
en fer. Les environs se livrent à l'élevage du 
cheval; chaque année, des courses ont lieu sur 
un hippodrome très fréquenté. 

Dans la plupart des habitations on travaille 
aux balais, mais les femmes préfèrent l'emploi 
à l'atelier, aussi se dispute-t-on les places dans 
les huit ou dix manufactures de Grisolles. A 
certaines heures, le passage des ouvrières qui 
apportent les balais finis ou vont rendre les ma- 
tières premières donne beaucoup d'animation. 



I. Cette culture est confondue dans les statistiques décennales 
avec le millet. Dans les départements garonnais elle couvre : Haute- 
Garonne, ^78 hectares ; Lot-et-Garonne, 421 ; Tarn-et-Garonne, 347- 



LOMAGNE ET RIVIERE VERDUN. 220 

L'usine livre le sorgho simplement fixé autour 
du manche par des fils de fer disposés à l'aide 
d'une machine. L'ouvrière achève à domicile. 
Elle place le balai ébauché dans une sorte de 
mâchoire en fer qui maintient les brins dans la 
forme voulue, l'objet est aplati à l'aide d'un 
martinet de bois dont le mouvement est donné 
par le pied. 

Ensuite, avec une forte aiguille et de la ficelle 
de couleur, l'ouvrière, armée d'un fort bracelet 
de cuir se prolongeant jusqu'à la main, procède 
à la couture. Cela ne va pas sans effort ; il faut 
trois ligatures pour faire un balai. 

L'objet n'est pas à point, il doit être ébarbé 
par une section nette, c'est encore l'œuvre de 
l'usine, où la machine procède avec rapidité. Il 
y a six principaux établissements à Grisolles, le 
plus grand occupe quatre-vingts personnes pour 
la préparation et le finissage. Les manches em- 
ployés sont tirés des landes ou des bords mêmes 
de la Garonne, dont les peupliers servent à cet 
usage. 



VOYAGE E>- FKANCE. XXXI. 15 



XV 



LA RIVIERE MONT ALBANAISE 



Le pays de la brique. — Montauban. — Industrie de la soie. — 
Lafrançaise. — La Rivière du Tarn. — Villebrumier. — Entrée 
en Haute-Garonne. — Villemur et ses usines. — Le vignoble 
de Villaudric et de Fronton. — Pompignan et son château. 



Montauban. Juillet. 

Depuis que Montauban est le point de pas- 
sage pour les voyageurs allant de Paris aux 
Pyrénées par Toulouse, c'est la porte d'entrée 
du pays de la brique, autrefois ouverte dans 
l'Albigeois. Le voyageur a traversé des villes 
de pierre blanche dans le Berri, puis les cités de 
robuste granit du Limousin et, de nouveau, les 
calcaires vers la Dordogne et le Lot. Soudain, 
lorsqu'on a franchi l'Aveyron, c'est un autre 
inonde par la culture, les habitations, l'aspect 
général de toutes choses. En dépit de l'his- 
toire qui fit de Montauban une ville du Ouercy, 
c'est bien ici la région toulousaine, le pays de 
« terrefort » où le sol est d'argile et de marne 



LA RIVIERE MONTALBANAISE. 227 

mêlées aux cailloux roulés par le fleuve de 
Garonne. 

Montauban elle-même est par excellence la 
cité de la brique, une brique d'un ton rosé, lisse, 
de peu d'épaisseur, se prêtant à merveille à l'ar- 




chitecture, autrement noble et gaie à l'œil que 
la brique informe et rugueuse des villes du 
Nord comme Roubaix et Lille. Puis, sous ce ciel 
heureux, loin des brumes et des fumées, elle 
garde un ton délicatement chaud. Aussi les édi- 
fices ne prennent-ils pas l'aspect sévère qu'ils 
ont déjà, par exemple, vers Albi. Le pont de 
Montauban a été construit de i3o3 à i3i6, et 



228 VOYAGE EN FRANCE. 

pourtant les six siècles ne lui ont laissé aucune 
empreinte, sinon celle qu'il doit à son style ar- 
chaïque, à ses arches en ogive et à ses avant- 
becs. 

Du parapet, la ville a de l'allure ; de grands 
édifices de brique, un amphithéâtre de toits en 
pente douce, les berges très hautes du Tarn, les 
maisons de la rive gauche ou Ville -Bourbon 
dressées sur ces falaises ou descendant jusqu'au 
flot, composent un site dont on se souvient. A 
l'entrée de la vieille cité, le débouché du pont est 
encadré par la Bourse et l'Hôtel de Ville où sont 
les musées. Ces édifices n'ont pas de grandes 
prétentions architecturales, mais la brique lisse, 
les lignes sévères , les sobres ornements leur 
donnent quelque beauté. Et, se souvenant qu'In- 
gres est de Montauban, on se prend à penser que 
cette netteté des formes architecturales, frappant 
ses yeux dès l'enfance, est peut-être pour quelque 
chose dans la précision du dessin chez le grand 
peintre montalbanais. 

Dans l'axe du pont, un monument aux morts 
pour la patrie précède un square exigu, bordé 
de belles maisons modernes en brique avec des 
cordons de pierre blanche ; au fond est l'église 
Saint- Jacques, montrant au visiteur venu du 
Nord le premier spécimen de ces beaux clo- 



LA RIVIERE MONT ALBANAISE. 229 

chers octogones, marque du pays toulousain ; 
une haute flèche couronne la tour. 

Derrière cette éghse s'étend la place Natio- 
nale, principale curiosité de Montauban. Elle 
est sur le plan de tant de places centrales dans 
les bastides de la région, mais elle a été bâtie au 
XVII* siècle et garde la marque de cette époque ; 
les maisons, hautes de trois étages et d'aspect 
monumental, sont portées sur des arcades. Aux 
quatre angles aboutissent des rues dont l'entrée 
est signalée par des porches formant arcs de 
triomphe. L'ensemble est majestueux mais sé- 
vère, à cause de la teinte de la brique et de l'uni- 
formité de l'architecture. 

Autour de Ja place, les rues sont étroites 
comme dans la plupart des villes du Midi, mais 
propres et animées. Peu de monuments, à peine 
faut-il citer le beffroi appelé la Grande Horloge. 

En dehors de ces vieilles artères une courte 
rue neuve longe l'insignifiante cathédrale, d'un 
lourd style classique, bâtie en pierre, dont la 
sacristie renferme une des œuvres capitales d'In- 
gres : le Vœii de Louis XIII. 

L'ancien Montauban finissait là, des boule- 
vards et des allées marquent l'emplacement des 
remparts contre lesquels vint se briser l'armée 
royale commandée par Louis XIII en personne. 



23o VOYAGE EN FRANCE. 

Au delà s'étend fort loin, jusqu'au chemin de fer 
de Lexos qui si longtemps relia Montauban à 
Paris, un immense quartier neuf aux longues 
voies régulières dont les principales aboutissent 
à un rond-point voisin de la gare. Celle-ci a pris 
le nom de « Ville Nouvelle ». C'est une station 
de médiocre activité, la gare principale est de 
l'autre côté du Tarn, au faubourg de Ville-Bour- 
bon. 

Derrière la cathédrale, la préfecture, précédée 
d'un square, est le point le plus vivant de la 
ville ; sur cette petite place et les allées de Mor- 
tarieu qui l'avoisinent sont les cafés élégants, le 
kiosque à musique, la promenade où il est de 
bon ton de se rendre. Dès neuf heures du soir, 
le reste de la ville est endormi, ici il y a foule. 

Les allées de Mortarieu se prolongeaient par 
les allées des Carmes sur la haute terrasse au- 
dessous de laquelle coule la petite rivière du 
Tescou. On a voulu élargir la promenade, en la 
faisant porter sur un grand mur de brique qui 
aurait dominé un joli jardin public planté d'ar- 
bres méridionaux — il y a un olivier — mais le 
mur s'est écroulé, entraînant l'esplanade. Et il 
reste un désert de gravats au milieu duquel fait 
triste figure le monument d'Ingres par Etex. 
Il reproduit en bronze la fameuse Apothéose 



LA RIVIÈRE MONTALBANAISE. 23 I 

d'Homère dont tous les personnages se mon- 
trent en demi-relief. Au centre de cet hémicycle 
est la statue du peintre. Le tout, entouré d'im- 
mondices et de débris. L'abandon est provisoire, 
me dit-on, on nettoiera quand on aura établi la 
terrasse. 

Malgré les persécutions qui suivirent la ré- 
vocation de l'édit de Nantes, Montauban est 
restée une sorte de petite Genève. Les protes- 
tants y sont nombreux et influents, une des 
deux facultés de théologie de la religion ré- 
formée y est installée. Un séminaire pour 
les futurs pasteurs y complète un petit foyer 
d'études. 

La ville doit à Ingres le développement de son 
musée qui serait bien pauvre sans les dons du 
peintre. La bibliothèque est riche. Il y a là un 
certain réveil de vie intellectuelle, plusieurs litté- 
rateurs du Quercy sont parvenus à la notoriété 
en restant fidèles à la province et à sa petite 
capitale, sans aller vivre à Paris. 

Mais l'industrie est languissante, Montauban 
n'a pas profité de sa situation aux bords du 
Tarn navigable, de l'Aveyron qui l'est un peu et 
de la Garonne dont le canal latéral décuple la va- 
leur. On lui a donné un embranchement pour fa 



232 VOYAGE EN FRANCE. 

relier à ce canal, mais son port vient bien après 
celni de Montech, nn peu avant Dieapentale et 
Moissac'. 

L'activité commerciale est due aujourd'hui 
aux produits du sol. Montauban est devenue un 
grand expéditeur de primeurs et de fruits, de 
raisins chasselas et de pêches surtout, elle envoie 
en quantité les gibiers et la volaille. Ses rivières 
font mouvoir les roues de grandes minoteries. 
Jadis elle était au rang des producteurs de soie, 
pour les bas notamment; il ne lui est resté que 
l'industrie , considérable encore , des tamis à 
bluter les farines. Plusieurs filatures y moulinent 
les soies provenant de cocons récoltés dans la 
région et trois usines utilisent ces fils pour tisser 
la gaze à bluter. 

On fait encore un peu de sériciculture en Tarn- 
et-Garonne, sur les bords de l'Aveyron et du 
Tarn et dans le département voisin, le Tarn, où 
la vallée de l'Agout, vers Lavaur, possède d'assez 
nombreux mûriers. Le nombre d'éleveurs en 
1900 fut de 289, peu de chose évidemment auprès 
des 186914 de la France, mais ils ont fourni à 
la consommation 7 SgS kilogrammes de cocons 
frais. Les deux cantons de Montauban sont ceux 



I. En 1901 le mouvemenl a été de 8860 tonnes. 



LA RIVIÈRE MONTALBANAISE. 2 33 

qui se livrent le plus à cet élevage ; d'après une 
enquête de i884, le poids de cocons par hectare 
était de o,45, tandis que ses voisins étaient bien 
au-dessous *. Il est certain que ces pauvres ré- 
coltes ne peuvent suffire aux besoins de Tindus- 
trie locale ; Montauban doit s'adresser aux Cé- 
vennes et à rExtrême-Orient. 

D'autres petites industries existent dans la 
ville : comme toute la région elle fait des san- 
dales ; la fabrication du peigne paraît avoir 
essaimé de Villeneuve-sur-Lot, celle des cha- 
peaux de paille est venue de Caussade, mais 
sans posséder l'importance qu'elle a atteinte 
dans cette dernière ville. Jadis Montauban fai- 
sait un commerce considérable de sumac, il 
reste une seule maison pour la vente de cette 
plante à tannin. 

En somme, l'importance de Montauban pour 
le mouvement des affaires est moins grand qu'à 
Agen, malgré une population plus nombreuse^. 
Aussi la succursale de la Banque de France 
ne vient-elle qu'au quatre-vingt-onzième rang 



1. Caussade, o,oog ; Villebrumier, 0,08; Villemiir (Haute-Ga- 
ronne) ; 0,01 ; Toulouse, 0,08. 

2. Population totale, 3o5o6; garnison, écoles, séminaires, etc., 
5527. Il reste, de population municipale agglomérée, 17201. Plus 
de 7 000 habitants sont donc répartis dans les campagnes. 



2 34 VOYAGE EN FRANCE. 

pour le chiffre des affaires', après Le Puv, après 
nombre de villes bien moins populeuses, no- 
tamment, dans la région, Narbonne, Mazamet 
et Mont-de-Marsan. 

Peu de villes, peu de gros bourgs dans les 
campagnes voisines. En aval, quand le Tarn a 
reçu l'Aveyron, le plus gros centre avant Mois- 
sac, Lafrançaise, est une commune de plus de 

3 000 âmes, mais celles-ci réparties dans les ha- 
meaux et les bordes ou métairies ; il n'y en a 
pas mille dans le bourg, très vivant par le com- 
merce, grâce à sa situation à Tissue de la plaine, 
sur les premières pentes du Ouercy accidenté. 
La petite ville occupe une terrasse abrupte domi- 
nant le Tarn à plus de cent mètres, en vue de 
l'immensité de la plaine, des campagnes de la 
Lomagne, des Pyrénées et de la grande perspec- 
tive ouverte sur Toulouse par la Garonne. Cette 
bastide, construite vers 1270, n'a pas débordé 
son plan régulier. C'est le lieu de rendez-vous 
pour une grande partie du Ouercy par ses mar- 
chés et foires. Une de celles-ci, tenue le 29 sep- 
tembre, jour de Saint-Michel, est consacrée à la 
vente des chiens ; le 19 octobre a lieu une foire 



I. 18662.300 fr. en igoi. 



LA RIVIÈRE MONTALBANAISE. 2.35 

aux chevaux. La coquette industrie des fleurs 
artificielles s'est implantée à Lafrançaise. 

Cette partie des environs de Montauban est 
peu accessible pour le visiteur, il n'y a guère 
d'autres moyens de communication que des 
voitures postales circulant surtout la nuit. Par 
contre, la vallée du Tarn, en amont, est desservie 
par une ligne de fer importante se dirigeant sur 
Castres, Mazamet et Bédarieux, et longeant la 
grande rivière jusqu'au confluent de l'Agout, 
qu'elle remonte ensuite. 

La vallée du Tarn est plus belle que la plaine 
de Garonne, grâce aux collines qui viennent 
tomber à pic au bord du flot. A l'endroit où 
l'embranchement du canal latéral atteint le 
Tarn, les barrages qui soutiennent le plan d'eau 
donnent à la rivière la majesté d'un fleuve. Les 
deux rives sont couvertes d'arbres fruitiers, les 
mûriers, en très grand nombre, sont d'une belle 
vigueur; les pruniers, cerisiers, pêchers abon- 
dent, on cultive beaucoup le noisetier. Souvent 
quelque grand pin parasol ombrage une mé- 
tairie et donne de la majesté à ce paysage un 
peu monotone. 

Cultures extrêmement variées. Blés et maïs 
d'abord, haricots, fèves, petits pois, beaucoup 



236 VOYAGE EN FRANCE. 

de vignes, surtout sur les coteaux de la rive 
droite. Chaque ferme a son pigeonnier, dont la 
l'orme particulière est la caractéristique du pays 
montalbanais. Ce sont de hautes tours carrées, 
construites en briques crues, enduites de chaux; 
le bas sert de magasin, la partie supérieure 
offre un toit en crémaillère, c'est-à-dire un toit 
inférieur occupant la moitié de la largeur, un 
autre plus élevé couvrant l'autre moitié. Entre 
les deux est le gîte des pigeons, où les oiseaux 
ont accès par de nombreux trous régulièrement 
disposés. Ces pittoresques constructions dépas- 
sent en hauteur les autres parties de la ferme. 
Celle-ci est généralement construite soit en pisé, 
soit en briques crues, la brique cuite est réser- 
vée pour l'encadrement des portes et des fenê- 
tres. Un enduit de teinte claire masque ces pau- 
vres matériaux, mais il s'écaille souvent et cela 
donnerait une allure lépreuse si le soleil, la lu- 
mière, l'opulence des cultures, quelques espa- 
liers vigoureux n'imprimaient au contraire de la 
beauté et de la couleur à toutes choses. 

La coquetterie est réservée pour le colombier, 
souvent peint de couleur tendre, soigneusement 
crépi et badigeonné quand la demeure familiale 
reste nue sous son grand toit plat. 

Tel est ce pays de la Rivière, comme on appelle 



LA RIVIÈRE MONTALBANAISE. 287 

les rives du Tarn et de rAveyron, tandis que le 
massif de collines entre les deux cours d'eau 
se nomme le Ramier. Cette Rivière redevient 
pays vignoble ; vers Rressols et Gorbarieu on a 
beaucoup replanté. Les villages des ribiérencs se 
suivent au long du Tarn. Labastide-Saint-Pierre 
V mire une jolie église moderne; avec les pins 
parasols de la campagne, elle donne de Tallure 
au paysage. Reyniès est bâti à un passage de la 
rivière, Orgueil s'éparpille à l'écart. Tous ces 
villages fournissent des ouvrières à la grande 
fabrique de pâtes alimentaires de Villemur. Un 
train de marchandises partant le matin de Mon- 
tauban possède quelques wagons de troisième 
classe qui recueillent femmes et jeunes filles. Je 
Fai pris jusqu'à Nohic, pour gagner Villebrumier. 

Nohic est un vieux village, dont l'église, bâtie 
à l'écart, est à la fois sinistre et charmante, sui- 
vant l'heure; toute menue, très vétusté, elle 
dresse un haut pignon de briques que les siècles 
ont décoloré. Le Tarn coule à une demi-lieue de 
là, au pied d'une terrasse qui porte cette partie du 
Ramier derrière laquelle le Tescou s'est creusé 
une vallée régulière et profonde. 

Au bord même de la rivière, la bastide de 
Villebrumier, toute petite, mais d'une parfaite 
régularité, s'abrite dans une sorte de pli formé 



238 VOYAGE EN FRANCE. 

par la côte régulière. Ce n'est guère qu'un vil- 
lage, le dernier du Tarn-et-Garonne en remon- 
tant le Tarn ; à i 800 mètres à peine commence 
la Haute-Garonne. 

Un chemin rural longe le Tarn, apaisé sous 
les barrages de navigation retenant ses eaux 
d'un vert sombre, que la moindre pluie tombée 
dans le Rouergue changera en flots rouges. 
Il aboutit à Villemur^ une bastide encore, mais 
mieux développée que Villebrumier, grâce à 
l'industrie et à sa position à un important pas- 
sage de la rivière. 

Cette petite ville eut jadis une population de 
plus de 5 000 âmes, descendue à 4 000 aujour- 
d'hui ; la dépopulation a surtout frappé la partie 
rurale. Elle offre sur le Tarn un pittoresque 
décor, par ses hautes maisons de briques rouges 
portées sur des voûtes ou des terrasses, leurs 
galeries en surplomb, les balcons, les toits irré- 
guliers. La rivière, retenue par un barrage, fait 
mouvoir une grande usine sur la rive gauche ; 
de l'autre côté elle actionne un curieux moulin 
en forme d'abside, revêtu d'une haute toiture. 
La grande usine est une des plus puissantes 
fabriques de pâtes alimentaires de France, elle 
occupe six cents ouvrières venant pour la plu- 
part des campagnes voisines. Des fabriques de 



LA RIVIÈRE MONT ALBANAISE. 289 

gluten, des papeteries, une fabrique de carton- 
iiarjes, une autre pour la confection des mesures 
en bois et une soufflerie de poils complètent 
l'ensemble de manufactures qui a fait accroître 
Villemur. 

L'intérieur de la ville est de médiocre intérêt, 
les rues étroites n'ofl'rent pas de constructions 
ayant quelque apparence, l'église est son unique 
monument. Le Tarn seul lui donne quelque 
attrait, il est la vie par ses grandes usines, la 
lumière électrique qu'il fournit et la navigation. 
Un joli quai ombragé le borde en amont. 

Rien, cependant, ne retient longtemps ici, je 
m'en vais donc à Grisolles, à travers la plaine 
qui donnait les vins jadis célèbres de Fronton et 
de Villaudric que l'on commence à produire de 
nouveau. 

Aussitôt le Tarn franchi et le petit quartier 
ouvrier de la gare traversé , on est en pleines 
cultures, le hameau de Magnanac est entouré de 
moissons blondes ; peu à peu elles semblent sub- 
mergées dans le vignoble de plus en plus étendu. 
Vignes basses à ceps noueux, divisées en larges 
rangées à travers lesquelles les bœufs au pelage 
d'un roux tendre conduisent la charrue ; les 
animaux sont accouplés par un joug très long. 



2 4o VOYAGE EN FRANCE. 

permettant de passer au-dessus des ceps sans 
les effleurer. 

Villaudric apparaît, sa flèche blanche pointant 
très haut ; plus loin, Vacquiers dresse une autre 
flèche très effdée au-dessus d'un mamelon su- 
perbe. 

Le chemin, par ses fossés et son étroit trottoir, 
sert de pacage aux oisons que des vieilles femmes 
ou des fillettes conduisent ; ces bestioles au duvet 
jaune sont en nombre invraisemblable. A chaque 
instant on en voit sortir des fermes aux grandes 
arcades, aux hangars dont les toits plats sont 
soutenus par des piliers, aux grands pigeonniers 
isolés. Cet ensemble évoque l'idée de la plaine 
lombarde. 

Les fermes sont aussi des celliers, car la vigne 
est souvent maîtresse absolue du sol. Tous les 
vieux plants ne sont pas morts. Le produit est 
assez abondant pour qu'un seul acquéreur de 
Paris ait pu dernièrement faire un marché de 
plusieurs milliers d'hectolitres. Toute cette par- 
tie de la plaine est une argile grise très com- 
pacte que recouvre la nappe de ceps. Il n'y a de 
grande végétation qu'aux abords des hameaux 
et des fermes où les arbres fruitiers sont nom- 
breux et variés : pruniers, pêchers, coignassiers 
et noisetiers. 



LA RIVIÈRE MONTALBANAISE. 24 1 

Sur le bord d'une terrasse ravinée est bâti 
Villaudric ; dans les constructions neuves les 
briques crues font place aux briques cuites alter- 
nant par assises avec les cailloux roulés. Dans 
son ensemble, ce pauvre bourg terreux est d'as- 
pect vétusté, on ne sait pas ici faire des murs 
de pisé comme autour de Lyon où l'on édifie 
avec la terre des bâtiments de plusieurs étages 
laissant une impression de force. 

Beaucoup de maisons sont abandonnées, le 
phylloxéra ayant sévi. Cependant Villaudric reste 
fameux par ses vins. A Toulouse et dans tout le 
Lauraguais, le villaudric est la bouteille fine que 
l'on sert le plus volontiers. Ce cru et celui de 
Fronton son voisin sont les meilleurs de la Haute- 
Garonne; ils ont « plus de finesse, de délicatesse 
et de bouquet )> que les excellents vins de Tarn- 
et-Garonne. 

Lorsque M. Rendu publiait son Ampélographie 
française. Fronton avait 1 827 hectares de vignes, 
Villaudric 525. Peut-être l'étendue est-elle en- 
core égale, car on a beaucoup reconstitué et le 
vignoble dépasse fort la surface en céréales. De 
Villaudric à Fronton on est sans cesse au milieu 
de ces rangées de ceps. 

Fronton est un grand bourg construit en bri- 
ques crues, partie au long d'une grande route, 

VOYAGE EN FRANCE. XXXI. 16 



242 VOYAGE EN FRANCE. 

partie autour d'une église dont le clocher est 
une haute tour carrée sans caractère. Les enca- 
drements de briques rouges des ouvertures, le 
badigeon, les grands auvents donnent un peu 
de pittoresque. Le commerce est assez actif, 
grâce à la vigne. De nombreux commission- 
naires en vins y ont leurs bureaux. 

De la vigne, toujours de la vigne. La campagne 
en est monotone car on ne trouve plus ici les 
grandes fermes flanquées de leurs pigeonniers. 
Au bord du talus de la route croissent des cistes, 
que je ne m'attendais guère à trouver sur ce 
plateau si éloigné de la Méditerranée. Il faut 
atteindre le versant de la Garonne pour revoir 
les céréales. 

De cette terrasse la vue est immense : d'un 
côté sur le versant du Tarn que je viens de par- 
courir, de l'autre sur la Rivière garonnaise semée 
de fermes et de hameaux ; le lleuve se devine à 
une large zone d'arbres qui en dessine les sinuo- 
sités. Au delà, Grenade montre son damier ré- 
gulier de maisons ; vers le sud, Toulouse dresse 
ses tours et ses flèches émergeant d'une brume 
légère '. Au pied de la côte s'étend Grisolles ; la 



I. Sur Toulouse et Grenade, voyez la 38" série du Voyage en 
France. 



LA RIVIÈRE MONTALBANAISE. 243 

flèche élégante et svelte de son église surgit 
au-dessus des fauves toits plats. Dans un groupe 
d'arbres, le château de Fontanas apparaît, flan- 
qué d'une mince tourelle. A la sortie de la petite 
ville, le canal trace un étincelant sillon dans la 
plaine. 

Un sentier entre les moissons conduit à Pom- 
pignan, de là on a sans cesse sous les yeux la 
plaine immense et les pentes molles entre les- 
quelles s'ouvrent, très évasés, la vallée de la 
Save et des vallons latéraux. De grands fenouils 
et des genêts en fleurs mêlent leurs odeurs péné- 
trantes. Voici Pompignan, village modeste qui 
semble écrasé sous la masse de son château, 
édifice de brique conçu dans le style classique. 
Cette belle demeure fut celle de Lefranc de 
Pompignan, qui dut une célébrité durable à son 
ode à J.-B. Rousseau. Ce magistrat, qui avait 
titre de marquis, fit reconstruire l'église, il vou- 
lut y être inhumé : c'est un temple assez simple, 
dressant au pied de la colline une tour carrée, 
en brique, couronnée de balustres. 

Le village est entouré de champs de céréales 
d'une extrême vigueur. Arthur Young, en 1787, 
s'émerveillait de cette richesse agricole de « Pom- 
pinion » où il dîna au « Grand-Soleil, auberge 
excellente )>. La Beauce n'offre pas de blés et 



2 44 VOYAGE EN FRANCE. 

d'avoines comparables à ceux-ci. Mais les do- 
maines sont de peu d'étendue, pans de verdure 
aux teintes variées sur lesquels tranchent des 
guérets rougeâtres. 

Tout à l'heure couvert, le temps s'est éclairci, 
le paysage s'agrandit, on voit peu à peu se 
dessiner le rideau merveilleux des Pyrénées 
bleuâtres, festonnées de neige. 

A l'entrée du village un bruit gai de battoirs 
et d'eau jaillissante. Une fontaine tombe dans 
un bassin abrité par un toit de charpente. A côté 
sont les communs du château, drapés de lierre, 
encadrant une grille qui permet d'apercevoir des 
pelouses, de grands arbres, des corbeilles de 
roses. Gela semble un rêve, après les mono- 
tones étendues des vignes de Fronton. Le châ- 
teau couvre une haute terrasse de brique om- 
bragée de tilleuls et domine le village aux toits 
de tuiles projetés en auvents. Bien des maisons 
abandonnées, ruines navrantes car la brique 
crue s'est délitée sous la pluie. Pompignan, jadis 
animé par le roulage, a bien perdu avec le canal 
et le chemin de fer qui passent à ses pieds sans 
lui laisser voyageur ou trafic. 

Près de l'église la mairie-école est précédée 
d'une allée fleurie de roses ; un vieux pigeon- 
nier, qui fut peut-être le colombier féodal du 



LA. RIVIÈRE MONTALBANAISE. 245 

marquis de Pompigiian, complète le site tran- 
quille. 

Au long du canal bordé d'ormes et de frênes, 
coulant à la marge de la plaine couverte de maïs 
et de sorgho, le chemin de halage conduit à Gri- 
solles. Le sorgho est en champs réguliers ou en 
lignes encadrant le maïs. Celui-ci montre déjà 
ses panicules et ses épis ; le sorgho, plus haut 
et mince, n'a encore qu'une tige garnie d'un 
feuillage rubané et flottant. 



XVI 

LES CHAPEAUX DE PAILLE DU OUERCY 



Au bord de l'Aveyron. — Les pèches de l'Honor de Gos — Une 
ville gauloise disparue. — Real ville et le vallon de la Lère. — 
La fabrication des chapeaux de paille, son origine, ses dévelop- 
pements. — Les usines de Gaussade. — Quelques mots sur la 
production des tresses. — La ville de Gaussade. — Sur le causse. 
— Septfonds. 

Septfonds. Juillet. 

Ce n'est pas seulement la Garonne et le Tarn 
qui parcourent l'immense plaine montalbanaise, 
r.Vveyron la borne vers le nord et ses rives ne 
sont pas la partie la moins riche et la moins fertile 
du superbe terroir. L'abri du massif quercinois 
crée une zone privilégiée par la douceur du cli- 
mat; le sol, meilleur, se prête mieux aux cultures 
maraîchères; là s'alimente le commerce de pri- 
meurs de Montauban, en voie de progression 
constante. La course à travers cette partie de la 
plaine, par la route de Cahors, offre plus de 
gaîté, grâce aux arbres et aux belles maisons 
rurales ayant toutes le classique pigeonnier. 

Sous l'écran des collines, véritable espalier 



LES CHAPEAUX DE PAILLE DU QUERCY. 2 47 

au soleil du midi, les pentes de rAveyron sont 
plus belles encore. On y récolte la superbe pêche 
à noyau non adhérent, appelée l'Honor de Cos 
et plus connue dans le commerce comme pêche 
de Montauban. Le fruit est gros, dur, à chair 
jaune. Son nom singulier d'Honor de Cos est 
celui d'une commune couvrant le sommet des 
collines et les pentes de riants vallons où sont 
disséminées les habitations rurales, car il n'y a 
pas de village, malgré la population de plus de 
I 200 âmes. Quant à Cos, c'est un hameau occu- 
pant une abrupte terrasse des bords de TAvey- 
ron, il a succédé à la cité gauloise de Cosa, 
longtemps florissante par le commerce et dé- 
truite sans doute par les barbares. Une autre 
commune, Picquecos, en garde également le sou- 
venir. Cos n'est pas même une commune, il 
dépend de Lamothe-Capdeville. 

Si les hauteurs et leurs vallons bien exposés 
au soleil sont le domaine des arbres fruitiers, les 
bords de la rivière offrent d'admirables cultures 
de blé, de maïs, de luzerne, de pommes de terre. 
Vers Albias les deux rives sont d'une extrême 
opulence. Elle a frappé des Anglais, fabricants de 
conserves en quête de matières premières pour 
leurs chers pickles ; ils ont proposé aux habitants 
de Cayrac de se livrer à la culture des cornichons. 



248 VOYAGE EN FRANCE. 

jusqu'alors confinée autour de Toulouse. Les 
Gayracois ont accepté, les essais se font avec 
assez de succès jusqu'à présent, peut-être va-t-il 
se créer là une de ces spécialités de cultures de 
plus en plus nombreuses dans notre pays. 

Le choix de Gayrac s'explique : la fertilité du 
sol est extrême, les collines abritent des vents 
du nord, la Lère et TAveyron arrosent ce terroir. 
Il est peu de coins plus favorisés en France que 
les bords inférieurs de la belle rivière venue des 
causses et où les poissons se jouent en foule. 

A l'entrée de la petite vallée de la Lère, la 
bastide de Réalville s'étend au pied d'un coteau 
planté d'arbres fruitiers. Au-dessous, la rivié- 
rette coule entre les prés et les cultures. Le 
site était admirablement choisi pour une ville, 
mais le centre d'attractions reste à Gaussade et 
s'y maintient d'autant plus que celle-ci est deve- 
nue une cité industrielle très vivante, dont le 
nombre d'habitants, après avoir fléchi, s'est re- 
levé à mesure que la population ouvrière était 
davantage attirée. Gas bien rare dans ce pays 
purement agricole où chaque dénombrement 
constate une navrante décroissance ^ 



I. De 3747 habitants le nombre s'est élevé en moins de dix 
ans à 4 5o8, dont 8017 de population agglomérée. 



LES CHAPEAUX DE PAILLE DU QUERCY. 249 

Cette activité est due à la confection des cha- 
peaux de paille, née dans une petite ville du 
voisinage, Septfonds, où elle se maintient encore, 
très vivante. On a pu en retrouver l'origine. 
D'après un article d'un journal de Montauban', 
elle remonterait à 1798; les premiers essais 
seraient dus à une bergère nommée Pétronille 
Cantecor, qui imagina de tresser de la paille de 
seigle ou des brins de jonc, puis de coudre les 
tresses pour en faire des chapeaux. Elle réussit, 
créa un petit commerce et fut bientôt obligée 
de former des élèves. De Septfonds, on alla ven- 
dre à Gaussadcj puis à Montauban et jusqu'à 
Toulouse. Les rustiques coiffures confectionnées 
dans les veillées de Septfonds se répandaient 
peu à peu ; après les champs de foire du Quercy, 
du Rouergue et du Languedoc, elles allèrent 
plus loin encore. Les fabricants de chapeaux de 
Lyon et du Dauphiné eurent vent de cette con- 
currence, mais, bien avisés, ils profitèrent de 
cette main-d'œuvre à bon marché pour s'appro- 
visionner à Septfonds des tresses nécessaires à 
leur industrie. 

Déjà la petite ville isolée sur le premier gra- 



I. Résumé par M. Gébelin dans le Bulletin de la Société de 
géographie de Bordeaux. 



2 Do VOYAGE EN FRANCE. 

din des causses commençait à livrer des pro- 
duits moins rudimentaires. Pélronille Cantecor 
dirigeait toujours sa maison, devenue impor- 
tante à partir de i83o; à côté, d'autres étaient 
nées. On ne se borna pas à produire la tresse : 
puisque le Dauphiné faisait des chapeaux de 
meilleur goût, plus élégant, on irait chercher 
des ouvriers là-bas. Ainsi fut fait. En pleine crise 
politique, en 1849, on voyait enfin Septfonds 
entrer en lice pour les articles de choix. 

Quelques années encore furent nécessaires 
pour passer du petit atelier à l'usine, il fallut 
l'époque de prospérité dont les deux termes 
furent la guerre de Grimée et la guerre du 
Mexique pour faire pénétrer l'usage du chapeau 
de paille, objet de faible durée, parmi les gens 
habitués de tous temps au chapeau de feutre, 
presque inusable. Le règne des machines com- 
mençait, machines à coudre les tresses, machines 
pour la mise en forme, etc. L'ouvrière la plus ac- 
tive pouvait à peine faire dix chapeaux par jour, 
la machine à coudre permit d'en faire quatre à 
ciiu{ fois plus. La machine elle-même se perfec- 
tionne sans cesse^ d'abord mue par le pied de 
l'ouvrière, elle a reçu le concours de la vapeur; à 
son tour l'électricité pénètre dans la fabrication. 

Il vint un moment où, malgré ses accroisse- 



LES CHAPEAUX DE PAILLE DU QUERCY. 25 1 

ments successifs', Septfonds ne put suffire aux 
demandes. Alors l'industrie se porta à Caussade. 
Elle eut des capitaux et put faire grand. L'impor- 
tateur de la fabrication, M. Rey, est aujourd'hui à 
la tête de la production, il est maire de la ville et 
a reçu la croix de la Légion d'honneur des mains 
de M. le président Carnot pour le développement 
qu'il a su donner à ce groupe de fabriques. 

Cet exode n'a pas suffi, pour trouver la main- 
d'œuvre, d'autres maisons sont allées s'installer 
à Montauban, à Réalville, à Servanac, à Saint- 
Antonin. 

Mais quel changement ! La bonne vieille 
tresse de paille de seigle, faite à la veillée dans 
les métairies du causse, n'est plus ! Du moins, 
on en fait si peu que cela est à peine à signaler. 
Pour leurs matières premières, Caussade et Sept- 
fonds ont surtout recours à la Chine et au Japon, 
à l'Italie, la Suisse et la Belgique. La Chine 
fournit la tresse usuelle, celle dont l'emploi est 
classique ; le Japon envoie des pailles mieux 
travaillées, destinées au bel article de fantaisie ; 
l'Italie fournit les tresses les plus fines, la Bel- 



I. Septfonds n'avait pas plus de 800 habitants quand l'industrie 
y naquit; en 1861, au début de l'emploi des machines, le nombre 
s'élevait à 1 2o3 ; vingt ans après, à i 869 ; au dernier recense- 
ment, 1901, il est de 2 871. 



2 52 VOYAGE EN FRANCE. 

gique produit entre Liège et Maëstricht une 
tresse légère destinée à former le dessous de 
bord des chapeaux. Enfin la tresse du pays, 
dite de Toulouse, produite dans le Lot-et-Ga- 
ronne, le Tarn-et-Garonne et le Lot, entre pour 
une faible part dans la confection des chapeaux, 
elle est très ordinaire et « moins avantageuse » 
que celle de l'extrême Orient. 

Il y a quelques années encore, nous étions tri- 
butaires de l'Angleterre pour l'approvisionnement 
en tresses de Chine et du Japon ; celles-ci allaient 
s'entreposer, se faire teindre et blanchir dans la 
ville de Luton qui est le Gaussade anglais, d'où 
elles revenaient en France grevées des droits et 
bénéfices des intermédiaires. Les commerçants 
du groupe lyonnais ont fait des efforts pour atti- 
rer directement ces produits. Aujourd'hui la 
France reçoit par Marseille une quantité de tresses 
de Chine supérieure à celle que nous fournit l'An- 
gleterre. Il est hors de doute que nous arriverons 
à nous débarrasser du tribut en créant des ate- 
liers de blanchissage, de teinture et d'apprêt ^ 

Les deux petites villes du Ouercy n'ont pas 



I. Voici, d'après la statistique de igoi, la quantité de tresses 
de paille tirées de l'étranqer par la France : Chine, 669 680 kilo- 
grammes ; Angleterre, 675 885 ; Italie, 343 662 ; Suisse, 255 643 ; 
Japon, g5 i33 ; Belgique, 64 334; Allemagne, 19962. 



LES CHAPEAUX DE PAILLE DU QUERCY. 2 53 

encore d'agents en Chine, elles font leurs achats 
par l'intermédiaire de commissionnaires, cepen- 
dant l'importance de leur production permettrait 
des relations directes avec ces pays lointains 
dont elles tirent leurs « cantons », du nom du port 
principal de provenance. La valeur des affaires 
atteint, dans le groupe, de cinq à six millions de 
francs. On compte une quarantaine de fabriques. 
Septfonds seul en a vingt-deux, dont quatre très 
importantes. Caussade n'en compte que quatre, 
mais égales à Septfonds tout entier pour la quan- 
tité de produits. On fait dans les deux villes de 
4 000 à 5 000 chapeaux par jour ; la gare de 
Caussade, qui sert en même temps à Septfonds, 
envoie i5oooo caisses dans l'année pour toutes 
les directions, France, colonies et étranger. 

Je visite Caussade pendant la morte saison. 
M. Rey fds, qui a bien voulu se faire mon 
guide, me dit que le travail s'est ralenti depuis 
le commencement de juillet et cessera bientôt 
pour reprendre seulement en septembre et oc- 
tobre. Tous les commerçants en chapeaux de 
paille sont approvisionnés maintenant, et la mode 
pour l'an prochain n'est pas encore dessinée. On 
profite de ce chômage pour préparer les modes 
nouvelles et faire les collections de voyage qui 
ne comprennent pas moins de 200 types en 



2 54 VOYAGE EN FRANCE. 

moyenne. Avec les débouchés sans cesse ouverts 
dans les pays ensoleillés, le chômage diminue 
peu à peu ; déjà certaines années laissent à peine 
le mois d'août pour fermer les ateliers et pro- 
céder aux réparations. Si je n'assiste pas à la 
grande fièvre du travail, les ateliers de MM. Rey 
ont encore beaucoup d'ouvrières; entre leurs 
mains se déroulent les blanches tresses qui 
prennent rapidement la forme plus ou moins 
précise d'un chapeau. Ce rudiment sorti de la 
machine se nomme cloche. 

Gaussade et Septfonds possèdent 2 000 ma- 
chines de divers systèmes pour la couture. 

En quittant les ateliers de couture, les cloches 
vont auxatehers de dressage. Jadis le travail de 
mise en forme, qui donne au chapeau son aspect 
définitif et sa rigidité, se faisait à la main, il était 
très pénible. Depuis 1866, époque 011 la machine 
à coudre fit également son apparition, le dres- 
sage est fait par des presses hydrauliques; les 
deux centres en comptent 200. Le chapeau est 
disposé sur un moule en métal chaufTé au gaz, 
sur lequel la presse vient appuyer. Chaque fabri- 
que produit elle-même son gaz. 

Les machines sont très ingénieuses ; parmi les 
plus récentes il en est qui font des coutures invi- 
sibles et donnent aux chapeaux ainsi préparés 



LES CHAPEAUX DE PAILLE DU QUERCY. 2 55 

l'aspect des chapeaux tressés de toutes pièces 
dans rAmérique centrale, ou des chapeaux rem- 
maillés fournis par la Toscane. 

Tout en ayant sa forme et sa rigidité, le cha- 
peau n'est pas achevé; il faut mettre la coiffe qui 
est tissée et préparée au Put, la garniture de 
cuir, le ruban, le galon de bordure s'il y a lieu. 
Tout cela nécessite encore beaucoup de femmes 
aux ateliers ou à domicile, les hommes sont uni- 
quement occupés au dressage. 

Pendant que je note ces particularités, mon 
aimable guide me montre une multitude de cha- 
peaux dont la commande est récente et qu'il 
faut envoyer en hâte : ils sont destinés aux em- 
ployés d'octroi de Paris, à qui l'on veut adoucir 
les rigueurs de cet été caniculaire. Dans un autre 
atelier, j'assiste au travail délicat du dressage 
des chapeaux de rotin. Les cloches de cet ar- 
ticle de luxe arrivent àCaussade dans les caisses 
qui ont transporté à Java des allumettes de 
Suède. 

A Caussade la main-d'œuvre est payée à façon 
ou à la journée. Les salaires varient de 2fr. 5oc. 
à 4fr- pour les hommes, de i fr. 5oc. à 3 fr. pour 
les femmes. Ce sont des chiffres modestes, mais 
dans ce doux pays où la vie est facile, ils repré- 
sentent une somme bien plus élevée qu'ils ne le 



2 56 VOYAGE EN FRANXE. 

feraient dans le Nord. Sauf le chômage annuel 
régulier, de plus en plus restreint, survenant 
d'ailleurs à une époque de l'année où il y a moins 
de privations, le travail est constant, grâce à 
l'intelligence des industriels qui ont su ouvrir 
des débouchés et sont parvenus à chasser les 
concurrents étrangers du marché français. De 
ces rivaux, les plus dangereux étaient les An- 
glais, qui ont dans leur ville de Luton, en Bed- 
fordshire, la manufacture la plus considérable du 
monde pour la fabrication du chapeau de paille 
el surtout pour la préparation, le blanchissage et 
la teinture des tresses. Cette ville de 35ooo âmes 
possède plus de loo usines ou grands ateliers. 
Un tel centre est assuré d'énormes débouchés 
par l'étendue du domaine colonial britannique. 
En Suisse, la petite cité argovienne de Wohlen 
est le cœur de la production, nous lui achetons 
des tresses pour une somme considérable; la 
Toscane, où l'on fait directement la tresse avec la 
paille du pays, est moins une concurrente pour 
nous qu'une des sources d'alimentation pour les 
produits de quaUté supérieure'. L'Allemagne, qui 



I. J'ai déjà parlé de la fabrication des chapeaux de paille dans 
diverses séries du Voyage en France : 'j^ (Saint-Symphorien-siu"- 
Coise), chap. IX; cf (Saint-Georges-d'Esperanche), chap. II; 
22^ (Nancy), chap. VII. 



LES CHAPEAUX DE PAILLE DU QUERCY. 2D7 

possède ses principaux établissements à Lin- 
denberg en Bavière et à Dresde, et la Belgique 
ne sont plus considérées par nous comme des 
rivaux dangereux. 

En France deux autres groupes de chapellerie 
de paille : Nancy et la région lyonnaise avec ses 
ateliers de Lyon, Saint-Symphorien-sur-Coise, 
Saint-Georges-d'Espéranche et Grenoble, cons- 
tituent les grands points de fabrication, ils ont 
ce qui manque à la contrée de Caussade : les 
usines de teinture et de blanchiment. 

Cette intéressante industrie a été favorisée 
par notre régime douanier qui, considérant la 
tresse comme une matière première indispen- 
sable, ne la frappe pas, et, par contre, impose 
des droits élevés aux produits fabriqués. Cette 
législation favorable a fait cesser l'invasion du 
marché français par les chapeaux anglais et alle- 
mands. 

La ville de Caussade est avenante, grâce aux 
boulevards ombreux qui l'enveloppent, à son 
jardin public, aux belles constructions de cette 
ceinture gagnée sur l'emplacement des fortifica- 
tions. A l'intérieur, c'est une vieille cité aux rues 
sinueuses, bordées de hautes et sévères cons- 
tructions de brique. Au cœur, l'église recons- 

VOYAGE EN FRANCE. XXXI. 17 



2 58 VOYAGE EN FRANCE. 

truite a gardé de l'édifice primitif une belle tour 
octogonale de style toulousain. D'une construc- 
tion massive entourée de créneaux s'élance cette 
tour à trois étages, de hautes fenêtres jume- 
lées se répètent sur chacun des huit pans. Au- 
dessus se dresse une belle flèche à crochets. Il 
n'y a pas d'autre monument, à moins de donner 
ce nom à l'ample maison bourgeoise qu'habita 
M. de Maleville. 

Gaussade est un petit centre agricole assez 
vivant, grâce à de riches campagnes qui élèvent 
beaucoup de volailles dont la qualité est renom- 
mée. Bâtie au pied du causse, dont elle a pris 
le nom et qui, appelé causse de Saint-Antonin 
ou de Gaylus, est l'extrémité du causse de Li- 
niogne, elle doit à ce sol calcaire d'être déjà un 
producteur de truffes. 

La rivière de Lère forme pour ainsi dire la 
bordure du causse et le sépare du pays strié 
de vallées appelé le Ouercy-Blanc en laissant à 
l'écart sur le plateau la petite ville de Septfonds 
encore plus exclusivement vouée que Gaussade 
à la fabrication du chapeau de paille. Une route 
absolument droite réunit les deux villes, sépa- 
rées par 7 kilomètres; elle s'élève insensiblement 
depuis Gaussade, située à iio mètres, jusque 



LES CHAPEAUX DE PAILLE DU QUERGY. 269 

sur le causse, à 198, d'où elle descend dans le 
bassin de Septfonds. 

De grands platanes font de cette large voie une 
majestueuse avenue. De chaque côté le sol, 
d'une terre rouge, offre le même aspect de ri- 
chesse agricole que les plaines du Tarn et de 
l'Avejron, cependant les maisons rurales sont 




moins vastes; à peine çà et là quelques grandes 
fermes flanquées du haut pigeonnier sur lequel 
les oiseaux roucoulent. 

Les habitations font partie de la commune de 
Monteils, qui ne possède aucun village et dont 
le territoire forme comme le perron, aux pentes 
douces, du causse. Les vues deviennent gran- 
dioses, on voit surgir des collines portant à leur 



26o VOYAGE EN FRANCE. 

sommet d'antiques bourgades féodales conser- 
vant un I)e]li({ueux aspect. Montalzat, bastide 
du xm* siècle, coiffe une de ces collines, à 3oo 
mètres d'altitude, et commande d'immenses ho- 
rizons sur le bas Ouercy, le Ouercy-Blanc et 
l'.Vgenais. Ces bourgs ainsi juchés sur des som- 
mets semblent encore en sentinelles, bien que 
depuis des siècles la paix se soit faite dans ce 
pays que tant de sang arrosa. Leurs noms ré- 
vèlent ce caractère dominateur : Montpezat, 
Montalzat, Mirabel... 

Le causse devient rocheux à mesure qu'on y 
accède, des blocs ou des dalles calcaires servent 
de limites aux champs. Si l'on construit encore 
un peu en briques crues, comme dans la plaine, 
la plupart des maisons sont en gros moellons et 
les hangars sont soutenus par des piliers de 
pierre brute. Sur la dalle rocheuse, la terre est 
assez épaisse, les bœufs retournent cette glèbe 
rougeâtre. Les espèces ici se mêlent : la race 
garonnaise montre encore ses attelages d'ani- 
maux à la robe claire, d'autres . attelages sont 
composés de bœufs de Salers à la puissante 
ossature, au pelage sombre. Dans les enclos 
beaucoup de poulains et de jeunes mulets, dont 
on fait l'élevage. 

Le hameau de Dardenne borde la route, un 



LES CHAPEAUX DE PAILLE DU QUERCY. 26 1 

pigeonnier surmonté d'une flèche d'ardoises sem- 
blable à celle d'une église se dresse au bord de 
la route dont c'est ici le point culminant. Une 
grande cuvette se creuse, sorte d'affaissement du 
causse; au fond apparaît Septfonds, derrière 
laquelle le terrain se relève en une pente ver- 
doyante rayée par le ruban blanc des routes. 

Le causse s'étend à l'est, plateau ondulé jus- 
qu'aux petits monts qui bordent l'Aveyron vers 
Saint-Antonin ; du côté opposé Puylaroque, 
Montalzat et Montpezat semblent avoir grandi. 

Voici Septfonds, grand damier de rues régu- 
lières étalées dans le verdoyant bassin. C'est une 
bastide, œuvre de ce grand bâtisseur de villes 
qui avait nom Alphonse de Poitiers. Le plan gé- 
néral est celui d'un triangle dont un des côtés 
limite la ville. Le fondateur avait choisi le site 
occupé par une abbaye dont l'église est devenue 
celle de la cité nouvelle. 

Septfonds conserve sa régularité et ses rues 
tracées au cordeau. Les vieilles habitations de 
poutrelles et de torchis se profilant en ressaut, 
ont presque toutes disparu. Le bien-être amené 
par l'industrie a fait construire des demeures de 
pierre, , plus confortables, mais aux façades 
plates et monotones. Des fils électriques vont 
partout, apportant la lumière et la force. Le 



262 VOYAGE EN FRANCE. 

courant, produit par une chute de la Lère, est 
conduit jusqu'à Caussade. 

Sur les portes quelques vieilles femmes font 
encore la paillole, tresse de paille fine et flexible 
du causse ; c'est avec la production de Puy- 
laroque, de Lalbenque et de Cayliis le vestige 
d'un travail jadis général dans la contrée. 

De grandes bâtisses abritent les ateliers, les 
fenêtres ouvertes laissent apercevoir les ou- 
vrières, femmes et jeunes filles, qui cousent la 
tresse, placent les rubans et les coiffes aux cha- 
peaux. Quelques-uns de ces établissements sont 
vastes, mais la plupart, de modestes dimen- 
sions, donnent peu l'aspect industriel. Les cons- 
tructions nouvelles répondent mieux aux besoins 
d'hygiène, les ouvertures sont de grandes baies 
par lesquelles pénètrent à flots l'air et la lumière. 
Jusque dans la campagne, au long des chemins 
et des routes, entre les prés et les vignes, on 
rencontre ces ateliers et l'on aperçoit les ouvriers 
travaillant au dressage des chapeaux. 



XVII 



LES GORGES DE l'aVEYRON 



La gare de Lexos. — Au long de l'Aveyron. — Les rochers du 
causse . — Saint-Antonin. — Le plus vieil hôtel de ville de 
France. — La vallée de la Bonnette. — Les phosphates du 
Tarn-et-Garonne. — Gouffre de la Goule. — Caylus. — Sur le 
causse. — En descendant l'AvejTon. — Penne et Bruniquel. — 
Montricoux et Négrepelisse. 



Montauban. Juillet. 

On sait combien certaines gares de la Com- 
pagnie d'Orléans sont amples et coquettes. Par 
un souci bien rare chez les ingénieurs, ceux-ci 
ont pensé que les chemins de fer, pour être mo- 
dernes et utilitaires, pouvaient cependant avoir 
un caractère architectural. De même que les 
ingénieurs militaires d'autrefois, les d'Argen- 
court et les Vauban, ne dédaignaient pas d'ap- 
porter des préoccupations d'art dans leur plan, 
de même quelques-uns des constructeurs de ce 
réseau ont su créer des œuvres charmantes. La 
ligne de Vendôme est à ce point de vue une 



264 VOYAGE EN FRANCE. 

chose unique. Mais çà et là, sur le réseau, d'au- 
tres jolies stations ont été édifiées. 

Celle de Lexos est un petit bijou, d'autant 
plus surprenant qu'il se trouve en pleine soli- 
tude. Il n'y a pas de commune de Lexos, mais 
un hameau de quelques feux dépendant de la 
commune de Varen en Tarn-et-Garonne et bâti 
au bord de l'Aveyron, dont la rive gauche est 
dans le département du Tarn. Le chemin de fer 
de Paris à Toulouse par Gapdenac abandonne la 
rivière pour aller dans le sud, laissant à l'écart 
la ville de Montauban. Afin de relier celle-ci à 
Paris, on a construit un embranchement au long 
de l'Aveyron. Longtemps importante, cette ligne 
est fort secondaire depuis qu'une voie moins 
accidentée et plus directe conduit de Limoges à 
Cahors et à Montauban. 

Quand fut construite cette ligne de l'Aveyron, 
on ne prévoyait guère la création d'une rivale 
outillée pour les grands trains, et Lexos sem- 
blait destinée à rester une des importantes bifur- 
cations du réseau, c'est pourquoi la gare fut non 
seulement ample, mais monumentale aussi par 
la beauté des proportions et des lignes et l'heu- 
reux mélange de la pierre et de la brique. 

Maintenant l'aimable édifice est endormi ; 
voici plusieurs fois que le hasard de mes courses 



LES GORGES DE l'aVEYRON. 265 

m'amène à Lexos et je suis toujours seul au 
buffet devenu hôtel. Peut-être, quand cette su- 
perbe région du Quercy, de la Marche du 
Rouergue et du haut Albigeois sera mieux con- 
nue, Lexos deviendra-t-il centre pour le tou- 
risme. Le chemin de fer, entre Lexos et Montri- 
coux, vaut à lui seul une visite. 

Plusieurs vallées s'ouvrent sur ce point, tou- 
tes belles, mais diversement. La plus longue, 
celle du Gérou, apporte à l'Aveyron les eaux 
nées autour de la noire Carmaux et qui ont 
coulé au pied de l'amphithéâtrale Cordes ' ; en 
amont la Baye, un peu plus bas la Seye, descen- 
dues au fond de couloirs creusés dans le causse 
de Limogne. Mais le vrai joyau du pays, une 
des merveilles du Midi, c'est la vallée de l'Avey- 
ron elle-même, dans cette courte partie de son 
cours où la rivière sépare le Quercy de l'Albi- 
geois. 

Combien cette contrée diffère de la plaine 
montalbanaise, pourtant si proche ! Les collines, 
très hautes, rapprochées, sont en partie cou- 
vertes de châtaigniers, ces arbres alternent avec 
les cultures et les prairies. Peu à peu ces pe- 
tits monts s'escarpent encore, le rocher appa- 



I. 35e série du Voyage en France. 



206 VOYAGE EN FRANCE. 

raît près de Fenavrols, hameau commandé par 
les restes d'une forteresse : tour et corniche de 
mâchicoulis. Au bord de l'Aveyron, une cons- 
truction vitrée porte une inscription : Fenayrols- 
les-Bains. Il y a ici quatre sources d'eaux froides, 
sulfatées calciques mises récemment en exploi- 
tation : Bombouzole n°^ i et 2, l'Église et Ville- 
neuve. 

Dans cette gorge où les beaux matériaux 
abondent, les constructions ont de l'élégance et 
de la couleur; près de Teussac un colombier de 
belle allure se mire dans la rivière, lente et pro- 
fonde, assombrie par les hautes roches de la rive 
gauche. Sur la rive droite, jusqu'à Saint-Anto- 
nin, il y a beaucoup de vignes, bien tenues, sur- 
tout dans la partie reconstituée. 

Les rochers rappellent les murailles des grands 
causses ; par leurs formes et leur hardiesse ils 
ont fait naître la légende. L'un d'eux, le roc 
Dansaïre, passait autrefois pour le rendez-vous 
des sorcières qui venaient y danser au clair de 
la lune. Plus loin ces parois s'escarpent encore, 
les plus belles se nomment les rochers d'An- 
glars, leur crête domine de 260 mètres les 
bords de la rivière et la petite ville de Saint- An- 
tonin, assise au confluent de la Bonnette et de 
TAvevron. 



LES GORGES DE l'aVEYRON. 267 

Un pont du xni^ siècle, qui a perdu une grande 
partie de son caractère par suite de son élar- 
gissement, franchit rAveyron et conduit dans 
cette ancienne petite ville, si curieuse et pitto- 
resque, qu'il faudrait préserver avec soin de 
toute transformation. Sauf les moulins à phos- 
phate installés sur la rivière, rien n'est venu en- 
core en troubler l'aspect archaïque. Saint-An- 
tonin n'eût-elle que ses maisons gothiques ou 
romanes, ses portes sculptées, ses ruelles aux 
perspectives imprévues qu'elle serait chère aux 
Français épris des vieilles choses de la patrie. 
Mais elle a mieux encore : la doyenne de nos 
maisons communes, une habitation noble cons- 
truite vers iioo et aménagée en 1269 pour ser- 
vir d'hôtel de ville. Depuis lors, elle n'a pas 
cessé d'être le lieu de réunion pour les élus de 
la cité. Dans le cours de tant de siècles elle 
avait subi bien des outrages, mais elle restait 
robuste avec ses arcades où l'arc brisé s'es- 
seyait, ses fenêtres romanes divisées par d'élé- 
gantes colonnettes aux chapiteaux révélant la 
verve et l'énergie d'une belle époque d'art. Au 
premier étage, une rangée de colonnettes est 
disposée en claire-voie séparée en trois parties 
par deux piliers. La grande salle est éclairée par 
les fenêtres qui, dans chaque travée, occupent 



268 VOYAGE EN FRANCE. 

les intervalles entre les colonnettes. Un beffroi 
carré flanque le vénérable édifice auquel Viollet- 
le-Duc, grand restaurateur s'il en fut, a rendu 
son caractère : plus peut-être qu'il eût convenu, 
disent certains archéologues. 

Ce joyau semble insuffisamment respecté, des 
affiches souillent les murs et les frêles colonne? 
sont reliées par des fils de fer destinés à supporter 
des lampions aux jours de réjouissance publique. 

La partie de la ville située aux abords de la 
rivière abonde en vieilles maisons de briques 
enchâssées dans la carcasse de charpente ; sou- 
vent les portes ogivales sont timbrées d'écus- 
sons disant que Saint-Antonin fut un séjour de 
gentilshommes. Dans des ruelles étroites, pau- 
vrement habitées aujourd'hui, on trouve aussi 
des vestiges d'un passé plus opulent; de grandes 
fenêtres à meneaux ont été murées par économie 
de vitres, on n'y a gardé qu'un jour rare. 

11 manque à ce tableau une église d'autrefois; 
celle qui dresse aujourd'hui une belle flèche est 
un diminutif de cathédrale gothique à trois nefs ; 
si l'œuvre est intéressante , il lui manque ce 
parfum du passé dont le reste de la cité est im- 
prégné. 

Non seulement Saint-Antonin a conservé l'as- 
pect du vieux temps, mais elle a même des in- 



LES GORGES DE l'aVEYRON. 269 

dustries dont le nom est toute une évocation 
d'antiques coutumes. On y fait des serges, des 
cadis et des bourrats. 

Pour préparer ces tissus servant encore à 
habiller les habitants des causses et de l'Albi- 
geois voisins, Saint-Antonin a ses fdatures, ses 
marchands de laine et des teintureries. La con- 
fection des sangles et des surfaix qui occupe 
tant de bras à Penne s'y est également implan- 
tée. Enfin, pendant quelque temps, on put croire 
qu'un vent de fortune soufflait sur le pays avec 
la découverte des phosphates sur le causse. Ces 
roches étaient broyées dans les usines échelon- 
nées sur la Bonnette et l'Aveyron. On en extrait 
encore, mais bien des poches sont épuisées. 
Même en 1901 la production fut nulle. « La 
seule carrière exploitée l'année précédente a été 
abandonnée à la suite de travaux de prospection 
n'ayant donné aucun résultat » dit l'ingénieur 
des mines dans son rapport au conseil général. 
Peut-être les recherches seraient-elles plus ac- 
tives sans la concurrence des phosphates d'Al- 
gérie et de Tunisie. 

Les poches qui contenaient la phospliorite se 
trouvent au nord-ouest de Saint-Antonin, sur la 
partie du causse étendue entre Septfonds et 
Caylus. Bien que les exploitations soient mortes 



270 VOYAGE EN FRANCE. 

OU plutôt endormies j'ai voulu mettre le pied 
sur le causse, déjà parcouru jusqu'à Septfonds. 
On peut l'atteindre directement en suivant la 
route qui, dès Saint-Antonin, s'élève sur les 
hautes parois de cette sorte de canon au fond 
duquel se tord l'Aveyron, mais j'ai préféré 
remonter jusqu'à Gaylus par la vallée de la Bon- 
nette. 

La route forme autour de Saint-Antonin un 
large boulevard planté d'ormes puissants et 
touffus et se prolonge sous les platanes au long 
de la riviérette aux eaux vives, à chaque instant 
retenues par des barrages destinés à faire mou- 
voir les moulins à phosphate qui s'échelonnent 
jusqu'à Gaylus. Il y en a six sur ce parcours 
de 12 kilomètres, trois autres fonctionnaient à 
Saint-Antonin même et l'on en comptait trois 
sur l'Aveyron, un en amont, deux en aval. En 
ce moment ces usines n'ont plus à broyer les 
phosphates rougeâtres dont la poussière a ma- 
culé les murs. 

Les retenues de la Bonnette animent le pay- 
sage par leurs petites cascades. La vallée est 
profonde, bien encadrée ; parfois les pentes se 
dressent en fauves falaises. La vigne couvre de 
nouveau les coteaux ; tout cela est très méri- 
dional d'aspect. Dans une sorte de cirque, le 



LES GORGES DE L AVEYRON. 27 1 

vieux petit château de Monge, très défiguré, 
conserve deux tourelles carrées. 

Par un vallon tortueux et encaissé, une autre 
rivière atteiut la Bonnette et vient faire mouvoir 
les roues d'une scierie et d'une tannerie qui 
forment le hameau du Martinet. Ce petit cours 
d'eau sort d'une abondante source appelée la 
Goule, issue d'un des mystérieux abîmes qui 
criblent le causse. L'eau est d'une admirable 
transparence ; à certaines époques, le gouffre 
dégurgite des flots troubles, sans doute après 
quelque violent orage autour de Septfonds. 

En amont, la vallée devient fort belle. Sur 
la rive gauche, elle se plisse en d'admirables 
combes séparées par des collines bien décou- 
pées projetées en promontoires; au sommet et 
sur les pentes sont des maisons blanches et le 
vieux château de Malterre aménagé pour l'exis- 
tence moderne; au fond se suivent les moulins 
à phosphate, sous leur couche de poussière 
ocreuse. Tout cela large, riant, lumineux, en- 
touré d'une intense verdure. Des hameaux se ju- 
chent très haut, ainsi celui de Joanny qui couvre 
un rocher à 875 mètres d'altitude, dominé lui- 
même par le signal de Saint-Rome qui en a Sgi. 

Sur l'arête du causse il y a beaucoup de mai- 
sons, cette vallée est couTcrte de constructions. 



272 VOYAGE EN FRANCE. 

dont beaucoup fort anciennes. Ainsi, sur la rive 
gauche, le vieux caslel de Gos, fort rébarbatif 
avec ses murailles et ses tours noirâtres avoi- 
sinant une chapelle. 

Soudain apparaît Caylus, dominé par un pan 
fauve de donjon ruiné, dressé sur un rocher 
isolé, et un château neuf ou trop restauré. La 
ville occupe le fond d'un cirque encadré par les 
parois du causse ; les toits bruns s'éparpillent 
en amphithéâtre. Au milieu s'élance la flèche de 
l'église. 

La bourgade est exiguë et simple. La vie est 
toute sur la route de Septfonds qui décrit une 
grande boucle pour s'élever sur le causse, là 
sont les auberges et nombre de boutiques. L'in- 
térieur est plus curieux, l'église possède un joli 
chœur et de hautes verrières ; en face est une 
maison gothique ornée de médaillons sculptés. 
Sur la place, dont un des côtés a une galerie 
d'arcades ogivales, de vieilles halles en lourdes 
et massives charpentes reposent sur des piliers 
de pierre. Près de là, une maison gothique con- 
serve une jolie porte. 

Une boutique annonce par une pancarte de 
la bijouterie de Livron. J'entre pour faire quel- 
que acquisition d'objets que je suppose avoir un 
cachet local. On m'offre des médailles, des croix, 



LES GORGES DE l'aVEYRON. 278 

des chapelets, souvenirs d'un pèlerinage àNotre- 
])ame-de-Livron, chapelle construite en i3o2 et, 
depuis lors, lieu de réunion des fidèles. Le petit 
édifice a été construit près d'une des abon- 
dantes sources issues d'un abîme au pied du 
causse, non loin du vieux village de la Capelle- 
Livron, intéressant par ses ruines féodales et 
son église romane. Toute cette vallée supé- 
rieure de la Bonnette abonde en sites singuliers ; 
un habitant de Gaylus m'en parle avec enthou- 
siasme ; il voudrait me conduire à Saint-Projet 
où la petite rivière, un moment perdue dans les 
profondeurs du causse, au sein d'un cirque su- 
perbe, reparaît par une abondante source jail- 
lissant du rocher. Près de là est une grotte pro- 
fonde où l'on pénètre en barque. 

Mais il faudrait des mois pour voir toutes ces 
merveilles naturelles dont le causse de Limogne 
est couvert ; innombrables sont les abîmes, les 
avens, les igues où se perdent les eaux. Je pré- 
fère gravir les pentes du causse par la route de 
Gaussade tracée en corniche au flanc du vaste 
cirque qui encadre Caylus : rochers percés de 
grottes, empanachés de figuiers noueux, tapissés 
de buis, parfumés par le chèvrefeuille dérou- 
lant ses lianes fleuries. 

En montant on a sans cesse la petite ville 



VOYAGE EN FRANCE. XXXI. 



274 VOYAGE EN FRANCE. 

SOUS les yeux, on devine comment elle s'est for- 
mée autour de cette roche isolée qui porta la 
forteresse des comtes de Gaylus et que l'on dé- 
figure aujourd'hui en l'entaillant à la mine. Le 
fond du cirque, d'un dessin géométrique, doit 
beaucoup de gaîté aux vignes peuplées de pa- 
villons de forme souvent pittoresque. Les ter- 
rasses cultivées et les assises rocheuses font 
comme une succession de gradins. 

Voici le causse. La vue est bornée, car des 
bois masquent Septfonds. Il y a de belles cultures 
entre ces taillis, riches en truffes. Le causse de 
Limogne, ici du moins, ne répond pas à la des- 
cription classique. Il y a une couche profonde 
d'un sol fertile où les céréales viennent bien. 
Ils ne sont pas rares, assure-t-on, les paysans 
dont la propriété rapporte soixante sacs de blé. 
Beaucoup d'avoine, quelques vignes, des prés 
naturels ou artificiels. « On voit des gens, me 
dit un brave homme avec qui je redescends à 
Gaylus, qui font 100, 200 quintaux de foin, 
même 5oo. » Cela n'empêche pas l'habitant du 
causse de parler avec un peu d'envie des ré- 
coltes en vin des bourgeois de Saint-Antonin. 
Ceux-ci ont beaucoup replanté, le succès est 
venu : en 1901 on a obtenu autour de la ville 
3 000 barriques de 220 litres. 



LES GORGES DE L AVEYRON. 27O 

« Si seulement on retrouvait des phospha- 
tes ! » Mais la « prospection », comme l'on dit 
maintenant, est peu fructueuse, les poches si- 
tuées à Albertas, près d'Audubert, ont bien été 
vidées. 

Retour à Saint-Antonin, arrêt avant d'entrer 
en ville pour contempler un cirque de roches en 
avant duquel se dresse une immense pyramide 
rougeâtre. Il y a bien des choses à voir encore 
ici : la grotte du Capucin, les ruines du château 
de la Valette où naquit le grand-maître de Malte 
qui fonda la ville de la Valette, et de grands 
rochers, et des igues et des dolmens... ! 

Plus intéressante est la vallée que je des- 
cends en chemin de fer jusqu'à Penne. La ligne, 
tantôt longeant l'Aveyron, tantôt coupant les 
boucles par des tunnels, longe ou troue les 
immenses rochers de ce couloir du causse. Ceux 
de la rive droite sont fantastiques, tant ils sont 
dentelés et colorés. Parfois le défdé est si étroit, 
que la rivière a trois ou quatre mètres à peine 
de largeur : ici elle se précipite entre des ro- 
ches, là elle sommeille, puis les parois s'écartent 
un instant, dessinant le joli bassin de Gazais : 
un pont, un banc de sable bordé de laveuses 
qui rient au passage du train. De nouveau les 



276 VOYAGE EN FRANCE. 

parois se rapprochent, moins farouches toute- 
fois. L'Aveyron s'est foré un lit dans la roche 
et continue son œuvre ; pendant les crues il va 
laver les bords de sa vallée où il a mis à nu la 
pierre lisse et blanche. 

Les à-pic recommencent, percés de cavernes ; 
le chemin de fer les longe en suivant toutes les 
boucles de la rivière. Un immense rocher sur- 
plombe le chemin de fer ; le voici dépassé et 
l'on voit s'entr'ouvrir un bassin verdoyant com- 
mandé par les étranges ruines du château de 
Penne, murailles rouges dressées sur un rocher 
de même teinte semblable à une lame de cou- 
teau. Au-dessous, à mi-hauteur, s'allonge le 
bourg de Penne. Son clocher est une tour à 
mâchicoulis. 

Le site est plus saisissant d'en bas, vu au pas- 
sage. J'ai une déception en montant à ce village 
de si grandiose allure ; il est d'une absolue placi- 
dité, la population se voue à la fabrication des 
sangles. Cependant on est frappé par la situa- 
tion formidable de la forteresse, encore belli- 
queuse malgré son état de ruine ; le château 
était comme suspendu sur la vallée et par delà 
l'Aveyron semblait menacer le causse aux pa- 
rois percées de grottes. 

La vallée est moins grandiose, au lieu des ro- 



2' 



ches à pic ce sont, jusqu'à Bruniquel, de raides 
pentes revêtues de broussailles. Jadis il y avait 
beaucoup de vie ; des forges et des fonderies 
exploitaient le minerai du pays, longtemps elles 
furent actives, on faisait des rails et des pièces 
de wagon. Les usines n'ont pu résister à la con- 
currence des établissements placés à proximité 
de la houille et de minerais plus riches. 

Le village de Bruniquel, qui avait donné son 
nom aux forges, constitue un des grands sites 
de la vallée. Sur de hautes roches fauves dres- 
sées entre l'Aveyron et la Vère débouchant 
d'une gorge profonde et verte, apparaît un vieux 
château semblable à quelque palais de légende 
par ses terrasses, ses viaducs, ses galeries, sa 
tourelle aiguë. Le château a deux faces, l'une 
farouche, l'autre riante. Le village, très ancien 
lui aussi, possède de vieilles maisons intéres- 
santes et offre des vues superbes sur les deux 
vallées. Le site est plus aimable que Penne, 
mais la forteresse n'a pas une assiette si puis- 
sante, aussi les seigneurs de Bruniquel qui au- 
raient voulu posséder leur voisine avaient-ils 
pris pour devise : 

RIEN SANS PEINE (Pcnnc). 

Désormais la vallée de l'Aveyron perd de sa 



278 VOYAGK EN FRANCE. 

sauvagerie, les pentes s'abaissent et s'émoussenl, 
le roc disparaît souvent sous de maigres taillis. 
Voici Montricoux, sentinelle placée à l'issue du 
cours héroïque de la rivière. Le bourg possède 
un de ces clochers octogones caractéristiques 
du pays toulousain, un reste de donjon, une 
tour, des débris de remparts. Jadis il farllait for- 
cer ce passage pour pénétrer dans la vallée. 

Et maintenant c'est la plaine, il n'y a plus sur 
le chemin de Montauban que la minuscule ville 
deNégrepelisse, reste d'une bastide souvent sac- 
cagée et brûlée. Ses maisons, très basses, s'ali- 
gnent autour d'une église à flèche dentelée. Sur 
la plaine les collines viennent mourir en pentes 
douces mêlant leurs vergers à ceux des terres 
basses coupées de joualles de vignes et de ran- 
gées de figuiers et de pruniers. Les grands 
pigeonniers se dressent de nouveau près des mai- 
sons. Là-bas on aperçoit les édifices de Mon- 
tauban. 



XVIII 

LES CINGLES DU LOT 

De Fumel à Cahors. — Les cinqles. — Ruines d'Orgueil. — Du- 
ravel et ses mines. — Puy-l'Évèque. — La patrie du maréchal 
Bessières. — Castelfranc. — Luzech. — Le tabac dans le Lof. 
— Mercuès et son château. — Cahors. — La vieille ville. — 
Les monuments. 

Cahors. Juin. 

Si la vallée du Lot, au lieu de servir à des 
relations locales, avait la bonne fortune de relier 
de grandes cités et d'être parcourue par la foule 
des voyageurs, elle serait célèbre entre toutes. 
Elle renferme de grands paysages et possède la 
grâce, dans sa partie inférieure, à travers le 
Quercv, comme elle est superbement farouche 
dans Fabîme creusé au sein du Rouergue. Même 
pour le touriste qui répugne aux grandes mar- 
ches, le passage au long de cette vallée creusée 
en pleine table des causses et emplie d'une végé- 
tation luxuriante, laisse le plus éblouissant sou- 
venir. Placez ces paysages à l'étranger, ils seront 
célèbres, chez nous on les ignore. 



2 8o VOYAGE EN FRANCE. 

Cette partie du cours de la grande rivière 
entre Capdenac et Fumel n'est pas moins riche 
que celle de TAgenais ; étroite, elle offre sans 
cesse de nouveaux tableaux. Le Lot a une direc- 
tion bien régulière de l'orient à l'occident, mais 
il poursuit son cours avec lenteur et caprice, 
dessinant des boucles d'une harmonie singulière, 
méandres auxquels les riverains de la Dordogne 
ont donné le nom de cingles, expression qui ne 
s'applique pas moins bien au beau cours d'eau 
de Gahors, ville emprisonnée dans un de ces 
plis. Il y a un moulin du Cingle à Puy-l'Evêque. 

Cette région finit à Fumel ', où l'embouchure 
de la petite rivière de Thèze, descendue du beau 
val que domine l'antique bastide de Montcabrier, 
marque l'entrée de l'Agenais. 

Dans ce grandiose couloir du Lot, la rivière 
va capricieusement de l'une à l'autre pente,t ici 
serrée de près par la montagne, de l'autre bordée 
par une petite plaine aux riches cultures. A Fu- 
mel elle rasait le pied du rocher qui porte la 
ville ; aussitôt qu'on a franchi la Thèze on pé- 
nètre au sein d'une étroite et belle plaine, tandis 
que la rive opposée, jusqu'alors basse, se hérisse 
en raides parois. 



I. Sur Fumel, voyez page 171, 



LES CINGLES DU LOT. 28 1 

Dans la partie plane, des champs de tabac, 
du maïs, des vignes qui prolongent leurs nappes 
jusque sur les pentes douces égayées de hameaux 
et de bordesj c'est-à-dire de maisons rurales iso- 
lées. Quelques châtaigniers dressent leur tronc 
puissant, couronné d'une vaste ramnre ; beau- 
coup de cultures de primeurs autour des habi- 
tations. 

Sur la rive gauche, au-dessus de la falaise, 
se montrent des substrnctions occupant le fond 
d'une grande boucle du Lot. Ruines de la ville 
d'Orgueil, dit la carte d'Etat-major qui donne à 
cette sorte de plate-forme le plan régulier d'une 
bastide exiguë. Les livres que j'ai feuilletés en 
route ne disent rien sur cette cité disparue dont 
la situation était superbe. Deux villages, Sotu- 
rac etTouzac, ont hérité d'Orgueil. Près du pont 
qui franchit le Lot est un hameau dont l'église 
romane, moderne, est simple et charmante avec 
son élégant pignon-campanile. De l'autre côté 
du Lot, Touzac se groupe autour d'un clocher 
lourdement coiffé d'un dôme. Les eaux du Lot, 
transparentes et vertes, plongent du sommet 
d'un barrage concave ; la rivière achève de dé- 
crire un de ses cingles les plus réguliers autour 
de la péninsule de Touzac, petite plaine d'une 
fertilité extrême, divisée en champs étroits où 



282 VOYAGE EN FRANCE. 

croissent les blés, les maïs et les harieols, sépa- 
rés par des cordons ou joiialles de vigne. 

Plus loin c'est la boucle rythmique dessinée 
autour du bourg de Duravel assis dans une si- 
tuation charmante, au creux d'un beau cirque 
de verdure. Ce fut une ville forte, héritière d'une 
cité romaine et dont l'église romane est une des 
plus anciennes du Quercy. Un château flanqué 
de tours accroît la beauté de ce paysage. 

Duravel redevient le centre d'une importante 
exploitation de minerai de fer. Jadis traité sur 
place, en des hauts fourneaux aujourd'hui dis- 
paruSj ce minerai « liydroxydé oolithique » est 
maintenant un des éléments de prospérité de 
Fumel dont il partage le développement. Depuis 
cinq ans la production ne cesse de s'accroître. 
En 1897, l'extraction atteignait 6600 tonnes; 
en 1901 elle en fournissait 21 774, toutes diri- 
gées sur Fumel, sauf 891 tonnes expédiées aux 
usines du Saut-du-Tarn, à Saint-Juéry. En outre 
on a eu l'idée d'exploiter les scories des an- 
ciennes forges, qui traitaient le minerai d'une 
façon si barbare que l'on peut de nouveau en- 
voyer ces résidus aux hauts fourneaux et en reti- 
rer du métal en quantité fort appréciable; Fumel 
en a reçu 3 799 tonnes en 1901. Les minières ne 
sont pas de grandes exploitations, chaque gise- 



LES CINGLES DU LOT. 283 

ment est mis en valeur par un bien petit nombre 
d'ouvriers puisqu'il y a 42 de ces exploitations 
et 123 travailleurs seulement. Ces gîtes sont ré- 
partis sur toutes les hauteurs de la rive droite 
jusqu'aux abords de Puy-l'Evêque, dont la gare 
expédie une grande partie de la production. 

A mesure que l'on avance dans la vallée, les 
sites deviennent plus grandioses, ce n'est plus 
seulement la richesse des cultures qui attire l'at- 
tention, mais l'allure des collines, leur élévation, 
les villages bien campés sur ces hauteurs, une 
fière tour carrée. Plus loin apparaît la bour- 
gade de Puy-l'Evêque assise sur l'isthme d'un 
grand cingle dont la longueur est de six kilo- 
mètres et demi alors que l'intervalle à Puy-l'Evê- 
que est de sept cents mètres à peine. C'était 
une excellente situation pour une ville forte ; 
aussi, de bonne heure, y eut-il des défenses; les 
évêques de Cahors, grands seigneurs ecclésias- 
tiques, puissants comme des barons , y possé- 
daient un château auquel ils donnèrent leur nom. 
Il en subsiste encore le donjon carré, appuyé sur 
des contreforts. Le tableau est superbe, les mai- 
sons grises collées au flanc du roc, le donjon, de 
hauts pavillons, des tourelles donnent une appa- 
rence guerrière à cette cité désormais humble et 
pacifique. Il est peu de paysage citadin plus sai- 



284 VOYAGE EN FRANCE. 

sissant que celui de la bourgade élarjée, dorée 
par le soleil et frôlée par le Lot que franchissent 
un pont du chemin de fer et un pont suspendu. 

Ce méandre est d'autant plus singulier que la 
péninsule tient à peine aux collines, un ruisseau 
le coupe comme un fossé et fait mouvoir une 
usine qui a pris le nom du contour : le moulin 
du Cingle. 

C'est maintenant la partie la plus curieuse de 
cette rivière aux sinuosités presque géométri- 
ques. La route côtoie le Lot en face du grand 
cingle de la Gardelle occupé à la pointe par le 
village de Pescadoire, c'est-à-dire de \di pêcherie; 
elle coupe ensuite une autre boucle en traver- 
sant le riche village de Prayssac qui semble sur- 
gir des prairies et des cultures et s'étale large- 
ment autour d'une église à haute flèche. Sur la 
place de ce petit bourg se dresse la statue de Bes- 
sières : le futur duc d'Istries naquit à Prayssac. 

L'intérieur de ce cingle est couvert de mai- 
sons isolées, construites au milieu de cultures 
ombragées de noyers; il est étroit et allongé; 
son voisin, occupé par la commune d'Anglars, 
a une courbure d'une circonférence presque par- 
faite, comme tracée au compas. En face d'An- 
glars, au débouché du vallon du Vert, Castel- 
franc offre le plan des bastides, c'est une 



LES CINGLES DU LOT. 285 

ancienne cité qui dépendit des évêqiies de Ca- 
hors. Elle étale ses ruelles dans le vallon étroit 
où le Vert tombe d'un barrage. Sur l'autre rive 
du Lot, Anglars n'est pas moins pittoresque, 
grâce à son château couronné de mâchicoulis. 
Du côté de Castelfranc, ce sont des pentes 
raides, revêtues de chênes, en face la plaine 
s'élève légèrement, tapissée de vignes que des 
plantations nouvelles accroissent. 

La vallée, tout à l'heure illuminée par un ar- 
dent soleil, s'est soudain obscurcie, de lourds 
nuages masquent l'arête du causse, des éclairs 
les sillonnent, une pluie diluvienne s'abat. En 
quelques minutes tous les plis deviennent des 
torrents apportant au Lot des flots troubles, à 
peine ai-je eu le temps de me réfugier dans une 
maison de Mirandol. Mais l'ouragan s'en va 
aussi rapidement qu'il est venu. Pendant que je 
poursuis la route tracée au-dessus du chemin de 
fer dominant lui-même le Lot, j'ai le merveilleux 
spectacle d'un immense arc-en-ciel appuyé sur 
les deux rebords de la vallée et dessiné sur le 
fond des nuées, d'un noir d'encre, qui portent 
maintenant l'averse sur Gahors. 

Sous un ciel radieux, par un vivifiant soleil 
j'atteins Luzech, petite ville assise sur le plus 
rétréci des isthmes du Lot. Il y a juste place 



286 VOYAGE EN FRANCE. 

pour celte bourgade de sept cents âmes à peine 
dans la langue de roc, large de cent quatre-vingts 
mètres, que la rivière n'a pu percer; du point où 
elle atteint la ville pour revenir sur l'autre face 
elle décrit un ovale allongé de cinq kilomètres. 
Pour éviter ce long détour aux bateaux, les ingé- 
nieurs ont coupé l'obstacle et transformé en île 
l'intérieur du cingle; la dérivation partage Lu- 
zech en deux parties. 

Luzech fut de bonne heure une situation mili- 
taire; sur la colline à laquelle se rattache l'isthme 
sont des retranchements d'origine gauloise, bien 
distincts encore, où quelques archéologues ont 
voulu placer la fameuse Uxellodunum que l'on 
croit avoir occupé le sommet du puy d'Issolu'. 
Ce réduit antique serait l'oppidum de Vlmpernal. 
Plus tard une ville se forma sur l'isthme même, 
sous la protection d'un château dont le donjon 
est encore debout avec des portions de remparts. 

La presqu'île et les coteaux qui l'entourent 
sont plantés de vignes et ombragés de noyers. 
Noix et vins sont désormais les principaux objets 
de commerce. Le plus important vignoble est 
sur la rive gauche, il entoure Saint-Vincent-rive- 
d'Olt, rappelant la forme Oit au lieu de Lot, en 



I. Voyez 32^ série du Voyage en France, chapitre IV. 



LES CINGLES DU LOT. 287 

usage dans la partie supérieure du bassin et qui 
semble bien être le nom de la rivière. 

En amont, les collines, plus abruptes, portent 
d'un côté le causse de Gahors et, vers le nord, 
un autre petit causse étrangement criblé de dé- 
pressions. Ces parois sont très raides à l'endroit 
où elles dominent le cingle de Parnac, sans 
végétation sinon de maigres broussailles; les 
sentiers qui les gravissent ressemblent par leur 
pente et leur tracé à ceux des hautes mon- 
tagnes. L'intérieur des cingles contraste par leur 
opulence végétale et l'état luxuriant du vignoble 
avec ces côtes stériles. Les rangées de ceps tran- 
chent sur le sol rougeâtre. Beaucoup de tabac 
aussi, la vallée du Lot est un des plus grands 
producteurs de France pour cette culture ; le 
département vient aussitôt après ses voisins du 
Lot-et-Garonne et de la Dordogne pour l'éten- 
due occupée, mais les dépasse pour la valeur 
des feuilles. Le tabac du Lot est le meilleur de 
France ; en 1900 la Régie le payait 106 fr. 54 c. 
le quintal, alors que le prix moyen était de 
99 fr. 70 c. dans le Lot-et-Garonne et de 80 fr. 
dans I9. Dordogne \ 



I. En 1901 le prix moyen, pour le Lot, était de io6 fr. 3o c. 
(Sur la culture du tabac, voyez chapitre 1^^.^ 



288 



VOYAGE EN FRANCE. 



La course a été longue depuis Fumel ; je n'ai 
pas le courage de l'achever jusqu'à Cahors, tant 
l'orage a rendu boueux les chemins; j'ai ter- 
miné l'étape en chemin de fer depuis l'arrêt de 
Parnac. Le paysage s'aperçoit bien par les 
portières du wagon. Voici, en face d'un cin- 
gle très brusque et court, Douelle qui groupe 
ses maisons blanches autour de l'église; il 
occupe une terrasse rocheuse dont le bord porte 
un petit château à haut pavillon; un ruisseau 
traverse le village, grossi par la pluie, il tombe 
en cascatelles. Le chemin de fer franchit le Lot 
sur un beau viaduc de brique rouge , court 
au sein de vignobles en vue de châteaux cam- 
pés sur des croupes ou des arêtes. Au loin, 
une falaise du Lot est couronnée par un autre 
château, celui de Mercuès, très vaste, bientôt 
masqué à la vue et que l'on revoit enfin, fort 
beau malgré les traces trop apparentes d'une 
restauration. Elle a grand air, cette résidence des 
anciens évêques de Gahors, redevenue maison 
épiscopale. Le site est un des plus intéressants 
de la vallée ; en face de Mercuès, dans un cingle, 
le village de Pradines couvre un rocher, les ruines 
d'un château ont été occupées par des habita- 
tions qui s'y sont comme incrustées. Au-dessus 
du chemin de fer de la vallée, la grande ligne 



LES CINGLES DU LOT. 289 

de Paris court sur de hautes arcades. Tout cela 
constitue une de ces « fabriques » chères aux 
peintres d'autrefois. Les deux voies ferrées su- 
perposées suivent un moment le Lot, puis leurs 
rails s'unissent pour aller trouer l'enceinte gallo- 



JaCé 




romaine de Gahors et pénétrer sous le hall de la 
gare. 

Gahors n'occupe pas seulement l'isthme d'un 
cingle comme les petites villes de sa vallée, elle 
remplit une de ces péninsules du Lot et se 
trouve ainsi entourée d'eau sur presque toutes 
ses faces. La ligne intérieure des quais, d'une 

VOYAGE EN FRANCE. — XXXI. 19 



290 VOYAGE EN FRANCE. 

extrémité à l'autre du rempart antique, a près 
de cinq kilomètres, la plupart de nos grandes 
villes n'ont pas un tel développement au long 
de leur rivière. Le site est comparable à celui de 
Besançon, mais les hauteurs qui l'enferment ne 
sont pas des montagnes et la cité est infiniment 
moins populeuse, il y a i4ooo âmes seulement 
dans la commune de Gahors, aussi l'intérieur de 
la presqu'île n'est-il pas entièrement rempli par 
les habitations, celles-ci se pressent seulement à 
l'est où les vieux quartiers sont formés de rues 
étroites et sombres. Dans l'autre partie, séparée 
de la première par le large boulevard Gambetta, 
les habitations s'espacent sur des rues neuves 
encore imparfaitement bâties ; même elles ne 
vont pas jusqu'au Lot, ces bords de la rivière 
restent déserts. 

Gahors est une des plus antiques cités des 
Gaules, elle en fut aussi une des plus florissantes 
et sa prospérité s'est prolongée jusqu'au milieu 
du xviii* siècle, époque où son Université fut 
supprimée. Déjà elle avait subi un grave désastre 
quand elle perdit l'espèce de monopole qu'elle 
exerçait pour le commerce des vins dont elle fut 
l'entrepôt obligé jusqu'à l'avènement de Henri IV. 
Le bon roi lui fit payer cher son attachement à 
la Ligue. 



LES CINGLES DU LOT. 29 1 

Le phylloxéra, en ruinant son riche et célèbre 
vignoble de « vins noirs », l'a empêchée de re- 
prendre l'importance que semblerait aujourd'hui 
lui assurer sa situation à un important croise- 
ment de voies ferrées. Cependant elle n'a guère 
l'aspect d'une ville déchue ; comme pour la plu- 
part des villes du Midi où la population vit vo- 
lontiers au dehors il suffît d'un large cours bien 
ombragé pour que toute la vie se porte là et 
donne l'illusion d'une grande cité.. A Cahors 
cette voie maîtresse parcourt entièrement la 
ville, passe au front des promenades et des 
principaux édifices. C'est le boulevard Gam- 
betta, sur lequel se dresse le monument du 
grand tribun, fils de Cahors. Pour lui faire place 
on a relégué dans les cours de la préfecture les 
effigies de deux autres quercinois illustres, qui 
méritaient mieux pourtant : Murât et Bessières. 

Le contraste est grand de ce boulevard large, 
ombreux, vivant et de la vieille ville qu'il borde. 
Là sont des ruelles sans lumière, souvent voû- 
tées. La rue de l'Université qui conserve le sou- 
venir d'una institution glorieuse, florissante pen- 
dant plus de quatre siècles, est une suite de 
porches obscurs, la rue des Boulevards est une 
ruelle sordide ! Si l'on ne répugne pas à s'aven- 
turer dans ces corridors puants, on est surpris 



292 VOYAGE EN FRANCE. 

de découvrir des hôtels d'une architecture par- 
fois exquise^ des fenêtres ouvragées comme des 
châsses. Voici une porte en bois sculpté, don- 
nant accès dans une cour au fond de laquelle se 
dresse une tour éclairée par quatre étages de 
fenêtres à meneaux. 

La plus large de ces artères du vieux Cahors, 
bien étroite encore, la rue Nationale, possède 
elle aussi d'anciens logis percés de belles fenê- 
tres. Les voies qui y aboutissent ont si peu de 
largeur que l'on peut atteindre les murs de cha- 
que côté en étendant les bras. Ces venelles sont 
moins tristes vers le Lot, autour de la char- 
mante et vénérable église Saint-Urcisse qu'avoi- 
sinent de très vieilles bâtisses de brique et de 
torchis. 

Au cœur de l'antique cité est la cathédrale, 
plus semblable à une forteresse qu'à une église, 
mais dont certaines parties, la porte du Nord 
surtout, sont de pures merveilles. L'intérieur 
produit un effet étrange par la largeur et la nu- 
dité de sa nef blanchie à la chaux et recouverte 
de vastes coupoles. Le chœur est aussi orné et 
peint que la nef est nue. 

En montant au point culminant de la ville, on 
trouve encore de nombreux édifices publics ou 
particuliers révélant un passé de splendeur. Sur 



LES CINGLES DU LOT. agS 

la place des Petites-Boucheries est une inté- 
ressante maison de 1642; une immonde impasse 
conduit à l'hôtel Pelegri dont la tour est un 
joyau de la Renaissance — navrant d'abandon. 

De ce côté, le quai du Lot s'étend au pied d'un 
rocher couronné par la tour sévère dite le Palais 
du Roi, édifice défiguré pour servir de prison. 
Un vieux pont franchit la rivière, on l'appelle le 
pont Neuf depuis sa construction au xiv' siècle ! 
Par son tablier étroit, sa forme en dos d'âne et 
ses arches ogivales, il complète ce décor du 
moyen âge, accru par l'aspect gothique des mai- 
sons. 

Au sommet du coteau, où le boulevard abou- 
tit d'un côté à la place Thiers, de l'autre à la 
place Lafayette, reste debout le palais féodal 
construit par le pape Jean XXII, né à Cahors; 
seule la tour carrée encore couronnée de cré- 
neaux a gardé quelque caractère. 

La place Lafayette est au point culminant de 
la ville. Un monument élevé aux enfants du Lot 
morts pour la patrie en occupe le centre ; il fut 
inauguré par un discours de Gambetta qui fit 
passer un frémissement dans la foule accourue. 
J'étais des auditeurs; aujourd'hui, sur cette es- 
planade solitaire où l'on n'entend d'autre bruit 
que le son du clairon s'élevant de la caserne voi- 



2 94 VOYAGE EN FRANGE. 

sine, je retrouve en moi l'impression profonde 
laissée par la parole ardente de l'homme en qui 
la patrie un moment s'incarna. 

Quel contraste entre ces souvenirs et le calme 
paysage contemplé de cette terrasse dominant 
le Lot, vert et indolent î La rivière coule au pied 
de collines raides, aux formes nettes, cassure du 
causse; l'ourlet des prairies l'encadre, semé de 
maisons blanches. Un château féodal domine un 
hameau. Ces coteaux sont blancs et âpres depuis 
que le phylloxéra a détruit la vigne qui les recou- 
vrait. Sur ce sol, qui est à peine une pellicule 
de calcaire décomposé, sous laquelle on trouve 
aussitôt la roche vive, on n'a pu replanter encore. 
Le vignoble de Cahors renaît seulement dans les 
terres profondes. Mais il est loin d'avoir recon- 
quis tout l'espace perdu. Jadis il couvrait 24 000 
hectares sur les deux rives du Lot, de Duravel 
à Gajarc. Qu'en reste-t-il aujourd'hui? Au temps 
(le la grande prospérité, la production principale 
était celle des vins noirs destinés surtout au cou- 
page des vins par le commerce de Bordeaux. 
Ces vins jouissaient d'une grande réputation, ils 
sont de ceux dont Henri IV parlait volontiers. 

Non loin de la place Lafayette, les faubourgs 
s'annoncent par un charmant pavillon, ancien 



I.ES CINGLES DU LOT. 29;) 

corps de garde, appelé la Barbacane. Plus loin 
on rencontre le rempart qui fermait la boucle 
du Lot et délimitait avec la rivière le vaste espace 
occupé par la ville. Ces fortifications, œuvre du 
XIV* siècle, ont encore grande mine. 

Ce n'est pas le seul édifice militaire du moyen 
âge que conserve la capitale du Ouercy; un des 
ponts du Lot, dit de Valentré, est un des plus 
curieux édifices de ce genre que le moyen âge 
nous ait laissés. Avec ses avant-becs, les hautes 
portes ouvertes dans les tours qui enjambent le 
tablier, et que couronnent des guettes à mâchi- 
coulis, le pont est une évocation saisissante du 
passé. Il conduit au pied du causse, près du 
gouffre d'où jaillit la fontaine abondante de Di- 
vonne dont le nom fut longtemps porté par la 
cité des Cadurques. La source a perdu sa beauté, 
une usine la masque, elle emploie les eaux à 
faire mouvoir ses roues. 

Cette manufacture est un des très rares éta- 
blissements industriels de Cahors, la cité vit 
surtout par son rang de chef-lieu de départe- 
ment et son rôle de marché pour la vallée du 
Lot et le causse. Elle fait l'expédition des fruits 
et des primeurs, fabrique des pâtés de foie gras, 
centralise une partie de la production en noix et 
en truffes de sa région. Tout cela ne détermine 



296 VOYAGE EN FRANCE. 

pas un grand mouvement d'affaires. La succur- 
sale de la Banque de France est au 122* rang 
sur 126; des chefs-lieux bien moins peuplés: 
Foix, Vesoul, Digne et Privas, viennent avant 
Gahors ^ 

La seule usine considérable est la manufac- 
ture nationale où sont transformés les meilleurs 
tabacs de France. 



[. Montant des opérations en 1902 : 4 578 900 fr. 



XIX 



LE GAUSSE DE LIMOGNE 



En Quercy-Blanc. — Montpezat, INIolières, Gastelnau-Montratier et 
Monteux. — Sur le causse de Limogne. — Les phosphates et 
les truffes. — Lalbenque. — Bach. — Limogne. — Les marchés 
de Concots. — Aspects du causse. — Descente à Cahors. 



Gahors. Juillet. 

Quand on a traversé le causse, de Saint-An- 
tonin ou de Caylus à Caussade, le pays entre 
cette ville et Montcuq frappe par sa variété d'as- 
pect et de production. Autant le causse était plat 
et monotone, autant cette zone du Ouercy-Blanc 
est accidentée. Là naissent une foule de ruis- 
seaux qui se creusent de longues vallées paral- 
lèles entre de belles collines, striées elles-mêmes 
d'innombrables ravins et de courts vallons. 
Si l'abondance des sources répondait à la multi- 
tude des ruisseaux tracés sur les cartes, il n'y 
aurait pas en France de pays plus frais et mer- 
veilleusement arrosé. Malheureusement, tous 
ces suintements réunis au fond d'une vallée par- 



298 VOYAGE EN FRANCE. 

fois très longue ne font guère qu'un ruisseau in- 
digent et languissant. 

Mais le sol est fertile ; malgré la rareté des 
eaux courantes, il se couvre d'une végétation 
vigoureuse. Entre Caussade et Montpezat on 
traverse beaucoup de prairies encadrées d'ar- 
bres ; les pentes sont couvertes de vignes, de 
fèves, de champs d'ails. Le prunier d'ente repa- 
raît et forme de beaux vergers. Par l'ouver- 
ture des vallons ou du sommet des côtes, sem- 
blent surgir les féodales bourgades : ici près de 
la route la fière Montalzat ; là-bas Puylaroque 
plus hardi encore. Un des massifs les plus ca- 
ractéristiques porte la vieille bastide de Mont- 
pezat trônant au-dessus de vallons dont le plus 
important voit former le ruisseau de Lembous. 
Les pentes sont couvertes de champs de fèves et 
de vignes, leur vin est réputé dans le Quercy. 

Si Montpezat est de bien médiocre étendue, 
ses débris de défenses et une belle église du 
XIV* siècle renfermant beaucoup de richesses 
artistiques la rendent attrayante. H y a notam- 
ment de curieuses tapisseries. 

La route se tient presque sans cesse sur les 
crêtes entre le Lemboul et le Lemboulas, jalon- 
nés par les églises de la Salvetat et d'Espanel, 
pour aller traverser le bourg de Molières, autre 



LE CAUSSE DE LIMOGNE. 299 

bastide, moins hardiment campée, mais com- 
mandant encore de beaux horizons. Ces longues 
et étroites vallées que Ton domine sont terres 
de cultures et de vergers ; vers leur naissance 
l'aspect caussenard du pays s'affirme peu à peu. 
Les bois de chênes où l'on récolte la truffe sont 
de plus en plus nombreux. Causse fertile, celui- 
ci, ne rappelant guère les rocailleuses surfaces 
du Sauveterre et du Méjean \ 

Les chênaies sont entourées de cultures de cé- 
réales et les habitations sont nombreuses, grises 
et tristes sous le grand soleil, malgré les véran- 
das et les perrons décelant quelque souci de 
confort. 

Le chemin de fer s'élève sur le causse par de 
grandes courbes, la route monte plus droit, 
touchant à la têle d'une partie des vallons qui 
viennent se creuser dans ce vaste plateau. Peu 
de villages, les chefs-lieux de communes sont 
des hameaux d'une dizaine de feux à peine ; 
pour trouver des agglomérations de quelques 
centaines d'âmes il faut aller loin dans ces vallées. 
Là, au-dessus de la Lutte , Castelnau-de-Mon- 
tratier est encore pimpante dans les débris de 
son corselet de pierre qui couvrait une pointe de 



I. 34^ série du Voyage en France. 



3 00 VOYAGE EN FRANCE. 

colline escarpée, au-dessus de la petite Bargue- 
lonne, aux pentes couvertes de pruniers d'ente. 
Montcuq n'est pas moins belliqueuse d'aspect; 
cette ancienne cité batailleuse a conservé le don- 
jon de son château. 

Ces petites forteresses contre lesquelles vin- 
rent se buter les armées jusqu'à la dernière 
grande lutte intérieure, quand Richelieu et 
Louis XIII cherchèrent à écraser le protestan- 
tisme guerrier, ne sont point du causse. Celui-ci 
ne possède aucun centre méritant le nom de 
ville. La plus grande agglomération, Lalbenque, 
est un bourg très étalé, entre les bois de chênes 
mis en exploitation réglée pour la récolte des 
truffes. Ces chênaies l'emportent en étendue sur 
le sol arable : bien traitées, elles assurent un 
revenu supérieur à celui des céréales. 

Ces bois ne donnent pas beaucoup de beauté 
au paysage. Ils encadrent les champs pierreux 
entourant les grises métairies ou bordes. Des 
affaissements où s'infiltrent les eaux de pluie, 
des cloups où se perdent de courts ruisseaux, 
des mares que l'on a baptisées lacs, telle est la 
campagne entre Lalbenque et Bach. 

Bach, au sein d'une vaste clairière, plateau 
percé de cloups, fut le grand marché de truffes 
du Lot avant que la plantation de chênes truf- 



LE CAUSSE DE LIMOGNE. 3oi 

fiers autour de Martel eût donné la prépondé- 
rance à cette ville. Aujourd'hui encore, on ré- 
colte en quantité ce succulent cryptogame dans 
toutes les communes des cantons de Limogne 
et de Lalbenque. 

Le pays avait une autre source de fortune : 
les phosphates, signalés sur tant de points et en 
telle abondance apparente que l'on put croire 
les dépôts inépuisables ^ Ce précieux minéral 
remplit des poches à la surface même du causse 
où leur recherche a développé chez les carriers 
un flair tout particulier. Les gisements sont le 
plus souvent décelés par un affaissement du sol, 
mais parfois on les devine à des indices dont la 
constatation rappelle la fameuse perspicacité 
des Apaches. La terre remuée par les taupes, 
la fouille des chiens et des truies à la découverte 
des truffes révèlent la richesse cachée sous le 
gazon. 

La découverte des phosphates du Quercy re- 
monte à i865, elle est due à M. Poumarède, 
mais l'exploitation ne s'est développée que de 



I. Le phosphate de chaux a été reconnu dans le Lot à Arcam- 
bal (traces), Bach, Beaiu-egard, Bouziès, Cabrerets (traces). Con- 
çois, Crégols, Escanips, Esclauzels, Gréalous, Larnagol, Limogne, 
Lugagnac, Marcilhac-sur-Célé, Puyjourdes, Saillac, Saint-Cirq-la- 
Popie (traces), Saint-Jean-de-Laur, Saint-Martin-Labouval, Va- 
raire et Vaylats. 



302 VOYAGE EN FRANCE. 

nos jours. Cette matière se présentait sous forme 
de concrétions. « Souvent, dit M. Risler, le phos- 
phate a une structure rubanée qui rappelle la 
calcédoine, quelquefois la marne est composée 
de boules arrondies ou de morceaux cylindri- 
ques qui se séparent facilement en couches con- 
centriques. Sa cassure fraîche a Téclat de la 
porcelaine ou de Tivoire. La couleur est blanche, 
jaune-rougeàtre ou brune, quelquefois bleuâtre 
ou noire. » 

Parfois, au milieu des matières associées au 
phosphate, on trouvait des ossements de mam- 
mifères, si nombreux que l'on a doiné à ces 
couches le nom de nougat d'os. Mais cela est un 
souvenir, tous les gîtes connus sont épuisés, sauf 
c:ux de Larnagol et de Cajarc. 

La route de Montauban à Figeac parcourt 
cette curieuse et morose région où l'homme 
parut de bonne heure, à en juger par le nombre 
considérable de dolmens et de tombelles qui 
parsèment le causse. Elle traverse les maisons 
très éparpillées de Varaire et, s'élevant sans 
cesse, atteint le bourg de Limogne, qui a donné 
son nom au plateau. Cet important carrefour de 
routes aurait fait naître un centre plus vivant si 
le causse n'avait été aussi peu peuplé. Mais 



LE CAUSSE DE LIMOGNE. 3o3 

l'espace est mesuré aux cultures, parmi toutes 
ces chênaies et ces cloups sans nombre qui per- 
forent le causse. La récolte des truffes, si elle 
répand le bien-être, nécessite de grands terrains 
et ne demande pas de très nombreux travail- 
leurs. Pendant l'hiver, depuis la dernière se- 
maine de novembre jusqu'en mars, il y a beau- 
coup d'activité pour ce commerce spécial, les 
foires et les marchés voient accourir les négo- 
ciants en truffes. 

Il y a d'ailleurs une tendance marquée au 
progrès, l'élevage du mouton, jadis empirique, 
a beaucoup été modifié. Suivant l'exemple des 
éleveurs du causse de Gramat% les propriétaires 
et les fermiers procèdent à une sélection atten- 
tive de leurs troupeaux. Des reproducteurs tirés 
de la contrée de Gramat ont amené un sang 
nouveau, les bêtes se prêtent mieux à l'engrais- 
sement, donnent une laine plus abondante et 
iine. Une grande part de ce changement est due 
au comice agricole de Concots qui, sous le nom 
de Comice des bas plateaux du Quercy, encou- 
rage l'élevage par de nombreux prix annuels ^ 
« L'émulation est féconde, dit un rapport au con- 
seil général. Grâce à des encouragements, il y a 



I 32^ série du Voyaffe en France, chapitre V. 



So/j. VOYAGE EN FRANCE. 

des progrès sensibles. L'élan est donné, il suffit 
de l'entretenir et de le généraliser. » 

Goncots, où se tiennent ces fêtes agricoles, est 
un bourg sur la route de Gahors, dans une 
clairière au milieu de grandes truffières, à une 
croisée de chemins; au centre, une vieille tour a 
été transformée en beffroi. C'est un lieu de ren- 
dez-vous pour les habitants des hameaux et des 
métairies épars entre les bois. Ses marchés sont 
peut-être plus considérables encore que ceux 
de Limogne, les truffes y abondent ; les fabri- 
cants de conserves s'y alimentent en gibier et en 
volailles. Les bergeries y envoient ces exquis 
fromages de brebis dont le causse est fier. Enfin 
ses gisements de phosphate alimentent la gare 
de Saint-Martin-Labouval, par laquelle se fait la 
plus grande part du trafic du causse de Limogne. 

Celui-ci est particulièrement sévère entre 
Concots et Lalbenque, où les villages gris sont 
entourés de bois et de champs sans fraîcheur, 
car l'eau vive manque sur cette table de pierre 
et les imperceptibles mares baptisées lacs n'ont 
même pas l'étendue des pauvres « lavognes » 
des causses de Sauv.eterre et du Larzac ^ 



I. Sur le causse de Sauveterre, voyez la 34*^ série du Voyage 
en France; sur le Larzac la 35^ série. 



LE CAUSSE DE LIMOGNE. 3o5 

Pourtant cela est riche et riant, comparé aux 
solitudes des autres causses ! Les centres d'ha- 
bitation, si clairsemés, ont eu quelque impor- 
tance ; ainsi Escamps, encore dominé par la tour 
d'un château féodal. 

On ne se borne pas à récolter les truffes dans 
les chênaies naturelles, partout on plante de 
nouveaux bois^, très vigoureux, bien alignés, 
contrastant avec les arbres élagués semblables 
à des mâts contre lesquels on aurait planté du 
feuillage. En dehors de ces reboisements, le 
causse est d'une belle aridité; il est certaines 
pentes où, sauf une nappe de graminée rougeâ- 
tre, rien ne croît ; quand on la voit horizonta- 
ement, cette plante légère donne l'illusion d'une 
mousse rose et moirée. Les talus des chemins, 
ceux plus accentués du chemin de fer, montrent 
le sous-sol de roche blanche à peine recouvert 
d'une pellicule de terre. Mais les creux sont 
mieux partagés, il y a une couche assez épaisse 
pour permettre des plantations. Le revenu assuré 
du chêne devrait être un aiguillon pour les pro- 
priétaires. Etant donnés les bénéfices amenés 
par la truffe, les parties restées découvertes 



I. J'ai longuement parlé de la trufficulture dans la So^ série du 
Voyage en France, chapitre XVIII, je me borne donc à signaler 
ici les particularités propres aux causses du Lot. 

VOYAGE E>- FRANCE. XXXI. 20 



3o6 VOYAGE EN FRANCE. 

sur le causse semblent le produit d'une aber- 
ration. 

A Gieurac se creuse un vallon sec très pro- 
fond, descendant au Lot vers Arcambal; près du 
hameau de Cayran, aux maisons de pierre grise, 
un autre ravin descend à Cahors. De là, par 
l'ouverture du val d'Arcambal, on découvre la 
grande vallée profonde et le plateau qui con- 
tinue le causse de Gramat. 

La route et la voie ferrée vont droit à Cahors, 
grand rendez-vous de la contrée. Au pli où elles 
descendent aboutissent de nombreux ravins 
sans eau, prenant très souvent naissance dans 
un cirque régulier. La roche semble plus stérile 
que jamais; pourtant, grâce au voisinage de la 
ville, on a tiré parti de tous les coins où il y a 
un peu de terre ; la vigne qui avait disparu se 
montre de nouveau ; mais il y a bien de ces an- 
ciens vignobles envahis par la nappe odorante 
de la lavande et que Ton reconnaît seulement 
par les murs écroulés des clôtures et des ter- 
rasses. Les fonds de ravins ont parfois la pau- 
vre verdure des chênes étêtés. 

Ce paysage est surtout caractéristique à l'en- 
droit où aboutissent les chemins de l'Hospitalet 
et de Labastide-Marnhac. L'aridité y est extrême 
et le nom de Sept-Ponts donné à une halte de 



LE CAUSSE DE LIMOGNE. SO'] 

la voie ferrée semblerait une ironie si Ton ne 
voyait les ravines nombreuses franchies par la 
route. De hautes croupes calcaires réverbèrent 
implacablement les rayons du soleil ; à peine 
quelques chênes rabougris se dressant au-dessus 
des touffes de lavande. Le fond du val montre 
comme lit de torrent une dalle blanche, polie 
par les eaux d'averses. Cette partie du plateau 
de Limogne porte dans le langage du pays le 
nom de causse de Gahors. 

A mesure que l'on approche de la ville, la 
végétation se montre ; le fond du vallon a été 
enrichi par les terres qu'amenèrent les pluies 
d'orages, un beau plan de culture s'étend de 
chaque côté du thalweg. Des pans de vigne 
jeune et vigoureuse font présager une prochaine 
reconquête par les cépages de Cahors. Ces plan- 
tations sont égayées par les petites maisonnettes 
semblables aux mazets de Nîmes, où les bour- 
geois cadurciens viennent passer leur dimanche. 

Soudain la ville apparaît, très pittoresque par 
la masse de ses toits rouges d'où surgit sa lourde 
cathédrale au dôme d'ardoise ; les tours, les 
ruines, puis le pont de Valentré d'un si saisis- 
sant effet, constituent un superbe décor. 



XX 



LE LOT ENTRE ROUERGUE ET OUERCY 

Le Lot de Cahors à Capdenac. — Arcambal. — Le vallon du Vers 
et l'oppidum de MOTsens. — La font Polémie. — • Saint-Géry. — 
Saint-Cirq-Lapopie. — Les phosphates de Larnagol. — Cajarc. 

— Gouffres de l'Oule et de Lantouy. — Rouergue et Ouercy. 

— En vue de Capdenac. 

Capdenac. Juillet. 

Les chemins de fer sont une belle chose, infi- 
niment précieuse, mais ils ont tué ce qui eut 
été un des charmes du pays de France : la navi- 
(jation à vapeur sur les grandes rivières. On 
n'éprouve nulle part autant de regret que dans 
ces longues et belles vallées du bassin girondin : 
Dordogne, Lot, Tarn, où la visite du pays sur 
une embarcation un peu rapide serait la plus 
merveilleuse des excursions. Mais il faut être 
millionnaire, c'est-à-dire avoir un yacht à soi, pour 
se donner ce plaisir, à moins de faire comme 
ces deux Anglais, mes voisins de chambre au 
buffet de Capdenac, qui remontent le Lot sur un 
bateau de toile démontable, et se proposent de 



LE LOT ENTRE ROUERGUE ET OUERCY. SOQ 

visiter ainsi tous ceux de nos cours d'eau capa- 
bles de recevoir leur frêle esquif. 

De telles joies me sont interdites. Tout au plus 
puis-je flâner un peu, quittant parfois le train 
pour faire à pied une partie du chemin, et mon- 
ter de nouveau en wagon quand la fatigue se 
fait éprouver. Quant à faire le trajet sur un des 
chalands qui naviguent sur le Lot, ce serait 
folie. Ils sont peu nombreux et mettent bien des 
jours à se haler de bief en bief ! 

La belle rivière est plus abandonnée encore, 
depuis que les rails sont continus des abords du 
bassin houiller de Decazeville à l'embouchure 
du Lot dans la Garonne, sur 262 des 297 kilo- 
mètres classés comme navigables. Pourtant le 
mouvement n'a pas complètement cessé, même 
on constate avec quelque surprise une augmen- 
tation de tonnage. En 1900 il avait circulé 
I 638 bateaux sur l'ensemble de la rivière, avec 
un chargement de 4^ 5o6 tonnes; en 1901 il n'y 
en eut que i 5o5, mais portant 54 679 tonnes. 
Cet accroissement de i3 p. 100 est dû au trans- 
port des houilles dans le cours supérieur, entre 
Bouquiès et Larroque-Bouilhac, et à celui des 
bois. Ces marchandises, les minerais de fer et 
les denrées agricoles sont les principaux élé- 
ments de trafic. 



3 10 VOYAGE EN FRANCE. 

Mais entre Cahors et Capdenac, pendant 
quinze lieues, je n'ai pas rencontré un bateau et 
n'en ai pas vu un seul amarré aux quais de 
Cahors. 

Le Lot, cependant, semblait réservé à plus 
d'avenir, c'est une des rivières dont la direction 
et l'abondance relative faisaient une des artères 
vitales du réseau. Aussi des plans extraordi- 
naires furent-ils élaborés pour réunir le Lot à la 
Dordogne. On devait remonter l'Alzou, « établir 
le point de partage à l'hôpital Beaulieu près de 
Rocamadour, traverser le Celé sur un pont de 
100 mètres de hauteur et de i ooo mètres de 
longueur, et ensuite, par une galerie souterraine 
d'environ 5o ooo mètres (sic), atteindre le Lot à 
Capdenac ». 11 faut sans doute lire 5 ooo mètres 
pour ce tunnel ; même réduit à ces proportions, 
le projet ainsi décrit par Abel Hugo n'en est pas 
moins extravagant. Où aurait-on pris l'eau pour 
alimenter le canal sur ce causse de Gramat cri- 
blé comme une gigantesque écumoire par les 
cloups, gouffres sans nombre ! 

Si je signale cette conception étrange c'est 
pour montrer combien on connaissait peu cette 
région il y a soixante ans. Le nom même de 
causse n'est pas encore signalé, on se bornait à 
dire « de vastes plateaux calcaires » . 



LE LOT ENTRE ROUERGUE ET QUERCY. 3ll 

Après avoir franchi le Lot, la ligne de Cap- 
denac commence à suivre la rivière dont elle 
épousera fidèlement les contours. Voici le pitto- 
resque tableau de Gahors étage au bord de la 
rivière, avec ses ponts et ses ruines, ensuite le 
curieux paysage de couloirs entre les causses, 
où la végétation est d'autant plus opulente que 
les tables supérieures sont plus arides ; au pied 
d'une de ces falaises est le château de Larroque, 
encore féodal d'aspect, et le village assis à l'en- 
trée d'un vallon, en face de roches couronnées 
par des ruines et une chapelle. Plus loin, dans 
un bassin dont la fraîcheur fait mieux ressortir 
la teinte grise des roches, La Madeleine égrène 
ses maisons couvertes de toits d'un rouge très 
sombre. A l'écart de ce village de teinte fanée, 
un hameau tout blanc entoure l'église, toute 
blanche. 

Le Lot, grâce aux barrages accolés d'écluses 
dont les portes s'ouvrent rarement, montre un 
flot très ample. Les eaux d'un vert profond que 
les pluies transformeront en coulée d'ocre, étin- 
cellent entre des cultures luxuriantes où le blé 
et le tabac tiennent la plus grande place. 

A l'issue du vallon sec descendu de Cieurac, 
au débouché de la route de Limogne, le village 
d'Arcambal possède un château, curieux assem- 



3 12 VOYAGE EN FRANCE. 

blage de grandes bâtisses et de tours, portées 
sur une terrasse tapissée de lierre. Au-dessus, 
le causse offre quelques-uns de ces igues ou 
abîmes, au fond desquels on a trouvé des grottes 
et de petits lacs. Sur l'autre rive du Lot, à Sa- 
vanac, une grande construction grise conservant 
des traces d'ogive fut une église. 

La vallée se resserre, souvent les parois de 
rochers viennent plonger dans l'eau verte ; ces 
roches se dressent de plus en plus hautes, leurs 
escarpements sont superbes de forme et de cou- 
leur. Les chênes verts les enveloppent parfois 
de leur ramure arrondie. Au Cazoul, ces falaises 
hautes et blanches constituent un décor tou- 
jours changeant, qui devient grandiose près de 
Biars, dont la jolie chapelle romane a été trop 
restaurée. Un rocher qui oblige le Lot à dé- 
crire un cingle est surmonté d'une immense 
croix. 

Dans un vallon profond, sous des roches trans- 
formées jadis en habitation par des murs mon- 
tant jusqu'au toit de l'encorbellement, est le vil- 
lage de Vers; calciné par le soleil, ses toits roux 
enveloppés de végétation^ il se blottit autour de 
son église de briques et de pierre blanche coif- 
fée d'une flèche d'ardoise. 

Le roc offre des traces du travail humain, des 



LE LOT ENTRE ROUERGUE ET OUERCY. 3l3 

tranchées le sillonnent, là passaient les eaux de 
la font Polémie que les Romains amenèrent à 
Gahors pour alimenter la cité. Cette puissante 
source se déverse aujourd'hui en entier dans la 
petite rivière du Vers qui se creuse un sillon ré- 
gulier et profond au sein du causse de Gramat. 
Les falaises sont très belles dans cette gorge 
et furent de bonne heure mises à profit comme 
fortification naturelle, la route qui remonte la 
petite rivière offre sans cesse de beaux tableaux 
dont le plus célèbre est formé par la citadelle 
naturelle de Mursens (ou Murcens) que les Gau- 
lois renforcèrent à l'aide d'une muraille de plus 
de six kilomètres de développement. Les traces 
de cette enceinte sont très apparentes encore, 
aux yeux des archéologues du moins, car le sim- 
ple touriste ne les devine guère. Malgré toutes 
les recherches on n'a pu identifier cet oppidum ; 
en désespoir de cause, quelques savants ont 
voulu y voir Uxellodunum. Le plateau est sup- 
porté par de vertigineux à~pic dont l'un montre 
à mi-hauteur une cavité appelée le roc de Gorp 
ou d'Aucor. Les légendes les plus singulières 
circulaient sur cette fente inaccessible dans la- 
quelle on voit cependant une traverse de bois 
qui servit d'appui à un toit. Les habitants y si- 
gnalaient une statue de guerrier gardant un 



3l4 VOYAGE EN FRANCE. 

antre où était un veau d'or. M. Martel y est par- 
venu à l'aide d'échelles de corde et a reconnu 
que cet ancien abri n'avait rien de terrible ou 
de mystérieux; il se termine par une sorte de 
cheminée qui pourrait bien aboutir à quelque 
igue aujourd'hui fermée du plateau de Mursens. 
En amont de ce site antique, le Vers coule, 
plus profondément encaissé encore, au sein du 
plateau ondulé, très découpé, qui constitue le 
canton de Lauzès et où de belles cultures, no- 
tamment du tabac, se montrent entre des rochers 
souvent admirables de forme. Même dans les par- 
ties les plus arides en apparence on peut arriver 
à créer des terres d'un bon rapport. L'énergie 
du travailleur produit des merveilles. En 1894 
le jury du concours régional signalait un pro- 
priétaire, M. Paillet, qui avait transformé en 
beau domaine de cultures et de vignes un pan 
de causse de 20 hectares. Ces landes rocheuses 
étaient auparavant incapables de faire vivre une 
famille ; mais tous dans la ferme se sont mis à 
l'œuvre, les cinq filles de M. Paillet travaillent 
comme des hommes, « exécutant avec habileté 
tous les travaux agricoles sans exception ». La 
commission faisait rappel d'un prix accordé à 
M. Paillet dix années auparavant et accordait 
une médaille de bronze et cinquante francs à 



LE LOT ENTRE ROLIERGUE ET QUERCY. 3l5 

chacune de ses cinq filles « pour s'être si in- 
telligemment livrées à ce travail des champs, 
source première de la fortune et de la moralité 
publique ». Le rapport disait à ce sujet : « Le 
cultivateur est toujours riche, qui a beaucoup 
d'enfants le dispensant de l'emploi des bras 
mercenaires. » 

Malgré ses roches, le causse est peuplé autour 
de Lauzès ; il y a de nombreuses maisons dans 
cette partie accidentée de l'immense table de 
pierre. Pour le retrouver dans toute sa solitude 
il faut aller de Lauzès à Saint-Géry, par les 
pistes rocailleuses qui mènent au bord du grand 
escarpement percé de grottes aux ouvertures 
circulaires, sous lequel se blottit un petit bourg 
doté d'une gracieuse église romane moderne. 
Saint-Géry est le chef-lieu d'un canton partagé 
entre les causses de Gramat et de Limogne. Sur 
ce dernier, autour d'Esclauzels, il possède de 
beaux bois de chênes truffiers confinant à ceux 
de Concots. 

Le site a non seulement de la grandeur, mais 
de la grâce. En face de Saint-Géry, le hameau 
de Pasturac étage ses maisons au pied de fa- 
laises blanches ; son église dépasse la cime des 
grands peupliers d'Italie formant rideau au bord 
de la rivière. Les grandes parois, rouges du côté 



3l6 VOYAGE EN FRANGE. 

Opposé au soleil, blanches sur Tautre rive, l'in- 
tense verdure du fond, les eaux écumant sur 
un barrage, les hameaux blottis autour de leur 
église constituent un tableau d'une réelle splen- 
deur. Et le décor se continue, toujours chan- 
geant ; les immenses rochers blancs suivent 
harmonieusement les courbes du Lot dans lequel 
ils baignent le pied. Parfois ils font place à des 
pentes revêtues de taillis ou, comme aux Mas- 
suries, à de petits bassins cultivés ou tapissés 
de vignes. Plus loin les parois du causse se rap- 
prochent, la route a dû les trouer en tunnel 
dans un site égayé par un manteau de chênes 
verts. 

Dans un pli du Lot, Bouziès possède de hauts 
pigeonniers carrés qui lui donnent l'aspect d'une 
vieille cité forte chargée de garder cette gorge 
où route, chemin de fer, chemin de halage ont 
dû être frayés par des encorbellements ou des 
tunnels. Là aboutit le Celé, délimitant avec le 
Lot une péninsule étroite et longue que défen- 
dait jadis le château fort de Gonduché, bâtisse 
d'aspect sinistre, percée de fenêtres à meneaux. 
Le Gelé, moins large que le Lot, est abondant 
et clair. Son flot serait plus considérable encore 
si une partie n'avait été bue plus haut par des 
fissures de son lit qui se prolongent jusqu'au 



•^.T^ 



LE LOT ENTRE ROUERGUE ET OUERCY. Ô I ^ 

Lot, OÙ les eaux perdues reparaissent en sour 
ces de fond. 

De chaque côté, le causse est revêtu de tail- 







lis de chênes qui fournissent en quantité des 
écorces pour la tannerie, chênes verts et chênes 
à feuillage caduc sont également utilisés. 



3l8 VOYAGE EN FRANCE. 

Un détour amène au plus grandiose des 
paysages de la vallée, le rocher qui porte le 
bourg de Saint-Girq-Lapopie. Ici l'homme a 
complété l'œuvre de la nature. Au sommet des 
rochers puissamment colorés, Tample vaisseau 
de l'église, dont le clocher carré est flanqué 
d'une tourelle, semble flotter dans les airs; tout 
autour, de vieilles maisons bordent l'abîme, des 
ruines de forteresse complètent la splendeur du 
site. Par sa beauté altière, l'antique ville forte 
garde encore son prestige, mais elle renferme 
à peine la population d'un village ; la culture de 
la vigne et les travaux de boissellerie sont les 
pacifiques occupations des habitants. 

Au pied de Saint-Girq, le Lot borde une pe- 
tite plaine très verte. Plus loin, à l'entrée d'un 
vallon, Crégols mire dans la rivière une jolie 
église et un vieux château. 

Le rythme est régulier de ces étroits et de ces 
bassins d'une luxuriante végétation. Dans l'un 
d'eux est Saint-Martin-Labouval dont la gare est 
le lien entre Concots et Limogne et le reste du 
pays. Là viennent s'embarquer les phosphates 
des (( causses du Quercy », comme l'annonce au 
passant la grande inscription peinte sur un en- 
trepôt. D'autres dépôts de ces engrais naturels 
sont à Cénevières, encore un beau site. Le rocher 



LE LOT ENTRE ROUERGUE ET QUERCY. SlQ 

projeté en encorbellement est couvert par un 
grand château dont les parties anciennes remon- 
tent, dit-on, à Waïfre, duc d'Aquitaine; encore 
habité aujourd'hui, il conserve de belles tapisse- 
ries. Un ruisseau né d'une grande fontaine dans 
la paroi du causse y fait mouvoir les roues d'un 
moulin à phosphate. 

C'est ici la région la plus riche à ce point de 
vue, la seule du Lot où l'on continue l'extraction. 
Larnagol, à la courbure d'un cingle, possède les 
gisements les plus considérables de phospho- 
rite; une des carrières en contenait, dit-on, plus 
de 3o 000 mètres cubes ^ 

Larnagol, à la racine du cingle, et Calvignac 
ont des rochers rouges à pic, couronnés de 
maisons d'un grand effet; vu de loin, ce passage 
dans lequel le Lot déplie harmonieusement ses 
méandres est d'un effet fantastique. Ces parois 
abruptes s'entr'ouvrent en vallons très riches 
qui alimentent en fruits, en truffes, en primeurs 
une partie du marché de Paris. 

Pour échapper à cette prison de roches, le 
chemin de fer franchit le Lot, troue les pénin- 



I. En 1 901, on a extrait du phosphate au lieu dit Druilles, près 
de Larnagol, et aux Prajous, près de Gajarc. La production des 
carrières a été de 7000 tonnes. En 1886, le Lot avait produit 
26 000 tonnes, valant 847 800 fr. 



320 VOYAGE EN FRANCE. 

suies par des tunnels, coupe la base des col- 
lines en mettant à jour des cavernes jusqu'alors 
ignorées. La route a préféré se tenir sur le flanc 
de ce soutènement du causse, elle domine de 
haut la rivière et souvent n'a pu s'asseoir qu'à 
l'aide de murs cyclopéens. 

Ce passage est une belle entrée pour la petite 
ville de Cajarc, assise au bord du Lot, dans un 
grand hémicycle de verdure et de roches, en face 
du village de Salvagnac, première commune de 
l'Aveyron sur la rive gauche de la rivière. Cajarc 
est singulièrement disposée. Elle a pour noyau 
une vieille église au clocher d'ardoises percé de 
mansardes, entourée d'une rangée circulaire de 
maisons entre lesquelles s'insinuent d'étroites et 
sombres ruelles ; mais les fossés et les remparts 
sont tombés, un large boulevard bien ombragé 
les a remplacés, des constructions plus amples 
bordent le côté extérieur à la ville primitive. 

Cajarc est un petit centre commerçant possé- 
dant des entrepôts de phosphates. Il est connu 
des géologues par quelques curiosités naturel- 
les. Sur son territoire, au pied de cette partie 
du- causse d'entre Lot et Celé à laquelle elle 
donna son nom, jaillit une abondante fontaine 
tombant en cascade et dont les eaux sont tel- 
lement chargées de calcaire qu'un énorme amas 



LE LOT ENTRE ROUERGUE ET QUERGY. 321 

de tuf s'est formé sous la chute. Plus curieux 



-^^Uiat I t/i 







encore, plus célèbres aussi sont les gouffres de 
rOule et de Lantouy. 



VOYAGE EN FRA>-CE. XXXI. 



21 



32 2 VOYAGE EN FRANCE. 

Ce dernier dorme toute Tannée naissance à 
une source, tandis que l'abîme circulaire de 
TOule ne déverse de l'eau qu'après les longues 
pluies; alors le ruisseau va rejoindre l'autre 
bassin. Le Lantouy est un entonnoir plein d'une 
eau d'un bleu laiteux, ouvert dans un ravin pro- 
fond du causse de Limogne formant limite entre 
les départements de l'Aveyron et du Lot; son 
courant rejoint la grande rivière à un kilomètre 
plus loin. Longtemps ce gouffre passa pour in- 
sondable, les habitants prétendant que l'on 
n'avait jamais pu trouver le fond. Gomme tou- 
jours, il a fallu renoncer à la légende : M. Martel 
et ses ardents collaborateurs, bravant la menace 
d'être entraînés par un tourbillon, se lancèrent 
à l'aide d'un canot Berthon sur ce lac lilliputien, 
large de lo mètres et long de i5. On reconnut 
alors une profondeur maxima de 8 mètres et l'on 
distingua nettement un fond de sable, vase, gra- 
vier et herbes aquatiques ! 

Au-dessus du gouffre sont les ruines d'un an- 
cien monastère, renversé, dit la légende, pour 
punir les nonnes de .s'être livrées à un accès 
d'anthropophagie sur un jeune enfant. Depuis 
lors, chaque année, le jour de la Saint-Jean, on 
entend les cloches du couvent maudit retentir 
au fond de l'abîme. Un prêtre du diocèse. 



LE LOT ENTRE ROUERGUE ET QUERCY. 32.3 

M. l'abbé Gary, a raconté Taventure dans une 
poésie patoise : 

Per Sen Jan, qiion méjonet sono, 
Dempei, d'un aire triste et lont, 
D'elcouben l'on aou lo compono, 
Per Sen Jan, quon méjonet sono, 
01 foun ploiira coumo un efon. 

A la Saint-Jean quand minuit sonne, — Depuis d'un 
air triste et lent, — On entend la cloche du couvent, — 
A la Saint-Jean, quand minuit sonne, — Au fond pleurer 
comme un enfant. 

Cajarc est à la marge du Rouergue ; si son 
causse est une dépendance de celui de Grainat, 
les rochers en face font partie du causse de Li- 
mogne, sous le nom de causse de Villefranche. 
Désormais, jusqu'à Capdenac le Lot sépare les 
deux départements comme il séparait les deux 
provinces ; le ruisseau de Lantouy forme une 
autre limite. Salvagnac est le premier promon- 
toire de ce causse; son château à mâchicoulis et 
son église semblent surveiller l'ancienne fron- 
tière. 

Des deux côtés, surtout vers Gadrieu, les ro- 
chers sont immenses. A Saujac ils obligent la ri- 
vière à un grand détour, à Montbrun ils Jui font 
décrire un cingle élégant maîtrisé par les belles 
ruines d'un donjon et de remparts sous lesquelles 



324 VOYAGE EN FRANCE. 

les maisons du village semblent collées à la 
paroi calcaire. On se demande comment les ha- 
bitants peuvent rejoindre leurs demeures bâties 
à pic sur des strates successives disposées en 
encorbellement. L'église paraît juchée au som- 
met d'un escalier dont les marches seraient 
alternativement des maisons et des rochers cou- 
verts de figuiers. La route ne parvient à traver- 
ser le défilé qu'en se frayant passage par des 
tunnels, comme Ta fait le chemin de fer. 

En Rouergue, sur un rocher verdoyant se 
dresse la belle masse du château de Campoulan, 
entourée d'une galerie à mâchicoulis. Un autre 
château de moins fier aspect précède Ambeyrac, 
gracieusement assis à l'entrée d'un val dominé 
au fond par l'église de Montsalès. Ce rivage 
offre beaucoup de grandeur : un petit plateau, le 
causse de Laroque, se termine sur le Lot par de 
hautes et vertes parois sous lesquelles se blottit 
l'église de Laroque, semblable à une forteresse. 
Les édifices et les ruines se suivent. En Ouercy 
<c'est le château délabré de Saint-Pierre ; en 
Rouergue, les ruines de Balaguier et des maisons 
de teinte fauve couronnent un rocher tapissé de 
verdure. 

Au delà, si le paysage est toujours saisissant 
par les formes et la couleur, il n'a plus autant 



LE LOT ENTRE ROUERGUE ET QUERCY. 325 

de hardiesse. Les pentes sont plus douces et plus 
vertes, la roche rouge est enveloppée de cultures 
et de bois. Les villages eux-mêmes n'ofïrent pas 
l'aspect grisâtre qu'ils avaient plus bas ; ils se 
juchent à mi-côte, sur des ressauts. Au fond du 
val sont de beaux massifs de noyers et de châtai- 
gniers; près des crêtes les vignobles se touchent. 
Une grande route venant de Figeac franchit 
le Lot au hameau de la Madeleine et, par de 
grandes sinuosités, va s'élever sur le causse de 
Villefranche. Elle dut être animée jadis, mais 
aujourd'hui le chemin de fer a bien restreint son 
utilité, car il y a ici un des principaux nœuds de 
voies ferrées du Midi, au pied du formidable ro- 
cher de Capdenac portant une vieille cité à demi 
ruinée, sous laquelle est née la jeune et vivante 
bourgade de Gapdenac-Gare \ 



I. Sur Capdenac et la région du Quercy, entre le Lot et la 
Dordofjne, voyez la 32« série du Voyage en France. 



INDEX ALPHABÉTIQUE 



DBS KOÏS DE LIEUI ET DES PRINCIPALES CULTBRES ET INDUSTRIES 



Pour f.ciliter les recherches, les noms des départements sont dési- 
gnés pair des lettres majuscules, les chapitres concernant un dépar- 
tement sont indiqués par des chiffres romains. 

Les noms de provinces, petits pays de l'ancienne France, régions 
naturelles et colonies sont en caractères gras. 

Les chiffres gras indiquent les parties du volume plus spécialement 
consacrées à la description des sites ou des centres d'habitation. 

Les industries et les cultures sont désignées par des lettres italiques. 

Toutes les autres indications, noms de lieux, de montagnes, de pays 
étrangers, sont en caractères ordinaires. 

Pour les départements, se référer au nom de chacun, à sa place 
al]»hahélique. 



Adour (fleuve), 36, loi. 
Agenais (chap. I, II, IX à 

XII), 84, S6, 207, 208, 260, 

280. 
Agen (Lot-et-Garonne), 2, 85, 

107, i32, 178, 180 à 187, 

192, 194, 219, 287. 
Agout (rivière), 282, 235. 
Aignan (Gers), 102, iio. 
Aiguillon (Lot-et-Garonne), 10, 

i29, 189, 190. 
Alaric (canal d'}, 101. 
Albefeuillc (Tarn-et-Garonne), 

214. 
Alliertas (Tarn - et - Garonne), 

275. 
Albi (Tarn), 227. 



Albias (Tarn-et-Garonne), 347. 
Albigeois, 170, 226, 265,269- 
Albret (pays d'), 5, 37 à 83. 
Algérie, 68, 71, 72, 74, 81, 

269. 
Allemagne (empire d'), 72, i55, 

202, 206. 
AlJemance (rivière), 170, 171, 

172, 178, 174. 
AUemans (Lot-et-Garonne), 28. 
Allons (Lot-et-Garonne), 46. 
Alzau (rivière), 3 10. 
Amandier (^culture de /'), 149. 
Ambeyrac (Aveyron), 824. 
Amérique, 72, i54. 
Amérique centrale, 255. 
Andiran (Lot-et-Garonne), 77. 
Anglars (Lot), 284, 285. 
Angleterre (royaume), 72, 202. 



328 



INDEX ALPHABETIQUE. 



Angoulème (Charente), 98. 
Arcambal (Lot), 3oi, 3o6, 3ii. 
Argenton (ruisseau), 36. 
Arles (Bouches - du - Rhône), 

201. 
Armagnac, S.-?, 54, 84 à 86, 
89, 93, 102, io4, 112, ii3, 

116. 
Armagnac (Bas-), 107, 109. 
Armagnac (Haut-), 107, 110. 
Arrats (rivière), 99, 21 5. 
Armagnac (voir Eaux-de-vie). 
Arros (rivière), loi. 
Asperges {culture d'), i48. 
AstafTort (Lot-et-Garonne), 

88. 
Auch (Gers), 48, 85, 88, 92, 

100, io3, 107, m. 
AUDE (département de 1'), 228. 
Audubert (Tarn- et- Garonne), 

275. 
Auloue (rivière), 128. 
Auradou (Lot - et - Garonne), 

178. 
Auroue (rivière), 95. 
Aurrenque (Gers), g5. 
Autriche-Hongrie, i55. 
Auvignon (rivière), 86. 
Auvillar (Tarn -et- Garonne), 

198, 2l5. 
Auzoue ou Lauzoue (rivière), 

76, m, ii5, 117. 
Ayancé (rivière), 9, 35 à t[X. 
AYEYRON (département de 1'), 

322 à 325, 
Aveyron (rivière), 207, 208, 

219, 226, 281, 282, 284, 287, 

246,247,248,259,261,264 

à 278. 



j Avignon (Vaucluse), 186. 
Ayroux (ruisseau d*), 21 5. 
Azine (ruisseau), 210. 



Bach (Lot), 3oo, 3oi. 

Baise (rivière), 5i, 52, 61,64, 

67, 76, 84, 85, 99, ii3, 118 

à 126. 
Balaguier (Aveyron), 325. 
Balais de sorgho, 4, i85, 223 

à 225. 
Banque de France, 186, 288, 

284, 296. 
Barbaste (Lot-et-Garonne), 54, 

55, 57 à 59, 78. 
Bargelonne (rivière), 197, 198, 

206. 
Bas-Armagnac (vogez Arma- 
gnac [Bas-]). 
Bas-Quercy, 197 à 206, 260. 
Banville ( Lot - et - Garonne ), 

179- 
Bavière (royaume de), 257. 
Bay (rivière), 265. 
Bazas (Gironde), 5. 
Beaucaire (Gers), 128. 
Beaumont-de-Lomagne (Tarn- 

et- Garonne), 85, 216 à 

219. 
Beaupuy (Lot-et-Garonne), 8. 
Beauregard (Lot), 3oi. 
Bedfordshire (comté d'Angk- 

terre), 256. 
Belgique, i54, 25i, a52, 257. 
Bergerac (Dordogne), 27. 
Berri, 226. 
Besançon (Doubs), 290. 



INDEX ALPHABETIQUE. 



329 



Biars(Lot), Si-î. 

Bièvre (rivière de Paris), 88. 

Bigorre, 101. 

Biron (Dordogne), i5g, 1O4, 

167, 168. 
Blanquefort (Lot-et-Garonne), 

171. 
Boites de fer-blanc, i5i. 
Bonagiiil (ruines de) [Lot-et- 
Garonne], 175. 
Bon - Encontre ( Lot - et - Ga - 

rpnne), 199. 
Bonnette (rivière), aôj, 270, 

271, 273. 
Bordeaux (Gironde), 1,84,119, 

128, i34, 145, i54, i57, 186, 

190. 
Bosnie(province autrichienne), 

i54. 
Bouchons {fdbr. de), 55, 67 

à 83. 
Boudouyssou (rivière), 177. 
Bougies, 37. 

Bouquiès (Aveyron), 309. 
Bourg -de -Visa (Tarn -et -Ga- 
ronne), 195. 
Bourriat-Bergonce (gare de) 

[Landes], 48. 
Bouziès (Lot), 3oi, 3i6. 
Bressols (Tarn -et -Garonne), 

237. 
Bretagne-d'Armagnac (Gers), 

ii4, ii5. 
Brugnac ( Lot - et - Garonne ), 

i3i. 
Brulhois (pays de ), 8G à 

88. 
Bruniquel (Tarn-et-Garonne), 

277. 



Cabrerets (Lot), 3oi. 

Cadours (Haute-Garonne), 85. 

Cadrieu (Lot), 323. 

Cahors (Lot), 174, âo4, 2o5, 
206, 290 à 296, 3oG, 3io, 
3i I, 3i3. 

Caisses d'euiballage, i5i. 

Cajar (Lot), 294, 3o2, 3 18, 320, 
325. 

Californie, i54. 

Calvignac (Lot), 319. 

Camcson (riyère), 21 5. 

Gampoulan (Aveyron), 324. 

Canal latéral à la Garonne, 54, 
193, 194, 198,219,231,235, 
245. 

Cancon (Lot-et-Garonne), 139, 
161, 162, i65. 

Capdenac - Gare ( Aveyron ), 
174, 325. 

Capdenac (Lot), 280, 3io, 323, 
325. 

Gapelle - Biron ( Lot - et -Ga- 
ronne), 143, 167, 168, 171. 

Capelle - Livron (la) [Tarn-et- 
Garonne], 273. 

Carmaux (Tarn), 265. 

Cartonnages, 239. 

Castel-Amouroux (Lot-et-Ga- 
ronne), 36. 

Castelculier (Lot-et-Garonne), 
192. 

Castelfranc (Lot), 285. 

Casteljaloux (Lot-et-Garonne), 
36 à 40. 

Castelmayran (Tarn - et - Ga - 
ronne), 200, 216. 



33o 



INDEX ALPHABETIQUE. 



Gaslelmoron-sur-Drot ou d'Al- 
bret (Gironde), 5, 31, 32. 

Castelmoron-siir-Lot (Lot-et- 
Garonne), i3o, i3i, 189. 

Castelnau-d'Arbieu (Gers), 95. 

Caslelnaii-d'Auzan (Gers), 107, 
116. 

-Castelnaud - de - Grattecanibe 
(Lot-el-Garonne), 109, 160. 

Gastelnau-de-Montratier (Lot), 
299, 3oo. 

Caslel - Sagrat (Tarn -et -Ga- 
ronne), 195. 

Gastels (cbâteau de) [Tarn-et- 
Garonne], 197. 

Castelsarrazin (Tarn -et -Ga- 
ronne), 200, 208, 210 à 
214, 220. 

Castéra-Verduzan (Gers), 85, 
128. 

Castex-Lectourois (Gers), 89. 

C^astillonnës (Lot-et-Garonne), 
189, iGG. 

Caumont (Tarn- et -Garonne), 
200. 

Crfiussale (Tarn-et-Garonne), 
288, 2/18, 249, 251 à 258, 
297, 298. 

Causse de Gabors, 208, 206, 
287, 295, 807. 

Gausse de Gramat, 3oG, 3io, 
3i5, 828. 

Causse de Laroque, 824. 

Causse de Limogne, 208, 206, 
258, 265, 274, 297, 299, 807, 
8i5, 823. 

Causse Méjean, 299. 

Causse de Saint-Antonin ou de 
Caylus, 258, 269, 274, 297. 



Ciusse de Sauveterre, 299, 3o4. 

Causse de Villefranche, 828, 
825. 

Causse du Larzac, 804. 

Cayhis (Tarn-et-Garonne), 262, 
270, 272 à 274, 297. 

Cayrac ( Tarn-et-Garonne), 248. 

Cayran (Lot), 3o6. 

Gazais (Tarn-et-Garonne), 276. 

Cazaubon (Gers), 85, io4, 109. 

Cazeneuve (Gers), ii4- 

(-azes-Mondenard (Tarn-et-Ga- 
ronne), 204. 

Cazoul (le) [Lot], 812. 

Celé (rivière), 810, 820. 

Cénevières (Lot), 3 18. 

Céran (Gers), 100. 

Cérou (rivière), 265, 

Cévennes, 233. 

Chanvre (culture du), 182, 
190. 

Chapeaux de feutre, 129. 

Chapeaux de paille, 129, 288, 
249 à 262. 

Charentes (région des), 108, 
1 10. 

Charrin (.-bateau de) [Lot-et- 
Garonne], 125. 

Chasselas (raisin), 190. 

Cbasseneuil (Charente), i34, 

Cbasseneuil (Lot-el-Garonne), 
i34. 

Cbassenon (Cbarente), i34. 

Cbaumont-en-Vexin (Oise), 60. 

Chaussu/'es, 98, ii3. 

Chène-li^ge, 4A» 4?» 5o, O7 à 
83. 

Cheval {élevage du), 218. 

Chine (empire de la), 25i, 252. 



INDEX ALPHABETIQUE. 



33 I 



Cieurac (Lot), 3o6, 3ii. 

Cieulat ( faubourg d'Eauze ) , 
loG. 

Cingle (moulin du) [Lot], 280. 

Ciron (rivière), A5. 

Clairac(Lot-et-Garonne), 128, 
129. 

Clermont-Dcssous (Lot-et-Ga- 
ronne), 188. 

Clermonl-Dessus (Lot-et-Ga- 
ronne), 197. 

Cognac (Gers), 107. 

Colayrac ( Lot - et - Garonne ), 
188. 

Colles, 180. 

Cologne (Gers), 85, 99. 

Concots (Lot), 3oi, 3o3, 3oA, 

■ 3i5, 3i8. 

Condezaygues (Lot-et-Garon- 
ne), 170. 

Condom (Gers), 85, 107, iio, 
III, 118 à 123. 

Condomois (pays de), 54, 
67, 79, 117 à 126. 

Conduché (Lotj, 3 16. 

Corbarieu (Tarn-et-Garonne), 
237. 

Corderie, i85. 

Cordes (Tarn), 260. 

Cornichons {culture des), 248. 

Cos (Tarn-et-Garonne), 247. 

COTE-D'OR (département de 
la), i3. 

Coutellerie, 224. 

Coutures (Gironde), 33. 

Crégols (Lot), 3oi, 3i8. 

Cuivre {laminage du), 212. 

Cuzorn (Lot-et-Garonne), 171, 
172. 



Damazan (Lot-et-Garonne), 

190, 191. 
Danube (fleuve), i55. 
Dardenne (Tarn-et-Garonne), 

260. 
Dauphiné, 249, 25o. 
Decazeville (Aveyron), 174, 

309. 
Détroit (États-Unis), 212. 
Dieulivol (Gironde), 3o. 
Dieupentale (Tarn-et-Garonne), 

222, 232. 

Digne (Basses- Alpes), 29G. 
Divonne (source de) [Lot], 

295. 
DORDOGNE (département 

de la), i3, 25 à 27, i3G, 

287. 
Dordogne (rivière), 5, 226, 280, 

3o8, 3io. 
Doueile (Lot), 288. 
Dourdène (rivière), 25. 
Dourdèze (rivière), 29. 
Dousset (ruisseau dej, 3o. 
Douze ou Doulouze (rivière), 

48, 49, io4, io5. 
Drot (rivière), 5, 22, 25 à 33, 

i3i, i35, 161, 166. 
Durance ( Lot - et - Garonne ) , 

44. 
Duras (Lot-et-Garonne), 28, 

29, 30, 3i, 139. 
Duravel (Lot), 282, 294. 
Durfort ( Tarn - et - Garonne ), 

204. 
Dresde (Saxe royale), 207. 
Druilles (Les) [Lot], 3 18. 



332 



INDEX ALPHABETIQUE. 



Eaux-de-vie, 8, Ss, 69, 66, q3, 
102, 107 à 110, 112. 

Eaux minérales, m, i23, i3o, 
266. 

Eauzan (pays d'), 54, 105 
à 116. 

Eauze (Gers), 48, 105 à 111, 

^ 114. 

École d'agriculture de Saint- 
Pau (Lot-et-Garonne), 74, 83. 

Engrais chimiques, i85. 

Entre-Deux-Mers, 28, 3i. 

Escamps (Lot), 3oi, 3o5. 

Escatalens (Tarn-et-Garonne), 
221. 

Esclauzels (Lot), 3oi, 3i5. 

Espadrilles (voir Sandales). 

Espagne (royaume d'), 68, 71, 
81. 

Espalais (Tarn-et-Garonne), 
198. 

Espanel (Tarn-et-Garonne), 
298. 

Essence de térébenthine, 46. 

Estampon (rivière), 49- 

Estang (Gers), 85. 

Esterel, 70. 

Estussan (Lot-et-Garonne), Sg. 

États-Unis, i55. 

Eymet (Dordogne), 25 à 27, 
3o, iSg, i4i- 

Eysses (Lot-et-Garonne), i58. 



Falgueyrat (Dordogne), 28. 
Fas (Lot-et-Garonne), 87. 



Fauillet (Lot-et-Garonne). 

Feneyrols-les-Bains (Tarn-et- 
Garonne), 266. 

Fère (La) [Aisne], 67. 

Feugarolles (Lot-et-Garonne), 
5i, 55. 

Fezensac (pays de), 54, 110 
à 113. 

Fezenzaguet (pays de), 99. 

Figue (culture de la), 128. 

Figuëres (Espagne), 221. 

Finhan (Tarn-et-Garonne), 22 1 . 

Fleurance ( Gers ), 92 , gS à 
100. 

Foire aux chiens, 212, 234- 

Foix (Ariège), 296. 

Fonfrède (source de), i3o. 

Fongrave (Lot-et-Garonne), 
i3i. 

Fontanas (château de) [Tarn- 
et-Garonne], 243. 

Fontélie (fontaine de) [Gers], 
93. 

Font-Polémie (source) [Lot], 
3i3. 

Formes pour chaussures, 11 3. 

Fromage, 3o4. 

Fronton (Haute-Garonne), 239, 
241, 242, 244- 

Fumel (Lot-et-Garonne), 171 
à 175, 280. 

Fustérouan (Gers), 102. 



Gabardan (pays de), 79. 
Gabarret (Landes), 48, 109. 
Gandalou (Tarn-et-Garonne), 
214. 



INDEX ALPHABETIQUE. 



333 



Gardclle (la) [Lotj, 284. 
Garonne (fleuve), i à 20, 35, 

39, 5o, 54, 85, 86, 87, 100, 

129, 177, 180 à 199, 2o5, 

207, 2i4, 219, 221, 222, 2»7, 

•>3i, 234, 242, 246, 309. 
Gascogne (chap. III à VI). 
Gaure (pays de), 96 à 100. 
Gavacherie (pays de la), 5, 

28, 3i. 
Gavarnie (Hautes- Pyrénées), 

122. 
Gavaudun (Lot-et-Garonne), 

167, 168, 171. 
Gazelle (la) [Lot-et-Garonne], 

22. 
Gélise (rivière), 52, 54, 58, 

59> 73, 76, 77. 79. io5, m, 

114. 
GERS (département du), 88 à 

126, 2l5, 
Gers (rivière), 84 à 100. 
Gimoës (pays de), 99. 
Gimone (rivière), 99, 21 5, 216, 

219. 
Gimont (Gers), 85, 214. 
GIRONDE (département de 

la), i3, 3o à 34, 47, i36, 

219. 
Gondrin (Gers), ii5, 117. 
Goudourville (Tarn-et-Garon- 

ne), 198. 
Goutz (Gers), 100. 
Gramat (Lot), 3o3. 
Grandfonds (Lot-et-Garonne), 

193. 
Grand-Nérac (quartier de Né- 

rac), 63. 
Gréalous (Lot), 3oi. 



Grenade-sur-Garonne (Haute- 
Garonne), 242. 

Grenoble (Isère), 257. 

Grésivaudan, 187. 

Grisolles (Tarn- et- Garonne), 
222, 223, 224, 225, 242, 
245. 

Guilleragues (château de) [Gi- 
ronde], 33. 

Guyenne (chap. I, II, VII 
à XX), 86. 



Haricots verts {récolte des), 
i48, 149. ' 

Haut-Armagnac {voyez -\i'ma- 
gnac [Haut-]). 

Hautefage (Lot-et-Garonne), 
178, 179. 

HAUTE-GARONNE (départe- 
ment de la), 219, 224, 238 
à 243. 

Honor-de-Cos (1') [Tarn-et-Ga- 
ronne], 247. 

Hôpital Beaulieu (Lot), 3io. 

Hordosse (château de) [Lot-et- 
Garonne], 76. 

Hospitalet (L') [Lot], 3o6. 

Houeillès (Lot-et-Garonne), 43, 
44, 48, 73. 

Houil (ruisseau de), 48. 



îssigeac (Dordogne), 27, 139. 
Issolud (puy d'), 286. 
Italie (royaume d'j, 72, 25 1. 
Izaute (rivière), m, ii4- 



334 



INDEX ALPHABETIQUE. 



Japon (empire du), 25i, 262. 
Jasmin (le poète), 182 à 184, 

192, 193. 
Java (île de), 255. 
Jegim (Gers), iio, ii3. 
Joanny (Tarn-et-Garonne), 271 . 
Jiisix (Lot-et-Garonne), 2. 



Labastide- d'Armagnac (Lan- 
des), 60. 

Labastide-du-Temple (Tarn-el- 
Garonne), 2iA- 

Labastide-Marnhac (Lot), 3o6. 

Labastide -Saint -Pierre (Tsrn- 
et-Garonne), 237, 

Lacapelle Biron Çuoir Capelle- 
Biron). 

Lacaussade (Lot-et-Garonne), 
168. 

Lafox (Lot-et-Garonne), 197. 

Lafrançaise (Tarn-et-Garonne), 
234, 235. 

Lagarde-Finarçon (Gers), 89. 

Lait stérilisé, i3i. 

Laiton, 212. 

Lalbenque(Lot), 262, 3oo, 3oi, 
3o4. 

Lamothe-Capdeville (Tarn-et- 
Garonne), 247. 

Lamothe-Gondrin (château de) 
[Gers], iio. 

Landes, 37 à 49, 67, 117, 
i5x. 

LANDES (département des), 
47 à 49, 68, 70, 71. 



Languedoc, 207 à 214, 

249. 
Lannemezan (plateau de), 

87, 196, 203, 2l5. 
Lannepax (Gers), m. , 

Lantouy (gouffre de) [Lot], 32 1, 

322, 323. 

Laon (Aisne), 169. 

Laparade ( Lot-et-Garorme ), 
129, i3o. 

Laplume (Lot-et-Garonne), 86, 
88. 

Larnagol (Lot), 3oi, 3o2, 3o3, 
3o4, 319. 

Laroque - Bouilhac ( Ave\Ton ), 
309. 

Laroque-Timbaut (Lot-et-Ga- 
ronne), 179. 

Laroque-Toirac (Lot), 324- 

Larroque (château de) [Lot], 
3ii. 

Larzac (causse du), 3o4. 

Lauze (rivière), 93. 

Lauzerte (Tarn-et-Garonne), 

204, 205. 

Lauzès (Lot), 3i4, 3i5. 
Lauzoue (rivière) [voir Au- 

zoue]. 
Lauzun ( Lot - et - Garonne ) , 

25. 
Lavardac (Lot-et-Garonne), 47, 

52 à 56, 60, 67. 
Lavardens (ruines de) [Gers], 

ii3. 
Lavaur (Tarn), 232. 
Lavilledieu (Tai'n-el-Garonne), 

208, 214. 
Lavi t-de-Lomagne ( Tarn-et-Gr.- 

ronne), 85, 216. 



INDEX ALPHABETIQUE. 



335 



Layrac (Lot-et-Garonne), 86, 

87, 
Lectoure (Gers), 89 à 94, 

96, 97, io3, 216. 
Lède (rivière), 161, 162, 167, 

171. 
I^embon (rivière), 210. 
I.eniboul (rivière), 298. 
Lembous (ruisseau), 298. 
I^cmboulas (rivière), 298. 
Lencou (rivière), 2o5. 
IJ?re (rivière), 248, 258, 262. 
Leriet (château de) [Tarn-et- 

Garonne], 214. 
Lexos (Tarn-et-Garonne), 264, 

2G5. 
Libos (Lot-et-Garonne), 171. 
Liboume (Gironde), i4i. 
Liège (Belgique), 202. 
Liège {exploitation et prépa- 
ration du), 02, 55 à 59, 

66 à 83. 
Lille (Nord), 227. 
Lirnogne (Lot), 3oi, 3 18. 
Limousin, 226. 
Lindenberg (Bavière), 207. 
Linoléum, 56. 
Lisse (Lot-et-Garonne), 73, 

76. 
Li\Ton (Tarn-et-Garonne), 272, 

273. 
Lomagne, 84 à 96, 196, 

197, 198, 200, 207, 215 à 

219, 234. 
J-.ombez (Gers), 85. 
Losse (rivière), 118. 
LOT (département du) [chap. 

XVIII à XX], 12, i3, 10, 19, 



Lot (rivière), 22, 127 à 159,. 
i6g à 178, 180, 189, 2o3, 226, 
278 à 296, 308 à 325. 

LOT-ET-GARONNE (départe- 
ment du) [chap. I à XIII], 
iio, 124 à 191, 219, 224, 

252, 287. 

Louisiane (Etats-Unis), 212. 
Loule (gouffre) [uoir Ouïe]. 
Lugagnac (Lot), 3oi. 
Lugaut (Landes), 49- 
Lllg-lies (pays des), 44. 
Lusignan (Lot-et-Garonne),. 

188. 
Luton (Angleterre), 252. 
Lutte (ruisseau), 299. 
Luzech (Lot), 285, 286. 
Lyon (Rhône), 241, 249. 

M 

Madeleine (la) [Lot], 3ii. 

Madeleine (la), commune de 
Faycelles (Lot), 325. 

Mfiëstricht (Hollande), 252. 

Magistère (la) [Tarn-et-Garon- 
ne], 197. 

Magnanac ( Haute - Garonne ), 
239. 

Maillechort, 212. 

Malines (Belgique), i54. 

Malterre (château de) [Tarn- 
et-Garonne], 271. 

Manciet (Gers), io5. 

Maransin, 70. 

Marcellus (Lot-et-Garonne), 4- 

Marche duRouergue, 265. 

Marciac (Gers), 85. 

Marcilhac-sur-Célé (Lot), 3oi. 



33Ô 



INDEX ALPHABETIQUE. 



Marrnande (Lot-el-Garonne), 5 
à 8, 21, 35, 187. 

Marmont- Pachas (Lot-et-Ga- 
ronne), 87, 88. 

Maroc (empire du), 68. 

Marseille (Bouches-du-Rhône), 
262. 

Martel (Lot), 3oi. 

Martinet (Le) [Tarn-et-Garon- 
ne], 271. 

Maryland (États-Unis), 12. 

Mas-d'Agenais (Lot-et-Garon- 
ne), 9, 36. 

Massuries (Les) [Lot], 3i6. 

Maures (pays des), 70, 71. 

Mauvezin (Gers), 85, 99. 

Mazainet (Tarn), 234. 

Méditerranée, 170. 

Meilhan (Lot-et-Garonne), 2. 

Mercuès (Lot), 288. 

Mesures en bois, 239. 

Métallurgie, 38, 173, 174, 
277. 

Meylan (Lot-et-Garonne), 83. 

Mézin (Lot-et-Garonne), 47 > 
55, 56, 67, 77 à 82. 

Midou ou Midour (rivière), 102, 
104. 

Miélan (Gers), 118. 

Mines de fer, 172, 174, 282. 

Min-jterie, 54, 232. 

Mirabel(Tarn-et-Garonnc), 260, 
261. 

Miradoux (Gers), 88. 

Miramont (Gers), 100. 

Miramont (Lot-et-Garonne), 
24, 25, i3i, 139. 

Miramont (Tarn -et -Garonne), 

205. 



Mirande (Gers), 85. 
Mirandol (Lot), 285. 
Mirepoix (Gers), 100. 
Moissac ( Tarn - et - Garonne ), 
143, 194, 200 à 203, 204, 

210, 232. 

Molières (Tarn- et- Garonne), 

298, 299. 
Monbahus (Lot-et-Garonne), 

i3i. 
Monbarla (Tarn- et- Garonne), 

205. 

Monbazillac (Dordogne), 27, 
128. 

Monclar-d'Agenais (Lot-et-Ga- 
ronne), 4o, i3i, i32. 

Moacrabeau (Gers), 124 à 
126. 

Monfort-du-Gers (Gers), 99. 

Monge (château de) [Tarn-et- 
Garonne], 271. 

Monségur (Gironde), 30, 31, 
32, 33. 

Monségur (Lot-et-Garonne), 
169. 

Monsempron (Lot-et-Garonne), 
170, 171. 

Monsempron-Libos (gare de), 
170, 171, 173. 

Montagnac (Lot-et-Garonne), 
167. 

Montagudet (Tarn-et-Garonne), 
2o5. 

Montaigu-de-Quercy (Tarn-et- 
Garonne), 204- 

Montalzat (Tarn-et-Garonne), 
260, 261, 298. 

Montastruc (Lot-et-Garonne), 

l32. 



INDEX ALPHABETIQUE. 



337 



Montauban (Tarn-et-Garonne), 
186,208, 210, 215,223,228 
à 234, 247, 249, 25i, 264, 



^Montbrun (Lot), 323. 
Montcabrier (Lot), 280. 
Montcuq ( Lot ) , 206 , 297 , 

3oo. 
Mont-de-Marsan (Landes), ?.34. 
Montech (Tarn-et-Garonne), 

220, 232. 

3*Ionteils (Tarn-et-Garonne), 

209. 
Montesquiou (Gers), iio, m. 
Monteton (Lot-et-Garonne), 

29. 
Montflanquin (Lot-et-Garon- 
ne), 149, 161, 162 à 166. 
Montgaillard (Lot-et-Garonne), 

5i, 59. 
^lontjoy (Tarn-et-Garonne), 

195. 
^lontluçon (Allier), 186. 
Montpezat (Tarn-et-Garonne), 

260, 298. 
Monfréal-du-Gers (Gers), 107, 

110, 115, 116, 117. 
3Ionlricoux (Tarn-et-Garonne), 

278. 
Montsalès (Aveyron), 324. 
Mouchan (Gers), m. 
Moura (Gers), m. 
Moustier ( Lot - et - Garonne ) , 

28. 
Mouton (^élevage du), 3o3. 
Miircens ou Mursens (Lot), 3i3, 

3i4. 
Mûrier (^culture du), 193, 

232. 



N 



Nancy (Meurthe- et -Moselle), 
206, 267. 

Narbonne (Aude), 234. 

Navigation Jluviale, 3o, 02 à 
54, 119, 120, i34, 107, 187, 
309. 

Nazareth (château de) [Lot-ot- 
Garonne], 65, 126. 

Négrepelisse (Tarn-et-Garon- 
ne), 278. 

Nérac (Lot-et-Garonne), 56, 61 
à 65, 76, 107, ii4, 126. 

Neuffons (Lot-et-Garonne), 38, 
40. 

Nicole (Lot-et-Garonne), 129, 
187, 189, 190. 

Nîmes (Gard), 807. 

Nogaro (Gers), 85, io3, io4, 
109, III. 

Nohic (Tarn-et-Garonne), 287. 

NORD (département du), i3, 16. 

Notre-Dame-de-Livron (Tarn- 
et-Garonne), 273. 

Noulens (Gers), m. 



Ognon {culture de /'), 192. 
Oiseleurs, 218. 

Oit (nom ancien du Lot), 287. 
Orbe (niisseau), 99. 
Orgueil (ruines d') [Lot], 281- 
Orgueil (Tarn-et-Garonne), 287. 
Orléanais, 126. 
Ormes tortillards, i3i. 
Ouïe (gouffre de 1') [Lot], 821, 
822, 828. 



VOYAGE EN FRANCE. — XXXI. 



338 



INDEX ALPHABÉTIQUE. 



Papeterie, 220, 289. 

Papier d'étain, 212. 

Pardaillan (Lot-et-Garonne), 
29. 

Parnac (Lot), 287, 288. 

PAS-DE-CALAIS (département 
du), 16. 

Passage - d'Agen (Le) [Lot-et- 
Garonne], i85, 186. 

Pastiirac (Lot), 3i5. 

Pâtes alimentaires, 287, 288. 

Pécher (culture du), 149, 247. 

Peignes de corne, i48, 144? 
233. 

Pelbusoc (Landes et Lot-et-Ga- 
ronne), 46. 

Pellegrue (Gironde), 3i. 

Penne -d'Agenais, i58, 177, 
178. 

Penne-d'Albigeois (Tarn), 269, 
276, 277. 

Pérignon (château de) [Tarn- 
et-Garonne], 221. 

Périgord, 19, 25 à 27, 161, 
164, 169. 

Périgueux (Dordogne), 186. 

Pescadoire (Lot), 284. 

Petit-Nérac (quartier de Nérac), 
63. 

Petite-Barguelonne ( Tarn -et - 
Garonne), 2o5, 800. 

Petite-Léonne (rivière), 179, 
195. 

PejTcstortes (P^Ténées- Orien- 
tales), 221. 

Phosphate de chaux, 269, 270, 
275, 801, 8o4, 3i8, 820. 



Picc[uecos (Tarn-et-Garonne), 
247. 

Pis (Gers), 100. 

Pise (Italie), 100. 

Plaisance (Gers), 85. 

Plaisance (Landes), 47- 

Plateau de Lannemezan (voyez 
Lannemezan). 

Plumes d'oie, 197. 

Pois (petits) [culture des], 128, 
i4i, 145 à 154. 

Poitiers (Vienne), 186. 

Polémie (fontaine) [Lot], 8i3. 

Pommevic (Tarn-ct-Garonne)y 
198. 

Pompignan (Tarn-et-Garonne), 
243 à 245. 

Pompogne (Lot -en -Garonne), 
48. 

Pont-de-Bordes (Lot-et-Garon- 
ne), 54, 56, 78. 

Pont-Moyne (ferme de) [Lot- 
et-Garonne], 45. 

Port-de-Penne (Lot-et-Garon- 
ne), 177, 178. 

Port-Sainte-lNIarie (Lot-et-Ga- 
ronne), 10, 5o, 84, 188. 

Portugal (royaume de), 68. 71, 

Poudenas (Lot-et-Garonne), 78, 

82. 
Pradines (Lot), 288. 
Prajous (Les) [Lot], 3i8. 
Prayssac (Lot), 284. 
Primeurs, 246, 247. 
Privas (Ardèche), 296. 
Provence, 68, 70, 71. 
Prunes et pruneaux, 27, 134 

à 140, 182, 208. 



INDEX ALPHABETIQUE. 



Pruniers (culture des), 21, 22, 

29, 134 à 140. 
Pnjols (Lot-et-Garonne), 157. 
Puycasquier (Gers), 100. 
Puvguilhem (Dordogne), 2g. 
Puvjourdes (Lot), 3oi. 
Puylaroque (Tarn-et-Garonne), 

261, 262, 298. 
Puy (Le) [Haute-Loire], 284, 

255. 
Piiy-1'Évêque (Lot), 288. 
Puymirol (Lot-et-Garonne), 

195. 
Puységur (Gers), 100. 
Pyrénées (chaîne des), 92, 

118, 117, 122,196,218,226, 

284. 
PYRÉNÉES - ORIENTALES 

(département des), 70. 



Quercy (chap. XIII à XX), 

17, 18, ig, i6g, 177. 
Quercy-Blanc, ig5, 204, 

258, 260, 2g7. 



Raisin {culture du), igo. 
Ramier (pays du), 287. 
Ramouzens (Gers), m. 
Réalville (Tarn-et-Garonne), 

248, 25l. 
Réaup (Lot-et-Garonne), 78. 
Regnics (Tarn-et-Gai'onne), 

287. 
Rcole (La) [Gironde], i, 84. 
Retjons (Landes), 4g- 



339 

Retjons-Lugaul (gare de) [Lan- 
des], 48. 
Ribérette (ruisseau), 102. 
Rivière -Montalbanaise, 

228 à 245. 
Riviére-Verdun (pays de), 

219 à 223. 
Rocamadour (Lot), 3 10. 
Roc-Dansaire (Tarn-et-Garon- 
ne), 266. 
Roc-de-Gorp ou d'Aucor (Lot), 

3i8. 
Rochers-d'Anglars (Tarn-et-Ga- 
ronne), 266. 
Roquebrune (château de) [Gi- 
ronde], 33. 
Roquefort (Gers), 100. 
Roquefort (Landes), 4g- 
Roubaix (Nord), 227. 
Rouergue, 288, 24g, 27g, 

322 à 325. 
Roussillon, 08. 
Ruisseau-Profond, 21 5. 
Russie (empire de), i55. 



Saillac (Lot), 801. 

Saint-Antonin (Tarn-et-Garou- 
ne), 261, 266 à 270, 275. 

Saint-Barthélémy (Lot-et-Ga- 
ronne), 24. 

Sainte-Bazeille (Lot-et-Garon- 
ne), 4) 5. 

Sainte - Christie - d'Armagnac 
(Gers), 104. 

Saint-Girq-Lapopie (Lot), 3oi, 
3i8. 

Saint-CIar (Gers), 98. 



34o 



INDEX ALPHABETIQUE. 



Sainl-Front (Lot-et-Ciai-onne), 

171. 
Sainl-Gény (chapelle) [Gers], 

Saint - Georges - d'Espéranche 
(Isère), 2.56, 257. 

Sainl-Géry (Lot), 3i5. 

Saint-Hilaire (Gironde), 33. 

Sainl-Hilaire (Lot-et-Garonne), 
188. 

Saint-Jean-de-Laur (Lot), 3oi. 

Saint- Jcan-de-Thurac (Lot-et- 
Garonne), 196. 

Saint-Jean-Poutge (Gers), 11 3, 
119, 120. 

Sainl-Juéry (Tarn), 282. 

Sainte - Livrade (Lot-et-Ga- 
ronne), i32, 139, i/|0, 1/19, 
182. . 

Saint-Martin- Labouval (Lot), 
201, 3o4, 3i8. 

Saint - Nicolas - de - la- Balerme 
(Lot-et-Garonne), 196. 

Saint - Nicolas - de - la - Grave 
(Tarn-et-Garonne), 199, 200. 

Saint-Pastour (Lot-et-Garon- 
ne), 160. 

Saint-Pau ( Lot-et-Garonne ),73, 
ih, 76, 83. 

Saint-Pierre (château de) [Lot], 

32/i. 

Saint-Projet (Tarn-et-Garon- 
ne), 273. 

Saint-Puy (Gers), 98. 

Sainte-Radegonde (Gers), 98. 

Sainte-Radegonde (Lot-et-Ga- 
ronne), iDg. 

Saint-Rome (signal de) [Tarn- 
et-Garonne], 271. 



Saint-Sixte (Lot-et-Garonne), 
196. 

Saint-Sulpice (ruisseau de), 33. 

Saint - SA'mphorien - sur- Coise 
(Rhône), 256, 267. 

Saint-Vincent-Rive-d'Olt, 287. 

Salles (Lot-et-Garonne), 167, 
171. 

Salvagnac (AvejTOn), 320, 323. 

Salvetat (près Montpezat) 
[Tarn-et-Garonne], 298. 

Sandales ou espadrilles, 12. 

Sangles, 276. 

Saramon (Gers), 85. 

Saujac (Aveyron), 323. 

Saut-du-Tarn (Tarn), 282. 

Sauternes (Gironde), 128. 

Sa uvelat (La) [Lot-et-Garonne], 
25, 28. 

Sauvetat-de - Savères ( Lot-et- 
Garonne), 195. 

Sauvetat-du-Drot (La) [Gers], 
98. 

Sauvetat-sur-Lëde (La) [Lot-et- 
Garonne], 161. 

Sauveterre (Lot-et-Garonne), 
196. 

Sauveterre-la-Lémance ( Lot-et- 
Garonne), 173. 

Savanac (Lot), 3 12. 

Savon, 37. 

SEINE-ET-OISE (département 
de), i48. 

Séoune (rivière), 193, igS, 
206. 

Septlbnds (Tarn -et- Garonne), 
249, 250, 25i, 253, 254, 
258 à 262, 269, 270, 274. 

Sept-Ponts (Lot), 307. 



INDEX ALPHABETIQUE. 



34 I 



Serbie ( royaume de ) , i54 , 

i55. 
SL're (ruisseau), 216, 251. 
Serempuy (Gers), 85. 
Sériciculture, 194, 282, 233. 
Sen-anac (Tarn -et - Garonne), 

25l. 

Seyches (Lot-et-Garonne), 24. 

Seye (rivière), 265. 

Sicile (île de), 170. 

Soie {industrie de la), 532, 

233. 
Sorgho {culture du), 4, 222 à 

225, 245. 
Sos (Lot-et-Garonne), 72, 82, 

83, iio. 
Solurac (Lot), 281. 
Soufflerie de poils, 239. 
Suisse, 201, 256. 
Sumac, 170, 233. 



Tabac (culture du), 10, 12 à 
20, 287. 

Tabletterie, 82. 

Tailhade (La) [Lot-et-Garon- 
ne], 4i' 

Tamis à bluter, 2Z2. 

TARN (département du), 264, 
3o8. 

Tarn (rivière), 199, 200, 207, 
208, 2i5, 219, 228 à 241, 
246, 259. 

TARN-ET-GARONNE (dépar- 
tement de) [chap. XIII à 
XIX], 85, i36, 194. 

Tarsac (Gers), loi. 

Tartres, ii3. 



Temple (Le) [Lot-et-Garonne], 

i3i. 
Ténaréze (voie romaine et 

pays de), 54, 59, 82, 107, 

108, 109. 
Térébenthine (voir Essence de). 
Terraube (Gers), 92. 
Terrines de Nèrac, 67. 
Tescûu (rivière), 237. 
Tessonne (rivière), 21 5. 
Teussac (Tarn -et -Garonne), 

266. 
Thermes - d'Armagnac (Gers), 

85, 101, 102. 
Thèze (nvière)y 280, 
Thouars (Lot-et-Garonne), 55. 
Toile à voile, i85. 
Tolzat (ruisseau), 9. 
Tomates {culture de), i48. 
Touneins ( Lot - et - Garonne ), 

10 à 12, 127, i32, i85, 

187. 
Tortillards (voyez Ormes). 
Toscane (province d'Italie), 255, 

256. 
Toulouse (Haute-Garonne), 84, 

18G, 223, 226, 233, 234, 241, 

242. 
Tour aine, 33, 126. 
Tournecoupe (Gers), 85, 99. 
Tour-N^uve (Lot-et-Garonne), 

45. 
Tournon-d'Agenais (Lot-et-Ga- 
ronne), 177. 
Touzac (Lot), 281. 
Trec (rivière), 7, 8, 21, 22. 
Trenqueléon (château de), 5i. 
Truffes, 3oi, 3o4, 3o5. 
Tunisie, 68, 72, 269 



342 



INDEX ALPHABETIQUE. 



Urdens (Gers), go. 
Uxellodimum (cité gauloise), 
286, 3i3. 



Vacquiers (Haute- Garonne), 

240. 
Valence-d'Agen (Tarn -et -Ga- 
ronne), 197, 198, 2o3, 2o5. 
Valence-sur-Baise (Gers), 85 

. 98, iio, 122. 

Valenlré (pont de) à Gahors, 
295, 807. 

Valette (château de la) [Tarn- 
et-Garonne], 270. 

Valette (La) [île de Malte], 270. 

VAR (département du), 70. 

Varaire (Lot), Soi, 802. 

Varen (Tarn-et-Garonne), 2G4 

Vaylats (Lot), 801. 

Verdégas (Lot-et-Garonne), 
i3i. 

Verdun-sur-Garonne (Tarn-et- 
Garonne), 222, 228. 

Vère (rivière), 277- 

Vers (Lot), 812. 

Vers (rivière), 818. 

Versailles (Seine-et-Oise), 186, 

Vert (rivière), 284, 280. 

Vesoul (Haute-Saône), 296. 

Vianne (Lot-et-Garonne), 5i, 
54, 55. 



Vic-Fezensac (Gers), 107, 109, 
iio, 111 à 115, 118, 119, 
122. 
Villaudric ( Haute - Garonne ),- 

289, 240, 241. 
Ville - Bourbon ( faubourg de 

Montauban), 228. 
Villebrumier (Tarn-et-Garon- 
ne), 233, 237, 238. 
Villemur (Haute-Garonne), "idS, 

287, 238, 239. 
Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Ga- 
ronne), i35, 189, 140 à 
158, 177, 182, 186, 192, 
233. 
Ville - Nouvelle ( faubourg de 

Montauban), 280. 
Villeréal (Lot-et-Garonne), 189, 

165, 166. 
Vins noirs, 291. 
Virazeil (Lot-et-Garonne), 8, 

21. 
Virginie (États-Unis), 12. 
Viticulture, 107 à 110, 128, 
239 à 243, 274, 291,294, 
807. 

W 

Wohlen (Suisse), 256. 



Xaintrailles (Lot-et-Garonne), 



01, 00, 09. 



TABLE DES CARTES 



Carte d'ensemble (en face du 
titre). 

Vallée de la Garonne entre 
Marmande et Tonneins, 3. 

Entre la Garonne et le Drot, 28. 

Environs de Gasteljaloux, 87. 

La Baise de VianneàNérac, 53. 

Le chêne-liège en Lot-et-Ga- 
ronne, 69. 

Environs de Mézin, 77, 

Lectoure, 90. 

Fleurance, 98. 

Vic-Fezensac, 112. 

Condom, 120. 

Le coude du Lot entre Sainte- 
LivTade et Villeneuve -sur- 
Lot, i33. 



L'Agenais (feuille double), 162 

et i53. 
Agen, 181. 
Moissac, 201. 
Confluents de la Garonne et 

du Tarn, du Tarn et de l'Avey- 

ron (Bas-Ouercy), 209. 
La Lomagne de Tarn-et-Ga- 

ronne, 218. 
Montauban, 227. 
Caussade et Septfonds, 25g. 
Le Cingle de Cahors, 289. 
Confluent du Lot et du Celé, 

319. 
Le Lot à Cajarc, gouff'res de 

rOule et de Lantouy, 821. 



TABLE DES MATIERES 



I. — La plaine de la Garonne. 

Pages, 
En amont de La Réole. — La plaine de Garonne. — xMeilhan. — 
Le sorgho à balai. — Les gavaches de Sainte-Bazeille. — Mar- 
mande. — Une affiche électorale. — Le Mas-d'Agenais. — Ton- 
neins et la culture du tabac. — Comment on prépare le sol. — 
Formalités administratives. — La récolte et le manocage. . . i 



II. — La vallée du Drot. 

Le vallon du Trec. — Les pruniers et les chenilles fileuses. — 
Autour de Seyches. — Lauzun et son duché. — La Sauvetat. 
— Eymet. — En Périgord. — Au long du Drot. — Duras. — 
Monségur. — En Gavacherie. — Castelmoron-d'.Ubret. — De 
Monségur à La Réole 21 



III. — Les landes de Lot-et-Garonne. 

La vallée de l'Avance. — Casteljaloux et ses usines. — Les pertes 
et les sources de l'Avance. — Dans les pinèdes. — Les Lugues. 
— Houeillès. — La foire de Pelbusoc. — La Grande Lande. — 
Le val de l'Estampon 35 



IV. — La capitale du « Béarnais ». 

La vallée de la Baïse. — La bastide de Vianne. — Lavardac. — 
Navigation de la Baïse. — Ateliers de bouchonniers. — Le Pont- 
de-Bordes. — Le moulin de Barbaste. — Barbaste. — Nérac. 
— La promenade de la Garenne 5o 



346 TABLE DES MATIERES. 



V. — Les bouchonniers de Mézin. 



Pages. 



L'industrie de Nérac. — Les bouchonniers. — Les forêts de chê- 
nes-lièges ou siiriers. — La culture des suriers. — Le com- 
merce du liège. — Le pas de Gascogne. — Au bord de la Gé- 
lise. — La forêt. — Mézin et les ateliers de liégeurs. — Sos. — 
L'école d'agriculture et de viticulture de Saint-Pau 66 

VI. — Lomagne du Gers, Gaure et Fezenzaguet. 

Entre Agen et Lectoure. — Le pays de Brulhois. — Layrac. — 
Astaffort. — En Lomagne. — Lectoure. — La maison du maré- 
chal Lannes. — Fleurance et le pays de Gaure. — En Fezen- 
zaguet : Mauzevin et Montfort Sfj 

VII. — Le Fezensac et l'Eauzan. 

L'Adour et l'Arros. — Thermes-d' Armagnac. — Aignan. — No- 
garo et le Bas-Armagnac. — La Douze et le Midour. — Eauze. 

— La bourse aux eaux-de-vie. — Les distillateurs d'Arma- 
gnac. — Lannepax. — En Fezensac. — Vic-Fezensac loi 

VIII. — Le Condomois. 

Gondrin. — Laressingle. — La vallée de la Losse. — Condom. 

— Le commerce des eaux-de-vie. — La navigation de la Baïse. 

— Valence et Beaucaire. — En descendant la Baïse. — 
Moncrabeau, pays des hâbleurs 117 

IX. — Le pays des prunes. 

Clairac et ses marchés. — Au long du Loi. — La Parade. — Cas- 
telmoron. — L'orme tortillai'd. — Monclar et Sainte- Livrade. 

— La culture du prunier. — Robe de sergent et prune d'ente. 

— Le commerce des pruneaux. — Le cueillette et la cuisson. 

— Villeneuve-sur-Lot : la ville 127 

X. — Les petits pois de Villeneuve. 

A travers Villeneuve-sur-Lot.— Les peigniers en corne. — L'em- 
ballage des petits pois. — Au marché. — Les fabriques de con- 
serves. — La culture des pois. — Machines à écosser. — Les 
pruneaux. — Autour de Villeneuve i i44 



TABLE DES MATIERES. 347 

XI. — Le Haut Agenais. 

Pages. 
Au bord de la Lède. — La culture des fèves. — Monflanquin. — 
Villeréal. — Les campagnes du haut Agenais. — Monsempron 
et Libos. — Fumeletses forges. — Les carrières de l'Allemance. i6o 

XII. — Agen et ses campagnes. 

Les vieilles forteresses. — Tournon-d'Agenais et Penne-d'Age- 
nais. — Le vallon de la Marse. — Agen. — Le poète Jasmin. 

— Le commerce d'Agen. — Richesses agricoles. — Au long de 
la Garonne. — Pont-Saint-Marie. — Aiguillon. — Nicole et ses 
abricotiers 176 

XIII. — Le Bas-Quercy. 

L'Aveugle de CastelcuUer. — Le canal latéral. — La Séoune. — 
Puymirol. — En Tarn-et-Garonne. — Valence-d'Agenais. — 
Auvillars. — Saint-Nicolas-de-la-Grave. — Moissac. — Du Bas- 
Quercy en Quercy-Blinc 192 

XIV. — LoMAGNE ET Rivière- Verdun. 

Le vignoble de Tara-et-Garonne. — Castelsarrazin. — Noms de 
rues. — En Lomagne. — Lavit-de-Lomagne. — Beaumont-de- 
Lomagne. — L'élevage des chevaux. — Montech. — Le maré- 
chal Pérignon. — Verdun. — La Rivière-Verdun. — Grisolles. 

— Culture du sorgho. — La fabrication des balais 207 

XV. — La Rivière Montalbanaise. 

Le pays de la brique. — Montauban. — Lidustrie de la soie. — 
Lafrançaise. — La Rivière du Tarn. — Villebrumier. — Entrée 
en Haute-Garonne. — Villemur et ses usines. — Le vignoble 
de Villaudi'ic et de Fronton. — Pompignan et son château. . 226 

XVI. — Les chapeaux de paille du Quercy. 

Au bord de l'Aveyron. — Les pêches de l'Honor-de-Cos. — Une 
ville gauloise disparue. — Réalville et le vallon de la Lère. — 
La fabrication des chapeaux de paille, son origine, ses déve- 
loppements. — Les usines de Gaussade. — Quelques mots sur 
la production des tresses. — La ville de Gaussade. — Sur le 
causse, — Septfonds 24G 



348 TABLE DES MATIERES. 

XVII. — Les gorges de l'Aveyron. 

Pages. 
La gare de Lexos. — Au long de l'Aveyron. — Les rochers du 
causse. — Saint-Antonin. — Le plus vieil hôtel de ville de 
France. — La vallée de la Bonnette. — Les phosphates de 
Tarn-et-Garonne. — Gouffre de la Goule. — Caylus. — Sur le 
causse. — En descendant l'Aveyron. — Penne et Bruniquel. 

— Montricoux et Négrepelisse 263 

XVIII. — Les cingles du Lot. 

De Fumel à Cahors. — Les cingles. — Ruines d'Orgueil. — Du- 
ravel et ses mines. — Puy-l'Évêque. — La patrie du maréchal 
Bessières. — Caslelfranc. — Luzech. — Le tabac dans le Lot. 

— Mercuès et son château. — Cahors. — La vieille ville. — 

Les monuments 279 

XIX. — Le causse de Limogne. 

En Quercy-Blanc. — Montpezat, Molières, Gastelnau-Montratier 
etMonteux. — Sur le causse de Limogne. — Les phosphates et 
les truffes. — Lalbenque. — Bach. — Limogne. — Les mar- 
chés de Concots. — Aspects du causse. — Descente à Cahors. 297 

XX. — Le Lot entre Rouergue et Quergy. 

Le Lot de Cahors à Capdenac. — Arcambal. — Le vallon du 
Vers et l'oppidum de Mursens. — La font Polémie. — Saint- 
Géry. — Saint-Cirq-Lapopie. — Les phosphates de Larnagol. 

— Cajarc. — Gouffres de l'Oule et de Lantouy — Rouergue 

et (Juercy. — En vue de Capdenac 3o8 



Nancy, impr. Berger-Levraull et G'e. 



CHEMINS DE FER DU MIDI 



VOYAGES CIRCULAIRES A PRIX RÉDUITS 

AUX PYRÉNÉES ET M PEOYEÎ^CE 

]>"<; classe. 2e classe. 

Iler, 2e et 3* parconrs .... 68 fr. 51 fr. 

4«', 5e, 6e et 7« parcours ... 91 68 

8c parcours 114 87 

Durée : 20 jours pour les sept premiers parcours et 25 jours pour le huitième. 
Faculté de prolongation moyennant supplément de 10 p. 100. 

En outre, il est délivré des billets spéciaux d'aller et l'etour à prix réduits en 
Tue de permettre aux voyageurs porteurs de billets de voyages circulaires de 
visiter des points situés en dehors du voyage circulaire, notamment les Eaux- 
Bonnes et les Eaux-Chaudes, stations thermales desservies par la gare de Laruns- 
Eaux-Bonnes. 



BILLETS D'ALLER ET RETOUR DE FAMILLE POUR LES VACANCES 
Durée de validité : 33 jours, non compris celui du départ. 

a) Pendant les périodes ci-après indiquées de chaque année, il est délivré au 
départ de toute gare ou halte des quatre premières catégories du réseau du Midi, 
aux Familles d'au moins trois personnes payant place entière et voyageant en- 
semble, des billets d'aller et retour de famille de l^e, 2« et 3" classe, pour toute 
gare ou halte des quatre premières catégories distantes d'au moins 125 kilo- 
mètres de la gare de départ. 

lo Pour les vacances de Pâques, du samedi, veille de la fête des Rameaux, au 
lundi de Pâques (inclus). La durée ne peut être prolongée. 

2° Pour les grandes vacances, du 15 juillet (inclus) au 1er octobre (inclus). La 
durée des billets délivrés pendant cette période peut être prolongée moyennant 
paiemeut d'un supplément de 10 p. 100 du prix total du billet. 

Le prix s'obtient en ajoutant au prix de quatre billets simples ordinaires le 
prix d'un de ces billets pour chaque membre de la famille en plus de deux. 

b) Il peut être délivré au chef de famille titulaire d'un billet de famille, et en 
même temps que ce billet, une carte d'identité sur la présentation de laquelle il 
sera admis à voyager isolément à moitié prix du tarif général, pendant la durée 
de la villégiature de la famille, entre le lieu de départ et le lieu de destination 
mentionnés sur le billet. 

{Pour plus amples renseignements consulter le tarif G. Y,, no 2 [chap. S].) 

Avis. — Un livret indiquant en détail les conditions dans lesquelles peuvent 
être effectués les divers voyages d'excursions, de famille, etc., sera envoyé gra- 
tuitement à toute personne qui fera parvenir au Service commercial de la Com- 
pagnie, 54, boulevard Haussmann, à Paris (IXe arrondissement), le montant de 
TafFranchissement dudit livret, soit fr. 25 c. 



CHEMIN DE FER D'ORLÉANS 



EXCURSIONS EN AUVERGNE 

ET DANS LE LIMOUSIN 

AVEC ARRÊT FACULTATIF A TOUTES LES GARES DU PARCOURS 
Tarif G. V. no 5 (Orléans). 



La Compagnie d'Orléans délivre, du /tr Juin au 30 Septembre, des billets d'Excursions 
en Auvergne et dans le Limousin, valables perdant 'M jours, au départ des gares dé- 
nommées ci-dessous, ainsi qu'aux gares et stations intermédiaires, à prix réduits et com- 
portanl les itinéraires Â, B et C déterminés comme suit : 

Itinéraire A. 

L'itinéraire A comprend : 

1" Le parcours circulaire ci-après défini ; 

Vierzon, Bourges, Montluçon, Chamblet-Néris (Bains de Néris), Évaux-les-Bains 
(Bains d'Évaux), Eygurande, La Bourboule (Baius de la Bourboule), Le Mont-Dore 
(Bains du Mont-Dorei, Boyat (Bains de Bovai), Clermont-Ferrand, Largnac, Dssel, 
Limoges (par Tulle, Brive et Saint-Yrieis, ou par Eymouliers), Vierzon; 

2o Le parcours aller et retour, entre le point de départ et le point de contact avec le 
circuit ci-(lessns. 

Le point de contact avec le circuit est Vierzon pour les points de départ Paris, 
Orléans, Blois, Tours, Le Mans, Angers et Nantes; Saint-Sulpice-Laurière, pour 
le point de départ Poitiers; Limoges-Bénédictins, pour le point de départ Angou- 
lème; Brive, pour les pomts de départ Périgueux, Bordeaux, Agen, Montauban, 
Toulouse. 

Itinéraire B. 

L'itinéraire B compremi : 

Ir Le parcours aller et retour du point de départ (Paris, Orléans, Blois, TourS, 
Le Mans, Angers ou Nantes) à Vierzon; 

2'3 Le parcours circulaire ci-apres défini : 

Vierzon, Bourges, Montluçon, Chamblet-Néris (Bains de Xéris), Évaux-les-Baius 
(Bains d'Évaux , Eygurande, La Bourboule (Bains de la Bourboule), Le Mont-Dore 
(Bains du Mont-Dore), Boyat (Bains de Boyat , Clermont-Ferrand, Largnac, Vic- 
sur-Cère, Arvant, Figeac, Bodez, Decazeville, Bocamadour (Padirac et Miers), 
Brive, Limoges par Saint- Yrieix ou par Uzerciie), Vierzon. 

Itinéraire C. 

L'itinéraire C comprend : 

lo Le parcours circulaire ci-après défini : 

Limoges-Bénédictins, Meymac, Eygurande, La Bourboule (Bains de La Bour- 
boule), Le Mont-Dore (Bains du Mont-Doie), Boyat (Baius de Royat), Clermont-Fer- 
rand, Largnac, Vic-sur-Cère, Arvant, Figeac, Rodez, Decazeville, Bocamadour 
(Padirac et Miers), Brive, Limoges (par Saint-Yrieix ou par Uzerche); 

2° Le parcours aller et retour, entre le point de départ et le point de contact avec le 
circuit ci-dessus. 

Le point de contact avec le circuit ci-dessus est Limoges-BénédiCtins, pour les points 
de dépari Poitiers et Angoulême; Brive, pour les points de départ Bordeaux et Péri- 
gueux ; Capdenac, pour les points d« départ Agen, Montauban et Toulouse. 

La durée de validité de ces billets (30 jours) peut être prolongée d'ime, deux ou trois 
périodes successives de 10 jours, moyennant le paiement d'un supplément égal à 10 p. 100 
du prix du billet. 



CHEMIN DE FER D'ORLÉANS 



VOYAGES DANS LES PYRENEES 

Tarif G.V. n" 105 (Orléansj 
La (Compagnie d'Orléans délivre toute l'auaée des Billets d'excursions comporiant les 
trois itinéraires ci-après, permettant de visiter le Centre de la France et les stations bal- 
néaires des Pyrénées et du golfe de Gascogne. 

Itr Itinéraire. 
Paris, Bordeaux, Arcachon, Mont-de-Marsan, Tarbes, Bagnères-de-Bigorre, 
Montréjeau, Bagnéres-de-Luchon, Pierrefitte-Nestalas, Pau, Bayonne, Bordeaux, 
Paris. 

2,'= Itinéraire. 
Paris, Bordeaux, Arcachon, Mont-de-Marsan, Tarbes, Pierrefitte-Nestalas, 
Bagnéres-de-Bigorre, Bagnères-de-Luchon, Toulouse, Paris {via Montauban-Cahors- 
Limoges ou vid Figeac- Limoges). 

3e Itinéraire. 
Paris, Bordeaux, Arcachon, Dax, Bayonne, Pau, Pierrefitte-Nestalas, Bagnè- 
res-de-Bigorre, Bagnères-de-Luchon, Toulouse, Paris {via Moniauban-Cahors-Li- 
moges ou via Figeac-Linioges). 

Durée de ijalidité : 30 jours (non compris le jour du départ). 
Prix des billets : Iro classe : 163 fr. 50 c. ; — 2e classe : 122 fr. 50 c. 
La durée de validité de ce» billets peut être prolongée d'une, deux ou trois périodes 
successives de 10 jours, moyennant le paiement, pour chaque période, d'un supplément égal 
à 10 p. 100 despiix ci-dessus. 

BILLETS POUR PARCOURS SUPPLÉMENTAIRES 

non compris dans les itinéraires des billets des voyages circulaires ci-deaans. 

Il est délivré de toute station des réseaux de l'Orléans et du Midi, pour unn autre station 

de ces réseaux située sur l'itinéraire des billets d'excursion, ou inversement, des billets 

d'aller et retour de ire et de 2^; classe, avec réduction de 25 p. 100 en Irc classe et de 

20 p. 100 en 2<; classe sur le double du prix ordinaire des places. 

PUBLICATIONS 

ÉDITÉES PAR LES SOINS DE LA COMPAGNIE d'ORLÉANS 
Et mises en vente dans ses gares. 

Le Liivret-Guide illustré de la Compagnie d'Orléans {Notices, Vues, Tarifs, Horaires) 
est mis eu vente au prix de 30 centimes. 

lo a Paris : dans les bureaux de quartier et dans les gares d'Austerlitz, Pont-Saint- 
Michel, Quai d'Orsay, Luxembourg, Port-Royal et Denferl; 

2o en Province : dans les gares et principales stations. 

Les publications ci-apres, éditées par les soins de la Compagnie d'Orléans, sont mises en 
vente dans toutes les bibliothèques des gares de son réseau au prix de 25 centimes : 

Le Cantal. — Le Berry (au pays de George Sand). — De la Loire aux Pyrénées 
— La Bretagne. — La Touraine. — Les Gorges du Tarn. — Poitou-Angoumois. ^ 
Excursions en France. 

LA FRANCE EN CHEMIN DE FER (Itinéraires géographiques). 

De Paris à Tours. — De Tours à Nantes. — De Nantes à Landerneau, et embran- 
chements. — D'Orléans a Limoges. — De Limoges à Clermont-Ferrand, avec em- 
branchement de Laqueuille à La Bourboule et au Mont-Dore. — De Saint-Denis-près- 
Martel à Arvant (ligne du Cantal). — De Tours à Angoulème. — D'Angoulème à 
Bordeaux. 

Premières livraisons d'une collection qui sera continuée. 

Pour recevoir franco ces publications, ajouter à la lettre de demande fr. 60 pour le 
Livret-Guide, Q fr. 35 pour chacune des autres brochures et fr. 30 pour chacun des iti- 
néraires géographiques. 

La Compagnie d'Orléans a organisé dans le grand hall de la gare de Paris-Quai d'Orsay 
une Exposition permanente d'environ 1 600 vues artistiques (peintures, eaux-fortes, litho- 
graphies, photographies), représentant les sites, monuments et villes des régions desservies 
par son réseau. 



BERGER-LEVRAULT & C'S LIBRAIRES-EDITEURS 

PARIS, 5, rue des Beaux-Arts. — 18, rue des Glacis, NANCY. 



Un Chef d'état-major sous la Révolution. Le général de Billy, d'après 
sa correspondance et ses papiers, par le lieutenant Lottin. kjoi. L'n vo- 
lume in-8, avec un portrait et une carte, broché, 5 l'r. 

Carnet d'étapes du dragon Marquant. Démarches et actions de l'ar- 
mée du Centre pendant la campagne de 1792. Publié d'après le ma- 
nuscrit original, par G. Vallkk et a. i^ariset. 1898. Un volume in-12 de 
318 pages, avec une carte, broché 3 fr. 50 c. 

Un Général de l'Armée d'Italie. Sérurier (1742-1819), d'après les 
Archives de France et d'Italie, par Louis Tuetey. 1899. Un volume in-8 de 
392 pages, avec portraits, gravures et cartes, liroché 5 i'r. 

Le Général Le Grand, baron de Mercey (1755-1828). Mémoires et 
souvenirs (Valmy, Landau, Malines, Novi, Clialon, Tournus, Màcon), par 
< ".h. RÉMOiND. Un volume in-i 2, avec portraK, broché 3 i'r. 50 e. 

Le Général Auguste Colbert (1793-1809), traditions et souvenirs tou- 
chant sa vie et son temps, par le mai'quis de cIolbert-Ghabanais. 3^ édition. 
1888. Trois volumes in-i 2, brochés 12 i'r. 

Le Général Curély. Itinéraire d'un cavalier léger de la Grande-Armée 
(1193-1815). Publié d'après un manuscrit authentique, par le général 
Ch. Thoumas. 1887. l^'i volume in-12 de 440 pages, avec portrait et fac- 
similé 3 Ir. 50 c. 

Souvenirs et campagnes d'un vieux soldat du premier Empire 
(1803-1814), par le commandant Parquin. Avec une introduction par 
A. Aubier. Nouvelle édition. 1908. Vn volume in-8, avec un portrait, bro- 
ché 6 fr. 

Lasalle. D'Essling à "Wagram. Correspondance recueilhe et pubhée avec 
notes biographiques par A. Robinet de Cléry. 1892. Beau volume in-8, avec 
1.3 gravures, une carte et un tableau généalogique, l^roché 5 fr. 

Souvenirs militaires d'un officier du premier Empire (1795-1832), 
par J.-N.-A. No'èl, colonel d'artillerie. 1896. Volume grand in-8, avec un por- 
trait, une gravure et 6 cartes ou plans, broché 6 fr. 

Souvenirs militaires (1805-1818), par A. Tririon, de Metz. Volume in-12, 
i)roché 4 i'r. 

Les Grands Cavaliers du premier Empire. Notices biographiques, par 
le général Cli. Thoumas : 

— jre série : Lasalle , Kellermann , Montbrun , Les trois Colbert, 
Murât. 1890. Un volume grand in-8, avec 4 portraits, broché. 7 fr. 50 c. 

— 2e ser/e : Nansouty, Pajol, Milhaud, Curély, Fournier-Sarlovèze, 
Chamorin, Sainte - Croix , Exelmans , Marulaz, Franceschi-De- 
lonne. 1892. Un volume grand in-8, avec H portraits, broché . . 7 fr. 50 c. 

Grands Artilleurs. Drouot, Sénarmont, Éblé, par le capitaine Maurice 
(jiKOD DE l'Ain. Ouvrage couronné par l'Académie française. 1894. Beau 
volume in-8 de 4f>5 pages, avec 4 portraits, broché ......... 8 fi\ 

L'Espionnage militaire sous Napoléon I". Cb. Scbulmeister, par Paul 
MuLLER. 1896. Un volume in-12, broché 3 fr. 

Le Général Bourbaki, par le commandant Grandin. 1897. Un volume in-8 
de 3oj pages, avec portrait et autogra|)he, broché 5 fr. 

Lettres du Maréchal Bosquet (1830-1858). 1894. Un volume in-8 de 
408 pages, avec portrait en héhogravure, ijroché 5 fr. 

Souvenirs de la guerre de Crimée (1854-1856), par le général Fay, 
ancien aide de camp du maréchal Boscjuet. 2^ édition. 1889. (Couronné par 
l'Académie française.) Volume in-8, avec une planche et 3 cartes, br. 6 li'. 

Français et Russes. Moscou et Sévastopol, 1812-1854, par Alfred Rambaud. 
b" édition. 1892. Un volume in-12, couverture illustrée 3 fr. 50 c. 



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Chaque volume, broché, 3fr. 50 — Élégamment relié, ^fr. 

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^*" série. Agenaîs, Lomagne et Bas-Q uercv. 
32' série. Haut-Quercy et Haute-Auvergn e. 
33^ série. Basse-Auvergne. 



Ces quatre nouveaux volumes succédant si rapidement à trois autres 
dont nous annoncions il y a peu de temps la publiration, montrent 
avec quelle ardeur et quelle persévérance M. Ardouii.-Du.uazet poursuit 
1 œuvre considérable qu'il a entreprise, œuvre sans précèdent et sans 
équivalent dans aucune littérature. 



Cet immense travail touche à sa fin; cinq autres Yolumes, en effet, 
sont livrés à l'imprimerie, et l'auteur achève en ce moment les deux 
séries consacrées aux Pyrénées. Quarante volumes seront donc publiés 
à la fin de 1903 ; il ne restera plus à terminer que les volumes con- 
sacrés à Paris et à l'Ile-de-France. Notre pays possédera alors l'étude 
la plus complète, la plus documentée et la plus vivante qui lui ait en- 
core été consacrée. 

Ce qui donne au Voyage en France d'Ardouin-Dumazet son in- 
térêt le plus vif, c'est qu'il est l'œuvre personnelle d'un unique écri- 
vain qui a bien réellement vu les paysages, les villes, les industries 
qu'il décrit. D'autres ouvrages portant un titre semblable ont été pu- 
bliés ; ils étaient ou des compilations ou l'œuvre d'auteurs divers 
manquant forcément de l'unité de vues et de points de comparaisons. 
M. Ardouin-Dumazet, au contraire, est allé à travers toute la France, 
consacrant quinze années à cette exploration. Il a pu dresser un ta- 
bleau très précis de notre patrie, en même temps que très animé, en 
dire toutes les beautés, toutes les sources d'activité. Aucun livre n'est 
plus propre à faire aimer davantage la terre française. 

Les quatre volumes que nous présentons aujourd'hui ont trait à des 
contrées bien diverses. Entre les Landes de Gascogne et les monts 
d'Auvergne aucun point de comparaison ne semble pouvoir s'établir ; 
et pourtant, quand on aura lu ces livres, on verra quelles affinités 
mystérieuses unissent les branches de la grande famille française. La 
conquête de la lande par la forêt, la création en Auvergne d'une race 
de bétail moulée pour ainsi dire sur le sol lui-même, sont des œuvres 
tout à l'honneur de notre peuple et que nous exalterions sans doute 
si elles étaient étrangères. 

La Gascogne, telle qu'elle est envisagée dans la 30' série du 
Voyage en France, ne comprend pas la partie pyrénéenne de la 
province, et l'étendue du volume a nécessité le retrait des chapitres 
consacrés au nord du département du Gers et au sud du Lot-et-Garonne ; 
on les retrouvera dans la 31* série. Mais le livre n'en a pas moins une 
unité parfaite; la plus grande partie est consacrée à la région des 
Landes, à ce désert des vieux géographes qui est devenu en moins 
de cinquante ans un des pays les plus riches et les plus florissants 
de France. Même après Edmond About qui a raconté cette conquête 



sous la trame du roman dans Maître Pierre, M. Ardouin-Dumazet a 
su rendre vivante l'œuvre merveilleuse du reboisement d'une contrée 
misérable. 

Cette histoire de la forêt landaise, celle des Dunes, sont des pages 
qu'il faut lire si l'on veut bien comprendre ia vaillance propre à cette 
race française, calomniée surtout par elle-même, par ceux de ses 
enfants qu'hypnotise si étrangement ce qu'ont fait les autres. 

C'est la vie de la lande régénérée, l'existence de ses résiniers, ses 
paysages sylvestres, ses lacs solitaires, ses rivières claires que M. Ar- 
douin-Dumazet nous décrit avec un charme pénétrant. De là il nous 
conduit à travers les forêts de chêne-liège du Marensin et de la Ma- 
rennes, dans la Chalosse couverte de maïs et de vignes, en vue des 
Pyrénées neigeuses; puis, au moment de pénétrer dans l'étonnant 
éventail de rivières descendues du plateau de Lannemezan, il nous 
conduit sur ces hautes terres, raconte comment ces cours d'eau se 
sont formés, comment le génie humain a complété l'œuvre de la na- 
ture en allant chercher dans le gave de Neste les eaux des neiges 
pyrénéennes pour alimenter quinze de ces rivières trop pauvrement 
dotées. Alors au long de l'Adour, de la Baise, du Gers et des autres 
vallées, c'est la visite des petits pays qui se partagèrent la province 
gasconne, Marsan, Gabardan, Tursan. Pardiac, Astarac, Armagnac et 
tant d'autres encore î 

La 31° série est consacrée à l'Agenais, à la Lomagne et au Bas- 

Quercy, région heureuse où la Garonne reçoit ses grands affluents 
venus des Cévennes : Lot et Tarn ; où elle hume les rivières descen- 
dues de Lannemezan avec l'aumône que leur fait la Neste, pays rural, 
même par ses industries. M. Ardouin-Dumazet dit la splendeur rustique 
de la plaine garonnaise, la culture du tabac, l'exploitation du chêne- 
liège autour de la charmante cité de Nérac, le travail des bouchonniers 
à Mézin et sur les rives de la Gélise. De là il nous fait visiter les pays 
de Lomagne et de Gaure, l'Eauzan, le Fezensac et le Condomois, mi- 
nuscules provinces ayant conservé leur individualité malgré l'excessive 
centralisation moderne. 

Voici maintenant le pays des prunes avec ses vieilles et historiques 
« bastides », les vergers somptueux, le fiévreux commerce des petits 
pois à Villeneuve-sur-Lot, les grands paysages de l'Agenais, leurs 
fières ruines féodales. Ensuite Agen et les souvenirs de Jasmin, les 



bords de la Garonne vers la Lomagne et le pays de Rivière, l'élégante 
Montaiiban et sa plaine d'une richesse merveilleuse. 

Et de nouveau les grands paysages, avec les gorges de TAveyron, 
les causses de Caylus et de Limogne, les actives cités de Gaussade et 
de Septfonds où tout le monde travaille à la confection des chapeaux 
de paille. Le volume se termine par la description de la vallée moyenne 
du Lot, remontée de Fumel à Capdenac, région de sites superbes, eaux 
pures, grandes falaises- de roches, vives fontaines, antiques et fières 
petites cités dont Cahors est la reine. 

A la partie la plus âpre, mais la plus curieuse aussi de ce Quercy 
est consacrée la 32® série: Haut- Quercy — H au te- Auvergne. 
C'est la région des avens, des gouffres, des pertes de rivières, des 
sources mystérieuses et puissantes. La vallée du Celé et les abimes 
de la Braunhie, les plateaux de Gourdon couverts de noyers, l'admi- 
rable vallée de la Dordogne parcourue des confins du Périgord jusqu'à 
ceux de l'Auvergne et du Limousin. Martel et son causse, Souillac et 
le charmant bassin de Saint-Céré où naquit Canrobert, le Puy d'Issolu 
où se déroula un des grands drames de la conquête des Gaules par 
César. Plus haut Gra mat et son causse creusé de gouffres, le site inou- 
bliable de RocamaJour, et Padirac avec ses galeries de stalactites et sa 
rivière souterraine, une des merveilles de la France. 

Soudain le décor change, aux calcaires Assurés, excavés, découpés, 
dressés en falaises, succèdent les granits de formes moins nettes, mais 
entassés en montagnes autrement élevées. Nous y pénétrons par le 
pauvre Ségala entouré par le Gelé arrosant la riante vallée de Maurs 
et la gorge splendide où la Gère bondit entre les roches. C'est la 
Haute-Auvergne autour des formidables débris de son volcan. M. Ar- 
douin-Dumazet s'y attarde volontiers, 11 nous intéresse à Aurillac, le 
grand centre de la contrée, nous fait pénétrer dans les paysages 
de la Cliàtaigneraie, dont il dit la mélancolie. Puis voici encore le Lot 
vers Entraigues où il reçoit la Truyère, les sévères plateaux de la 
Viadène, et cette solitude étonnante et sublime des gorges du Lot 
entre Entraigues, Estaing et Espalion. 

Nous abordons la haute montagne : l'Aubrac aux pelouses sans fin, 
peuplées d'un bétail innombrable; ses lacs, le triste plateau de la 
Margeride étendu à ses pieds. Vers le nord la haute vallée de la Gère 
si riante et fraîche, le massif du Cantal, la belhqueuse Saint-Flour sur 



sa montagne, le viaduc de Garabit, la maussade Planèze et la curieuse 
Ghaudesaigues dont les habitants se chautïent avec les euux thermales 
qui abondent et sonî même utilisées à la cuisine. 

Achevant le tour da massif cantalien, M, Ardouin-Dnmazet visite le 
Gézallier et ses hauts pâturages avant de descendre vers les petites 
villes d'Allanche, de Marcenat et de Gondat, peuplées de colporteurs 
dont il nous dit les curieuses mœurs commerciales. C'est de là qu'il 
atteint Mauriac pour faire l'ascension du Puy-Mary, montagne autour 
de laquelle rayonnent tant de vallées, et visiter la pittoresque Salers, 
cœur de l'Auvergne pastorale. 

La 33« série acl'.ève la description de cette belle province par la 
Basse-Auvergne, c'est-à-dire la partie du pays de Gombrailles dé- 
volue à la Creuse, tout le déparlement du Puy-de-Dôme et le nord de 
celui de la Haute-Loire. Peu de pays ont été plus décrits que ceux-là, 
surtout les massifs des monts Dôme et des monts Dore. L'auteur du 
Voyage en France a su pourtant découvrir des choses nouvelles. 
Après George Sand il sait nous dépeindre cette Gombrailles dont 
Ghambon est le joyau. La Limagne, que tant d'écrivains ont chantée 
depuis Sidoine Apollinaire, est révélée dans toute sa richesse agreste. 
A Riom la cité parlementaire, l'active Clermont, la ville momiflée de 
Montferrand, M. Ardouin-Dumazet commence la visite des monts phlé- 
gréens. Il nous conduit au sommet du Puy-de-Dôme, en suivant la 
chaîne de volcans jadis hideux mais transformés par les jeunes forêts, 
dans les champs de lave de Yolvic ; au bord de la Dordogne naissante 
où la foule se presse à la Bourboule et au mont Dore. De là, suivant 
la Dordogne encore ton*ent, nous allons visiter les landes de Bourg- 
Lastic devenues camp d'instruction, la vallée sauvage du Chavanon, 
les orgues de Bort d'où les horizons sont si grandioses, et les nappes 
de basalte que domine Latour-d'Auvergne. 

Alors c'est l'ascension du Sancy, la visite aux lacs qui entourent ce 
géant de l'Auvergne, du lac Pavin à Besse-en-Chandesse ; la visite de 
tout ce massif superbe du mont Dore et la descente au long des 
couzes qui conduisent à Issoire par les ruines gigantesques de Murols. 

Ici nous trouvons l'Allier. L'infatigable voyageur en parcourt les 
rives, depuis Monistrol jusqu'aux contins du Bourbonnais, les quittant 
parfois pour monter sur la Margeride sauvage ou sur les petits monts 
du Devès. Le patriote qui nous avait fait visiter jadis Alésia et le sile 



— G — 

d'Uxollodunum nous fait accomplir le pèlerinage de Gergovie et re- 
trouvei' les traces de Vercingétorix. 

A la fin du voluaie nous avons quitté l'Allier pour la Dore, après 
avoir visité Pont-du-Château et ses mines d'asphaite, la vénérable 
Billom, Lezoux et ses riches campagnes. Et nous voici dans le Livra- 
dois, vers OUiergues enfoncé dans son cirque, et l'industrieuse Ambert. 
Là sont nos plus vieilles papeteries de France dans les vallons soli- 
taires ouverts au pied des monts du Forez. Plus loin, voici les pre- 
mières dentellières, sur le plateau glacé de la Chaise-Dieu où se dresse 
nne des plus merveilleuses églises abbatiales. Par cette haute et morne 
plaine, en traversant Craponne, nous gagnons la vallée de la Loire 
pour prendre pied sur la rive droite du fleuve, dans ce pays vellave 
auquel sera consacrée la plus grande partie de la 34' série. 

Ceci n'est qu'une sèche ènumération des principaux chapitres de 
ces volumes, qui n'auront pas moins de succès que leurs prédéces- 
seurs. Comme eux ils se recommandent par la vivacité des descrip- 
tions, le pittoresque obtenu sans être cherché et les qualités littéraires 
qui rendent attrayants cet ouvrage énorme cependant. 

Aussi les récompenses n'ont pas manqué au Voyage en France. 
L'Académie française par deux fois, la Société des gens de lettres 
jugeant un de ses pairs, la Société de géographie et la Société de 
géographie commerciale de Paris ont couronné l'œuvre. Celte dernière 
lui a décerné la médaille de France dès le vingtième volume, et son 
rapporteur disait : 

Il y a donc encore des coins insuffisamment connus en France ? 
Posez cette question devant M. Ardouin-Dumazet ! Il vous répo?i- 
dra en vous montrant les volumes déjà parus de son u Voyage en 
France », Œuvre encore inachevée, sans doute; mais fallait-il 
atte/idre encore, après vingt volumes, pour récompenser l'œuvre ? 
Aucun de nous ne l'a pensé. 

L'auteur nous entraine de ptrovince en jirovince, de ville en ville, 
d'usine en usine. C'est ua tour de France, effectué avec le compagnon 
le plus aimable, le plus instruit, le plus débrouillard, le plus insa- 
tiablement curieux qui se puisse imaginer. M. Ardouin-Dumazet en- 
tend étudier de près, voir, toucher, comprendre ce qu'il décrit, ce 
qui fait qu'une fois en jmssession de son sujet, il l'expose avec une 
aisance extrême, avec le talent de se faire lire jusqu'au bout. 

Lu plume est alerte, sans prétention ; pas de ptl^CL^éoloyie ; des 



monceaux de faits et de chiffres, dressés jwur l'édification du lecteur 
par les voies les plus courtes. Pays, mœurs, production industrielle, 
agriculture, conditions du travail, dans chaque localité, tout est passé 
en revue avec intelligence et sincérité. Uauteur nous appartient sur- 
tout par le côté économique et commercial. On sent que l'on a en lui 
sur ce terrain un guide à qui l'on peut se fier. 

L'un de nous a dit que l'œuvre de M. Ardouin-Dumazet était ce qui 
avait été publié de plus agréable et de plus complet en ce genre 
sur la France depuis le célèbre voyage d'Arthur ïoung à la fin du 
xvin° siècle. Les préoccupations de l'auteur moderne sont inoins ex- 
clusivement ag?'icoles que celles de son prédécesseur, et Arthur Young 
parcourait lentement nos campagnes sur une jument grise, tandis que 
M. Ardouin-Dumazet use de tous les moyens de locomotion. 

Notre auteur a été soldat avant d'être écrivain. Franc-tireur en 
i870, il combattit à Dijon, à Nuits, à Yesoul ; il s'engagea en 1872 
dans un régiment de ligne, passa de là aux tirailleurs algériens, 
forma une Société de géographie à Tlemcen, fut élu membre de la 
Société de géographie de Bordeaux et membre correspondant de notre 
Société. Il était alors caporal. Le suivre dans les nombreuses péri- 
péties de sa carrière m'entraînerait trop loin. Il s'est fait lui-même, 
il a été un écrivain d'une fécondité extraordinaire, il a enfin composé 
une belle œuvre sur notre pays : nous lui avons donné la médaille 
de France. 

Ce que la Société de géographie commerciale a pensé du Voyage 
en France, la Société de géographie de Paris l'avait dit en lui attri- 
huant le prix Félix Fournier. 

M. Ardouin-Dumazet s'effoi'ça donc de faire une étude sérieuse très 
documentée et très au courant, en s'appuyant non pas seulement sur 
ce qui avait été écrit avant lui, mais en allant sur place, en consul- 
tant les industriels, les commerçants, les propriétaires, tous ceux, 
en un mot, qui étaient en état de lui fournir des renseignements 
vécus. On sent tout ce qu'il faut d'esprit critique et d'indépendance 
pour 7ie pas se laisser influencer, pour négliger les querelles locales, 
les amours -propres froissés et ne retenir de ces informations, souvent 
oiseuses et interminables, que le trait décisif et l'argument qui porte. 
Ce n'est plus ici le sec et fastidieux résumé d'un auteur qui abrège 
des documents officiels, c'est l'impartial exposé d'efforts personnels 
encore tout vibrants de la lutte, et cela donne au style, avec une 
trame solide, une intensité de vie, une propriété d'expression qui sont 
la caractéristique même de cet ouvrage. 



Pour tous, le nom d'Àrdouin-Dumazet et le Voyage en France 
sout désormais iQ^éparables. Nous avons cité déjà le mot de ce pro- 
fesseur d'une de nos grandes Universités, disant qu'il voyait là pour 
la première fois « une géographie nationale vraiment digne de ce 
nom, autant sous le rapport des recherches nouvelles et inattendues, 
que de la méthode d'exposition, et qui laisse bien loin derrière elle 
tout ce qui a été tenté dans ce genre ; — en un mot, une œuvre mo- 
derne dans la meilleure acception du terme ». 

Le succès du Voyage en France est d'autant plus frappant, 
que l'auteur, tout à son œuvre et à ses travaux spéciaux d'écrivain 
militaire, n'a pas recherché le bruit autour de sa remarquable crëik- 
tion. Les distinctions et les encouragements dont elle a été l'objet lui 
sont venus sans qu'il les ait sollicités. Cet ensemble de livres consa- 
crés à un même sujet, qu'à bon droit on peut appeler une bibliothèque 
nationale et qui constitue un des plus considérables labeurs de ce 
temps, s'est imposé par sa seule valeur. 

Nous ne saurions trop insister sur ce point. Ce n'est pas une 
géographie duns le sens étroit de ce mot. C'est encore une œuvre 
littéraire et historique, d'une portée considérable. L'Académie fran- 
çaise, appelée pour la seconde fois à couronner le Voyage en 
France, a tenu à bien marquer son sentiment à cet égard, en lui 
attribuant le prix Narcisse xMichaut, qu'elle décorne tous les deux ans 
à l'auteur du meilleur ouvrage de littérature française. 



Volumes parus : 

l'o Série: LE MORVAN, LE VAL DE LOIRE, LE PERCHE. — Le flottage 
en Morvan — les bûcherons du Nivernais — au pays des nourrices — 
le Nivernais industriel — le Nivernais pastoral — une usine nationale 
(Guérigny) — Gien et la Puisaye — la Sologne — paysages solognots 

— les colons de Sologne — la Sologne berrichonne — le safran en 
Gâtinais — Orléans — les roses d'Olivet — les troglodytes du Vendô- 
mois — les vignes du val de Loire — la capitale des tanneurs • — la 
Champagne tourangelle — Rabelais, guide en Touraine — la réglisse 

— la Touraine industrielle — Mettray — le Perche — le percheron en 
Amérique — le Grand-Perche — les forêts du Perche — la vallée delà 
Sarthe — ce que deviennent les hêtres — la Flèche et le payslléchois. 

— 370 pages avec 19 cartes ou croquis. 



2« Série: DES ALPES MANCELLES A LA LOIRE MARITIME. — Les Alpes 
lîiancelles — le pavé de Paris — la Ghanipag-ae mancelle — Sablé et 
ses marbres — Laval et Port-du-Salut — chez les Chouans — dans la 
Mayenne — l'agriculture dans le Bas-Maine — aiguilles et épingles — 
le point d'Alençon — le Camembert — Fiers — la Suisse normande — 
Angers et les ardoisières — ardoises et primeurs — le guignolet et le 
vin d'Anjou — Saumur — la bijouterie religieuse — le Bocage vendéen 

— sur la Loire, d'Angers à Nantes — Grand-Jouan — Clisson et les 
lacs de l'Erdre — le lac de Grand-Lieu — la Loire, de Nantes à Paim- 
bœuf. — 356 pages avec 24 cartes, 

(Ces deux volumes ont été couronnés par l'Académie française dès 
leur apparition; les 23 suivants ont obtenu une nouvelle et haute 
récompense.) 

3» SÉRIE : LES ILES DE L'ATLANTIQUE. — 1. D'Arcachon à Belle-Isle. 

— L'île aux Oiseaux — la Seudre et les îles de Marennes — l'île d'Ole- 
ron — île d'Aix — île Madame et Brouage — île de Ré — île d'Yen 

— île de Noirmoutier — de l'île de Bouin à Saint-Nazaire — archipel 
de la Grande-Brière — île Dumet et la presqu'île du Croisic — Belle- 
Isle-en-Mer. — 318 pages avec 19 cartes. 

4« Série: LES ILES DE L'ATLANTIQUE. —II. D^Hoerfic à Owma/i^. — Ile 
d'Houat -- La Charte des îles bretonnes — île d'Hoëdic— le Morbihan 
et la presqu'île de Rhuys — île aux Moines — petites îles du Morbihan 

— îles d'Ars et d'Ilur — île de Groix — île Chevalier et île Tudy — 
archipel des Glénans — la ville close de Concarneau — île de Sein 

— île de Molène et îlots de l'archipel d'Ouessant — l'île d'Ouessant — 
îles de la rade de Brest. — 322 pages avec 25 cartes. 

5« SÉRIE : ILES FRANÇAISES DE LA MANCHE ET BRETAGNE PÉNINSULAIRE. 

— Les îles de l'Aber-Vrac'h — île de Siec — île de Batz — Morlaix et 
son archipel — les Sept-lles — île Grande (Énès Meur) et son archipel 

— archipel de Saint-Gildas — les îles d'Er — archipel de Bréhat — 
le Goëllo et le Penthièvre — au berceau de la Tour-d'Auvergne — en 
Cornouailles — au pays de Brizeux — Bretagne celtique, Bretagne 
française — Mi-Voie et Brocéliande — de Vitré au mont Saint-Michel — 
la Hollande de Normandie — Saint-Malo, la Rance et Dinan — Gran- 
ville, les Chausey et les Minquiers. — 407 pages avec 29 cartes. 

6« Série: COTENTIN, BASSE-NORMANDIE, PAYS D'AUGE, HAUTE-NORMAN- 
OIE, PAYS DE CAUX. — Une ville de chaudronniers — les Vaux-de-Vire 

— la Déroute et les lignes de Carentan — le duché de Coigny — la 
Hougue — Cherbourg et la Hague — Bayeux et le Bessin — la campa- 
gne de Caen — la foire de Guibray — du Bocage à la mer — le lit- 
toral du Calvados — la vallée d'Auge — en Lieuvin — Trouville et la 
Côte-de-Gràce — Je marais Yernier et la Rislo — Évreux et le Saint- 
André — tringlots et enfants de troupe — les draps d'Elbe uf — de 



0^ 



v^ 



^o\;age en j^rance 



VOLUMES PARUS 



Morvan, Val de Loire et Perche. 

Des Alpes mancelles à. la Loire maritime. 

Les Iles de l'Atlantique : I. lïÂreachon à Selle-hU. 

— II. D'Ho'édlc à Ouessant. 

Iles de la Manche et Bretagne. 

Normandie. 

La Région lyonnaise. 

Le Rhône, du Léman à la mer. 

Bas-Dauphiné. 

Les Alpes, du Léman à la Durance. 

Forez, Vivarais, Tricasliu, Comtat-Venalssln. 

Alpes de Provence et Alpes maritimes. 

Région marseillaise et Côte d'Azur. 

I>a Corse. 

Charentes et Plaine Poitevine. 

De Vendée en Beauce. 

Vexin, Picardie et pays de Caux. 

Nord : I- tlandre et Littoral. 

IVord: n. Artois, Cambréiia «t Hainaut. 

Haute-Picardie, Champagne rémoise et Ardenncs^ 

Haute-Champagne; Basse-Lorraine. 

Plateau lorrain et Vosges. 

Plaine Comtoise et Jura. 

Haute-Bourgogne. 

Basse-Bourgogne et Senonais. 

Berry et Poitou oriental. 

Bourbonnais et Haute-Marche. 

Basse-Marche et Limousin. 

Bordelais et Pérlgord. 

Gascogne. 

Agenals, Lomagne et Bas-Quercy. 

Ilaut-Quercy, Haute-Auvergne. 

Basse-Auvergne. 




SOUS PRESSE : 

34. Velay, Vivarais méridional, Gévaudan. 

35. Rouergue et Albigeois. 

36. Cévennes méridionales. -, 
87. Golfe du Lion. ^ 

38. Haut-Languedoc . 

> EN PRÉPARATION : \ 

39. Pyrénées (Partie orientale). — (Départements des Pyrénées-Orlent.iles, Aude, Arlége 
A''. Pyrénées (Partie occidentale). — (Départements des Hautes et Uasses-Pyréné<;s ) 
4i-j;i. Paris et l'Ile-de-France. 



— 12 — 

l'Avre à Ja Risle — de la Risle à l'Aiidelle — Rouen. — le royaume 
d'Yvetot — !e Mascaret — le Havre. — 455 pages avec 30 cartes. 

7« Série: LA RÉGION LYONNAISE: LYON, MONTS DU LYONNAIS ET DU 
FOREZ. — Lyon — rôle social de Lyon — a travers Lyon — la Groix- 
Kousse et Vaise — du Gourguillon au mont d'Or — la plaine du Dau- 
phiné — Vienne et le pays des cerises — le mont Pilât — les monts 
du Lyonnais — de Vichy a Thiers — de TLiiers à Pierre-sur-Haute — 
Montbrison, la plaine du Forez et Saint-Galmier — les monts de Tarare 

— le col des Sauvages et Thizy — Cours et Roanne — le berceau de 
Félix Faure — la diligence des Écharmeaux — le Beaujolais et la foire 
de Montmerle — Teinturiers et tireurs d'or. — 34-i pages, 19 cartes. 

8° Série: LE RHONE DU LÉMAN A LA MER : DOMBES, VALROMEY ET 
BUGEY, BAS-DAUPHINE, SAVOIE RHODANIENNE, LA CAMARGUE. —Eu Dombes 

— la Bresse et le Bugey — la corne et le celluloïd — Saint-Claude 
et ses pipes — la Valserine et la perte du Rhône — le Vairomey et 
Belley — les lacs du Bas-Bugey — les Balmes viennoises — l'île de 
Grémieu — la Hollande du Dauphinô — du lac d'Âiguebeleite au lac 
du Bourget — le lac d'Annecy — Albertville et l'Arly — les horlogers 
de Cluses — le Rhône de Bellegarde à Seyssel — les défilés de 
Pierre-Chàtel — Yillebois et le Sault du Rhône — le Rhône, de Lyon 
à Valence — le Rhône, de Valence à la mer — en Camargue — les 
Saintes-Maries-de-la-Mer — les vignobles et les troupeaux. — 325 pages 
avec 22 cartes. 

9« Série: BAS-DAUPHINÉ : VIENNOIS, GRAISIVAUDAN, OISANS, DIOIS ET 
VALENT INOIS. — Le lac de Paladru et la Fure — du Rhône à la Morge 

— la noix de Grenoble — Voiron et la Chartreuse — Grenoble — de 
Grenoble à la Mure — la Mateysine et Yizille — Uriage, le Pont-de- 
CJaix — rOisans — en Graisivaudan — le pays du gratin — Tournon, 
Tain et l'Ermitage — le Valentinois — Grest et la Drôme — le chemin 
de fer du col de Cabres — les premiers oliviers — Dieulefit et la forêt 
de Saou — le Vercors — le Royannais — les Ouatre-Montagnes — 
357 pages avec 23 cartes. 

10« Série: LES ALPES DU LÉMAN A LA OURANCE. — Les chasseurs 
alpins — en Tarentaise — en Maurienne — dans les Bauges — le 
Genevois — le Léman français — du Faucigny en Ghablais — des 
Dranses au mont Blanc — les alpages de Roselend — le poste des 
Ghapieux — la redoute ruinée du petit Saint-Bernard — au mont Iseran 

— au pied du mont Genis — une caravane militaire — le Briançonnais 

— du mont Genèwe au val de Névache — en Yallouise — le Queyras 

— les Barcelonnettes au Mexique — les défenses de l'Ubaye — Embrun 
et Gap — du Ghampsaur en Valgodemard — en Dévoluy — du Trièves 
en Valbonnais. — 374 pages avec 25 cartes. 



— 13 — 

ne Série: FOREZ, VIVARAIS, TRICASTIN ET COMTAT-VENAISSIN. — La 
vallée du Gier — lacets et cuirasses — les armuriers de Saiiit-Élienne 

— rubaniers et cyclopes — le pays des serruriers — la vallée de 
rOndaiue — Annonay et ]a Déôme — le Meygal — la Genève du Viva- 
rais — du Rhôae aux Boutières — sous les mûriers de l'rivas — de 
Viviers à Vais — le Pradel et le Teil — en Tricastin — l'enclave de 
Valréas et les Barounies — les dentelles de Gigondas — le Pont-Saint- 
Esprit — la principauté d'Orange — Carpentras — au mont Ventoux 

— en Avignon — la fontaine de Vaucluse — les melons de Cavaillon. 

— 362 pages avec 25 cartes. 

12« SÉRIE : ALPES DE PROVENCE ET ALPES MARITIMES. — Au pays de 
Tartarin — la foire de Beaucaire — Uzès et le pont du Gard — les 
huiles de Salon — iN'oël chez Mistral — le félibrige et Saint-Uemy-de- 
Provence — des Âlpilles en Arles — d'Arles en Cruu — au pied du 
Luberon — les pénitents des Mées — la vallée du Buech — de Gap 
à Digne — les brignoles de Barrême — les amandiers de Valensole 

— les faïences de Moustiers — le Plateau du Var — Aix-en-Provence 

— les champs de Pourrières — du Carami à l'Argens — de Draguignan 
à Grasse — les parfums de Grasse — de Menton aux Mille-! ourdies 

— la Vésubie — la Tinée — les gorges du Var — du Var à l'Ubaye. 

— 382 pages, 30 cartes, dont celle des Alpes hors texte. 

13« SÉRIE : LA PROVENCE MARITIME. — La petite mer de Berre — les 
Bourdigues de Garonte — de Roquefavour au Pilon-du-Roi — les mines 
de Fuveau — les cài)riers de Roquevaire — à travers Marseille — les 
ports de Marseille — du vieux Marseille aux cabanons — de la Ciotat 
aux calanques — Toulon — la rade de Toulon — la batterie des Hommes 
sans peur — l'archipel des Embiez, les gorges d'Ollioules — les 
cerisaies de SoUiès-Pont — Hyères et les Maurettes — les Lies d'Or : 
Giens et Porquerolles, Bagaud, Port-Gros et le Levant — des Maures à 
Saint-Tropez — traversée nocturne des Maures — au pied de l'Estérel 

— Cannes et Antibes — les îles de Lérins — Nice — Nice-Cosmopolis 

— Nice, camp retranché — de Nice à Monaco — Menton et la frontière. 

— 405 pages avec 28 cartes. 

U« SÉRIE : LA CORSE. — La Balagne — Calvi et la Balagne déserte 

— la Tartagine et Gortè — de Tavignano à Pentica — la Gravone et 
Ajaccio — autour d'Ajaccio — la Cinarca — une colonie grecque — les 
cédratiers des calanches — une vallée travailleuse (Porto) — dans la 
forêt corse — le Niolo — les gorges du Golo — Mariana et la Casinca 

— la Castagniccia — autour de Bastia — le cap Corse — de Marseille 
à Sartène — les bouches de Bonifacio — une vendetta (Porto-Vecchio) 

— le Fiumorbo — un essai de grande culture — l'immigration luc- 
quoise — la vallée du Tavignano — l'avenir de la Corse. — 320 pages 
avec 27 cartes ou croquis, 7 vues et une planche hors texte. 

15« SÉRIE : LES CHARENTES ET LA PLAINE POITEVINE.— Le pays d'Àn- 
goumois — les papiers d'Angoulêrae — au pays des colporteurs — les 



— 14 — 

merveilles de la Braconne — les sources de la Touvre — une usine 
nationale : Ruelle — de la Charente au Né — la Champagne de 
Cognac — le vignoble de Cognac — la fabrication du cognac — les Pays- 
Bas de Jarnac —dans les Fins-Bois — le Confolentais — de la Tardoire 
à la Dronne — la double Saintongeaise — Ja Charente maritime (de 
Saintes à Rochefort) — La Rochelle — les vignes et les laiteries de 
l'Àunis — les bouchots à moules — Niort et la plaine ])oitevine — 
l'école militaire de Saint-Maixent — les protestants da Poitou — les 
mulets de Melle. — 385 pages avec 26 cartes. 

16« SÉRIE : DE VENDÉE EN BEAUCE. — La vallée de la Yonne à Sanxay 

— de Lusignan à Poitiers — les armes blanches de Châtellerault — 
en Mirebalais — Oiron et Thouars — la Vendée historique — les Alpes 
vendéennes — le Bocage vendéen — la forêt de Vouvant — les marais 
de la Sèvre Niortaise — le Marais vendéen — Luçon et son marais — 
l'estuare du Lay — la Vendée moderne — le pays d'Olonne ^ — de la 
Loire à la Vie — de Bressuire en Gâtine — le Thouet el l'École de 
Saumur — au pays de Rabelais — de Tours au pays de Ronsard — 
la Beauce dunoise et Blois — les champs de bataille de la Beauce — 
la Beauce chartraine — Perche-Gouët, Thimerais et Drouais. — 388 pages 
avec 30 cartes. 

17« SÉRIE : LITTORAL DU PAYS DE CAUX, VEXIN, BASSE-PICARDIE. — Les 
falaises de Caux — Dieppe et la vallée de la Scie — de valleuse en 
valleuse — l'Aliermont — le pays de Bray — en Vexin — les table- 
tiers de Méru — les éventaillistes au village — le pays de Thelle — 
Beauvais — les opticiens du Thérain — la vallée dorée — de la Brèche 
à la Noyé — l«s tourbières de Picardie — Amiens — dans les hortil- 
lonnages — les bonnetiers du Santerre — pendant les manœuvres — 
l'Amiénois et la vallée de la Bresle — les dernières falaises — les ser- 
ruriers de Vimeu — d'Escarbotin à la baie de Somme. — 398 pages 
avec 24 cartes. 

18« SÉRIE : FLANDRE ET LITTORAL DU NORD. — Roubaix — la forte- 
resse du collectivisme — Tourcoing et le Ferrain — le Val de Lys — 
le vieux Lille — le nouveau Lille — mœurs lilloises — la Flandre 
guerrière — l'agriculture dans le Nord — les villes industrielles de la 
Lys — la Flandre flamingante — les monts de Flandres — les Moëres 

— Dunkerque et son port — la pèche à Islande — Fort-Mardyck et 
Gravelines — dans les Wateringues — en Morinie — Langle, Bredenarde 
et Pays reconquis — la fabrication des tulles — en Boulonnais — Bou- 
logne et ses plumes métalliques — la côte boulonnaise — de la Canche 
à l'Authie — le Marquenterre et le Ponthieu — le cheval boulonnais. 

— 456 pages avec 30 cartes. 

19« SÉRIE : ARTOIS, CAMBRÈSIS ET HAINAUT. — Les sources de la 
Somme — le champ de bataille de Saint-Quentin — la vallée de l'Omi- 
gnon — de la Somme à l'Ancre — le pays des phosphates — la Nièvre 
picarde — le pays d'Arras — Âzincourt, Enguinegatte et Thérouanne 



— le pays noir de Béthune — l'armée au pays noir — Alleu, Weppes 
et Escrebieux — Bapaume et la source de l'Escaut — En Gambrésis 

— Caudry et le canton de Glary — Cambrai — la plus grande sucrerie 
du monde — en Ostrevent — de la Scarpe à l'Escaut — le pays noir 
d'Anzin — Valenciennes et le Hainaut — la vallée de la Sambre — 
la vallée de la Solre — Fourmies — la trouée de l'Oise. — 398 pages 
avec 28 cartes. 

20" SÉRIE : HAUTE-PICARDIE, CHAMPAGNE RÉMOISE ET ARDENNES. — En 
Noyonnais — en Soissonnais — en Laonnais — les vanniers de la Thié- 
rache — le familistère de Guise — la vallée de l'Oise et Saint-Gobain 

— Coucy et le Tardenois — Reims — Épernay et le vignoble d'Ay — 
la montagne de Reims et ses vins — le camp de Ghàlons — les 
Champs catalauniques — le Rethelois et le Porcien — entrée dans 
l'Ardenne — le royaume de la quincaillerie — la principauté de Ghâ- 
teau-Regnault — les Dames de Meuse — les Givets — Rocroi et le 
cheval ardennais — le champ de bataille de Sedan — Sedan industriel 
et ses annexes — De l'Argonne en Champagne pouilleuse — la héron- 
nière du Grand-Écury — Vertus et le mont Aimé. — 40 1 pages, 22 cartes. 

21« SÉRIE : HAUTE-CHAMPAGNE, BASSE-LORRAINE. — La Brie champe- 
noise — la Champagne pouilleuse — le Perthois et le Der — le val 
de l'Aube — le pays de Morvois — les Bonnetiers de Troyes — le 
pays d'Othe — de Troyes à Glairvaux — en Bassigny — les couteliers 
de Nogent-le-Roi — la montagne d'Auberive — le plateau de Langres 

— du Bassigny en Ornois — le Vallage — la métallurgie en Cham- 
pagne — en Barrois — le Blois, la Voide et le Pays des Vaux — les 
opticiens de Ligny — Vaimy et le Dormois — les défilés de l'Argonne 

— Varennes, le Clermontois et les Islettes — le Verdunois — Dom- 
remy et Vaucouleurs — les côtes de Meuse. — 419 pages avec 27 cartes. 

22« SÉRIE : PLATEAU LORRAIN ET VOSGES. — Le Luxembourg fran- 
çais — le pays du fer — le Jarnisy et Briey — la Woëvre — le pays 
de Haye — l'Ecole forestière de Nancy — Nancy — le Vermois et le 
Saulnois — le Xaintois — Luthiers et Dentellières — dans les Fau- 
cilles — la Vôge — un pèlerinage à Roville — Épinal et l'industrie 
des Vosges — les images d'Épinal — de la Mortas:ne à la Vezouse — 
la Vologue — les lacs Vosgiens — la principauté de Salm-Salm et 
Saint-Dié — le Val-d'Ajol et Plombières — la Haute-Moselle — les 
Vosges militaires — la Moselotte — le Ballon de Servance — au Ballon 
d'Alsace. — 427 pages avec 27 cartes. 

23" SÉRIE : PLAINE COMTOISE ET JURA. — Les vanniers de Fayl-Billot 

— le bailliage d'Âmont — la Saône franc-comtoise — la vallée de 
rOgnon — les Vosges comtoises — Besançon et ses horlogers — le 
couloir du Doubs — le pays de Mnntbéliard — Belfort et le Sundgau — 
Beaucourt et ses satellites — le Lomont — les fruitières jurassiennes 

— les sources de la Loue — le lac de Chaillexon — le Saugeais et le 
Baroichage — le lac de Saint-Point — de Champaguole au Val de Mièges 



— IG — 

— l'Ecosse du Jura — Morez — la vallée des Dappes et la Faucille — 
le pays de Gcx — les Lapidaires de Septmoncel et de Saint-Claude — 
GJairvanx et le Graudvaux — la Moyenne Montagne. — 423 pages 
avec 25 cartes. 

24« SÉRIE : HAUTE-BOURGOGNE. — Dijon — dans les hnublonnières 

— les Pays bas de Bourgogne — le vignoble de la Gôte-d'Or — la 
côte dijonnaise — la côte de iNuits et Giteaux — Beaune et sa côte — le 
finage et Dôle — la forêt de Ghaux et le Yal d'Amour — le Boa Pays — 
Chalon-sur-Saône et la Bresse chalonnaise — Bresse bressane et Rever- 
mont — la Bresse louhanaise — la côte mâconnaise — au long de la 
Saône — de royaume en empire — au pays de Lamartine — la côte 
chalonnaise et Cluny — des Grosnes au Sornin — en Brionnais — 
Charollais et Combrailles — la Loire bourguignonne. — 399 pages 
avec 30 cartes. 

2b« SÉRIE : BASSE-BOURGOGNE ET SÉNONAIS. — Le seuil de Longpendu 

— la vallée de la céramique — le Creusot — Bibracte et Autun — le 
pays de l'huile — le Morvan bourguignon — en Auxois — autour 
d'Alésia — le vignoble des Riceys et l'Ource — Châtillonnais et Dues- 
mois — aux sources de la Seine — l'Avallonnais — la Cure et l'Yonne 

— en Auxerrois — le Tonnerrois — en Sénonais — la Puisaye — le 
Gàtinais français — le Gàtinais Orléanais — entre Sologne et Gâtinais. 

— 373 pages avec 24 cartes. 

26« SÉRIE : BERRY ET POITOU ORIENTAL. — Le Sancerrois et la Forêt 

— les Forêtins — les arsenaux de Bourges — le camp d'Avord et la 
Septaine — le canal du Berry — du Cher à l'Arnon — une colonie 
d'aliéués — porcelainiers et forgerons du Berry — Issoudun et Chà- 
teauroux — la Champagne berrichonne — la vallée du iNahon — les 
moutons du Berry — la basse vallée de l'Indre — en Brenne — de la 
Glaise à la Creuse — de Touraine en Acadie — les carrières du Poi- 
tou — la Beauce montmurillonnaise — entrée en Boischaut — les 
1 ingères d'Argenton — le pays de George Sand — la Creuse et la Gar- 
gilesse. — 365 pages avec 25 cartes. 

27« Série : BOURBONNAIS ET HAUTE-MARCHE. — Nevers et le bec 
d'Allier — Moulins et Souvigny — Sologne bourbonnaise — la vallée 
de la Besbre — monts de la Madeleine — Limagne bourbonnaise — 
le berceau des liourbons — des côtes Matras à la Sioule — de la 
Sioule à la BouMe — houillères de Commentry — la forêt de Tronçais et 
Montluçon — un tour en Berry — entrée dans la Marche — les maçons 
de la Creuse — la tapisserie d'Aubusson — au long de la Creuse — 
les Trois-Gornes et la Sedelle — aux sources de la Gartempe — du 
Taurion à la Maulde — le plateau de Gentioux. — 3j2 pages avec 
27 cartes. 

28^ SÉRIE : LIMOUSIN. — La basse Marche — les montagnes de 
Blond — les monts d'Ambazac — Limoges — émaux et porcelaines 



— 17 — 

— aalour de Limoges — Saint-Juaien et ses gantiers — aux conCms 
du Périgord — la Chine du Limousin — la haute vallée de la Vienne 

— Treignac et les Monédières — Meymac et Ussel — le plateau de 
Millevaches — la Corrèze et Tulle — le cbàtjau d'Lîzerche — ardoises 
et primeurs — Ségur et l'Àuvézùre — de Pompadour à la Vézère — 
Brive-la-Gail larde — iXoailles et Turenne — la Dordogne limousine 

— entre Argeniat et Tulle. — 350 pages avec 24 cartes. 

29^ SÉRIE : BORDELAIS ET PÉRIGORD. — Le Libournais — les vins de 
IJordeaux — bordeaux — l'activité bordelaise — navigation sur la Gi- 
ronde — le Mcdoc des grands vins — les landes du Medoc — la 
pointe de Grave — la Gironde saintongeais.e — Biayais et Bourgeais — 
le Saint-Émilionnais — l'Entre Deux-mers — en Bazadais — la Dor- 
dogne en Périgord — la Double — de la Dronne à la Nizoune — Péri- 
gueux et ITsIe — le pays du père Bugeaud — le Nontronnais — chez 
nos aïeux préhistoriques — les truiïes du Sarladais. — 411 pages 
avec 31 cartes. 

30*» SÉRIE : GASCOGNE. — Le Bazadais — la conquête des Landes — 
les landes de Bordeaux — autour du bassin d'Arcachon — Arcachon 
et les dunes — le Captalat de Buch — le pays d'Albret — le iMarsan 
et le Gabardan — de la Midouze à la Leyre — le pays de Born — les 
lièges de .Marantin — de Dax au Vieux-Boucau — Cap-Breton et la Ma- 
remne — la Chalosse — la Rivière-Basse et le Tursan — le plateau 
de Lanneme/an — le Pardiac et l'Astarac — l'Armagnac. — 340 pages 
avec 26 cartes, 

31« SÉRIE : AGENAIS, LOWIAGNE ET BAS-QUERCY. — La plaine de la Ga- 
ronne — la va lec du Drot — les landes de Lot-et-Garonne — la capi- 
tale du Béarnais — les bouchonniers de Mézin — Lomagne, Gaure et 
Fezenzaguet — le Fezensac et l'Eauzan — le Condomois — le pays 
des prunes — les petits pois de Villeneuve — le tiaut-Agenais — Agen 
et ses campagnes — le Bas-Quercy — Lomagne et Rivière -Verdun 

— la rivière m intilbanaise — les chapeaux de paille du Quercy — 
les gorges de l'Aveyron — les cingles du Lot — le causse de Limôgne 

— le Lot entre Rouergue et Quercy. — Avec 22 cartes. 

32« série : HAUT-QUERCY ET HAUTE-AUVERGNE. — Le Côlé et la Brauuhie 

— Gourdon et la Bouriane — le causse de Martel — de César à Gan- 
robert — le causse de Gramat — de Gapdenac au Segala — les gorges 
de la Gère et Auriilac — la Châtaigneraie — Gampnac et Viadéne — 
dans l'Aubrac — en Carladès — Saint-Flour et la Planèze — Luguet 
et Cézallier — le Féniers et l'Artense — du sommet du puy Mary — 
les bœufs de Salers. — Avec 21 cartes. 

33« série: BASSE-AUVERGNE. — Combrailles et Franc-Alleu — les 
houillères de la Combrailles — la Limagne — le puy de la Poix — 
Clermont-Ferrand — au puy de Dôme — le reboisement dans le Puy- 
de-Dôme — le mont Dore — le camp de Bourg-Lastic — les orgues 



— 18 — 

de Bort — le puy de Sancy et les lacs d'Auvergne — du mont Dore 
à l'Ailier — du Velay à la Margeride — de Brioude à Issoire — Ger- 
govie — de l'Allier à la Dore — en Llvradois — du Livradois en Forez 
— de la Loire aux Boutières. — Avec 23 cartes. 



Sous presse: 

34« série : VELAY, VIVARAIS MÉRIDIONAL, GÉVAUDAN. — Le Lignon- 
Yellave — le pays d'Emblavés et le Puy — la dentelle du Puy — Po- 
lignac et le volcan de Bar — le mont Mézenc — à la source de la 
Loire — le lac d'Issarlés — le lac du Bouchet — entrée en pays cé- 
vennol — de la Gère à l'Ardèche — au long de l'Ardèche — ascension 
du mont Lozère — Mende et le Gévaudan — le plateau de la Marge- 
ride — le palais du roi — le causse de Sauveterre — les gorges du 
Tarn — autour du causse Méjean — entre causses et Gévennes — 
Bramabiau et l'Aigoual. 

35« série : ROUERGUE ET ALBIGEOIS. — La basse Marche du Rouergue 

— le bassin de Decazeville — la montagne qui brûle — Rodez et le 
causse du Gomtal — Espalion et le causse de Bozouls — le causse de 
Séverac — Millau — les brebis du Larzac — à travers le Larzac — 
les caves de Roquefort — le rougier de Gamarés — à travers le 
Ségala — entrée en Albigeois — le pays de Gocagne — Garmaux et 
ses mines — entre Tarn et Dadou — les vins de Gaillac — Castres et 
son causse — une page d'histoire industrielle — Mazamet, la Mon- 
tagne- JNoire et le Thorè. 

36« série : CÉVENNES MÉRIDIONALES. — La Gardonnenque — le bassin 
d'Alais — le Guidon dn Bouquet — entre Uzès et Anduze — la Salen- 
drenque — le Gardon de Mialet — la Vallée française — Bramabiau 
et l'Aigoual — la haute vallée de l'Hérault — la vallée de la Dourbie 

— de l'Hérault au Vidourle — Sommiéres et le Salavès — les gorges 
de Saint-Gui Ihem — la vallée de la Lergue — Villeneuvette et Béda- 
rieux — l'Escandorgue et l'Espinouze — la Vernazobres et la Cesse 

— en Minervois. 

37" série : GOLFE DU LION. — Mmes — le JNemauzès — les mazets 
des Garrigues — aux bords du petit Rhône — Aiguesmortes — le 
vignoble des Sables — la Vannage et la Vidourlenque — Montpellier 

— la cité morte de Maguelonne — Cette — Agde et l'étang de Thau 

— le fleuve Hérault — Béziers et le Bitterrois — Narbonne — le lac 
Rubrensis — La Nouvelle et Leucate — Rivesaltes et la Salanque — 
les jardins de Perpignan — au pied des Albéres — Port-Vendres et 
Banyuls. 

38e série : LE HAUT-LANGUEDOC — Le Sidobre et Lacaune — les monts 
de Lacaune et l'Espinouze — du Suumail en Cabardès — de Saint- 



— 19 — 

Paponl à Sorèze — les rigoles du canal du Midi — en Lauragais — 
Garcassonne et le Carcasses — dans les Corbières — le Fenouillèdes 

— les défllés de Pierre-Lis — le Razès — le Kercorbis — le Mirepoix 

— de l'Ariège à la Garonne — Toulouse — le pays toulousain — en 
Bas- Gomminges et Néboazan. 

En préparation : 

39» série : PYRÉNÉES (PARTIE ORIENTALE). — Le Vallespir — le Gon- 
flent — la Gerdagne — le Capcir — au col de Perthus — au pied du 
Canigou — la vallée de la Têt — le pays de Sault — autour de Foix 

— le Donézan — la haute Ariège — la mine aux mineurs de Raucié 

— le pays de Sérou — la grotte du Mas-d'Azil — le Gouserans — les 
ours d'Ustou — la vallée de Luchon — le val d'Âran — le haut Gom- 
minges. 

40° série : PYRÉNÉES (PARTIE OCCIDENTALE). — La barre de l'Àdour — 
le pays de Labourd — en pays basque — de l'Adour au Gave — la 
basse Navarre — la Soûle — entrée en Béarn — vallée d'Aspe — de 
la vallée d'Aspe à la vallée d'Ossau — la vallée d'Ossau — Oloron ù 
Sauveterre — le gave^ d'Orthez à Pau — autour de Pau — entrée en 
Bigorre — le Lavedan — Gavarnie et Cauterets — la plaine de Tarbes 

— le haut Adour — le pic du Midi. 

41" et 42» séries : PARIS ET L'ILE DE FRANCE. 



Nous ferons connaître dans une prochaine notice le plan de ces vo- 
lumes par lesquels se terminera le Voyage en France. 

Juillet 1903. Les Éditeurs, 

BERGER-LEVRAULT & C**. 



VIENT DE PARAITRE 

Affiche illustrée du VOYAGE EN FRANCE. Magnifique planche 
en cliromotypographie, 113 X 78 cm, paysiige des Alpes du Dauphiné, 

par H. Ganier-Tanconville. Prix 1 fr. 25 c. 

En plus, pour l'envoi plié par la poste . , 30 c. 

— — roulé sur bois, par colis postal 1 fr. 



BULLETIN DE COMMANDE 



Je, soussigné, prie la librairie Berger-Levrault et C'^, 5, rm 
des Beaux-Arts, à Paris, de m' expédier franco Q) les volume, 
ci-après du Voyage en France, au prix de 3 fr. 50 c. bro 
chés, ou 4 fr. reliés. 



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Les "Vignes. Recherches expérimentales sur leur culture et leur exploita- 
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du Conseil supérieur de l'agriculture. 1896. Un volume grand in-8 de 58ï 
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Le Traitement des bois en France. Estimation,, partage et usufruit des 
forêts, par Gh. Broiluard, ancien professeur à l'Ecole forestière. Nouvelle 
édition. 1894. Un beau volume in-8 de 700 pages, broché .... 7 fr. 50 c. 

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Mise en valeur des sols pauvres, par A. Fillon, inspecteur des forêts. 
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L'Agriculture et les Questions sociales, par M. Darbot, sénateur, prési- 
dent du Conseil général de la Haute-Marne. 

— Tome 1er. La Crise agricole. — L'Industrie chevaline. — Les Réjormes démo- 
cratiques. 1899. Un volume grand in-8 de 896 pages, broché 5 fr. 

— Tome IL La mévente du blé. — Le risque projessionnel. — La taxe doua- 
nière sur les vins, etc., etc. — La police sanitaire des animaux. 1901. Un 
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Traité d'analyse des matières agricoles, par L. Grandeau, inspecteur 
général des Stations agronomiques. 8e édition, considérablement augmentée. 
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Électricité agricole, par Camille Pabst, ingénieur agronome. 1894. i volume 
in-8 de 890 pages, broché 5 fr. 

Les Ennemis de l'Agriculture. Insectes nuisibles. Maladies cryptogamiques. 
Altérations organiques et accidents. Plantes nuisibles, par G. Rampon, pré- 
parateur au laboratoire agronomique de Loir-et-Cher. 1898. Beau volume in-8 
de 416 pages, avec i4o figures, broché 6 fr. 

Chasse et Pêche en France, par L. Boppe, ancien directeur de l'École 
nationale forestière. 1900. Un volume in-12 avec figures et graphiques en 
couleur, relié en percaline gaufrée 4 fr. 50 c. 

Traité pratique de Pisciculture. Exploitations des mares et étangs, par 
A. Peupion, inspecteur adjoint des forêts. 1898. Beau volume in-8 de 665 p., 
broché 7 fr. 50 c. 

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L'Europe centrale et ses Réseaux d'État. Belgique, Hollande, Alsace- 
Lorraine, Allemagne du Sud, Prusse, Danemark, Suisse, Autriche- Hong rie, 
par Ardouin-Dumazet. igoS. Un volume in-12, broché 3 fr, 50 c. 

Un Coin des Cévennes. Le Vigan et ses environs, par C. Chante, 
membre du Club cévennol. 1897. Un volume in-12, broché 2 fr. 

Corse et Italie. Impressions de voyage, par G. Beroy. 1897. Un volume 
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La Question des Zones franches du pays de Gex et de la Haute- 
Savoie. L'origine. Le régime acluel. Les conséquences. La suppression, par 
Euîjène Guichard et Maurice Gommant. igo3. Un volume in-8, avec une 
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Mes Tournées commerciales aux pays Scandinaves (1896-1900), par 
Prosper Ramon. 1901. Un vol. in-12, av. le portrait de l'auteur, br. 1 fr. 25 c. 

La Hongrie économique, par Guillaume Vautier. 1898. Volume in-8 de 
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Le Commerce français en Orient. La Serbie économique et commer- 
ciale, par René Millet, ancien ministre de France en Serbie. Avec le con- 
cours du M" H. DE ToRCY. 1889. Un volume in-8, avec 2 cartes, broché. 5 fr. 

Du Danube à la Baltique. Allemagne. Autriche-Hongrie. Danemark. Des- 
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Six semaines en Russie. Sites. Mœurs. Beaux-arts. Exposition de Moscou. 
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Huit-jours en Bosnie, par E. Meignen. 1897. In-12 avec photographies et 
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La Chine à terre et en ballon. Reproduction de 272 photographies exécu- 
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Dictionnaire des Communes (France et Algérie), avec indication des 
perceptions dont chaque commune fait partie. Suivi de la liste alphabétique 
des communes des colonies et des protectorats. Nouvelle édition, entièrement 
mise àjour. 1903. Un volume in-8 de 726 pages, relié en percaline souple, 6fr. 



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15 

15 
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Rïorvan, Val de Loire et Perche» 

Des Alpes mancelles à la Loire maritime. 

Les Iles de l'Atlantique : l. ff Arcaohon à ««««-Mfl 

— II. D'Hoëdic à Oue$$ant. 

Iles de la Manche et Bretagii<î. 

Normandie. 

La Région lyonnaise. 

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La Corse. 

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De Vendée en Beauce. 

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Nord : I. t^aiulre et Littoral. 

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Haute-Picardie, Cliampagne rémoise et Ardenncs< 

Haute-Champagne; Basse-Lorrain©. 

Plateau lorrain et Vosges. 

PJainc Comtoise et Jura- 

Haule-liourgogne. 

Basse-Bourgogne et Senonal^. 

B«>rry et Poitou oriental. 

Bourbonnais et Haute-lMarcbe. 

Basse-.M:iri'he et Limousin. 

BordelJiis et Périgord. 

Gascogne. 

Agenais, Lomagne et lias-Quercy. 

Haut-Quercy, Haute-Auvergne. 

Basse-Auvergne. 

SOUS PRESSE : 
Velay, Vivarais méridional, Gévaudan. 
Rouergue et Albigeois 




••fiASS 



Cévennes méridionale 
Golfe du Lion. 
Haut-Languedoc. 

EN PRÉPARATION : 
Pyrénées (Partie orientale). — (Départemente des Pyrénées-Orientales^Aude, Ariôgc 
Pyréni'es (l'.arîie occidentale). 

Ji. PiU'is (^; 1 : ^ ■■ ; .■ ■ .-. 



(Uéparlements des Hautes et Basses-Pyrénées ) 



^î'iwXh, r? 'r-fi^i^i^ !-^£-^ ;/- 'c-^^Tii